WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le conte et l'éducation chez les Lokpa du Bénin

( Télécharger le fichier original )
par Akéouli Nouhoum BAOUM
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise en lettres modernes 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.3.6 Le temps

Le temps du conte Lokpa doit être abordé sur deux axes : le temps dans le récit (succèssion des actions des personnages) et le temps du récit. Commençons par le dernier.

Le récit est connu pour être toujours au passé simple, ou au présent. L'imparfait intervenant pour les descriptions et autres précisions que l'auteur voudrait bien aborder. Au passé simple, le récit est fictif, éloigné de la réalité. Mais l'usage du présent le rend actuel. Dans un conte Lokpa, le récit est principalement au passé. Or théoriquement, le passé simple sert au récit écrit et que le présent du récit au récit oral. Mais dans le conte Lokpa, le récit est au passé. Cela n'empêche pas le récit d'être actuel. Prenons l'exemple des formules introductives du conte : le fameux "il était une fois". Cette formule donne déjà l'idée que l'histoire est vieille, passée. Même si elle ne précise pas quand exactement (car telle quelle est formulée elle peut aussi bien renvoyer à hier ou à il y a mille ans), elle indique tout au moins que l'histoire est vieille. Chez les Lokpa la formule revient à « ...nó?ól? ? w?nnà.», traduite mot à mot comme « quelqu'un// il// est » ou « quelqu'un// il// était ». Ce temps se situe entre le passé et le présent. Cette formule diffère du « il était une fois ». Dans cette formule, on entend "il était, et il est toujours". Le temps du conte Lokpa se situe entre le passé et le présent. C'est un temps

114 Tzvetan TODOROV. « Les catégories du récit littéraire », Communications, 8, 1966. pp. 125-151.

proche du passé composé français. Cela rend le récit non seulement actuel, mais aussi réel, vrai. La résultante directe de l'effet produit par le temps utilisé est de donner à l'auditeur l'impression que l'histoire est réelle ou que le conteur a été témoin des faits qu'il raconte ou plutôt rapporte. Il faut remarquer que, généralement, le conte Lokpa est une narration hétérodiégétique : le conteur conte une histoire dont il est absent. Il choisit librement d'avoir une focalisation "zéro", c'est-à-dire qu'il a le point de vue de Dieu ; il sait tout sur les personnages ; il connaît leurs pensées ; les personnages sont ses pions qu'il manie à sa guise. C'est le cas de presque tous les contes du corpus, sauf le conte n°8. Ce conte par exemple mélange les points de vue. Le conteur, à un moment donné du conte, prend la place d'un des personnages protagonistes, et confie l'autre rôle à un auditeur (syntagmes 11 à 31). Le conteur et l'auditeur deviennent, pour un court instant, personnages du conte. Cela relève de la volonté du conteur d'attirer l'attention de l'auditoire afin de lui faire mieux vivre le conte. Ce faisant le narrateur devient pour un court intervalle homodiégétique et le reste du conte hétérodiégétique. C'est une technique qui rend plus actuel le conte et plus vraisemblable l'histoire.

Quant au temps dans le récit, il est délimité par la succession des faits narrés. Ces faits, le conteur les fait intervenir à des moments précis de l'histoire qu'il raconte. Il met l'accent sur certains, et passe très vite sur d'autres, faisant ainsi alterner ellipses et anachronies. Ce qui donne naissance à un récit parfois rapide ou par moments lent. Le conte n°4 joue sur la vitesse du récit. Au début de ce conte, le conteur raconte brièvement deux ans (syntagme 1 à 8) de vie d'une famille. Mais il raconte un seul jour très longuement (syntagme 9 à 40). Puis il raconte une entière année en seulement six (06) syntagmes. Cette façon de faire rend le récit plus lent ou plus rapide et permet au conteur de mettre l'accent sur les événements importants.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"