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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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2°. Des interlocuteurs

L'interlocution regroupe d'une part, les organisations engagées dans la résorption du déséquilibre familial, dans le soutien à la population victime du malaise social et économique et, d'autre part, les membres de la communauté qui, en même temps, ne cessent de parler entre eux-mêmes de souffrances qui les guettent et des solutions envisageables. De ce dialogue entre membres de la communauté ressort, pour certains cas, la création des associations locales. Le schéma ci-dessous illustre ces échanges discursifs :

Schéma n° 5 : Echanges discursifs

Demande d'appui

Organisations de résorption

du déséquilibre

Population

Population

Création des associations locales de développement

Appui

Familles en crise direct

Etudes

évaluatives

Appui aux associations de développement

Source : Enquêtes sociologiques

Que retenir de ce schéma ?

Le point de départ est l'existence d'une crise au sein des familles de Ngweshe. Cette crise est mise en exergue à partir d'une étude évaluative faite les organisations engagées dans la résorption en collaboration avec les associations locales de développement et les familles elles-mêmes. Ces organisations interviennent sur deux pôles : l'intervention envers les familles peut se réaliser, soit directement en donnant aux familles ciblées ce qui convient à leur donner selon les besoins identifiés, soit indirectement à travers les associations de la société civile de la place.

Quid de la Société civile ?

a. Définition

« La société civile rassemble les citoyens ; organise leurs intérêts ; formule leurs demandes et les exprime devant les décideurs et cela sur le plan positif. Il n' en demeure pas moins que son essor peut dissimuler un certain nombre d'effets pervers : ONG alimentaires, milices, sociétés secrètes, réseaux paramilitaires fonctionnent sous l'enseigne d'associations des réfugiés, d'organismes humanitaires, et certains médias dédiés à la haine et à la violence.

La société civile se construit à travers un certain nombre de paramètres et des conditions : le désir de vivre ensemble, le partage de certaines valeurs, la solidarité entre les membres, l'acceptation d'un certain nombre de règles communes, le rôle régulateur et censeur de l'Etat, un certain degré de convivialité. L'existence d'une société politique suppose des compromis entre le pouvoir et les citoyens parmi lesquels la société civile interagit.

La société civile est une société de rencontre, de partage et des conflits, qui n'est cependant pas indemne de crises. Elle est un groupe de pression qui cherche à influencer le pouvoir mais sans avoir la prétention de briguer le pouvoir politique. Elle est un contre - poids pour le pouvoir en place ».104(*)

a. Composantes de la société civile

Les membres de la société civile se répartissent en diverses composantes, les unes indépendantes des autres, chacune avec ses membres, eux aussi indépendants et autonomes les uns vis-à-vis des autres. Les associations, à l'intérieur des composantes naissent et disparaissent à tout moment suivant les défis, les enjeux et la dynamique sociale du milieu où elles sont implantées. Ainsi, la société civile s'élargit chaque jour, croissant au rythme de la créativité des forces vives. Ses composantes sont classées :

· Selon le but

Sous cette forme, on connaît des associations sans but lucratif, à caractère socio-économique, confessionnel, confessionnel, philanthropique...

· Selon le secteur d'activités : dans cette catégorie, on range : les associations confessionnelles, de développements, philanthropiques, culturels et scientifiques, de droit de l'homme, d'éducation civique, professionnelles.

La société civile de la RD Congo s'est inspirée de cette classification pour déterminer ses composantes qu'elle a limitées à quinze (comme ci-dessous) :

1. Les associations des femmes

2. Les associations communautaires et paysannes

3. Les associations culturelles et sportives

4. Les associations de la presse

5. Les associations des jeunes

6. Les associations humanitaires et philanthropiques

7. Les Eglises et confessions religieuses

8. Les ONG à caractère économique

9. Les ONG de développement

10. Les ONG des droits de l'homme

11. Les ONG de paix et d'éducation civique

12. Les ONG environnementales

13. Les ordres professionnels

14. La société savante (écrivains, chercheurs...)

15. Les syndicats.105(*)

Pour le cas de la Province du Sud-Kivu, la Société civile ne dispose que de dix composantes : associations des femmes, organisations des jeunes, organisations à caractère économique, ONG de développement, ONG de droits de l'homme, organisations humanitaires et philanthropiques, Eglises et confessions religieuse, associations savantes, associations culturelles et sportives, les syndicats et les corporations professionnelles.

