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Une exploration du phénomène de mimétisme dans le processus décisionnel du consommateur

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par Tarak BOUAZIZ
IHEC Carthage - Mastère de recherche en marketing 2014
  

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CHAPITRE I : CONSOMMATION SOCIALE

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Chapitre I : Consommation sociale

Chapitre I : Consommation sociale

Introduction

Dans le cadre de ce chapitre et pour pouvoir examiner l'influence du mimétisme dans la société tunisienne nous avons jugé important de rappeler brièvement le processus décisionnel du consommateur pour pourvoir différencier entre l'achat logique basé sur un processus décisionnel constitué de cinq étapes selon le modèle d'Engel, Kollat et Blackwell (1968), et l'achat illogique reposant sur le choix des autres. Dans une deuxième section nous verrons les effets de la consommation sociale sur la prise de décision des individus et dans une troisième section nous rappellerons les types d'achat et voir s'ils ont un lien étroit avec le mimétisme.

Section 1 : Processus décisionnel et types d'achat

Pour faire son choix et réaliser l'acte d'achat, le consommateur doit passer par un processus décisionnel complexe comportant trois phases : étape de pré-achat, étape de rencontre avec les biens / services et l'étape post-achat.

A. Processus décisionnel

Dans le modèle d'Engel, Kollat et Blackwell (1968), le consommateur passe par trois étapes ; la première étape concerne la reconnaissance du besoin, la recherche d'informations pour se faire une idée cognitive et résoudre ce problème, après s'être fait une idée sur le produit ou services, dès lors une évaluation des solutions possibles commence, la deuxième étape et la rencontre avec le produit ou le service, ici le consommateur a la possibilité de choisir un produit parmi la multitude des solutions trouvées, et finalement l'étape du verdict où le consommateur évalue le produit sur plusieurs critères.

Chapitre I : Consommation sociale

 

Reconnaissance du problème

Etape pré-achat

Recherche d'information

Evaluation des solutions possibles

Etape rencontre avec les biens/services

Etape post-achat

Choix (achat)

Résultats

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Source : Le modèle d'Engel, Kollat et Blackwell (1968) Figure 1: Processus décisionnel en 5 étapes

1) La reconnaissance du problème

C'est la première étape du processus décisionnel, le consommateur prend conscience du manque qu'il a, c'est ainsi qu'un besoin va se créer et la quête pour la réalisation de ce besoin commence afin de compenser ce manque.

Dans certains cas la prise de conscience du problème peut être due à un besoin dont la motivation est liée à l'influence sociale. C'est-à-dire qu'un besoin nait (ou un problème se crée) par le simple fait que l'autre l'a exprimé, des sentiments « d?envie, de jalousie et de rivalité 1» seront par la suite la cause du ressentiment.

La représentation la plus connue en termes de classification des besoins reste à ce jour la pyramide des besoins de Maslow (1943), elle stipule qu'un individu ne cherchera à réaliser un besoin dit supérieur que lorsqu'il satisfait un besoin hiérarchiquement inférieur de la pyramide, «l'être humain est un animal frustré, rarement satisfait au-delà d'une courte période. Lorsqu'il a assouvi un désir, il lui en vient un autre. Quand il est comblé, un autre

1 Max Scheler est un philosophe et sociologue allemand

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Chapitre I : Consommation sociale

surgit à sa place, puis un autre encore. L'état de désir permanent est caractéristique du genre humain » Maslow (1970).

Cela n'empêche pas que cette pyramide soit beaucoup critiquée du fait qu'un individu peut commencer par une étape hiérarchiquement supérieure et par la suite réaliser les étapes inférieures.

2) Recherche d'information

Une fois le besoin identifié, commence alors la quête d'informations. L'ampleur de la recherche dépendra du degré d'implication du consommateur (exemple : l'achat d'un paquet de cigarettes nécessite moins d'implication que l'achat d'un vélo). Généralement il existe deux sources d'information : interne (liée à l'expérience de l'individu, son éducation, ses connaissances, à la mémoire, son opinion...) et externe (la famille, les amis, la communication médias et hors média, les vendeurs...)

Le consommateur fait recours aux sources internes lorsqu'il s'agit d'achat routinier, familier et de faible implication, autrement, il optera pour une recherche de données externes afin de se créer une opinion et aboutir à une décision d'achat.

3) Evaluation des solutions possibles

Après avoir fait une recherche d'information, le consommateur a certainement dû trouver plusieurs produits/services compatibles avec ses préférences, c'est maintenant l'étape d'évaluation des alternatives qui se présentent à lui. L'individu peut procéder à l'évaluation des produis/services selon leurs degrés d'importance et les attributs qu'ils offrent.

Concernant les services, leurs immatérialités les rendent difficiles à évaluer d'où l'existence des 3 attributs essentiels pour faciliter cette évaluation :

o Attributs d'examen (de recherche) : avant de se procurer un produit le client a la possibilité de l'évaluer avec ses sens, ce qui n'est pas possible avec les services.

o Attributs d'expérience : lors de la consommation du service le client évalue le service.

o Attributs de croyance (de confiance) : le client se fie aux compétences, formations du personnel en contact.

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Chapitre I : Consommation sociale Pour optimiser sa décision, le consommateur procédera à une analyse des attributs de chaque produits/services, il existe deux catégories du modèle « multi attributs » : le modèle compensatoire et le modèle non compensatoire.

4) Choix

Place maintenant à la décision d'achat, l'individu, idée en place, va procéder à l'acte d'achat. Cette étape est la concrétisation des étapes précédentes. Toutefois, l'acte d'achat peut subir des changements inattendus, ou peut ne pas dépendre des étapes précédentes (cas d'achat mimétique : qui repose sur les préférences et décision d'autrui concernant le choix du produit / services). Cette improvisation est toute naturelle, car si l'individu peut planifier son plan d'achat, il n'a certainement aucun contrôle sur l'acte mimétique qu'il commet à chaque croisement de désir partagé avec l'Autre.

D'autres types d'achats ont brisé cette règle de la logique d'achat, nous prenons à titre d'exemple : l'achat impulsif (Stern, 1962, Rook, 1987, Beatty et Elizabeth Ferrell, 1998, Cova et Cova, 2001, Guiraud, 2001,2002, 2003), l'atmosphère (Kotler 1973-1974), la procrastination (Lay, 1986, Ferrari et al, 1995), l'achat compulsif (Faber, O'Guinn et Krych, 1987)....

5) Résultat

Résultat ou évaluation post-achat, est l'étape dans laquelle le consommateur, après avoir utilisé / bénéficié du produit/service, va procéder à l'évaluation des performances du produit ou la prestation de service en rapport avec ses attentes. Si l'écart est faible ou nul, il y a satisfaction. Dans le cas contraire le consommateur aura un sentiment négatif envers la marque, le produit, le magasin, le vendeur ... une dissonance cognitive découlera de ce résultat.

B. Les types d'achat

Plusieurs chercheurs, exerçant dans le domaine de la psychologie et du comportement du consommateur, à l'instar de Cova et Cova (2001), Lay (1986), Ferrari (1993), Guiraud (2001, 2002), Faber, O'Guinn et Krych (1987), se sont intéressés aux types d'achat, à leurs spécificités et à ce qu'ils peuvent apporter de nouveaux pour pallier le manque de recherche existant dans ce domaine.

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Chapitre I : Consommation sociale

1) Achat réfléchi (planifié, rationnel)

Appelé aussi l'achat anomal, il est caractérisé par son aspect rationnel et non courant. Généralement ce type d'achat est précédé par une période de réflexion plus ou moins longue dans laquelle l'individu fera une recherche d'information en vue d'acquérir un bien à forte valeur monétaire ou émotionnelle.

La marge d'erreur pour ce type d'achat est minime, car l'acheteur procédera à une recherche approfondie, une analyse des différents scénarii et une comparaison des offres existantes ce qui aura une répercussion positive sur le résultat final et le degré de satisfaction ressenti.

Exemple de produit nécessitant un achat réfléchi : l'achat d'une maison, voiture, télévision, appareil photo, meuble, cadeaux ... généralement les produits de ce type d'achat nécessitent beaucoup d'implication et ont un prix élevé et une longue durée de vie d'où la nécessité de faire le bon choix pour éviter ce sentiment qu'on redoute tous : le regret.

2) L'achat habituel

L'achat habituel est le contraire de l'achat planifié par son aspect non rationnel, à faible valeur émotionnelle et routinière. Les produits de grande consommation (PGC) sont les plus susceptibles d'appartenir à ce type d'achat. Ce type d'achat ne nécessite pas un temps de réflexion important et est à courte durée.

Le comportement de l'acheteur devient mécanique d'où la notion de l'achat corvée car il est obligatoire, de nécessité et associé à la valeur utilitaire.

3) L'achat impulsif

L'achat impulsif est considéré comme un « coup de coeur » (Giraud 2001) par le consommateur, il s'incarne sous forme de caprice qu'on s'offre à soi et qu'on aime partager avec les autres, c'est aussi « une envie soudaine, souvent puissante et persistante pour acheter quelque chose immédiatement » Rook (1987) cité dans Belk et al. (2003). Contrairement à ce qu'on pense, cette impulsion peut être rationnelle et bien fondée parfois c'est le cas par exemple de l'impulsivité « fonctionnelle » (Dickman, 1990) qui est la réaction propice d'un individu dans une situation optimale, contrairement à l'impulsivité dysfonctionnelle qui consiste à agir plus rapidement sans pour autant être optimale dans ses choix, ce qui causera souvent la non satisfaction et la dissonance cognitive. Alors quelles sont les causes de cette

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Chapitre I : Consommation sociale

impulsivité dysfonctionnelle ? Et pourquoi un individu se retrouve t-il parfois dans des situations de choix et décisions non satisfaisantes ? Le mimétisme peut être une réponse parmi d'autres car un individu est incapable de se désigner lui-même un objet de désir, il faut qu'une tierce personne lui ouvre la voie et montre le chemin, ce qui facilitera le choix de la décision d'achat sans pour autant prendre le temps et réfléchir si ses besoins et ceux de la tierce personne sont conformes. Et souvent, on ne se rend pas compte de nos actions, ce n'est qu'après action faite qu'on se rend compte de l'acte mimétique que l'on vient de commettre.

