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Les réécritures bibliques dans l'oeuvre de Pascal Quignard

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par Daphné Pulliat
Université Paris IV- Sorbonne - Master II littératures françaises 2008
  

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b . les apocryphes

Pascal Quignard fait référence à la Bible en syriaque, dite pshitta, signiÞant Ç simple È en syriaque car elle fut

traduite directement à partir du grec par Rabbula en 586 à Zagba en Mésopotamie (Petits Traités XVIIème traité p. 349). Cette version illustrée attire l'attention de l'écrivain qui est allé l'observer dans la bibliothèque Laurentine de Florence. Elle est en usage chez les Chrétiens de Syrie et d'Irak. Dans un travail de mise en ab»me, Pascal Quignard décrit l'un des folios illustrés de cet évangile sur lequel est représenté Matthieu portant un livre sur ses genoux, peut-être rédigeant son propre évangile selon les suppositions de l'écrivain.

Manifestement amateur d'évangiles apocryphes, Pascal Quignard convoque celui de Thomas (Ab»mes chapitre LXXXV p. 245), découvert en Egypte à Nag Mammadip par Mohammed Al el-Sammam en 1945 sous la forme de treize codices en copte du IVème siècle. Il est constitué de 114 logia ou citations de Jésus, comme dans la tradition évangélique canonique, mais ni la mort ni la résurrection du Christ ne sont racontées, ce qui lui vaut d'être exclu du canon.

Il évoque indirectement aussi celui de Nicodème
(Les Paradisiaques chapitre XXXVII p. 140) lorsqu'il
fait référence à la Ç prostituée de la cité de Jérusalem qui
s'appelait Véronique È. C'est elle qui épongea le visage du
Christ avec un suaire sur lequel ce visage est resté
comme imprimé. Le Ç saint suaire È, dont font mention

les évangiles canoniques (Matthieu 27 ; 57-60, Marc 15 ; 42-46, Luc 23 ; 50-54 et Jean 19 ; 38-42128), ou la Ç sainte face È, est ce supposé linge qui porte la marque du visage du Christ, il a été conservé à Edesse en Syrie vers 30 et est aujourd'hui à Turin. Le plus ancien témoignage de l'existence de ce voile de Véronique se trouve dans le livre de Nicodème qui date du VIème siècle. Si Pascal Quignard s'amuse de cette croyance, Ç l'unique image est celle d'une tête de mort (épongée de sa sueur par la main d'une prostituée È, l'étymologie convoquée vient expliquer l'idée que cette image, prise par Véronique, pourrait être celle du Christ : en latin vera icona signiÞe image vraie, ou encore le mélange du latin et du grec verum eikon signiÞe vraie image.

Cette évocation du suaire et de Véronique intervient dans le récit de la vie d'Alexis qu'entreprend Pascal Quignard dans Les Paradisiaques129, réécriture de l'un des premiers textes de la littérature française, poème hagiographique du XIème siècle.

Pascal Quignard fait également référence à l'Ecclésiastique ou Siracide (Petits Traités LVIème traité p. 645), un livre de sagesse connu mais non reconnu par le

128 TOB pp. 1435-1436, 1463-1464, 150715-09, 1541-1544

129 op.cit., chapitre XXXVII, Ç Alexius Þls d'Euphemianus È, Paris, Grasset, 2005, pp. 140-144

canon biblique, rédigé vers 180 avant notre ère par le rabbin Ben Sira. Ce texte mêle la tradition du proverbe issue du livre des Proverbes, de très nombreuses phrases courtes constituent des Ç conseils È pour trouver la Ç sagesse È, et des développements circonstanciés destinés à convaincre le lecteur de la grandeur du patrimoine religieux et culturel du Juda
·sme mis en péril par l'expansion de la culture hellénique. S'il n'est pas considéré comme inspiré, le texte du Siracide reste une source privilégiée des écrits talmudiques qui le citent beaucoup. Son appellation traditionnelle d'Ecclésiastique rend compte de l'importance que lui accordaient les premiers Chrétiens qui l'utilisaient pour l'instruction des néophytes.

Pascal Quignard semble citer un vers : Ç La sagesse est l'Euphrate, dit l'Ecclésiatique, XXIV, 3 È mais la référence est fausse (TOB, p. 1335). Faire appel à ce livre demeure cependant une preuve de la précision des connaissances de l'écrivain.

Pascal Quignard évoque l'histoire de Suzanne, femme de Joakim, en décrivant un tableau de Rembrandt représentant la jeune femme au bain avant que deux vieillards ne s'en prennent à elle (Sur le Jadis chapitre XXXIV p. 88 ; Daniel grec, 13, TOB pp. 1388-1990). Ce livre est un livre supplémentaire présent dans un midrash

comme treizième et dernier chapitre du livre de Daniel et comme livre à part entière dans la Septante entre Ezéchiel et Daniel. Il est présenté dans la TOB au chapitre des livres apocryphes. Ç Sousanna È, ou l'image d'une femme qui se dénude et qui est accusée avec abus d'être adultère, des thèmes très quignardiens en somme.

Ces références apocryphes viennent comme levier à la pensée religieuse. Elles sont convoquées non pas dans un esprit dogmatique, ni même dans un esprit de remise en question du canon, mais dans une démarche intellectuelle de découverte et d'interrogation. Elles sont pour l'écrivain l'occasion d'interroger la diversité de la culture humaine, de montrer au lecteur qu'elle va au-delà des dogmes religieux. La littérature a des sources indifféremment religieuses ou la
·ques nous dit Pascal Quignard.

Nous voulons à présent étudier une source exceptionnelle de l'écriture quignardienne, la Septante, la Bible d'Alexandrie, la première version grecque de la Bible, lieu qui concentre de nombreuses problématiques quignardiennes.

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