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La négociation de la prise en charge dans une maison de repos et de soins bruxelloise

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par Anne- Claire ORBAN
Université libre de Bruxelles - Master en anthropologie 2012
  

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6.5 Une quatrième dimension...

Cette analyse en trois pôles oublie toutefois une dimension les contraignant toutes trois : le fait de vivre en communauté dans un établissement fermé, à l'architecture spécifique, au nombre élevé de personnes, etc. Bref le fait de prendre place dans une institution.

« Au début, je me dis « je dois, je dois,... [me forcer à m'adapter]) On est plus chez soi hein, on est libre mais on n'est pas libre à 100% hein, faut manger c'que l'on nous donne, il faut suivre le règlement, ... il faut s'adapter à tout le monde ! Y a de tout ici ! Mélange de classes, et de tout ! » (Mme Co.) ; « Vous savez dans les maisons de repos, il faut pas trop demander hein ! Il faut aller à la douche, il faut se lever tôt, il faut faire ceci, il faut faire cela, ... ! » (Mme Ve.).

J'appelle cette dimension « les contraintes institutionnelles » et la schématise comme suit :

Ou en terme de mots du brainstorming de départ :

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La vie en collectivité implique l'établissement de règles pour assurer le déroulement pacifiste de cette dernière. Mme Oste, infirmière chef, explique ainsi :

«ils sont chez eux hein ici... mais ce que je leur rappelle tout le temps, c'est qu'on vit en communauté, faut savoir respecter les autres. Si vous agressez les gens ou injuriez le personnel, ou si vous aimez trop les femmes, ça ne va pas hein, il faut trouver une solution ! » (Mme Oste)

Ainsi par exemple, l'article 19 du règlement d'ordre intérieur, intitulé « Mesures d'intérêt général », stipule que les résidents ne peuvent nuire à autrui en montant trop haut le son de la radio ou la télévision et qu'ils veilleront à la propreté de leur chambre et des abords. Le résident se conduira avec courtoisie tant envers les autres résidents qu'envers le personnel et aidera la personne dans le besoin (art. 3). Les repas seront servis à partir de 7h30 ; 11h30 et 17h30 (art. 13). L'article 20 stipule qu'« il est essentiel que le résident prenne toutes les dispositions nécessaires pour éviter ce qui peut causer un incendie ». Ainsi, aucun appareil chauffant n'est accepté (sauf exception, voir supra) ; seules les télévisions à écrans plats sont permises (sauf accord de la direction) ; il est « strictement interdit de fumer dans la chambre »75 et dans la maison de repos (sauf accord de la direction) ; de brûler des bougies ; de boire de l'alcool à outrance ; ... Bref, interdit de nuire à autrui. Ceci rappelle la théorie de Michel Foucault concernant le déplacement du droit de punir, passant « de la vengeance du souverain à la défense de la société » (1975 : 107). L'individu est puni lorsqu'il porte atteinte à la collectivité. Le personnel également se voit soumis aux mêmes impératifs.

Ces contraintes, les résidents doivent s'y faire et le plus gros effort semble être l'adaptation aux horaires, certains ne s'y habituant pas : Mme Va. ramène son repas du soir dans sa chambre considérant que l'on mange trop tôt ; Mr R. va directement au magasin acheter sa nourriture (baguette et charcuterie) car il ne mange jamais à midi et préfère manger plus tard. D'autres plaintes prennent place notamment concernant la nourriture, la sécurité excessive (cf. couteaux non tranchants) ou l'hygiène excessive (alors qu'il s'agit d'un intérêt général : les résidents doivent être propres pour ne pas incommoder leurs voisins).

Mr Bou. fut carrément puni par le directeur car il injuriait l'aide-ménagère venant faire sa chambre, considérant qu'elle n'avait pas besoin de nettoyer aussi souvent. De plus, il aurait nui au régime alimentaire d'une autre résidente et n'aurait pas respecter les heures de soins. Aujourd'hui, il lui est demandé de sortir de sa chambre tous les jours entre 14h et 15h pour le

75 Je rencontrai néanmoins plusieurs résidents fumant dans leur chambre. Ces derniers sont alors demandés de fermer leur porte et d'ouvrir leur fenêtre régulièrement. Le stock de cigarettes de certains résidents (4 ou 5) est géré par le bureau administratif qui les leur fournit régulièrement.

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ménage ; il lui est interdit de passer dans l'aile Imperial pour ne plus avoir accès à la chambre de « sa grande amie » comme il dit ; il lui est demandé de descendre manger au restaurant tous les jours. Mr Bou. m'explique qu'aujourd'hui il respecte les règles scrupuleusement, ne voulant pas être renvoyé « où irais-je alors ? » ! En effet, « en cas de non-respect du règlement ou de troubles graves au bon ordre, la direction en avertit le gestionnaire qui a la faculté de prendre les mesures qui s'imposent, y compris le transfert ou l'expulsion » (art. 21 du ROI).

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