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La Constitution à  l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain


par Pihame BARBAKOUA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en droit public fondamental 2008
  

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Paragraphe II : Des faiblesses fatales

Ainsi présentée, la constitution dans sa conception de 1990, tombe dans une

situation difficilement qualifiable : déclin ou décès du nouveau constitutionnalisme ? En tout cas, on assiste tout simplement à une pratique si pervertie (A) qu'elle fait dire qu'on était en présence d'un Etat de droit à faible densité démocratique217(B).

A : La perversité de la pratique

L'architecture constitutionnelle est belle. Elle contient des mécanismes sensés

garantir la démocratie. Seulement la pratique dénote une véritable manipulation (1) aggravée par le soutien d'un juge constitutionnel diabolisé et d'une armée politisée (2).

1 : La manipulation de la constitution

On a pris l'habitude de soutenir qu'en faisant et défaisant les constitutions,

l'Afrique cherche sa voie. Cependant, il semble opportun de soutenir plutôt qu'elle a trouvé sa voie. Il suffit tout simplement d'adopter une constitution et d'avoir une pratique contraire218. Cela se matérialise par un véritable détournement de pouvoir, généralement soutenu par le fait majoritaire.

Le détournement de pouvoir en droit constitutionnel s'apparente plus ou moins à un usage peut-être excessif, sinon abusif, des compétences conférées par la constitution dans une perspective opportuniste, c'est-à-dire pour atteindre des objectifs illégitimes, parfois expressément avoués. Les gouvernants du nouveau constitutionnalisme africain semblent être champions en la matière. Le Sénégal en est l'exemple le plus illustratif. Après avoir passé plus de quarante ans dans l'opposition, en prônant de toutes ses forces l'alternance au pouvoir, le Président Abdoulaye WADE surprend le monde entier, non seulement en voulant briguer un troisième mandat sur le fondement de la non rétroactivité de la loi constitutionnelle219, mais aussi, en voulant par tous moyens, se faire succéder par son fils.

217 DU BOIS DE GAUDUSSON, « Constitution... » op.cit.p.339

218 Pour le Professeur KPODAR, « l'Afrique noire n'est pas lunatique en matière constitutionnelle, elle a depuis, trouvé sa voie. Celle de l'adhésion au modèle occidental qui rapidement laisse place à un modèle africain, tropicalisé qui s'inscrit aux antipodes de la première, pour ne pas parler d'une « caramélisation » de cette dernière ». « Prolégomènes à une virée constitutionnelle en Afrique francophone une approche de théorie juridique », Mélanges en l'honneur de Dominique BREILLAT, Paris, LGDJ, p333

219 La notion de rétroactivité est une notion qui a commencé à alimenter les débats dans les pays africains. Elle sert de prétexte à un chef d'Etat qui tend à finir ses mandats pour postuler au mandat suivant, en arguant qu'une révision qui serait intervenue au cours d'un de ces mandats antérieurs ne pourrait pas s'appliquer à celui-là.

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Par ailleurs, il peut se traduire par la méconnaissance pure et simple des mécanismes constitutionnels220. Le Togo est la preuve la plus plausible de ce scandale. Le feuilleton du 5 février 2005 en dit long221.

Tout ceci permet de conclure que « si l'ingénierie constitutionnelle occidentale est ferme et sédentaire, l'alchimie politique africaine est tout aussi immuable »222.

Les hommes politiques africains n'en sont arrivés là que parce qu'ils étaient certains d'avoir les grâces du juge constitutionnel et de l'armée.

2 : Un juge constitutionnel diabolisé et une armée politisée

Ici, il s'agit de démontrer tout simplement le rôle important joué par le juge constitutionnel et l'armée dans le processus de perversion de la pratique constitutionnelle. En effet, lorsqu'on scrute le coup d'Etat de 2005 au Togo, on se rend à l'évidence qu'il n'a pu être possible que grâce à l'armée en amont, et grâce au juge constitutionnel en aval. En effet, Faure GNASSINGBE n'a pu le réaliser que parce qu'il était sûr du soutien de l'armée, qui avait constitué une sorte de bouclier autour de l'héritier à protéger.

La Cour constitutionnelle quant à elle, n'a fait que montrer ses faiblesses en félicitant le nouveau président pour sa nomination et en le renvoyant à ses fonctions223. Il s'agit là tout simplement, de la constitutionnalisation du coup d'Etat, perpétré quelques jours auparavant. En Guinée, la dictature de Lassana CONTE n'a pu être possible que parce qu'il était certain d'avoir le soutien de l'armée. Ce qui justifie qu'à sa mort, Dadis CAMARA et sa troupe s'emparent du pouvoir et commettent des atrocités.

Tout ceci atteste qu'il s'agit bien, en Afrique, de la manifestation de ce que le Professeur Jean BOIS DE GAUDUSSON appellerait volontiers un Etat de droit à faible densité démocratique.

220 Pour André Cabanis et Michel Louis Martin la réautoritarisation est en réalité la manifestation du ralentissement ou de la perversion de la démocratie, Les constitutions en Afrique francophone Evolutions récentes, Karthala, 1999, p.

221 En effet à la mort du Général Gnassingbé Eyadema les militaires ont perpétré un coup de force qui a consisté à écarter le dauphin constitutionnel Ouattara Fambaré NATCHABA et de confier l'intérim à Faure Gnassingbé au mépris des règles constitutionnelles.

222 KPODAR (A.) « Prolégomènes... »op.cit., p.335.

223 Puisqu'elle a reçu son serment.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius