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La. question de la souveraineté et du nationalisme africain face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique subsaharienne: le cas de l'Afrique centrale

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par Willy MUKADI SABUE
Université Officielle de Mbujimayi - Licence en Relations Internationales 2016
  

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2. Etat de la question

Aborder une question d'analyse scientifique nous soumet au rythme de la comparaison des énoncés de plusieurs analystes des phénomènes internationaux et arriver ainsi à ressortir une démarcation afin d'apporter notre contribution à l'évolution des Relations Internationales comme discipline scientifique et/ou phénomène social. C'est la justification de cette partie du travail qui consiste à la révision de la littérature existante en la matière. En effet, un certain nombre d'ouvrage très significatif se récence autour de la question du processus d'intégration régionale en Afrique. Mais au regard de l'encours même de la problématique de la souveraineté et du nationalisme africain face au processus d'intégration sous régionale en Afrique centrale, une très peu abondante littérature se présente.

A cet effet, au nombre d'ouvrages consultés nous avons celui écrit par Louis Davin portant sur : l'« Economie régionale et croissance »3(*). Partant de la construction européenne, Davin constate qu'elle est née dans l'après-guerre, de la prise de conscience des dangers du nationalisme et des théories géographique qui définissent les ennemis en fonction de leur situation géographique et des prétendues «  leçons de l'histoire ». Un changement s'est en conséquence opéré au niveau de la stratégie des dirigeants politiques qui ont cessé de voir un ennemi en leurs voisins et sont allés au-delà d'une logique de politique étrangère reposant essentiellement ou exclusivement sur la politique de puissance. En fait, rompant radicalement avec la doctrine traditionnelle en matière de défense nationale, la France et l'Allemagne sont devenues le pivot de l'intégration européenne dans l'après-guerre. Cette nouvelle culture stratégique a permis la création de l'Union Européenne.

Par rapport à la réalité africaine, l'auteur précise que chaque région se développe en fonction de la situation spécifique dans laquelle elle se trouve et propose l'intégration ouverte. Cette ouverture implique avant tout, une société plurielle qui défende les valeurs de la démocratie politique, de la diversité culturelle et religieuse, de la libre concurrence, de la participation des citoyens, de l'associationnisme et de la souveraineté partagée. Ceci doit s'opposer fermement à la création des blocs fermés et doit défendre le multilatéralisme fondé sur le régionalisme.

Cependant, cette conception se référant sur la construction européenne implique d'abord des Etats qui ont déjà un vécu démocratique très poussé comme c'est le cas avec les pays européens qui au sortir de la seconde guerre mondiale, ont pris en mal de conscience leurs divergences au profit du communautarisme. Ensuite il faut ajouter le degré de développement que ces pays avaient déjà atteint avant de se lancer dans le régionalisme. C'est ainsi que nous propose un autre auteur, le modèle d'intégration des pays sous-développés.

En effet, Kaninda Kasonga Citenga dans son ouvrage intitulé ; « Regroupements régionaux et développement économique en Afrique noire » il propose l'intégration régionale dans son aspect volontariste ou dirigiste car selon lui, ce modèle d'intégration repose sur l'idée de solidarité. Cet espace ainsi intégré est pris pour espace de solidarité consciente : tous les membres du groupe doivent prendre conscience de leur mutuelle dépendance, de la communauté de leurs intérêts et de leurs responsabilités ; ils doivent ainsi acquérir peu à peu une disposition à obéir aux règles s'appliquant à la communauté entière.

C'est dire que l'intégration dépasse le cadre des seuls phénomènes économiques, elle met en jeu « la totalité de la vie sociale ». C'est ainsi qu'il faut bien réfléchir avant de se lancer dans l'aventure de l'intégration économique : le prix que l'on devra payer (Abandon de la souveraineté, sacrifices à la cause commune) n'est-il pas trop élevé par rapport aux avantages que l'on tirera de l'union ?4(*)

Certes, beaucoup de pays africains connaissent encore des particularismes ethniques ou locaux puissants. Leur unité nationale semble être récente ou en voie de se faire, en tout cas, elle reste fragile.

Paraphrasant les velléités et initiatives qui ont débouchés à la création de l'Organisation de l'Unité Africaine, Boutros Boutros Ghalil trouve que dès le départ, les leaders africains ont manifesté de très grandes divergences idéologiques sur l'avenir du continent africain postcolonial. L'auteur nous amène dans l'analyse sur le panafricanisme qu'il considère comme la prise de conscience africaine visant d'abord l'unité du continent africain.

Le leader ghanéen, Kwamé Nkrumah considéré comme père du panafricanisme postcolonial invite ses paires à la prise de conscience sur l'avenir du continent, qui, selon lui, doit former une dynamique agissante à mesure de permettre le continent de se soigner des blessures de la colonisation et intégrer le monde compétitif où il y a des blocs forts, disposant des moyens nécessaires pouvant manipuler la marche du monde.

Mais à cause de leur attachement à la souveraineté acquise de la colonisation, les dirigeants africains n'ont pas tardé à s'opposer à une telle idée de faire ide l'Afrique un seul espace politique et économique. C'est avec Léopold Cedar Senghor que nous comprenons ce contrepoids quand il déclare : « Nous avons sous-estimé la force actuelle, en Afrique du territorialisme, du micro-nationalisme. L'unité africaine n'est pas demain, pas même sous la forme des Etats-Unis d'Afrique pour lesquels je me suis battu...5(*)

De tout ceci, l'auteur constate que l'Afrique était morcelée tant par le nombre des Etats qui la composaient que par le nombre des Organisations interétatiques regroupant ces Etats. Cette double balkanisation présentait plus d'un risque pour le continent noir. D'abord parce que dans leur majorité, les nouveau Etats n'étaient pas de véritables nations et qui à tout moment le principe de self-détermination, qui dans une certaine mesure était à l'origine de leur indépendance, pouvait provoquer leur désagrégation.

En second lieu, la faiblesse et le sous-développement de la plupart de ces nouveaux Etats risquaient de les mettre à la merci des convoitises tant africaines qu'extra-africaines.

En troisième lieu, ce micro-nationalisme africain a provoqué l'éclosion des régimes autoritaires, peu favorables à la coopération interafricaine par ce que donnant la priorité aux problèmes de sécurité interne, au détriment de la sécurité continentale.

Enfin, l'élaboration des regroupements régionaux rivaux devait accentuer les tensions les rivalités africaines sur le plan continental, soit que ces regroupements aient une base linguistique, soit qu'ils traduisaient des liens spéciaux avec les anciennes métropoles, ou soit qu'ils expriment ces options politiques.6(*)

Fondant son espoir sur le progrès du continent africain, Jean Claude Masangu Mulongo arrive à conclure que le regain d'intérêt que suscite l'intégration régionale en Afrique constitue la recherche d'une identité socioculturelle dont les racines et la légitimité sont plus fortes que celle des Etats actuels. Il ajoute que la dimension régionale dans laquelle les Etats africains se sont engagés implique l'abandon progressif de certains éléments constitutifs de leur souveraineté au profit de la nouvelle structure panafricaine au-dessus de leurs compétences étatiques.7(*) Donc l'intégration en Afrique doit d'abord s'imposer comme l'unique moyen pour le continent de faire face aux défis de la mondialisation, à la compétitivité très poussée qui caractérise le commerce international, qui aujourd'hui est l'apanage des firmes multinationales.

Tous ces auteurs que nous avons lit à propos de cette question d'étude nous ont aidé de manière indispensable pour l'orientation de nos analyses. Cependant, ils ont proposés pour les uns la quintessence des efforts fournis par différentes élites africaine qui ont balisé le chemin de l'intégration afin que l'Afrique s'impose aussi dans le concert des nations comme une force parmi tant d'autres. Pour ces auteurs, dans la recherche des moyens pour la construction de l'Afrique, les divergences n'ont pas tardées à se manifester dans le chef de leaders africains sur la question d'un Etat africain et d'un espace africain composé des pays indépendants et souverains, mais qui resserrent leurs forces pour l'avancement du continent entier. Pour les autres, les avantages que le régionalisme comme mode d'organisation du continent qui vient à peine de se libérer de l'impérialisme européen présente pour le continent africain sont d'un apport capital l'érection d'une structure économico-politique africaine supranationale. Certes, point n'est le fait de détailler la conséquence de ces efforts qui se résument toujours en un processus balbutiant ou encore du comportement des élites africaines qui de ce fait, nous a conduit dans le régionalisme à double vitesse, c'est-à-dire le régionalisme qui doit toujours maintenir les Etats jouir de leur compétences souveraines contrarie avec la conception classique du régionalisme qui stipule la perte progressive ou totale de la souveraineté étatique au profit de l'émergence d'une structure supranationale comme le seul cadre d'ordonnancement politique, économique et juridique comme c'est le cas de l'Union Européenne.

Il faut donc à ce niveau, chercher d'abord les vraies causes de toutes ces divergences qui aujourd'hui ont produit un processus d'intégration atypique où il y a chevauchement entre les intérêts des Etats et l'intérêt régional. Au départ il faut comprendre que les africains ont été, avant l'occupation étrangère, bien organisés en des structures ethnico-politiques stables à l'instar des Empires et Royaumes. L'avènement de la colonisation qui se dit d'une mission civilisatrice, cette structure organisationnelle des Etats africains a été détruite sous prétexte d'instaurer un système de gestion et d'organisation moderne importé de l'Occident. De ce choc de civilisation est né une civilisation hybride qui ne répond ni au modèle original africain, ni à celui importé de l'Europe.

Toujours sur ce point, les colonisateurs, en traçant les frontières des pays africains à la conférence de Berlin de 1884-1885 après la chasse, ils n'ont pas tenu compte des réalités africaines, celles liées à l'appartenance à un ancêtre commun pour certains peuples ou appartenir à une nation8(*), à une même culture ou partageant les même liens sociologiques. Pour eux, ils ont utilisé la stratégie de « diviser pour mieux régner ». Cependant, après la colonisation, le premier défi pour les leaders africains était soit redéfinir les frontières des Etats avant de le déclarer indépendants et souverains, soit d'unifier tout le continent en un seul Etat fondé sur le panafricanisme, ou encore en une unité fédérale avec des Etats fédérés. Ces efforts entrepris par le panafricaniste ghanéen Kwamé Nkrumah ont été vite combattus par le modérés qui ont déjà été déculturés par les occidentaux avec lesquels ils avaient des liens très serrés. C'est le cas de Léopold Sédar Senghor et Modibo Keita qui pensaient que l'unité africaine reposait sur le respect intégral de tous les pays issus de l'héritage colonial, c'est-à-dire le maintien des frontières fixées à Berlin en 1885. Ces divergences ont engendré pour tous les leaders africains, la jalousie de leurs souverainetés sur les frontières issues de la colonisation d'une part, et l'instauration aux lendemains des indépendances des systèmes politiques fondés sur le parti inique totalitaire.

Donc, c'est cet état de chose qui fait à ce que, tous les pays se soient engagés dans le processus d'intégration, mais sans accepter de renoncer à leurs souverainetés et au primat de l'intérêt national, au détriment de l'intérêt régional. Ces divergences ont encore conduit les Etats africains à se regrouper dans des structures sous régionales très multiples soit afin de partager la même idéologie, ou soit les affinités mesquines. Ces nouveaux regroupements sous régionaux chevauchent dans leurs activités et bloquent le continent d'atteindre l'étape néo-fonctionnelle de tout processus d'intégration.

* 3 DAVIN E.L., Economie régionale et croissance, Genin, Paris, 1984, pp.108-119

* 4KANINDA, K. C., Regroupements régionaux et le développement économique en Afrique noire : cas de la CEPGL, CEPAC, Lubumbashi, 1979, pp. 12-15.

* 5 Boutros B-G, Institutions Internationales : l'organisation de l'unité Africaine, Armand Colin, Paris, 1968 p.12.

* 6BOUTROS, B.G., Op.cit., pp 8-11

* 7 MASANGU, M., Pour quoi je crois au progrès de l'Afrique ?, Hachette, Paris, 2009 pp. 139.

* 8Ensemble des personnes habitant un même territoire, ayant une communauté d'origine, d'histoire, de traditions, le plus souvent de langue, et constituant une entité politique ; ou l'ensemble des personnes appartenant à un ancêtre commun et partageant la même langue et culture.

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