«Un achat impulsif est un achat motivé par le désir de répondre à l'impulsion d'achat. L'achat suit immédiatement l'impulsion si le consommateur ne souhaite pas ou est incapable de mettre en oeuvre une évaluation du bien-fondé de l'achat. En revanche, le consommateur peut tenter d'évaluer les risques associés à l'achat impulsif et le cas échéant de résister à son impulsion. L'impulsion peut disparaître pendant cette évaluation, soit parce qu'elle était liée à des éléments situationnels, soit parce que le consommateur prend conscience des conséquences négatives de l'achat à long terme qui "gâchent" son plaisir. L'attirance peut aussi être renforcée par une évaluation positive. Elle peut enfin survivre à une évaluation défavorable. L'achat, qu'il soit précédé ou non d'une délibération cognitive, demeurera impulsif tant que la perspective de sa non-réalisation s'avère frustrante et que le consommateur doit se contrôler pour quitter le magasin sans acheter le produit. Un achat impulsif n'est ainsi pas forcément spontané, irréfléchi ni incontrôlé » (Giraud, 2002, cité dans Khamassi, 2012).

4) La procrastination

La procrastination est la « tendance pathologique à différer, à remettre l?action au lendemain2».

La procrastination se définit par l'action de reporter une action ou décision d'achat à une période ultérieure, les raisons de cet ajournement peuvent être fonctionnelles ou dysfonctionnelles : si on retarde volontairement une décision à cause d'une comparaison des coûts présents avec ceux du future (Akerloff, 1991 cité dans Darpy, 2002), ou si l'on retarde occasionnellement un achat à cause d'éléments environnementaux imprévisibles (Ajzen, 1985 ; Ajzen et Madden, 1986, cité dans Darpy, 2002) dans ce cas on parle de « procrastination fonctionnelle » (Ferrari, 1994 cité dans Darpy, 2002).

2 Dictionnaire Larousse

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Chapitre I : Consommation sociale Mais si l'action devient habituelle et chronique, dans ce cas on parle de « procrastination dysfonctionnelle » qui est un trait de personnalité (Lay, 1986 ; Ferrari et al., 1995 cité dans Darpy, 2002). L'acheteur est dans un état de confusion totale, il reporte ses décisions à cause d'un problème d'incertitude ou de paresse.

De la reconnaissance du problème ou de l'éveil du désir à sa concrétisation (l'acte d'achat) le consommateur a de multiples occasions de reporter l'achat et de laisser place à d'autres décisions qu'il considère comme plus importantes ; le procrastinateur est désorganisé (Lay, 1986 cité dans Darpy, 2002), il oublie souvent et possède un trou de mémoire appelé « erreurs cognitives » (Lay, 1988, Effert et Ferrari, 1989, Ferrari, 1993, Kuhl et Goschke, 1994 cité dans Darpy, 2002).

La question est de savoir si on peut considérer l'achat impulsif de demain comme la procrastination d'hier ? Selon Schouwenburg et Lay, 1995 ; McCown et Johnson, 1995 cité dans Darpy, 2002 ; la « stabilité À instabilité émotionnelle » est nettement corrélée à la procrastination et même que l'impulsivité dysfonctionnelle est une conséquence de la procrastination (Ferrari, 1993).

5) L'achat compulsif

Faber, O'Guinn et Krych (1987), considère la consommation compulsive comme un « type inapproprié de comportement de consommation, excessif en soi, et manifestement perturbateur pour l'existence des individus qui paraissent être impulsivement enclins à consommer » (p. 132).

Le consommateur fait figure d'un achat non réfléchi pour assouvir une assuétude non contrôlée et non planifiée, pour ce genre de consommateurs il existe des associations qui offrent des séances thérapeutiques afin de les aider à contrôler leurs achats compulsifs, tels que l'association « Spender Menders » de Sandi Gostin.

Le but de l'acquisition d'un bien matériel dans l'achat compulsif n'est sans doute pas à des fins matérielles mais plutôt pour des fins immatérielles (Bauer et Greyser, 1968 cité dans D'Astous et al., 1988) telles l'autosatisfaction temporelle ou l'accomplissement de soi, cette émotion envoutante cause, certes, des problèmes à la personne qui la possède ainsi qu'à son entourage, qui ne fait que subir les caprices irrationnels de son possesseur.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery