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Administrer par l'écrit : le grand cartulaire de l'évêché de laon

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par Romain RIBEIRO
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master II Recherche 2014
  

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Chapitre I

Le Grand cartulaire de l'évêché de Laon : aspects codicologiques et paléographiques

De nos jours, le livre médiéval est étudié comme un véritable objet archéologique, un objet d'étude à part entière, indépendant de la pensée et du texte dont il est le support. En effet, s'intéresser à la genèse d'un manuscrit, aux modalités ayant amené à sa confection, ainsi qu'aux divers constituants qui composent le codex, permet souvent de mieux appréhender le contexte qui l'entoure, un manuscrit s'apparentant à un précieux témoin matériel de la période qui l'a vu naître.

Dès lors, l'analyse codicologique du Grand cartulaire de l'évêché de Laon - couplée à une analyse comparative des spécificités paléographiques présentes dans le cartulaire - nous permettra de révéler et d'interpréter les conditions de la production originelle du manuscrit, l'archéologie du livre permettant de constater des faits matériels et ainsi de vérifier des indices que des yeux non-avertis ne sauraient voir, l'histoire achevant ce processus en tentant de proposer une explication de ces faits et de ces indices, ce qui sera le cas dans la seconde partie de notre étude.

C'est donc après avoir étudié les différentes composantes de la composition matérielle du cartulaire que nous tenterons d'en dégager une structure interne, à l'aide notamment des indices codicologiques et paléographiques repérés au fil de l'analyse.

* *

*

56

Composition matérielle

Le G 2 est un registre in-folio composé d'une table des matières, formée de quatre feuillets de parchemin, puis d'une succession de 16 cahiers* - bien que la reliure moderne constitue un frein quant à l'identification certaine de certains de ces cahiers - regroupant 118 feuillets* sur lesquels sont transcrites 276 chartes, dont certaines en double voire en triple exemplaires. Dans ces 276 chartes, 242 sont rédigées en latin, tandis que les 34 restantes le sont en français.

État général du cartulaire

La reliure du cartulaire, en matière boisée, est une conception moderne, l'état des feuillets situés au début et à la fin du codex laissant indiquer qu'une telle reliure était inexistante auparavant, ou en tout cas ne protégeait pas assez le document. En effet, le tout premier feuillet est fendu de manière verticale dans sa moitié, puis les trois autres feuillets complétant la table des matières sont endommagés de l'ordre d'1/8e du document à chaque coin inférieur, tandis que les cinq suivants - contenant les premiers actes du cartulaire - n'apparaissent que faiblement endommagés, avec notamment un trou qui s'estompe peu à peu au fil des feuillets (f° 5 à 9). Du reste, tout au long du cartulaire, les feuillets apparaissent dans leur intégralité et dans un bon état de conservation, mis à part deux d'entre eux, dont une partie a été amputée, peut-être pour récupérer des bouts de parchemin vierge (f° 76 et 94). Les trois derniers feuillets du cartulaire (f° 115 à 118), quant à eux connaissent une détérioration importante (encre effacée, noirceurs, pages fendues, trous...).

L'agencement des cahiers

Si la délimitation de certains cahiers se fait aisément, grâce notamment à la présence de réclames*, d'autres en revanche ne bénéficient pas d'un tel système de repérage et la reliure moderne représente parfois un frein quant à une délimitation nette et précise d'un cahier. Néanmoins, l'observation minutieuse et patiente des indices matériels d'agencement des cahiers m'a amené à l'établissement d'un tableau récapitulatif, qui m'est possible de certifier de manière quasi-certaine (cf tableau ci-dessous).

