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Les réécritures bibliques dans l'oeuvre de Pascal Quignard

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par Daphné Pulliat
Université Paris IV- Sorbonne - Master II littératures françaises 2008
  

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b . entre inspiration et désacralisation

La Bible comme texte source peut engendrer deux types d'écriture, de réécriture, la première inspirée, l'écriture seconde est portée par le message sacré du texte biblique, la seconde désacralisante, portée par la vertu la
·cisante de la mise en littérature des écritures saintes.

Les deux procédés s'opposent et sont le fruit de différentes idéologies. Cependant, au sein la démarche littéraire, les deux peuvent avoir lieu, de la littérature mystique à la littérature agnostique et critique. Nous voulons voir ici quels sont les différents degrés de ces démarches et cerner quels en sont les enjeux et les

différentes signiÞcations. Nous voulons déÞnir enÞn quelle semble être la position de Pascal Quignard dans la diversité de ces démarches.

inspiration

Si la question de l'inspiration ne se pose a priori que dans le strict cas des écritures religieuses, nous jugeons qu'il est intéressant de se poser la question pour les textes secondaires, les réécritures.

Comme les textes du canon biblique qui sont jugés Ç inspirés È, dictés par la voix divine, ceux qui en découlent peuvent avoir un tel aspect. Les textes exégétiques sont parfois devenus presque aussi sacrés que les textes originels, ainsi du Talmud qui glose la Torah en reprenant les enseignements de la Mishna et de la Guemara et en restitue les principes majeurs. Ce commentaire - commentaire de commentaire même, puisque Mishna et Guemara sont déjà des commentaires -, texte second, tient dans la vie juda
·que une place presque aussi importante que le Pentateuque et ses multiples rédacteurs sont considérés comme portés par la voix de Dieu, échos de celle-ci.

Ainsi, dans le domaine littéraire, on peut penser que certains textes sont issus de la foi de leur auteur,

message écrit de leur ferveur religieuse et que dans celui-ci parle la voix de Dieu. Ce fut bien un rTMle prêté aux poètes, celui d'être les messagers divins, porteurs de sa parole. La Pléiade déÞnit la poésie comme un art divin et le poète comme un démiurge. Le Romantisme conna»t aussi une orientation mystique, méditation sur Dieu.

Clément Marot est de ces écrivains pour qui la religion fut inspiratrice et génératrice de littérature. En 1541, il se fait le traducteur de psaumes bibliques dans Trente psaumes. Lamartine compose des poèmes tels que Ç La prière È, dans lequel il s'adresse directement à Dieu, Ç La foi È, Ç Dieu È, qui sont des poèmes inspirés par la foi du poète, mais sa foi lui sert aussi de support pour une réßexion sur les Ecritures, et ce sont celles-ci qui deviennent inspiratrices, ainsi les Ç Chants lyriques de Sa·l È qui se donnent pour une Ç imitation des Psaumes de David È, comme l'indique le sous-titre de la méditation, ou encore le poème Ç La poésie sacrée È, dédié à M. de Genoude, gr%oce à qui les livres de Job, Isa
·e et David furent traduits en français entre 1815 et 1818. Victor Hugo fut porté par un même mouvement de ferveur religieuse dans certains poèmes des Contemplations, ainsi des Quelques vers pour ma Þlle dans lesquels le poète ne s'adresse pas qu'à la défunte mais aussi à Dieu lui-même.

Mais le rapport du poète à Dieu n'est pas toujours évident ; Verlaine ne se tourne vers le lyrisme inspiré qu'après l'avoir rejeté avec violence ; Sagesse est un recueil de 1881. La réaction au Romantisme que fut le Parnasse fut aussi une réaction contre sa dimension religieuse, et Lautréamont laissa une prose révoltée contre Dieu, inspirée par cette haine du divin.

Certaines réécritures que nous propose Pascal Quignard semblent être portées par un élan religieux. C'est ainsi qu'il invente des légendes, écrit des contes sur les personnages bibliques. << Marie enfant jouait avec une poupée d'argile. C'était dans la poussière et la lumière d'une rue de Nazareth75. È Image poétique d'une petite fille qui sera celle plus tard qui << accoucha de son fils premier-né, l'emmaillota et le déposa dans une mangeoire parce qu'il n'y avait pas de place76. È

Pascal Quignard rêve sur les personnages bibliques ; pour lui le rouge-gorge est porteur de la marque du sang du Christ sur la croix, << sa poitrine restera marquée de son sang jusqu'à la fin des temps, jusqu'à l'extinction du monde, jusqu'à l'engloutissement des oiseaux dans

75 Petits Traités, op. cit., XXXème traité, << Lectio È, Paris, Gallimard [1990], Folio, 1997, p. 112

76 Les Paradisiaques, op. cit., chapitre LXXV, <<Noël È, Paris, Grasset, 2005, p. 261

l'espace77.È Ce fait est une pure invention de Pascal Quignard, aucune trace de cet épisode du rouge-gorge essayant de porter secours au Christ dans aucun des évangiles. Le motif religieux sert de ressort à l'imagination quignardienne pour trouver l'explication d'un fait naturel.

La Bible sert de référent, de repère à Pascal Quignard. Elle lui sert à donner une explication au monde, elle lui sert de modèle comparateur pour constater que l'histoire se répète sans se ressembler : Ç deux tours plus hautes que celle de Babel s'effondraient exactement comme les grands bouddhas de pierre de Bamiyan78 È, Babel biblique, New-York moderne, Afghanistan intemporel, l'hybris reste inchangé à travers les millénaires.

Mais si la Bible sert de source inspiratrice à son écriture, il semble que ce soit plus souvent pour critiquer les travers de la religion que pour en louer les vertus. Les passages que nous venons d'évoquer, s'ils sont le signe d'un dL de Pascal Quignard envers la Bible, ils restent minoritaires dans un paysage de critiques et de remises en question.

77 Petits Traités, op. cit., XXIIème traité, Ç Traité du rouge-gorge È, Paris, Gallimard [1990], Folio, 1997, p. 531

78 Les Ombres errantes, op.cit., chapitre IV, Paris, Grasset, 2002, p. 18

La plume quignardienne semble plus fréquemment prendre le parti de la critique voire de la dénonciation que celui de la reconnaissance de dette. La religion semble être dans cette écriture un héritage assumé et respecté mais largement questionné et renvoyé face à ses contradictions et ses incohérences.

critique

L'aspect principal de la remise en question de la religion opérée par Pascal Quignard est d'ordre scientifique. L'auteur est en effet passionné par la nature et les revues scientifiques font partie de ses lectures. Ainsi, la pensée darwinienne est pour lui un acquis et va à l`encontre de la conception chrétienne des origines de l'homme et du monde. La théorie scientifique de l'évolution s'oppose à celle créationniste proposée dans le texte de la Genèse. Pascal Quignard développe une conception scientifique, évolutionniste du début et de la fin des temps humains qui participe d'une désacralisation des textes bibliques et de leur enseignement. Voici en quels termes il parle de l'Eden :

A la fin du XXIème siècle la moitié des plantes et

des animaux qui existent encore sera éteinte. Auront disparu 4327 espèces de mammifères ; 9672 espèces d'oiseaux ;

98749 espèces de mollusques ;

401015 espèces de coléoptères ; 6224 espèces de reptiles ;

23007 espèces de poisson.

L'Eden se retire peu à peu du Jardin79.

Il affirme aussi << nous descendons des singes80 È, << nos pieds, nos mains sont d'anciennes nageoires81 È pour les origines de l'homme, << la terre est âgée d'un peu plus de quatre milliards d'années. (É) Le système solaire est né. Il mourra82 È pour les origines et la fin du monde. L'entreprise désacralisante est lisible dans l'utilisation que fait Pascal Quignard des données scientifiques qu'il collecte au fil de ses lectures. Il les utilise avec humour et dérision pour contredire les mythes bibliques. Ainsi citet-il << deux études effectuées par le département de génétique de l'université de Stanford au mois de novembre 2000 [qui] donnaient les datations suivantes : l'ancêtre masculin commun à tous les hommes actuels vécut il y a 59000 ans ; l'a
·eule féminine commune à toutes les femmes et à tous les hommes actuels vécut il y a 150000ans. (É) Le vieux de la vieille est beaucoup plus jeune que sa veuve83. È Adam et Eve sont largement

79 Les Ombres errantes, op.cit., chapitre XXVII, Paris, Grasset, 2002, p. 92

80 ibid., chapitre LI, p. 167

81 Ab»mes, op. cit., chapitre XXV, << Pulsion d'Ovide È, Paris, Grasset, 2002, p. 75

82 ibid., chapitre XXVIII, << Les rayonnements originaires È, p. 84

83 Sur le Jadis, op. cit., chapitre LXXVI, Paris, Grasset, 2002, p. 219

désacralisés par l'utilisation humoristique que fait l'écrivain de ces données scientiÞques qui rendent obsolètes les mythes chrétiens.

Pascal Quignard semble bien partisan du

rationalisme scientiÞque contre l'obscurantisme religieux quant aux origines humaines. Il semble être profondément convaincu par les acquis scientiÞques, comme le montre cette carte d'identité de l'humain qu'il dresse dans un chapitre du Dernier Royaume :

Règne : animal

Embranchement : vertébré

Classe : mammifère

Ordre : primate

Sous-ordre : simiens

Famille : hominidé

Genre : homo

Espèce : homo sapiens Linné

Sous-espèce : homo sapiens sapiens Subjectivité : néant84.

Pascal Quignard affirme et assume l'origine naturelle de l'humanité contre sa prétendue origine divine. Il opère un retour à la terre, retour à la nature et à l'humilité, cette humilité dont nous sommes étymologiquement issus85, et qui s'oppose aux conceptions religieuses de l'origine providentielle de l'homme, créature de Dieu, à l'image de Dieu. Dans ses essais, Pascal Quignard nous dit nos

84 Ab»mes, op. cit., chapitre LXI, Ç Orphée (3) recapitulatio È, Paris, Grasset, 2005, p. 180

85 Petits Traités, op. cit., LVIème traité, Ç Longin È, Paris, Gallimard, [1990], Folio, 1997, p. 633

origines scientifiques et notre fin qui sera elle aussi scientifique ; nous avons déjà évoqué l'apocalypse scientifique qu'il propose86. Pascal Quignard nous rappelle que nous ne sommes que poussière.

Mais la critique quignardienne va plus loin et plus fort. Par moment l'auteur s'en prend directement à la religion elle-même, pas seulement à ses conceptions. Il critique avec ferveur certains aspects de la religion chrétienne, ainsi l'idée que Dieu est au-dessus de tout:

(É) Melanchton soutenait que les lettres étaient plus nécessaires à l'homme que le soleil. (In laudem novae scholae). (Les Evangiles sont écrits. Pour les Chrétiens le livre qu'un dieu a écrit est plus que le soleil qui permet de le lire.)

Dieux qui sont méprisables, dépendants et chétifs. On croirait plus volontiers à un buisson qui brüle silencieusement, à la pierre qui crie, aux trois gouttes de sang dans la neige, au vol d'un oiseau le jour levant et à main droite, qu'à un dieu qui respire, mendiant son et souffle, assujetti à une langue nationale quand il s'exprime, et ayant souci de faire commerce de sa vérité sous la forme d'un livre87.

L'incrédulité de Pascal Quignard est palpable dans ces lignes ou il rejette un Christianisme incohérent, dans lequel divin et humain sont mêlés, abolissant ainsi toute croyance légitime en une transcendance. Pascal Quignard

86 ibid., chapitre XXI, << Sur le temps mort È, pp. 63-64

87 Petits Traités, op. cit., XVIIème traité, << Liber È, Paris, Gallimard, [1990], Folio, 1997, pp. 410-411

nous dit << comment croire à cela ? È. L'enseignement du Christ n'est à ses yeux qu'une démarche à la limite du mercantilisme, toute en imposture. Et le signe le plus flagrant de cette imposture est la soumission à la langue, fait le plus humain, le plus immanent, surtout langue << nationale È, une donnée majeure du discrédit que l'auteur reprend plus loin dans le même volume des Petits Traités : << (Qui pis est, pour trois sectes : dieux qui ont besoin des livres88.) È Le langage et l'écriture sont bien les attributs les plus humains ; le recours du divin à ces moyens achève de le déconsidérer. L'excès d'immanence dans la transcendance la mine. Aux yeux de l'écrivain les éléments, les indices de l'imposture chrétienne sont trop nombreux pour ne pas voir le mensonge. Aussi pratiquet-il un critique sévère des dévots dont la croyance va jusqu'à la superstition.

<< Pour protéger la ferme de la foudre, ouvrir tout grand le Livre sur la table qui est au centre de la cuisine89. È Une recette superstitieuse dont Pascal Quignard sourit et nous fait sourire. Une image du folklore chrétien encore en pratique aujourd'hui dans certains milieux dévots, certaines aires géographiques françaises, sans doute la Normandie dans laquelle a grandi l'auteur. Superstition sur laquelle joue la religion

88 ibid., XXIIIème traité, << La gorge égorgée È, p. 588

89 ibid., XVIIème traité, << Liber È, p. 439

depuis des siècles et qui n'a pas pour victime que les paysans dont la seule ressource contre la foudre divine est un livre, le Livre. Chlodovecchus, roi de France, Ç croyait qu'il y eut un bÏuf et un âne à Bethléem90 È, détail du mythe chrétien de la naissance du Christ absent de évangiles et sur lequel tout l'imaginaire chrétien s'est reposé et repose encore, commémoré tous les hivers dans les foyers occidentaux par une petite comédie de statuettes en plastique.

Le texte évangélique ne fait mention d'aucun animal autour du petit enfant. Pascal Quignard commente : Ç Ce sont des romans qui se font. On a une crèche : on invente un âne. On invente un bÏuf. On invente91. È

Comme sur de nombreux points, la chrétienté s'est bâtie sur une imprécision, sur un détail. Elle repose sur la crédulité de ceux qui la pratique, ainsi en est-il l'eucharistie, la question de la transsubstantiation qui a toujours agité les penseurs théologiens et les praticiens de la religion. L'acte sacré de consommation du corps du Christ trouve son aspect divin dans la croyance au transfert symbolique de la substance corporelle du Christ dans l'ostie et dans le vin.

Dans le mystère de l'eucharistie chez les

chrétiens, dans le pain qui est là, ce n'est pas le

90 ibid., LIIème traité, Ç Ce que dit Rémi à Clovis È, p. 547

91 Sur le Jadis, op.cit., chapitre LXXXVIII, Ç Un ami de mille ans È, Paris, Grasset, 2002, p. 271

pain ; dans le vin qui est là, ce n'est pas le vin. C`est de la chair humaine et du sang qui les hantent. Le perdu ramène sans fin avec lui la prédation violente, imitée, coupable, impardonnable, la vieille chasse originaire. Partout c'est du fauve mort qui est consommé à plusieurs92.

Ramenée à son sens propre, sens premier, mot à mot, l'eucharistie est un acte proche du cannibalisme, débat majeur de la question de la co-subtanciation et de la trans-substanciation. Pascal Quignard prend le parti du sens premier, pragmatique et logique dans sa démarche, et ramène l'acte supposé divin, religieux, civilisationnel, qui élève l'homme qui croit au-dessus de l'homme qui ne croit pas, à une pratique primaire, première, originelle, originaire, la chasse et la consommation collective de la chair.

Pascal Quignard joue sur les incohérences du christianisme pour en critiquer l'aspect obscurantiste. Si le Christ est homme, consommer sa chair et son sang c'est redevenir cannibale, ce n'est en rien s'élever vers Dieu. Critique de la superstition nécessaire à l'exercice de la religion chrétienne, Pascal Quignard va plus loin encore en dénonçant les crimes religieux.

<< Quant au visage humain, l'esclavage, le

christianisme, les tranchées, le gaz, les fascismes, les
déportations massives, les guerres mondialisées, les

92 Ab»mes, op. cit., chapitre LIV, << Les animaux È, Paris, Grasset, 2002, p. 162

dictatures communistes, l'impérialisme démocratique enfin en ont ruiné la figure93. È Placé sur le banc des accusés aux côtés du nazisme, la condamnation du Christianisme est sans appel pour Pascal Quignard.

Un visage humain qui n'est plus selon Pascal Quignard. Visage divin détourné de l'humain, l'humanité détruite Ç par le Reich allemand È. Il cite son maître Emanuel Lévinas et son espoir que Ç Dieu lui-même n'eLt pas détourné son visage. Mais l'Inexprimable lui-même avait dit à Mo
·se : Abscondam faciem meam. Je détournerai ma face È citant le livre d'Ezéchiel94. La Seconde Guerre mondiale et le nazisme ont selon l'auteur achevé d'affirmer le visage inhumain de l'humanité et ont concouru à la déréliction que semble vivre la société moderne.

Ce dernier exemple montre la dureté de certains arguments de l'auteur envers ce qui semble constituer à ses yeux les extrémismes de la religion, les brèches dans lesquelles le Christianisme s'est engouffré et a perdu de sa valeur universelle, de sa tolérance, de sa beauté. C'est bien un regard désabusé qu'est celui de Pascal Quignard, élevé dans la religion chrétienne catholique, nourri aux idéaux de tolérance et de générosité, devenu conscient

93 Les Ombres errantes, op. cit., chapitre XXVII, Paris, Grasset, 2002, p. 87

94 Ezéchiel, Ç L'annonce de la fin È, 7 ; 22, TOB, op.cit., Pairs, Cerf, [1975], 2004, p. 627

plus tard des excès et des crimes historiques qui furent ceux de la dérive religieuse. Ç Quelques fois, j'aurais aimé qu'il y eLt un dieu unique pour qu'il y eLt un jugement et un Jour du jugement. Et moins pour l'exaltation des oeuvres belles ou des hommes justes que pour le bris de l'imposture95. È Voilà un souhait qui montre bien le grand désabus et la grande tristesse qui habitent l'écriture quignardienne.

Mais de tous ces exemples, la Bible comme source d'inspiration ou comme objet de critiques, il en ressort que tous sont centrés sur une seule et même question, celle des origines.

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