La société civile est constituée par un continuum organisationnel qui va de relations sociales les plus relâchées et occasionnelles ou éphémères aux instituions les plus formelles et les plus durables. Ce continuum se présente sous la forme du schéma ci-dessous :

Niveau 4 Nation,

Etat

Lois

Niveau 3 Institutions. Organisations ayant

implanté leur légitimité dans leur

environnement

Niveau 2 Organisations. Associations, groupements

collectifs, coopératives

Niveau 1 Associations détachées. Individus et collectifs, groupements

de la société civile organisés ou non organisés

Figure n° 9: continuum représentant la société civile

La société civile s'arrête aux trois premiers. Ceci veut dire qu'elle n'a pas de vocation de gérer la nation ; mais qu'elle constitue une entité à laquelle la nation délègue le pouvoir de gérer la vie publique en son sein.106(*)

b. Rôles de la société civile

La société civile doit se prémunir contre l'anarchie qui est en réalité un excès de liberté, mais aussi de dictature, définie comme excès du pouvoir. Ceci suppose la déconstruction des déséquilibres et des contradictions attentives à la préservation de la justice et de la paix.

La société civile doit lutter contre l'injustice et la pauvreté par des actions concrètes. Dans un pays où la sécurité sociale n'existe pas, ce rôle est tenu par des groupes à la base : les tontines, les coopératives d'épargne et de crédit et les associations qui par, exemple, collectent l'épargne ; la redistribuent ; assurent contre la maladie ; prennent en charge certains frais lors de certains événements familiaux importants.

La société civile doit aider les populations à améliorer leurs capacités de choix et leur pouvoir en tant que masse grâce à une nouvelle échelle des valeurs et un nouveau sens du respect de ces valeurs par une éducation et une animation qui viseraient aussi bien les couches de la base que les nouveaux acteurs de la vie politique107(*).

c. Emergence de la société civile

Née dans le champ philosophique, l'expression de société civile est désormais dans le langage politique opposé par la grande presse à celui de la société politique et pris ainsi dans une acception sociologique, il renvoie, en réalité, à une acception précise de la politique et de la société qui n'est que rarement explicitée.

Dès 1976, la société civile devenait le cheval de Troie de la lutte non seulement contre le totalitarisme marxiste et l'idée d'un changement social part le haut, mais aussi contre un certain rigorisme en décalage avec l'esprit du temps. On entretenait ainsi un monde tripolaire : Etat, sphère économique et société civile. Cette dernière étant la seule où puissent exister des « relations libres entre individus ». De là, on affirme qu'il n'est de société libre que la société civile.

Bruce Shearer estime que de nouveaux éléments ont émergé avec une rapidité et une énergie sans équivalent à travers l'Amérique latine, l'Afrique, l'Asie, le Pacifique et le Moyen Orient. S'appuyant sur des organisations existantes (partis politiques, syndicats, Associations d'entrepreneurs et Eglises...), Bruce Shearer compte des centaines des milliers des groupes locaux des citoyens locaux des citoyens organisés informellement (associations communautaires, mouvements citoyens, groupes de bienfaisance, clubs d'épargne ou groupe de pression) ainsi que des ONG et des milliers d'institutions de soutien actives dans la mise en réseaux, de financement ou de survie108(*).

Beaucoup d'innovations dans le développement rural et la communication dans les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) se développement sur le terreau fertile des organisations de la société civile (OSC), créant de nouvelles synergies. Il en est ainsi du regain des stations de radio rurale, qui sont devenues de véritables véhicules des messages pour les agro-éleveurs.

En Ouganda, où ces radios sont nombreuses, la jeune et active Ugandan national farmers association (Association nationale ougandaise des agriculteurs) a joué un rôle moteur en donnant beaucoup d'espace d'expression aux paysans et en utilisant cette radio pour la formation de ses membres.

Au Mali, le Président ne rate aucune occasion de souligner que son gouvernement est enraciné dans le mouvement populaire des OSC qui l'ont porté au pouvoir et joué un rôle actif pour la mise en oeuvre de la liberté de la presse et l'expression des citoyens au début des années 1990.

La notion du gender telle perçue aujourd'hui est une émanation des groupes des femmes ayant évolué au sein des organisations de la société civile : c'est le cas du collectif Sinistren au Jamaïque qui a poussé les femmes à plus de responsabilité et de prise de conscience. Le Journal Sister Namibia, la Radio Maendeleo, le Caucus des femmes et beaucoup d'autres associations ont permis à la femme du Sud-Kivu d'être plus responsable non seulement en tant que femme mais aussi en tant que mère de famille et épouse.

On a reproché, de l'extérieur, à beaucoup d'OSC de signaler plus de problèmes qu'elles ne cherchent des solutions. Hazel Hendeson, un célèbre futurologue estime que les OSC peuvent rapidement passer à un ordre plus positif et prescriptif. La société civile doit être un cadre de conception, de recherche des solutions aux problèmes qui sévissent au sein de la communauté où elle est implantée109(*).

Au sein de notre terrain d'étude, il existe cette société civile et ses composantes demeurent les associations dites sans but lucratif et les Eglises. Ce sont des personnes qui se regroupent, pensent, identifient le problème et tentent d'y apporter des solutions, soit par leurs propres efforts, soit en recourant à des tierces personnes.

Au vu du déséquilibre au sein des ménages, ceux-ci ont pris conscience bien que dépourvus de moyens efficaces d'y remédier. D'où des regroupements paroissiaux dans le but de solliciter des appuis en rapport avec des objectifs que les uns et les autres se sont fixés. Ces appuis appelés aussi « financements », une fois obtenus sont répercutés aux populations cibles, c'est-à-dire les familles au sein desquelles les problèmes à résoudre ont été identifiés.

C'est à ce niveau qu'apparaît l'aspect structurel interventionniste et qu'on entend divers thèmes de discours tels qu'illustrés dans le schéma et le tableau ci-dessous :

Schéma n° 6 : Aspects structurels de l'intervention

Organisations d'appui aux populations

Organisations locales de développement

Interventions aux populations selon les domaines ciblés

Source : Enquêtes sociologiques

Interprétation 

Il sied de dire, comme le démontre le schéma ci-haut, que par rapport au déséquilibre qui sévit dans les familles, il y a des interventions de résorption à deux niveaux : au départ ou sommet, il y a des organisations internationales et/ou onusiennes qui, après constat et évaluation des besoins sur place, s'engagent, dans une certaine mesure, à résoudre, à court, moyen et long terme, les problèmes sévissant dans le milieu.

Dans la logique traditionnelle, les organisations dites « bailleurs des fonds » n'intervenaient pas directement sur le terrain. Elles sélectionnaient des organisations actives sur le terrain avec lesquelles elles entretenaient le partenariat. Celles-ci devaient donc exécuter les projets selon l'esprit, la lettre et la foi des bailleurs des fonds. Mais, il s'est avéré que dans cette perspective, la confiance n'a pas perduré. Les organisations locales appuyées par les organismes internationaux ont développé un sentiment beaucoup plus lucratif, malhonnête et peu « retributif ». Ceci veut dire que l'appui ou le financement reçu des organisations d'appui ne parvenaient pas totalement aux populations cibles, les dirigeants préféraient plutôt se servir avant de servir les personnes en faveur desquelles le projet avait été conçu, élaboré et exécuté. Dès lors les organisations d'appui ont préféré, elles mêmes agir sur le terrain.

Il est bon de faire remarquer, ici, que traditionnellement, le mushi apparaissaît comme un homme très équilibré, honnête, courage et responsable. Mais peu à peu, on a remarqué en lui un état de paresse, un esprit de malhonnêteté tels en ces cas cités concernant la gestion des financements reçus et destiné à des vulnérables. Cela démontre donc des antivaleurs qui semblent primer sur les valeurs acquises des ancêtres bashi. Il sied donc de réorganiser la communauté et faire primer les cultures des valeurs et atténuer le plus possible les antivaleurs qui sont entrain d'élire domicile au sein de la chefferie.

Cet esprit de malhonnêteté a été encore beaucoup plus remarquable avec l'entrée massive des réfugiés hutus rwandais au sein de la chefferie de Ngweshe. Ces réfugiés travaillaient avec plus d'assiduité que les bashi. Toute personne qui avait besoin d'une main d'oeuvre physique trouvait en ces rwandais plus de courage, d'assiduité, de sincérité et d'honnêteté que chez les bashi qui, eux, paraissaient moins courageux, hypocrites et malhonnêteté sur le lieu de travail. L'heure est donc à la débâcle des moeurs traditionnelles. Il faut reconstruire une communauté sur base des pratiques, des valeurs et des vertus humaines susceptibles d'amener la communauté dans une dynamique rénovatrice et cohérente à travers une planification locale rationalisée.

Pour Habermas, « la planification est considérée comme une activité rationnelle par rapport à une fin au second degré : elle vise à l'installation, à l'amélioration ou à l'extension des systèmes d'activités rationnelles par rapport à une fin110(*) (...) » conçue par les membres dans le but de parfaire leurs conditions de vie.

Dans ce cheminement de courage, de fermeté et d'hésitations, la population a produit des discours et en a consommé d'autres. Ces derniers peuvent être regroupés en trois thèmes.

Tableau n° 18 : Thématisation des discours

Sous-thèmes

Termes de discursivité

01

Désespoir

Malédiction, fatalité, abandon, inconscience des dirigeants, vente ou cession du patrimoine, trahison, passivité et incompétence du pouvoir et de la population, détournement, peur, mort, maladie, inquiétude.

02

Espoir

Dieu, salut Jésus sauveur, prière, aide, l'homme blanc, l'Etat congolais, reconversion...

03

Auto - prise en charge

Vigilance, comité de surveillance, patrouilles, comités humanitaires de base, intervention entre humanitaires et les villages (sorte de pont entre population et les grandes organisations...

Source : Enquêtes sociologiques

Commentaire

Ces états conscientiels de thématisation discursive à Ngweshe ont été recueillis auprès de la population et regroupés sous trois axes importants : le désespoir, l'espoir et l'autoprise en charge. Chaque thème reprend des termes discursifs répertoriés d'une façon non exhaustive. Il s'agit, entre autres, des mots qui reviennent le plus souvent sur les lèvres des personnes lorsque nous les interrogions sur leur situation du moment et sur leur vécu quotidien.

Replacés dans la triple dialectique quadripolaire, nos enquêtés se sont regroupés par pôles discursifs comprenant :

1. Les locuteurs : ce sont les organisations se proposant de résorber la crise existante ;

2. Les auditeurs : ce sont les familles de Ngweshe qui consomment divers discours, mais sans oublier qu'elles en produisent aussi d'autres ;

3. Le scientifique social ou le savant : il s'agit du chercheur sociologue qui s'est déployé sur le terrain et qui, de par les investigations a pu produire cette oeuvre scientifique ;

4. La société-histoire : c'est la chefferie de Ngweshe insérée dans un contexte global de la Province du Sud-Kivu et de la RD Congo.

Les locuteurs se penchent sur la situation du vécu quotidien des populations, ils évaluent leur niveau de vie et proposent des mesures d'amélioration de celle-ci. C'est donc un travail de conception et d'exécution et d'évaluation des projets. Divers projets ont ainsi été initiés dans divers domaines tels que, la sécurité alimentaire, l'habitat, l'agropastoral, etc. Il faut, cependant, faire remarquer que l'appui n'est pas toujours proportionnel aux besoins et que dans la plupart des cas le gros du financement s'oriente plus chez les exécutants du projet que chez les nécessiteux ou ceux pour qui le projet a été conçu. On dirait ainsi que les locuteurs disposent d'une conscience de nouménisation-ontologisation. Ils développent un discours archémique pour justifier leur présence dans les milieux. Ils s'inscrivent dans la logique des expériences de toutes les ONG qui parlent et agissent au nom du peuple mais avec un dessein de garantir plus leur bien-être au détriment de la misère du peuple. Ce dernier constitue leur tremplin. Il faudra encore plus de conscientisation pour que les acteurs sociaux se comportent dignement, que leurs dires soient en adéquation avec leurs actions.