57

Cahier

 

Type de cahier

Actes

Feuillets

 
 
 
 

1

Quaternion*

1 à 10

I à VIII

2

Quaternion

10 (suite) à 28

IX à XVI

3

Quaternion

28 (suite) à 59

XVII à XXIV

4

Quaternion

60 à 93

XXV à XXXII

5

Quaternion

93 (suite) à 115

XXXIII à XL

6

Quaternion

115 (suite) à 135

XLI à XLVIII

7

Quaternion

135 (suite) à 158

XLIX à LVI

8

Quaternion

158 (suite) à 179

LVII à LXIIII

9

Binion*

179 (suite) à 188

LXV à LXVIII

10

Binion

189 à 194

LXIX à LXXII

11

Binion

195 à 207

LXXIII à LXXVI

12

Binion

207 (suite) à 212

LXXVII à LXXX

13

Quinion*

213 à 228

LXXXI à LXXXIII +
Excroissance 88 à 94
(foliotation contemporaine
en chiffre arabe)

14

Quaternion

229 à 237

LXXXIIII à LXLI

15

Quaternion

237 (suite) à 255

LXLII à IC

16

Quaternion

255 (suite) à fin

C à CVII

Tableau 1 : Tableau synthétique de la répartition des actes présents dans le cartulaire
par feuillets et par cahiers

Dès lors, on remarque que la composition des cahiers (cf annexe n°1) apporte un indice quant aux différentes phases d'élaboration du cartulaire. En effet, il est possible de noter une continuité entre les neuf premiers cahiers, assemblés en quaternions jusqu'au neuvième cahier, un binion, comme pour marquer l'arrêt d'une phase de compilation, le reste des informations à compiler ne nécessitant certainement pas l'élaboration d'un nouveau quaternion.

Puis, la succession de trois binions est un possible révélateur de phases de compilation occasionnelles répondant à un intérêt circonstanciel. Néanmoins, il est important de préciser la discontinuité entre le cahier 10 et les deux suivant, du fait que le dernier acte retranscrit à la fin du cahier 10 n'empiète pas sur le cahier suivant, contrairement aux cahiers 11 et 12, où l'acte 207 marque une certaine forme d'articulation entre les deux cahiers.

58

Vient ensuite le cas du cahier 13, véritable exception au sein du cartulaire du fait de sa composition en quinion. Or, cette composition particulière n'est pas la seule caractéristique qui distingue ce cahier : la foliotation, l'épaisseur du parchemin - plus fin -, la mise en page et le type d'écriture sont effectivement autant de facteurs qui le singularisent du reste du manuscrit. Mais une analyse plus approfondie sera effectuée dans le chapitre suivant.

Ce qui nous amène à l'observation des trois derniers cahiers du cartulaire, marqués par une continuité matérielle - ce sont tous trois des quaternions, comme les neuf premiers cahiers - et séquentielle - les actes pivots se prolongent d'un cahier à l'autre. De ce fait, il nous est possible d'aboutir aux mêmes conclusions que pour l'agencement des neuf premiers cahiers : les cahiers 14 à 16 sont le support d'une nouvelle phase de compilation, linéaire et homogène.

Foliotation

Il existe tout d'abord une foliotation moderne en chiffres arabes, numérotant le cartulaire de manière continue du premier feuillet, en partant de la table des matières, jusqu'au dernier feuillet du manuscrit, et ce au recto de chaque feuillet. Ainsi, c'est cette numérotation qui nous permet d'affirmer le nombre total de feuillets présents au sein du cartulaire, table des matières comprise.

Dans le même temps, il existe une numérotation en chiffres romains, contemporaine du manuscrit et à l'encre rouge des feuillets I à LXX (f° 5 à 74 en numérotation moderne) - hors table des matières, qui ne dispose pas de numérotation en chiffre romain, ce qui nous amènera dans le chapitre suivant à nous interroger sur son appartenance initiale ou non au cartulaire -, puis à l'encre noire des feuillets LXXI à CVIII (f° 75 à 118).

Néanmoins, une anomalie s'insère dans la numérotation des feuillets au sein du cahier 13, pour lequel une numérotation en chiffres arabes, potentiellement contemporaine à la phase de rédaction, poursuit la numérotation précédente en chiffre romains, mais entre en décalage avec le feuillet qui marque le retour de la numérotation en chiffres romains, et ne correspond pas à l'ordonnancement séquentiel des autres feuillets (cf annexe n°1). Clairement, cette discontinuité apparaît entre les feuillets LXXXIII (f° 87) et LXXXIV (f° 95), et concerne un ensemble de 7 feuillets, c'est-à-dire qu'il existe une béance numérique des feuillets 88 à 94.

Or, nous le verrons par la suite, ce cahier apparaît comme le plus récent, du fait qu'il contient les seules chartes datées de 1320, date extrême du cartulaire. Qu'en est-il alors ? Qu'est-ce que cela peut nous apprendre sur les logiques de rédaction ayant régi la cartularisation ? Ceci nous amène-t-il à concevoir la cartularisation comme autant d'étapes de rédactions indépendantes les unes des autres, c'est-à-dire comme un projet

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toujours dynamique valorisant l'accumulation quantitative plutôt que l'ordonnancement qualitatif ?

Dimensions et mises en page

Si l'on se réfère aux dimensions globales du G 2, celui-ci mesure 304 mm de hauteur pour une largeur équivalente à 205 mm. C'est ainsi que ce manuscrit a été qualifié de « Grand » cartulaire de l'évêché de Laon, en comparaison au « Petit » cartulaire de l'évêché de Laon qui, lui, ne mesure que 260 x 180 mm. Or, la question de la taille d'un manuscrit peut apparaître comme primordiale dans l'étude de son insertion au sein d'un mode de pensées et de représentations. En effet, il serait possible d'imaginer, dans une société où le coût des matières premières pour un objet d'un tel acabit demeure relativement élevé, que la confection d'un manuscrit de cette sorte, matériellement plus imposant que le premier, transcrive une expansion symbolique de la capacité d'action du commanditaire. Néanmoins, cette interprétation reste hypothétique et cette représentation symbolique liée à la taille du cartulaire n'a peut-être jamais été envisagée par l'institution épiscopale.

Quoi qu'il en soit, un autre élément métrique du cartulaire mérite une attention toute particulière : la mise en page des feuillets. En effet, la mise en page, si elle évolue tout au long du manuscrit, est révélatrice de phases de rédaction successives, car la réglure est généralement un travail préliminaire à celui de la copie.

Or, pour ce faire, nous avons répertoriés dans un tableau synthétique les différentes dimensions des réglures et mises en page présentes au sein du cartulaire selon le modèle présenté ci-dessous :

60

Intercolonne

Marge
de
tête

Colonne

 

Colonne

 
 
 

Marge
de

petit fond

 
 

Interligne

 

Marge
de

gouttière

Hauteur de page

 
 
 

Marge de pied

 
 
 
 
 

61

Feuillets

 

Marge

Marge

Marge

Hauteur

Colonnes

Intercolonne

Interligne

Nombre

de tête

de pied

de

gouttière

de page

de
lignes

 

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

(en mm)

 

I r° - LXIV v°

23

52,5

34 à 40

225

69

12,5

5

42

LXV r°

- LXVII v°

idem

35

idem

245

idem

idem

idem

40 - 42

LXVIII r°-v°

20

52

35

235

152,5

0

0

40

LXIX r° - LXX v°

14

55

40

232

69

13

5

40

LXXI r°-v°

16

55

38,5

230

148

0

idem

40

LXXII

0

0

0

0

0

0

0

8

LXXIII r°

- LXXX r°

15

55

42,5

227

70

12,5

5

39-40

LXXXI r°

- LXXXIII v°

23

50

35

230

69

13

5

39

84 r° - 94 v°

0

0

0

0

0

0

0

23-32

LXXXIV r°

- CVII v°

25

52,5

41

223

69

13

5

38-39

Tableau 2 : Tableau récapitulatif des dimensions des différentes mises en page du

cartulaire

Ainsi, ce tableau récapitulatif des différentes dimensions de mise en page visibles dans le cartulaire révèle la discontinuité matérielle, matrice d'une discontinuité intellectuelle, c'est-à-dire que le choix d'une disposition implique des répercussions quant à la réception d'une transcription. Par exemple, la création préalable d'une mise en page nette et précise donnera nécessairement plus de crédit à une information, contrairement à une transcription à main levée, sans points d'ancrage. Dès lors, tout ceci nous amène à réfléchir sur l'importance du paratextuel dans le processus d'écriture, l'écrit apparaissant comme un procédé quasi-ritualisé, avec tous ses principes organisateurs qui tendent à crédibiliser l'information.

C'est pourquoi, mise à part le feuillet LXXII qui ne correspond qu'à la retranscription sauvage que d'un seul acte - l'acte 194 -, il semble utile de s'interroger sur l'insertion primitive ou non du cahier 13, support des feuillets LXXXI à 94, car même si les trois premiers feuillets du cahiers disposent d'une mise en page relativement régulière, les feuillets suivants, quant à eux, sont caractérisés par leur absence d'organisation structurelle. A contrario, les fluctuations de réglure tout au long du cartulaire est un possible révélateur des différente phases d'élaboration du manuscrit, à rapprocher notamment des évolutions paléographiques qu'il est possible de repérer. Or, tous ces éléments sont autant d'indices quant à l'identification et la démarcation d'une structure interne au Grand cartulaire de l'évêché de Laon.

62

Structure interne

Etat des lieux

Les dates les plus extrêmes qu'il est possible de repérer lors de l'identification des phases d'écriture nous permet d'affirmer que l'entreprise d'élaboration de ce cartulaire a débuté lors du dernier quart du XIIIe siècle, pour s'achever dans le premier quart du XIVe. Ce codex est donc le fruit d'un processus de près de 50 ans de sélection et de recopiage des actes, dont le plus ancien date de 1125 et le plus récent de 1320, soit un éventail chronologique de presque deux siècles.

Toutefois, il reste difficile de définir et de repérer l'ordre suivi dans le cartulaire - si tant est qu'il y en est un. En effet, la discontinuité chronologique et géographique des actes ne nous laisse pas à penser à un type de classement de cet ordre. Néanmoins, il nous est possible de distinguer quelques unités cohérentes au sein du codex, unités d'ordre thématique (notamment lorsqu'il est question de la vente d'un ou de plusieurs biens) ou patronymique (succession d'actes concernant un individu, une institution). Dès lors, ces unités, bien que ne formant pas de réels « dossiers » distincts de l'ensemble du corpus textuel, peuvent s'apparenter à une volonté du scribe de constituer des ensembles cohérents, enchâssés dans la discontinuité apparente des chartes entre elles.

De ce fait, l'une des principales étapes de notre étude serait alors de tenter de mettre à jour les logiques d'ordonnancement présentes dans le cartulaire et de conjecturer sur les procédés d'agencement ayant mené à la cartularisation. Néanmoins, en l'absence de documents certifiant ou non de telles hypothèses, celles-ci ne sauraient avoir valeur d'irréfutabilité.

Hypothèses d'agencement

Comme nous venons de le montrer, l'établissement de dossiers au sein du cartulaire n'est pas clairement mis en évidence, ces derniers - lorsqu'ils existent - étant insérés dans le corps du texte, sans réelle démarcation codicologique. Mais cela signifie-t-il que la cartularisation ait pu être le fruit d'un ordonnancement anarchique des actes entre eux ? La présence de la table des matières, symbole d'une certaine rationalité intellectuelle, nous amènerait à penser que non. Toutefois, le rôle de cette table des matières dans le processus de cartularisation demeure relativement flou. En effet, fut-elle rédigée puis complétée avant les phases de rédaction, en tant que dispositif préalable à une rédaction ordonnée et rationalisée, ou le fut-elle au contraire a posteriori, considérée alors comme un simple outil de repérage des actes au fur et à mesure de leur

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transcription ? Une tentative de réponse sera apportée au chapitre suivant.

L'une des premières hypothèses qu'il nous est possible de lever serait que la cartularisation aurait été conditionnée par le chartrier. Dans cette perspective, le cartulaire serait à percevoir avant tout comme un registre archivistique destiné à rendre compte des fonds présents dans le chartrier. Or, s'il en était ainsi, pourquoi certains actes du G1 n'ont pas trouvé leur place au sein du G2, tandis que d'autres oui ? Il nous est donc permis d'affirmer que la cartularisation ne s'assimile pas à une compilation exhaustive des actes du chartrier. Mais cela annihile-t-il l'hypothèse d'un réagencement partiel des archives épiscopales, auquel le cartulaire serait associé dans une perspective complémentaire de référencement archivistique ?

En effet, il est tout à fait probable que l'élaboration du cartulaire ait été le fruit d'une volonté de l'institution épiscopale d'accompagner une mise en ordre partielle des archives, parallèlement au versement d'archives familiales à caractère privé, selon le modèle des munimina96. Dès lors, le cartulaire apparaîtrait comme le résultat d'une synchronisation archivistique destinée à favoriser la consultation du chartrier. Toutefois, une telle conjecture connaît certaines limites face aux spécificités structurelles du cartulaire, à savoir la double, voire triple, transcription de certains actes. Assurément, la cartularisation ne semble pas provenir d'un processus de reclassement archivistique, mais plutôt d'une volonté de compiler des actes précis, suivant leur emplacement dans le chartrier ou non, à des fins rationnelles et pragmatiques.

C'est en tout cas la troisième et dernière hypothèse d'agencement qu'il nous est possible d'avancer - la plus crédible à vrai dire -, à savoir que le cartulaire se base sur un classement qui lui est propre, bien qu'il puisse s'appuyer partiellement sur celui du Petit cartulaire de l'évêché de Laon. Mais alors, selon quelles logiques les actes ont-ils été sélectionnés ? Existe-t-il une homogénéité globale quant aux actes retranscris ou serions-nous en présence d'un agglomérat de logiques de rédactions, comme le laissent à supposer les différentes phases d'écriture qu'il est possible de mettre à jour ?

Identification des phases d'écriture

Le Grand cartulaire n'est pas le résultat d'une phase unique de compilation, mais est au contraire le fruit d'une succession de phases de rédaction (cf annexe n° 4), échelonnées sur près de 40 ans. En effet, si l'on répertorie les occurrences chronologiques de chaque cahier, il nous est possible d'estimer les dates auxquelles ont été rédigés les

96 BELMON Jérôme, «" In conscribendis donationibus hic ordo servandus est..." : l'écriture des actes de la pratique en Languedoc et en Toulousain (IXe-Xe siècle)», in ZIMMERMANN Michel (dir.), Auctor et auctoritas. Invention et conformisme dans l'écriture médiévale, Actes du colloque tenu à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 14-16 juin 1999, Paris, École des Chartes (« Mémoires et documents de l'École des chartes » 59), 2001, p. 290

64

actes, une phase d'écriture ne pouvant avoir débuté en-deçà de la date la plus récente repérée. Ainsi, lorsqu'on projette les résultats obtenus dans un tableur de type Excel, il est possible d'obtenir un histogramme en 3D synthétisant graphiquement les occurrences chronologiques présentes dans le cartulaire, cahier par cahier97, comme ci-joint :

Figure 1 : Histogramme répertoriant les occurrences chronologiques par cahier

97 Cette méthode s'inspire des travaux présents dans le mémoire de Master 2 de Dany ROLLET : Comprendre l'organisation et les enjeux d'une manuscrit de gestion par son étude codicologique et économique. L'exemple du Liber Sancti Trudonis, rédigé sous l'abbatiat de Guillaume de Ryckel (1249-1272), mémoire de Master 2, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, septembre 2013.

65

Dès lors, il est possible de s'apercevoir que certains cahiers, par leurs occurrences chronologiques, forment des unités cohérentes, qui demeurent perceptibles grâce à la visualisation de certaines ruptures codicologiques. Ainsi, le graphique ci-dessus met en évidence 4 de ces unités cohérentes :

1° La première s'échelonne du 1er au 7e cahier et se caractérise par un étalement significatif des occurrences chronologiques tout au long des cahiers ;

2° La deuxième correspond aux cahiers 8 à 12, marqués par un nombre restreint d'actes - leur format en binion y est pour beaucoup - et une fourchette chronologique relativement concentrée ;

3° La troisième, quant à elle, restreinte au cahier 13, se distingue par la concentration exceptionnelle d'actes datant de 1320, date la plus récente qu'il est possible de repérer dans le cartulaire ;

4° La quatrième, enfin, qui conserve une certaine homogénéité chronologique et qui concerne les trois derniers cahiers du cartulaire.

Néanmoins, il ne s'agit ici que d'observations d'ordre codicologique, qui tendront à être confirmées ou nuancées par l'étude des caractéristiques paléographiques du cartulaire, dont il sera question dans le chapitre qui suit. Car, en effet, une identification plus aboutie des phases d'écriture ne peut se faire qu'en analysant plus en détail les différentes ruptures paléographiques qu'il est possible de mettre en évidence tout au long du manuscrit, dont la construction reflète d'un usage pragmatique et rationalisé de l'écrit.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams