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Analyse de l'activité et évaluation des facteurs de pénibilité du travail. Le cas des maréchaux ferrants

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par Anne-Sophie LETOUSEY
Université de Basse-Normandie - Sciences du mouvement et ergonomie 2012
  

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2.3. Les questionnaires

grandes parties : identité, équipement de protection, environnement de travail, santé et à l'avenir (annexe 9).

Equipement de protection

Chaque élève a comme équipements de protection individuels (EPI): des bouchons d'oreille, des lunettes, des gants, un tablier et des chaussures de sécurité. Leur fréquence d'utilisation est variable (Figure 6). Ainsi les bouchons d'oreille qui devraient être portés systématiquement dans l'atelier ne le sont que 20 % des élèves. Un peu moins de la moitié (environs 45%) porte régulièrement cet EPI. 27% des élèves ne portent jamais les lunettes de protection, seuls 38% des élèves les portent régulièrement. Les gants sont portés régulièrement que dans 35% des cas. Enfin, 90 % des élèves portent le tablier et les chaussures de sécurité.

bouchons d'oreille

lunettes gants tablier chaussures

de sécurité

jamais

rarement

parfois

souvent

systématiquement

Type d'EPI

Pourcentages (%)

100

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

Figure 6 : Fréquence d'utilisation des différents EPI

De manière surprenante lorsqu'on interroge les élèves sur l'efficacité de ces équipements, une grande majorité déclare ces EPI efficaces (tableau 3) même si le positionnement par rapport aux gants est plus mitigé (59% de l'effectif les trouvent efficaces). Parmi les principales justifications de l'efficacité relatives des EPI, on notera que :

- les bouchons d'oreille atténuent parfaitement les bruits y compris ceux stridents et sont

particulièrement appréciés en forge. Le type de bouchons (moulés) les rend confortables. Ils permettent d'éviter des désagréments tels que les maux de tête. Lorsqu'ils sont évalués négativement, c'est essentiellement parce que les utilisateurs ne les supportent pas ou

Lorsqu'on leur demande s'ils estiment être exposés à des nuisances sonores ou souffrir de la chaleur, ils répondent majoritairement « non » à 76 et 72 % respectivement.

comme énoncé par un élève qui n'entend pas bien que cela limite sa prise d'information auditive.

- Les lunettes sont considérées comme efficaces surtout en forge car elles protègent des
paillettes mais glissent avec la transpiration et sont peu pratiques lorsque l'on porte des lunettes de vue.

- Les gants : dans les points positifs on notera le fait qu'il protège des clous (un élève mentionne qu'il a eu 10 points de suture à cause des clous), qu'ils sont agréables pour travailler, même pour le toucher et pratique lorsqu'il fait froid. Les inconvénients de ces gants sont que les clous s'y accrochent, qu'ils peuvent être gênants pour la forge et certains manifestent un manque de sensibilité.

- Le tablier est efficace car il protège des clous et des coups de râpes. Il est considéré comme l'équipement principal mais s'avère gênant pour certains élèves.

- Les chaussures de sécurité s'avèrent également être un équipement principal. Elles permettent d'éviter nombre de désagréments comme les brûlures lors de contact avec le fer, les chocs liés aux chutes d'objets ou les faux-pas des chevaux.

Il apparait donc que ce n'est pas à cause de l'efficacité de ces EPI que les élèves ne les portent pas systématiquement.

Tableau 3 : L'efficacité des équipements de protection individuelle

en pourcentages (%)

efficaces

pas efficaces

bouchons d'oreille

86

14

lunettes

65

35

gants

59

41

tablier

83

17

chaussure de sécurité

93

7

Environnement de travail

De manière générale, l'environnement de travail est apprécié des élèves puisque tous sont d'accord pour dire qu'ils s'y sentent à l'aise (38% sont « d'accord » et 62 % sont « tout à fait d'accord »).

Enfin à la question « l'activité aux forges est-elle pénible ? », sur une échelle de 1 à 10 (1 correspondant à « peu pénible » et 10 à « très pénible »), le score obtenu est de 3.7.

27% des élèves ont déjà eu des lésions oculaires engendrées par la poussière, des éclats de métal ou encore la meuleuse et 15 % ont déjà souffert d'irritations de la gorge, liées selon eux à la fumée, les poussières, les produits de combustion et les températures extrêmes.

Enfin 45% des élèves savent que la maréchalerie dispose d'une trousse à pharmacie mais 33% savent où elle se trouve.

Santé

? Forge

Lorsque les élèves travaillent à la forge, les parties du corps les plus sollicitées et les faisant plus souffrir sont essentiellement le poignet (48%), puis le dos (31%), l'épaule (10%) et enfin les paumes de la main, le coude et le cou (3%) (Figure 7).

 

60 50 40 30 20 10 0

 
 
 
 
 
 
 

Pourcentage (%)

 
 
 
 
 

souffrance

 
 
 
 
 
 
 
 

cou dos épaule coude genou poignet paume de

la main

Zones corporelles

Figure 7 : Pourcentage de réponses en faveur de douleurs ressenties pour les zones corporelles
suivantes : cou, dos, épaule, coude, genou, poignet et paume de la main.

De plus, le travail à la forge se fait majoritairement en position debout (59%) et en position debout penchée vers l'avant (41%) pendant approximativement 4 à 8h. A l'issue d'une journée de travail, la moitié des élèves disent ressentir des douleurs, douleurs localisées principalement au niveau du dos (position penchée) et des genoux (position accroupie), des poignets (tendinites) et des paumes de la main (ampoules).

Sur des aspects plus généraux, 25% des élèves disent souffrir d'insomnies (entre 3 et 5 nuits par semaines) et attribuent cette insomnie au stress et à l'obsession de bien faire.

Les différents accidents ou incidents occasionnés par le travail à la forge ont occasionné 5 interruptions temporaires de travail sur l'ensemble des 29 élèves. On peut également noter qu'aucun échauffement, ni étirement ne sont effectués avant ou après cette activité.

? Ferrage

Tous les élèves effectuent le ferrage à l'anglaise et 10% effectuent le ferrage à la française. Si le ferrage à l'anglaise est majoritairement utilisé pour des questions de rapidité de ferrage, celui-ci n'est cependant pas recommandé physiquement car plus sollicitant pour le dos. Le ferrage à la française en position droite apparait comme particulièrement adapté pour les chevaux lourds.

Au ferrage, les parties du corps les plus sollicitées et faisant le plus souffrir sont essentiellement le dos (79%) (lombaires et cervicales), le poignet (31%) et enfin les genoux et les épaules (7%).

La position principale est debout penchée, évoquée dans 75% des cas et la position debout pour 33% des cas. La journée de travail au ferrage dure entre 8 et 12h. A l'issue d'une journée de travail, 83% des élèves disent ressentir des douleurs, douleurs localisées au niveau du dos (lombaire), des genoux et des jambes, des poignets, paumes de la main et doigts.

Selon les élèves, l'origine de ces douleurs est liée au fait d'être penché, de porter des charges lourdes et de prendre des coups.

A la question « l'activité au ferrage est-elle pénible ? », sur une échelle de 1 à 10 (1 correspondant à « peu pénible » et 10 à « très pénible »), le score obtenu est de 4.8 valeur très proche de la valeur neutre (5) : ni pénible, ni peu pénible.

Le travail au ferrage a occasionné 9 interruptions temporaires de travail sur l'ensemble des 29 élèves. On peut également noter qu'un élève s'échauffe avant de travailler au ferrage lorsqu'il fait froid et qu'aucun de réalise d'étirements après celle-ci.

En général

Les contraintes physiques ressenties sont en grande partie liées aux postures pénibles (38%), aux efforts importants (28%), puis à la répétitivité, et aux intempéries (33%), pour ensuite évoquer la température (24%) et les gestes contraignants (21%) (Figure 8).

gestes
contraignants;

21 %

postures
pénibles; 38 %

température;

24 %

bruit; 7 %

intempéries;

33 %

répétitivité;

33 %

efforts
important; 28 %

Figure 8 : Contraintes physiques ressenties par les élèves

En général, 41% de l'effectif s'avère avoir été en arrêt (au maximum deux fois par an). Les motifs évoqués sont pour 80% des répondants un accident du travail et pour 40% des répondants la maladie.

Plus de 60% des élèves sont déjà passés à l'infirmerie à cause de coupures et points de sutures, de déchirements musculaires, de bleus ou de maux de tête liés à des chocs ou encore à des maux de poignet ou de dos.

Un tiers de la population interrogée pratique une activité physique et sportive au sein de la formation (33%) et la majorité (63%) chez eux.

Enfin, la grande majorité des élèves ne se sentent pas stressés (81%). Les 19% d'élèves stressés évoquent comme causes de stress : la fatigue et le surmenage, l'absence de pause, les douleurs, le cheval, les intempéries, la peur de mal faire, les relations avec l'employeur et leur statut de femme.

A la question plus précise « à combien d'années, estimez-vous votre carrière professionnelle ? », la durée moyenne est de 23.15 ans (SD=10 ans).

A l'avenir

Lorsqu'on demande aux élèves s'ils souhaitent être informés sur les risques auxquels ils sont exposés, 63% répondent par l'affirmative en précisant que cela leur permettrait de se protéger ou d'y remédier, de ne pas empirer les problèmes ou encore permettrait d'aménager leur façon de travailler. Les 37% ayant répondu « non » estiment qu'ils connaissent déjà ces risques, que ceux-ci sont inhérents au métier (« ce sont les risques du métier ») ou encore que connaitre les risques seraient une source potentielle de démotivation.

Lorsqu'on demande aux élèves si ils ont des solutions à proposer pour limiter ces risques, ces derniers évoquent une manipulation des jeunes chevaux pour faciliter les premières ferrures, plus de ferrage à la française, utiliser les outils mis à disposition (trépied, servante...), réduire le rythme de travail, pratiquer un autre métier en parallèle.

Lorsqu'on leur demande quelles sont les aptitudes physiques requises pour être un bon maréchal ferrant sont évoqués : la souplesse (pour ne pas avoir mal au dos), l'absence de surpoids, les abdos, la taille (ne pas être trop grand), la force, des articulations solides et une bonne santé. De manière intéressante, bien que n'ayant pas de lien avec le physique, la force de caractère et la motivation (« être volontaire », « avoir un très bon mental », « avoir l'envie ») ainsi que la patience (avec les chevaux) sont évoqués.

Parmi les différents enseignements supplémentaires que les élèves seraient désireux d'avoir, on peut lister : la formation aux premiers secours (70%), un cours d'information sur les risques professionnels (25%), la psychologie équine (25%), les examens cliniques et radiologiques (radiographie du dos et audiogramme) (13%) et les méthodes de contention des chevaux (8%).

Sur les 29 élèves interrogés, 32% d'entre eux pensent exercer ce métier jusqu'à l'âge de la retraite, essentiellement parce qu'ils sont passionnés par ce métier. Les 68% qui pensent ne pas exercer ce métier jusqu'à l'âge de la retraite évoquent le fait que ce métier est dur physiquement, envisageant d'ailleurs soit d'exercer un autre métier après la formation ou d'exercer ce métier à mi-temps.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand