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Le conte et l'éducation chez les Lokpa du Bénin

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par Akéouli Nouhoum BAOUM
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise en lettres modernes 2010
  

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1.2.4 La légende, l'épopée et le conte

La légende, à l'origine, du mot latin "legenda" qui signifie « qui doit être lu », est un récit mis par écrit pour être lu en public : pendant les repas, dans les églises, dans l'optique d'édifier les fidèles au cours d'une fête consacrée à un saint. La légende apparaît ainsi comme un genre de la littérature sacrée. D'ailleurs, selon Wikipédia, « dans ce genre de littérature, la précision historique passe au second plan par rapport à l'intention spirituelle (dans l'hagiographie50) ou la morale. 51». Comparé au mythe, la légende passe au rang sacré au même titre que ce dernier. La légende reste toujours historique car le saint qui est son personnage principal reste connu comme ayant vécu pendant une période donnée de l'histoire. Ce saint reste humain, serviteur de Dieu et non jamais lui-même un dieu. L'historicité de la légende serait ainsi établie, claire et sans zones d'ombres, alors celle du mythe reste ouverte au début des temps, au commencement des choses, alors même que les légendes n'existaient pas encore. C'est aussi cette précision historique qui distingue également la légende du conte. Josiane BRU nous dit dans un article que « Le conte est par définition un récit situé dans un temps et un lieu indéterminés (Il était une fois...), alors que la légende - prise en compte et transcrite depuis plusieurs siècles comme récit historique - met en scène des personnages censés avoir existé, en des lieux dont le nom attesterait de l'ancienneté et de la vérité des faits racontés52. » La légende serait-elle alors un genre purement écrit ? La réponse évidemment est non. Selon toujours la Wikipédia, « c'est un récit fictif le plus souvent d'origine orale faisant appel au merveilleux. Une légende, à la différence d'un conte, est fortement liée à un élément clé, ceci est précisé et se concentre sur un lieu, un objet, un personnage, une histoire, etc.53» La légende, tout en étant fictive, reste alors très proche de la réalité. Contrairement au conte qui est une fiction qui ne peut être fixée dans le temps ou dans l'histoire, la légende se veut plus

50 L'hagiographie (du grec ancien öyéoç hagios, « saint », et ypâqo graphô, « écrire ») est l'écriture de la vie et/ou de l'oeuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d'« une hagiographie » (sauf dans le sens figuré), mais plutôt d'un texte hagiographique ou tout simplement d'une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l'office des moines soit en public dans le cadre de la prédication, on lui donne souvent le nom de légende (du latin legenda, « ce qui doit être lu »). Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hagiographie

51 Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gende

52 Josiane Bru, Josiane Bru, « Le repérage et la typologie des contes populaires. Pourquoi ? Comment ? » Bulletin de liaison des adhérents de l'AFAS, n° 14, automne 1999.

53 Idem

précise, plus historique, plus précise que le mythe et complètement profane. Elle peut naître également de l'imagination humaine et prendre des allures de conte. Car en réalité, certains contes donnent parfois des précisions qui pourraient placer leurs personnages dans l'histoire. Ce sont des contes facétieux. Le conteur essaie de localiser les personnes et les lieux où se seraient déroulés les faits. Nous citons ici en exemple le conte N°6 de notre corpus. Dans ce conte, le conteur a donné des noms de lieux connus : Foumbéa, Kpalak?. Or l'histoire met en scène des animaux. Ce constat ne fait que renforcer la confusion dans la distinction des genres oraux proches du conte.

Pour nous résumer, voyons un peu ce que dit du conte et de la légende Jean Du BERGER. Comme pour couper court à toute polémique, il dit : « Hors de l'espace et du temps, le conte a pour objet de divertir l'auditoire qui ne croit pas en ce qui lui est raconté ; la légende, par ailleurs, située dans l'espace et le temps du narrateur et de son auditoire, est objet de croyance : à ce titre, elle exerce une fonction d'édification ou de répressioni54 Bien que son constat soit chargé de sens et d'enseignement, il pêche par son manque de réserve. Chez les Lokpa l'auditoire ne prend pas pour faux tout ce qui est raconté à travers les contes. Et en plus affirmer que le conte a pour objet de divertir l'auditoire relève d'une méconnaissance de ce genre et des peuples qui le produisent.

L'épopée, selon le Dictionnaire de l'Académie française, est une « vaste composition littéraire en vers, qui développe un thème historique ou légendaire et célèbre les actions d'un héros exemplaire ou les hauts faits d'un groupei55 L'épopée, ainsi définie, est donc intimement liée à l'histoire. Elle est un genre noble et presque sacré selon les mots de Paul le Gentil cité par Lilyan Kesteloot et Bassirou Dieng dans leur introduction à Les épopées d'Afrique noire. Même si les deux auteurs citent Paul le Gentil pour montrer les contradictions des chercheurs occidentaux face à l'oralité en général et africaine en particulier, ce que dit Paul le Gentil nous apprend encore plus sur l'épopée. Selon lui l'épopée un « genre noble, presque sacré, celle-ci célèbre avec solennité, dans un langage rituel, la liturgie de l'héroïsme chevaleresque. Pareille poésie doit rester hors d'atteinte de tout ce qui pourrait affecter sa grandeur. Elle existe par elle-même, indépendante de talents ou des renoms individuels qui la servent.56» Un tel plaidoyer montre l'ampleur du genre épique, l'intérêt et le respect à lui porter dans la sphère littéraire. En tant qu'oeuvre relatant les hauts faits d'une société, chaque épopée porte en elle l'empreinte du peuple qui l'a créée. Presque

54Jean Du Berger, « Marius Barbeau : le conte et le conteur », Études françaises, vol. 12, n° 1-2, 1976, p. 61-70 http://id.erudit.org/iderudit/036621ar

55 http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/generic/cherche.exe?51;s=1821573375.

56 Lilyan Kesteloot, Bassirou Dieng, Les épopées d'Afrique noire, Karthala, 2009, p.10.

chaque peuple a sa propre épopée. Ainsi, nous avons l'épopée africaine, l'épopée grecque, l'épopée latine, l'épopée indienne, la chanson de geste, la saga scandinave, l'épopée japonaise, l'épopée russe, l'épopée française, l'épopée postmédiévale en occident, l'épopée moderne. Chaque épopée a ses caractéristiques particulières. La plus ancienne des épopées serait l'Epopée de Gilgamesh écrite entre le XVIIIe et le XVIIe siècle avant J.C. en akkadien57.

En ce qui concerne l'épopée africaine, elle est oralement transmise de générations en générations par les griots. Jean DERIVE et Christiane SEYDOU nous apprennent qu'« il s'agit en effet de textes narratifs mettant en scène des personnages célèbres, acteurs d'exploits héroïques et, - ce qui peut les distinguer des simples chroniques historiques - illustrant du même coup, explicitement ou implicitement, les représentations et les valeurs constitutives de la culture dont ils émanent58. » Cette affirmation fait suite à celle de Moussa

M Diabaté, cité en notice par les deux auteurs. Pour ce dernier, « l'épopée se situe entre l'histoire et le mythe. Reprenant un fait historique, elle concentre autour d'un personnage qui a marqué son temps, tout l'acquis culturel d'une société [...] ; d'autre part, elle attribue au personnage autour duquel elle se forme toutes les valeurs passées et présentes et constitue alors un lieu de reconnaissance et de distinction d'un peuple par rapport aux autres. Elle est donc, l'épopée, un fait éminemment cultuel.59 » L'épopée se définit alors comme une oeuvre narrative au même titre que la légende et le conte. Elle émane d'une société qui s'y reflète, s'en identifie mais construite autour d'un personnage. Wikipédia nous apprend que l'épopée africaine est essentiellement orale, chantée et dansée ou dite sur un accompagnement musical : la harpe ou le mvett60. L'oralité de l'épopée s'explique par le fait que l'Afrique dite « traditionnelle » n'a connue l'écriture que trop tard. Les garants des connaissances ancestrales restent pour la plus grande partie étrangers à l'écriture. L'épopée africaine la plus connue est l'épopée de Soundjata ou l'épopée mandingue. Mais dans l'Afrique où l'oralité vit, nous pouvons dire que chaque peuple ou presque a son épopée, car chaque peuple a son histoire, ses us et coutumes et ses héros.

L'épopée reste très proche du conte et de la légende. Les définitions, théoriques, que nous
venons de donner de ces trois genres se retrouvent parfois enchevêtrées dans la pratiques. Le

57 L'akkadien (liðânum akkadîtum) est une langue sémitique qui fut parlée du quatrième au premier

millénaire av. J.-C.. Elle se divise en deux dialectes : le babylonien, au sud de la Mésopotamie (voir Babylone) et l'assyrien, au nord (voir Assyrie).

58 Jean Dérive, Christiane Seydou, Littératures orales africaines, Karthala, 2008, p.211.

59 Moussa M. Diabaté cité en notice par Jean Dérive et Christiane Seydou dans Littératures orales africaines à la page 211.

60 Le mvett ou mvet désigne un instrument de musique à cordes connu depuis l'ancienne Égypte, et un ensemble de récits guerriers qui se jouent accompagnés de cet instrument, formant la culture des Fangs.

conte, ou plutôt ce que certaines sociétés appellent conte, peut avoir théoriquement les mêmes attributs que l'épopée ou la légende, ou vice versa.

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