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Les relations entre la république démocratique du Congo et ses voisins après l'avènement de l'AFDL ( Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Contraintes des enjeux géostratégiques et recherche d'une paix durable

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par Fulgence ALITRI TANDEMA
Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études approfondies en droits de l'homme, Option: prévention, médiation et gestion des conflits 2005
  

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Section III. UN FRONT ARME CONTRE LE REGIME DU

PRESIDENT MOBUTU

La chute du Président Mobutu était bien planifiée par ses anciens maîtres et alliés. Nous avions souligné les événements précurseurs ci-haut : la fin de la guerre froide. Pour Mobutu, la fin de la guerre froide coïncidait malheureusement avec sa maladie et il fut rejeté par ses maîtres d'autrefois. Trouver un autre leader, congolais qui puisse jouer le rôle que Mobutu avait joué à la tête de la RDC fut pour ces maîtres une hantise. La planification de la chute de Mobutu se buta alors à un problème majeur : celui du leadership. La nécessité de trouver un congolais à la tête du mouvement pour occulter cette coalition ainsi que ses commanditaires devenait un impératif.

§1. L'émergence d'un nouveau leader

Pour donner à la rébellion de l'AFDL une identité congolaise, les Présidents Museveni et Kagame placent monsieur Laurent Désire Kabila comme président de l'AFDL. Qui est ce nouveau venu pour prendre une si importante place pour conquérir le Zaïre de Mobutu ?

Né à Moba dans le nord Katanga, alors Congo belge, Laurent-Désiré Kabila séjourne en France en 1950 puis, en Allemagne de l'Est. Lorsque la Belgique accorde l'indépendance au Congo belge en 1960, Kabila se rallie au Premier ministre du pays, Patrice Lumumba. Après l'arrestation puis l'assassinat de celui-ci (janvier 1961), Kabila prend part à la conquête de Stanley ville (l'actuelle Kisangani) et poursuit la révolution lumumbiste dans la province orientale du Kivu.

À la fin des années soixante, Kabila se rend à Dar es-Salaam, en Tanzanie, où il rencontre Yoweri Museveni, le futur président ougandais, qui devient son ami et un soutien fidèle. En 1967, Kabila fonde le Parti révolutionnaire du peuple (PRP) et établit un petit État rebelle dans les montagnes situées à l'est du lac Tanganyika, financé par le commerce de l'or et de l'ivoire. En 1975, le PRP kidnappe quatre chercheurs et réclame une rançon. Après la chute de son maquis en 1985, Kabila s'établit en Tanzanie et brasse des affaires (or, pêche).118(*)

Ignoré par les Occidentaux, se méfiant de leurs services de renseignements qui pourraient être tentés de l'éliminer pour le compte de Mobutu, Laurent Désiré Kabila demeure une figure importante en Afrique centrale.

Lors de l'indépendance de la RDC, le repli des Lumumbistes à la mort de Lumumba était plus fondé sur l'idéologie de la guerre froide. Les capitalistes s'étaient installés au Congo avec Mobutu pour préserver leurs intérêts dans la région. Ironie du sort ! comme dit Colette Braeckman : « C'est encore à ce moment de l'histoire, où l'Afrique noire, bien malgré elle, se trouve entre l'un des enjeux de la guerre froide, donc la fin de la guerre froide, qu'apparaît Laurent Désiré Kabila.119(*)

Lorsque Kabila est appelé à Kigali, on voit un petit homme rond, venu seul d'Uvira ; il accepte sans hésiter la proposition de Kagame. L'homme était déterminé par son très long combat contre la dictature de Mobutu. Les Ougandais et les Rwandais pensaient avoir recruté un homme isolé et malléable. En fait, Kabila apporte avec lui trente années d'histoire et, pour mesurer le chemin parcouru, il faut revenir à l'indépendance du Congo en 1960.120(*)

Par ailleurs, à la fin de l'été 1996, Laurent Désiré Kabila arrive à Kigali dans la plus grande discrétion, et le Département of Military Intelligency (DMI), service secret rwandais, installe l'invité dans une petite maison à coté de l'hôtel Méridien. Les réunions se multiplient avec les Rwandais, avec les autres dirigeants de l'alliance qui se constituent. L'attaché militaire américain à Kigali, Richard Orth, le N° 2 de l'Ambassade, Peter Whaley, assistent aux réunions, très attentifs. Quant à Museveni, il assure avoir appuyé la candidature de Kabila parce qu'il avait une réputation de nationaliste. Nous avions apprécié le fait qu'il était l'opposant de Mobutu. Il avait toujours vécu en Afrique et qu'il ne s'était pas refugié comme tant d'autres dans une capitale européenne. Il n'avait jamais composé avec Mobutu, jamais pris ses ordres auprès des Occidentaux. Il était nationaliste.

S'il a gardé de nombreux partisans dans la région, il ne dispose cependant pas de troupes, mais s'exprime couramment en Swahili, en anglais, en français, avec une pointe d'accent parisien : il sera donc chargé de rencontrer la presse et de rassurer les populations locales. Son mouvement, le Parti de la Révolution Populaire (PRP), qui n'a plus beaucoup d'activités sur le terrain, sera le 4ème cosignataire des accords passés le 18 octobre 1996 à Lemera, l'une des premières localités conquises au Sud Kivu et qui fonde l'AFDL, sorte de manteau politique jeté sur une opération purement militaire.121(*)

En dépit de son allure joviale et humble, Kabila n'a cependant pas abandonné le rêve de ses années de jeunesse : chasser le dictateur, l'assassin de Lumumba. Ceux qui le recrutent en 1996, les Tanzaniens et derrière eux, les Américains de la CIA, négligent la force d'une telle ambition. Par ailleurs, si Kabila est parvenu, durant trente ans, à échapper aux services de sécurité de Mobutu, c'est parce que la méfiance est chez lui une seconde nature.

* 118 Microsoft Ecarta 2006

* 119 Microsft Encarta, op cit

* 120Ibidem

* 121Colette BRAECKMAN, L'enjeu congolais, op. cit. p. 47

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus