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Etude socioéconomique de la pauvreté chez les communautés vivant dans les zones cacaoyeres

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par Christian René KOFFI
UFHB - Master 1 2015
  

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B. La théorie pauvreté ethnique

L'ethnisation théorique de la pauvreté, tout comme la thèse de la culture de pauvreté, a connu son heure de gloire dans les années 1960. Elle associe la pauvreté à la désorganisation sociale des familles noires. La pauvreté est perçue comme l'effet de l'anomie ethnique5(*).

C. La théorie de la culture de pauvreté

Théorie développée par Oscar Lewis6(*), elle définit la pauvreté comme un ensemble de valeurs, d'attitudes et de comportements, essentiellement différent de celui des classes moyennes, adopté en réaction à des circonstances qui ne permettent pas de s'intégrer dans la société.

D. La théorie de la pauvreté relationnelle

Cette approche définit la pauvreté sans regarder les conditions de vie ou le niveau de revenu d'un ménage ou d'une personne. Elle s'intéresse à l'analyse des liens que cette dernière entretient avec le reste de la société. L'approche est constructiviste : le pauvre est celui que la société désigne comme pauvre. Georg Simmel, dans son texte Les Pauvres (1907), a été le premier à proposer cette définition relationnelle de la pauvreté qu'il définit comme la relation d'assistance. Les pauvres ne sont pas caractérisés par le manque et les privations mais par « l'attitude collective que la société, en tant que tout, adopte à leur égard ». Cette théorie prend le contre sens de la théorie ethnique de la pauvreté.

E. La théorie de la pauvreté des biens premiers

Cette conception est défendue par Rawls (1971), il est question d'offrir aux individus certaines ressources de base que Rawls appelle « biens premiers sociaux7(*) ». Ensuite, il appartient à chacun d'entre eux de les utiliser selon ses préférences, de réaliser les actions et d'atteindre les états qu'ils valorisent. Dans cette première conception, les dimensions pertinentes pour l'évaluation de la pauvreté relèvent des biens premiers : seul un faible niveau de détention de ces derniers doit témoigner de la pauvreté.

§3 : Historique de la pauvreté

Historiquement, une vision religieuse de la pauvreté (en réalité de la misère) a rendu les pauvres fonctionnels. Les religieux permettaient aux riches de racheter leurs péchés par l'aumône. A partir du 16ème siècle, la laïcisation de ce problème a conduit à distinguer le bon et mauvais pauvre d'où deux types d'actions : la potence et la piété, cette dernière se manifestant dans la création de fonds sociaux (Geremek, 1987). Plus tard, c'est une vision caritative qui prend le relais, avec le thème des solidarités, relayée par une vision « moderniste-technocratique », qui est aujourd'hui celle des organisations internationales vision (Lautier, 1995 : 385). Cette vision qui est celle des « hygiénistes » du 19ème siècle (Lautier et Salama, 1995) fait porter les actions précisément sur la misère qui doit être traitée comme une épidémie à éradiquer. La pauvreté sera désamorcée (non pas éliminée), dès lors que la première aura disparu.

La pauvreté s'impose d'abord comme une question sociale, avant d'être un problème sociologique. Elle est une évidence en France au 19ème siècle. En 1840, dans son Tableau des ouvriers, VILLERME décrie ce qu'il découvre en allant chez les familles; son enquête, participante, a une fonction de dénonciation parce que la pauvreté renvoie à des manques multiples, qu'il suffit d'enregistrer. Les ouvriers avaient de mauvaises conditions de travail et de mauvaises conditions de vie. Ils habitaient souvent dans des taudis insalubres, ils avaient à peine de quoi manger et faire vivre leur famille. Ils avaient un travail, pénible et dangereux et leur salaire n'était pas suffisant. Le prolétariat du 19ème siècle qui vivait dans des taudis et mangeait à peine à sa faim ne ressemble pas aux pauvres du 21ème siècle qui résident dans des HLM, sont habillés et nourris mais maintenus à l'écart de la société. Au 19ème siècle, l'appartenance à la classe ouvrière était synonyme de misère. Marx et Engels étaient très préoccupés de la pauvreté des ouvriers, Engels l'a notamment décrite dans la situation de la classe ouvrière en Angleterre (1844). Comme les réformateurs sociaux (Villermé ou Le Play), il y dénonçait la pauvreté absolue, celle qui empêche que soient satisfaits les besoins physiologiques de base - manger, se vêtir et se loger. Pourtant, peu à peu, dans les pays développés, l'augmentation du niveau de vie et des protections collectives ont transformé la définition des pauvres.

Au 20ème siècle, de nouvelles catégories sont apparues, soulignant que la pauvreté était devenue relative, c'est-à-dire synonyme d'écart par rapport au mode de vie et au niveau de possession moyen. Selon Gueslin (2004), la pauvreté était généralisée dans l'Europe préindustrielle, et la distribution des revenus y était bimodale c'est-à-dire répartie en deux groupes très distincts : les quelques très riches et le peuple pauvre. Aussi, à partir de la fin des années 1980, l'impact des programmes d'ajustement structurels oblige à se pencher sur le sort des exclus des progrès économiques. Deux problèmes de fonds sont posées : des inégalités croissantes et un désistement de l'Etat de ses fonctions régulatrices (aussi bien économiques que sociales), celui-ci tendant plutôt à s'effacer devant les marchés et de globalisation technologique.

Une revue de la pauvreté depuis les années 1980, à travers le tableau ci-dessous, montre qu'il y a presque deux siècles, 94.4 % de la population mondiale vivait dans la pauvreté au lieu de la moitié aujourd'hui, et 83.9% vivait dans l'extrême pauvreté au lieu de 22.7% en 1997.

Tableau 3 : La pauvreté de 1820 à 1999 avec prévision 2015

 

1820

1870

1910

1950

1970

1990

1991

2015

Pourcentage

 
 
 
 
 
 
 
 

De pauvres

94.4

89.6

82.4

71.9

60.1

58.8

54.7

43.3

De très pauvres

83.9

75.4

65.6

54.8

35.6

29

22.7

12.3

Effectifs

 
 
 
 
 
 
 
 

(Millions)

 
 
 
 
 
 
 
 

De pauvres

997

1 .134

1.416

1805

2200

2718

2777

2230

De très pauvres

886

954

1.127

1376

1304

1276

1151

753

Source : Bourguignon et Morrison (2002)8(*)

Tableau 4 : Estimations régionales de la pauvreté (seuil de pauvreté de 1.25 $/ jour)

Source: World Bank. Chen Ravallion, 2008, p.34

Région

1981

1984

1987

1990

1993

1996

1999

2002

2005

Population vivant avec moins de $ 1.25 par jour en 2005 (millions)

East Asia &Pacific

1,071

947

822

873

845

622

635

507

316

China

835

720

586

683

633

443

447

363

208

Europe & Central Asia 7 6 5 9 20 22 24 22 17

7

6

5

9

20

22

24

22

17

Latin America &Carribbean 47 59 57 50 47 53 55 57 45

47

59

57

50

47

53

55

57

45

Middle East& North Africa 14 12 12 10 10 11 12 10 11

14

12

12

10

10

11

12

10

11

South Asia

548

548

559

579

559

594

589

615

596

India

420

416

428

435

444

442

447

460

456

Sud-SaharanAfrica

212

242

258

298

317

356

383

390

388

Total

1,900

1,814

1,723

1,818

1,709

1,658

1,698

1,601

1,374

Part de la population vivant avec moins de $ 1.25 par jour en 2005 (%)

East Asia &Pacifc

77,7

65,5

54,2

54,7

50,8

36,0

35,5

27,6

16,8

China

84,0

69,4

54,0

60,2

53,7

36,4

35,6

28,4

15,9

Europe & Central Asia 1,7 1,3 1,1 2,0 4,3 4,6 5,1 4,6 3,7

1,7

1,3

1,1

2,0

4,3

4,6

5,1

4,6

3,7

Latin America & Caribbean 12,9 15,3 13,7 11,3 10,1 10,9 10,9 10,7 8,2

12,9

15,3

13,7

11,3

10,01

10,9

10,9

10,7

8,2

Middle East & North Africa 7,9 6,1 5,7 4,3 4,1 4,1 4,2 3,6 3,6

7,9

6,1

5,7

4,3

4,1

4,1

4,2

3,6

3,6

South Asia

59,4

55,6

54,2

51,7

46,9

47,1

44,1

43,8

40,3

India

59,8

55,5

53,6

51,3

49,4

46,6

44,8

43,9

41,6

Sud -Saharan Africa

53,4

55,8

54,5

57,6

56,9

58,8

58,4

55,0

50,9

Total

51,9

46,7

41,9

41,7

39,2

34,5

33,7

30,5

26,2

La lecture du tableau ci-dessus montre qu'entre 1981 et 2005, la proportion des personnes vivant dans les pays en développement avec moins de 1,25 dollar par jour a diminué de moitié de 51,9 à 26,2 %. Cela équivaut à une réduction globale de la pauvreté d'un pourcent par an environ, qui s'est traduite par une baisse de 500 millions du nombre de personnes pauvres (de 1,9 à 1,4 milliard) entre 1981 et 2005.

Le tableau fait ressortir aussi que le recul de la pauvreté est très inégal suivant les régions. Le nombre de pauvres a chuté en Asie de l'Est mais augmenté ailleurs. Cependant, durant les années 1980, l'Asie de l'Est avait le taux de pauvreté le plus élevé du monde (77,7 % de la population vivait avec moins d'1,25 dollar par jour en 1981), celui-ci était passé à 54,7 % en 1990 et à 16.8 % en 2005. Le même constat se fait pour la chine qui a vu diminuer entre 1981 et 2005, le nombre de personnes pauvres de 600 millions. Nous pouvons dire dans ce sens, que si la proportion de personnes vivant dans l'extrême pauvreté recule d'un côté, lapopulation continue d'augmenter de l'autre côté, et ceci peut signifier que le nombre de pauvres ne bouge que légèrement.

En Asie du Sud, nous pouvons constater que le taux de pauvreté a été ramené de 59,4 % à 40,3 % entre 1981 et 2005, mais du fait de l'augmentation de la population, ce recul ne s'est pas traduit par une baisse du nombre de pauvres dans la région. Ainsi, le taux de pauvreté extrême a également baissé en Amérique latine et dans les Caraïbes, au Proche-Orient et en Afrique du Nord durant la même période, ceci sans qu'il ait d'incidence sur le nombre de personnes pauvres.

En outre, malgré une hausse nette du taux de pauvreté et du nombre de personnes pauvres en Europe de l'Est et en Asie centrale, on observe des signes d'améliorations légères depuis la fin des années 1990.

Pour le cas de l'Afrique subsaharienne, la proportion de personnes vivant avec moins d'1,25 dollar par jour a stagné autour de 50% entre 1981 et 2005, c'est-à-dire passant seulement de 53,4 % à 50,9 %, soit un recul de 2.5 points de pourcentage. En termes absolus, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté fixé à 1,25 dollar par jour a pratiquement presque doublé dans la même période, passant de 212 à 388 millions. Selon la Banque Mondiale (2009), en Afrique subsaharienne, il y avait, en 2005, 100 millions de personnes extrêmement pauvres de plus qu'en 1990 et le taux de pauvreté se maintenait au-dessus de 50 pour cent (même s'il a commencé à baisser après 1999).

En Côte d'Ivoire, le nombre de pauvres a été multiplié par 10 en l'espace d'une génération. Aujourd'hui une personne sur deux est pauvre contre une personne sur dix en 1985. En effet, le taux de pauvreté est passé de 10% en 1985 à 48,9% en 2008 ; ce qui correspond à un effectif de pauvres estimé à 974 000 en 1985 et à 10 174 000 en 2008. Le taux de pauvreté était estimé à 61, 5% en 2011 contre 48,94% en 2010. En 2014, plus de 61,5% de la population croupit dans la misère.

La pauvreté est plus ressentie en milieu rural qu'urbain. L'on y trouve le plus grand nombre de pauvres (42% en 1998 contre 46% en 1995). La pauvreté est, de tout temps, plus accentuée en milieu rural qu'en milieu urbain même si elle s'y développe moins rapidement. En 2008, 12 personnes du milieu rural sur 20 sont pauvres contre 6 en milieu urbain. En 1985, le rapport était de 3 personnes pauvres en milieu rural sur 20, contre 1 personne pauvre sur 20 en milieu urbain. Le taux de pauvreté en milieu rural s'est particulièrement aggravé dans la période récente qui a coïncidé avec celle de la crise militaro-politique. Il est ainsi passé de 49% en 2002 à 62,45% en 2008, soit une augmentation de plus de 13 points alors que cette progression n'est que de 4 points en milieu urbain où le ratio de pauvreté s'est accru de 24,5% en 2002 à 29,45% en 2008.

§4 : Les législations sur la lutte contre la pauvreté

La Côte d'Ivoire à l'instar de nombreux pays d'Afrique subsaharienne a fait de la lutte contre la pauvreté une préoccupation majeure de son programme de développement. Depuis juin 1997, elle dispose d'un programme de lutte contre la pauvreté. C'est pourquoi, déjà, en 1995 à Copenhague au Sommet Mondial sur le Développement Social, puis en septembre 1999, les Assemblées Annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, la communauté internationale a approuvé le principe d'adopter un nouveau cadre de formulation des programmes de développement mettant l'accent sur la réduction de la pauvreté, dit Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP). Ce cadre est présenté dans un document dit Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD).Les initiatives PPTE et 20/20 sont autant de politiques qui traduisent la volonté du gouvernement à lutter contre la pauvreté.

* 5 Frazier, 1942

* 6 Oscar Lewis, Culture of poverty

* 7 Ce que Rawls (1971) entend être des biens premiers sociaux peut être résumé comme des circonstances et des moyens généraux utiles à la réalisation de tout projet de vie, quel qu'en soit le contenu exact. Il s'agit de ressources à usage général, que chaque individu rationnel, quelle que soit sa conception du bien ou ses objectifs, ne peut pas ne pas désirer en tant que « précondition de la poursuite des plans de vie ». Cette liste de biens premiers comprend : (1) les droits et les libertés fondamentales, (2) la liberté de mouvement et le libre choix d'une position dans un contexte d'égalité des chances, (3) les pouvoirs et les prérogatives attachés aux différentes fonctions et positions dans les institutions politiques et économiques de la société, (4) les revenus monétaires et la richesse, (5) les bases sociales du respect de soi.

* 8 Bourguignon F et Morrisson Ch.., « Inequality among world citizens 1820-1992» American Economie Review, septembre 2002, in MorrissonCh, op.cité, Ramses 2003, p.l 10

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