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Documentation sur le statut des métis de pères Allemands au Togo entre 1905 et 1914. Présentation de documents allemands avec traductions ou résumés en français

( Télécharger le fichier original )
par Essosimna Tomfei Marie-Josée ADILI
Université de Lomé (Togo ) - Maà®trise en lettres allemandes 2012
  

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CONCLUSION

L'opinion publique togolaise parle généralement des trente années de colonisation allemande au Togo (1884-1914) comme ayant été une période dont on garde des souvenirs merveilleux, ce qui expliquerait la grande sympathie que beaucoup de populations togolaises éprouvent encore aujourd'hui. Mais si l'on devrait faire des recherches très poussées sur chaque aspect de la vie à l'époque allemande, il n'est pas certain que l'on parvienne à confirmer que tous les souvenirs ont été vraiment si merveilleux. C'est l'impression générale qui se dégage de la modeste étude que nous avons entreprise sur les « métis allemands » du Togo. En trente années, l'administration coloniale allemande au Togo a réussi à faire de ce qui n'était nullement un problème en 1884, un vrai problème de société. Il faut comprendre cette expression « problème de société », non pas au sens où l'entendaient les Allemands qui se disaient soucieux de la préservation de la race blanche tout en commettant impunément des actes d'immoralité et d'irresponsabilité, mais plutôt au sens de la souffrance des femmes togolaises qui se croyaient mariées à des hommes blancs, mais qui étaient réduites au rang de maîtresses et de concubines, parfois considérées comme de simples prostituées par une administration coloniale qui leur déniait tout droit et tout sentiment. Pire encore, ce problème de société concernait en premier lieu les enfants nés métis, nés « hors-mariages » et qui ont souvent été doublement victimes : d'abord de la part de leurs géniteurs qui, le plus souvent, refusaient de les reconnaître, puis de la part de l'administration coloniale qui, au nom du principe de la séparartion des races, ne les reconnaîtra jamais, même si les géniteurs le désiraient. Beaucoup de « métis allemands » du Togo ont donc été doublement victimes de cette réalité historique, et en ont gardé sans aucun doute un traumatisme qu'ils tentent d'oublier et de guérir en proclamant aujourd'hui que « tous les Allemands sont nos frères et soeurs » (Petschull 1984 :119). Jamais l'administration coloniale allemande n'a accepté les métis allemands du Togo comme des frères et soeurs des Allemands, car c'est seulement après le départ des Allemands du Togo que les lois iniques sur les métis ont été abrogées, et que les métis allemands« ont obtenu le droit de porter le nom de leur géniteur allemand respectif.

Si certains métis allemands« du Togo ont pu avoir une éducation acceptable et mener
plus tard une vie honorable, ils le doivent certes aux mesures prise par l'administration

coloniale d'obliger les géniteurs allemands à s'occuper de leur progéniture, ce qui fut respecté par certains, même avant la promulgation de cette ordonnance. Mais la plupart des métis allemands« doivent leur succès à leurs mères africaines et aux familles de ces dernières qui les ont toujours pris pour des enfants comme tous les autres. On ne doit pas passer sous silence le rôle capital des missions catholiques et protestantes auxquelles la plupart de ces métis furent confiés pour leur scolarisation et leur formation; mais en même temps, il faut aussi souligner et déplorer la complicité délibérée des missionnaires allemands - catholiques comme protestants - dans la politique raciale du gouvernement colonial envers les métis: si, en tant que messagers de la Bonne Nouvelle qui a aboli les frontières entre maîtres et esclaves, si, en tant que serviteurs du Christ qui a proclamé la Nouvelle Loi de l'Amour entre tous les hommes, les missionnaires allemands avaient refusé de cautionner le principe raciste sur lequel étaient fondées toutes les mesures prises dans la gestion de l'affaire des métis au Togo, alors ils auraient constitué le garde-fou qui aurait empêché les problèmes sociaux engendrés par la recrudescence des métis allemands au Togo, et ils auraient ainsi mérité plus de reconnaissance et plus d'éloge de la part de ceux qui sont chargés d'écrire l'histoire des Togolais, particulièrement sur cette question.

Vu avec le recul du temps, la législation sur les métis allemands« a fait des victimes individuelles, mais n'a pas réussi à modifier profondément la structure traditionnelle de la société togolais précoloniale. Les 30 années de colonisation allemande, et particulièrement les dix années de réglementation de la vie des métis, n'ont été qu'une parenthèse vite oubliée - plus exactement : vite occultée - dès que les Allemands ont dû quitter le Togo en 1914. On le voit bien à l'exemple de Fritz Durchbach qui a repris immédiatement son nom à l'avènement des Français.

Le règlement de la question des métis allemands« par l'administration coloniale allemande avait pour justification initiale l'aspect social: protection des métis. Mais en réalité, les discussions qui ont précédé les différents textes réglementaires prouvent que la justification principale de l'intervention de l'administration coloniale dans cette question est d'ordre politique: c`est la politique raciale du Reich qui a dicté les mesures prises dans cette question.

Finalement, la réglementation sur la question des métis ne s'est pas du tout attaquée à la
cause du problème qui est la dépravation des moeurs des administrateurs coloniaux et
l'immoralité de leur comportement envers les femmes noires. C'est pour préserver la

prétendue pureté et la supposée supériorité de la race blanche que l'administration coloniale a réglementé le port des noms allemands par les enfants métis allemands«. Et finalement, c'est pour pour garantir la pérennité du pouvoir colonial blanc sur la population noire. C'est la peur de voir les métis constituer politiquement une classe intermédiaire entres les Blancs et les Noirs, et de les voir s'appuyer sur ces derniers pour réclamer ensuite le partage du pouvoir avec les Blancs : c'est la peur de voir les métis constituer une élite« politique qui deviendrait éventuellement l'avant-garde de la lutte pour l'indépendance, comme ce fut le cas ultérieurement dans plusieurs colonies européennes, notamment portugaises.

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