En effet, c'est à travers cette inadéquation entre dires et actions des acteurs sociaux  et le fait de considérer le bas peuple comme tremplin que se sont développées les trois formes de bourgeoisie à Ngweshe comme partout en République Démocratique du Congo: la bourgeoisie issue des postes politiques, la bourgeoisie issue des Eglises et celle issue du commerce contrôlé par des corrupteurs corrompus et où le profit est successivement accru.

A leur tour, les auditeurs ont une conscience nouménisée-ontologisée, victimes des situations déstabilisatrices de leurs familles, ils sont en proie aux logiques des organisations prometteuses de l'espoir du bien-être. Leur discours est « endormant » et passéiste. Pour eux, la vie est une fatalité ; le regard est tourné vers Dieu qui opérera un jour le miracle et les hommes de bonne volonté qui leur viendront en aide. C'est l'avènement de l'esprit attentiste, peu entreprenant. L'espoir en un avenir prometteur les prédispose à tomber dans le coup des organisations qui se proposent de résorber la crise dont ils sont victimes. On retiendra cependant que cet esprit attentiste ne peut amener les familles que dans le gouffre de la misère et de la dépendance.

Il faut donc des initiatives praxéologiques qui identifient les besoins réels du milieu et qui proposent des actions adéquates et durables.

La chefferie de Ngweshe est une totalité sociologique historiquement déterminée. Elle est dialectiquement insérée dans les circuits du Sud-Kivu qui fait partie intégrante de la RDC, laquelle est un maillon dans la chaine de la société-monde. Tout le poids négatif de la mondialisation y est vécu. Loin de répondre au rendez-vous du donner et du recevoir, la RDC demeure un lieu d'accomplissement des intérêts de la communauté-monde et d'écrasement des intérêts du peuple congolais et de la destruction de son environnement. Les attentes du peuple ne sont pas satisfaites et le pouvoir en place n'en fait pas un cas d'urgence.

La crise au sein de nos familles est en grande partie une irresponsabilité remarquée de la part de nos dirigeants et le manque de prise de conscience de nos populations qui espèrent que les choses ne devront que changer positivement sans leur participation active. A ce jour, notre société est en crise, mais cette crise n'a son siège que dans nos familles, ce sont elles qui « pathologisent » nos communautés et donc, toute thérapie consistant à remettre de l'ordre dans nos provinces, nos communes et villages ne peut commencer qu'à travers la famille.

Pour Edgar Morin, « il existe du désordre au sein de chaque système social »111(*), mais cela ne signifie pas qu'il faille faire perdurer sciemment un désordre constaté et décrié par tout le monde ou qu'il ne faille pas punir sérieusement ceux de qui le désordre est venu et ou entretenu.

En notre qualité de sociologue, nous nous inscrivons dans la logique du langage généléxémique basé sur une expérience sociologique émancipatrice, libératrice et socianalytique. Il faudra donc développer des mécanismes qui encouragent le peuple de  Ngweshe à se dépasser et s'engager courageusement sur la voie d'un changement quantitatif et qualitatif, qui prenne en compte l'homme dans sa dimension holiste et qui tienne compte de la gestion rationnelle de son environnement en envisageant ainsi de transformer chacun en un acteur social aux mains sales, aux pieds nus et l'esprit battant. Certes, un tel projet très ambitieux, n'est pas facile à atteindre, mais pour aller de l'avant, pour développer un milieu, il faut à la fois de l'esprit, de la conviction mais en même temps des principes solides sur lesquels il faut se remettre et qui serviront des guides dans la conception, l'exécution et d'indicateurs dans l'évaluation.

* 104 SEVERIN CECILE ABEGA, Société civile et réduction de la pauvreté, Yaoundé, édition       clé, pp. 42-43.

* 105 CEDAC, pp. 15-16.

* 106. Idem, pp. 22-24.

* 107 Idem, pp. 42-43.

* 108 NICOLAS TENZER, La société dépolitisée, Paris, PUF, 1990, p.57.

* 109 NICOLAS TENZER, op.cit, p.76.

* 110J.HABERMAS, La technique et la science comme «  idéologie », Collection Tel,     Frankfort, Gallimard, 1968, p. 3.

* 111 E. MORIN, La Sociologie, Collection Arthème Fayard, Paris, Seuil, 1984, p. 12.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand