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Documentation sur le statut des métis de pères Allemands au Togo entre 1905 et 1914. Présentation de documents allemands avec traductions ou résumés en français

( Télécharger le fichier original )
par Essosimna Tomfei Marie-Josée ADILI
Université de Lomé (Togo ) - Maà®trise en lettres allemandes 2012
  

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3.4.3- Traduction intégrale du texte en français

P. 266 : Extrait d'un rapport du chef de district Clausnitzer en date du 16. 12. 1913

« [...] Par ailleurs, dans la conception des indigènes, on ne connaît pas la notion « d'enfants hors-mariage », bien au contraire, la plupart du temps tous les enfants d'un même père sont considérés comme étant de la même famille, celle du père. Le mulâtre Fritz Durchbach a demandé récemment l'autorisation de continuer à porter le nom de son père dans l'avenir ; à la proposition selon laquelle il devrait prendre le nom de sa mère (Garber), il a répliqué en disant qu'il a le sang Durchubach et non Garber.

P. 282 : Disposition prise et mentionnée sur le dossier : l'affaire est soumise à Son Excellence [le duc de Mecklenburg] pour décision à prendre. Entretien avec lui sur la question le le 23. 12.

`'Décision prise, Lomé 24 Dec. 1913

La requête du mulâtre Fritz Durchbach, résidant à Lomé, au sujet de l'autorisation de garder le nom de famille allemand « Durchbach » a été rejetée pour des raisons de principe. Mis à part le fait qu'il paraît douteux que le commerçant Durchbach soit le géniteur du requérant et que ce dernier ait été effectivement baptisé sur le nom de Durchbach, et même si ces deux indications sont exactes, elles et toutes les autres

argumentations présentées ne sont pas suffisamment probantes pour justifier l'attribution d'une telle autorisation. Le requérant est invité, lors du changement de nom sur les papiers de son terrain immatriculé sous Durchbach, à solliciter que les frais entraînés par le changement de nom soient réduits. Le requérant a un délai d'un mois pour indiquer quel nom de famille il voudrait porter désormais. Il suffirait que l'on supprime les deux [lettres] ch dans le nom « Durchbach ».

Je vous prie de veiller à ce que le requérant soit informé de cette décision.

pour le gouverneur et p.o. signé von Doering

P. 284 : `' Durchbach s'appelle Fritz Kuavowi. Il refuse de porter tout autre nom et désire quitter la colonie» Fette, Lomé 5/II (5 février 1914)

P. 285-287. Au gouvernement impérial d'ici. Lomé, le 06 février 1914 suite à l'arrêté du 24 décembre passé.

Durchbach refuse de porter tout autre nom. Il veut abandonner son poste chez Bödecker & Meyer et émigrer, si l'on ne lui permet pas de continuer de porter le nom `' Durchbach» auquel il pense - à tort - avoir droit. Pour tout changement à ce propos, il reste inflexible. Avant son voyage sur l'Allemagne, le responsable de la firme Bödecker & Meyer, le commerçant Fette, s'est adressé à moi à ce sujet et à déclaré qu'il était d'une grande importance pour la firme de garder Durchbach. J'ai informé Fette, que le gouvernement impérial pourrait peut-être permettre à Durchbach, à titre exceptionnel, de continuer de porter le nom, à la condition particulière, qu'il soit prouvé qu'aucun membre du feu commerçant Durchbach ne soit plus vivant, ou le cas échéant, que tout descendant de Durchbach encore vivant donne son accord. Fette veut pour cela recueillir des informations en Allemagne et faire part de ses résultats.

Je propose très respectueusement qu'en attendant d'avoir ces résultats, la décision dans l'affaire soit suspendue et que le requérant continue provisoirement de porter le nom.

Clausnitzer 5/II (1914)

Note : J'accepte cette proposition. Une nouvelle présentation sera faite à l'arrivée de M. Fette. Le gouverneur Duc de Mecklenburg.

P.291 : `'Bödecker & Meyer. Hamburg, le 9 mars 1914

Au Chef de district de Lomé,

J'ai pu constater que le commerçant Durchbach est décédé il y a plusieurs années à Altona. En outre j'ai remarqué que le nom Durchbach n'existe dans aucun registre que ce soit, ni à Hambourg, ni à Altona.

J'essayerai d'obtenir une attestation à cet effet de la police d'Altona, afin de l'envoyer par le prochain courrier au Chef de District de Lomé.

Avec mes salutations distinguées, P. Fette

P. 293 Hambourg, le 24 avril. Je suis aux regrets de vous annoncer que je n'ai pas réussi à obtenir une attestation de la part de la police d'ici, d'où il en ressort que la police de Hambourg et celle d'Altona ne connaissent personne du nom de Durchbach.

Avec mes salutations distinguées, P. Fette.

Durchbach est informé qu'il ne doit plus continuer à porter le nom Durchbach et qu'il est libre d'accepter le nom Durbach.

Clausnitzer.

P. 294 : Lomé, le 19 mai 1914. Le chef de District, Lomé.

Le mulâtre Fritz Durchbach comparut et déclara, je porterai à l'avenir le nom de famille `'Durbach».

Fritz Durbach.

Interprète. Adolph d'Almeida.

Dossier clos

Signé Clausnitzer.

P. 297 À la firme Bödecker & Meyer d'ici. Lomé, le 9 juin 1914.

Il est interdit à l'employé Fritz Durchbach, sur ordre du gouvernement, depuis le 26 du
mois dernier, de continuer de porter le nom de famille Durchbach, et conformément à la
déclaration du Chef de district, il est averti qu'en cas de désobéissance il sera puni. Il

devrait particulièrement faire attention pour que le nom `'Durchbach» ne lui serve plus aussi dans la firme. Durchbach a fait la déclaration de porter le nom Kuaovi à l'avenir.*

Clausnitzer.

*[NB] : Une telle déclaration ne se trouve pas dans le dossier.

P. 302 : Je constate que ce mulâtre continue de porter le nom de famille `'Durchbach» contrairement à l'ordre du dernier gouverneur allemand en date du 24 décembre 1913 (voir page 170) et l'ordre du 15 mai 1914 et le consentement signé par lui-même le 19 mai 1914 (page 177). Il est informé que l'ordre du dernier gouverneur allemand est toujours en vigueur et devrait être obéi et il lui est interdit de porter encore le nom Durchbach. Voir la page 410 du code pénal de cette date.

A.R. Holliday - Officier politique du district. 27 avril 1918.

[NB] : D'après mon fichier personnel, Durchbach (probablement Friedrich) fut agent principal de la firme Max Grumbach à Petit Popo (Aného) 1885 - 1888 ; il a eu là-bas une femme de la famille Garber et son fils mulâtre Fritz est né en ces temps-là. (Sebald)

Commentaire succinct

Le cas de Fritz Durchbach illustre de manière exemplaire l'idée selon laquelle, avant l'administration allemande au Togo, le métissage ne constituait pas un problème. Après avoir décrété qu'un métis n'a pas le droit de porter le nom de son géniteur, l'adminsitartion coloniale allemande avait laissé une petite porte de compromis en concédant des cas exceptionnels, par autorisation du gouverneur. Fritz Durchbach qui avait jusque-là porté son nom allemand sans problème, s'est rué dans cette petite prèche, pour pouvoir rester dans la légalité. Mais le traitement de son dossier montre que l'administration n'envisageait nullement de laisser des métis porter des noms allemands. Le combat de Durchbach s'est achevé faute de combattant, car c'est pratiquement l'issue de la guerre qui a implicitement clos le dossier, mais s'il avait eu gain de cause face à l'administration allemande, nul doute qu'il aurait créé ainsi un précédent porteur de conséquence pour les autres métis. D'ailleurs, lui-même n'était pas le seul à porter le nom de Durchbach, car son père avait eu deux autres enfants métis (Brenda et Randal Durchbach), et il aurait été intéressant de savoir comment ces cas auraient été traités : auraient-ils eu ce droit automatiquement, par déduction du droit de leur frère ainé Fritz,

ou bien seraient-ils traités séparément ? Ce ne sont là que des interrogations spéculatives. Mais la réalité est là : Fritz, Brenda et Randal Durchbach n'ont eu le droit de porter le nom de leur père que par décret de l'administration française.

Chaque « métis allemand » du Togo a certainement son histoire digne d'être connue, mais il existe trop peu d'études consacrées à cette question, alors que tous les jours et dans tous les coins du Togo, on rencontre des noms de résonnance allemande. Le cas de Fritz Durchbach qui s'est courageusement battu pour reconquérir le droit de porter le nom allemand de son père nous amène aussi à parler des nombreux métis (ou de leurs familles) qui n'ont pas jugé utile de mener un tel combat. Parmi eux, certains ne se sont jamais vraiment intéressés à la question du nom du père ; ils ont tout juste gardé le nom de naissance de la maman, comme cela a été proposé à Fritz Durchbach. Le repertoire de Peter Sebald en fournit des exemples. Ce repertoire offre d'ailleurs aussi l'opportunité de déceler bien d'autres problèmes liés aux relations des Allemands du Togo avec les Togolaises, à l'époque coloniale : viols de mineures, contestation de grossesse et de paternité, polygamie des Européens en Afrique etc. Mais aborder tous ces problèmes ici déborderait largement le cadre de notre modeste étude.

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