WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

( Télécharger le fichier original )
par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

6.1.2. Restitution praxéologique des discours

L'opération de restitution praxéologique se fait en quatre temps. Pour l'économie d'analyse, nous fusionnerons les deux premiers temps. Toutefois, cela se fera conformément aux thèmes pris dans le tableau n° 12. Il s'agit des thèmes d'espoir, de désespoir et d'autoprise en charge. Ces discours apparaissent d'une manière synthétique à travers le tableau ci-dessous :

Tableau n° 19 : Tableau synthétique des discours recueillis de notre univers

Discours

Locuteur

01

La situation est catastrophique : nous ne savons ni manger ni scolariser nos enfants, les terres sont devenues improductives ; l'habitat bien qu'inapproprié est devenu difficile à avoir.

Population

02

Les moeurs sont dépravées surtout chez les jeunes.

Population

03

Nous avons été dépouillés de nos biens et de nos valeurs.

Population

04

Unissons-nous, ensemble identifions nos problèmes et apportons- y des solutions durables.

ONG

05

Nous avons réussi à annoncer à faire asseoir Jésus au milieu de nous, à cimenter la cohésion sociale et à combattre les antivaleurs.

Eglises

06

Nous avons réussi à rendre nos populations plus responsables, plus dynamiques et plus orientés dans des projets durables, ensemble, nous avons réalisé pas mal de choses.

ONG

07

La reconstruction du pays est en marche, la démocratisation réussie et nous tendons vers la modernité de notre pays grâce aux efforts de nos vaillants leaders.

Cadres politiques

Source : Propos condensés et recueillis auprès de nos enquêtés de Ngweshe en              2011 et 2012.

Que peut-on retenir de ces discours ?

Les sept discours produits par les interlocuteurs de Ngweshe sont porteurs d'un sens et d'un contenu pragmatique. Ils contiennent des dimensions et des fonctions.

Discours 1 : Contenu :carence alimentaire, déscolarisation des enfants, terres infertiles, rareté des matériaux de construction

La chefferie de Ngweshe a été, jadis et pendant longtemps, le grenier de la province du Sud - Kivu. Il faut retenir que Ngweshe est une des chefferies du Bushi, un territoire à dominance ethnique Shi, c'est-à-dire peuplé essentiellement des Bashi. Le Bushi est composé de sept chefferies, à savoir : Burhinyi, Kabare, Kalonge, Kaziba, Luhwinja, Ninja et Ngweshe. Les chefferies de Kabare et Ngweshe sont les plus importantes, tant sur le plan spatial, démographique et même culturel. Les cinq autres sont de petites chefferies.

La chefferie de Ngweshe était donc très productive, elle disposait d'importantes ressources agropastorales et donc le manger n'avait jamais posé problème au sein de la chefferie : les récoltes étaient régulières et très abondantes en manioc, sorgho, patates douces, ignames, bananes, haricot, légumes, etc.

L'élevage des vaches, chèvres, moutons, lapins, et des poules était important, de façon qu'en moyenne chaque mushi, jadis, disposait, d'au moins une vache, une chèvre et plusieurs poules. Cela lui permettait de se nourrir suffisamment du lait et de la viande. On se souviendra que le seul groupement de Tubimbi fournissait du manioc à la ville de Bukavu. A ce jour, aucun manioc ne provient de Tubimbi pour être vendu. La production a tellement diminué que les milieux ruraux de Ngweshe sont desservis en denrées alimentaires par la ville de Bukavu alors que la ville doit vivre de son hinterland. Les raisons de cette déperdition sont énormes :

a. L'accroissement démographique : la population n'a pas pris conscience qu'elle croissait du jour au lendemain et que, de ce fait, la production devenait insuffisante pour deux raisons: l'accroissement du nombre des consommateurs au sein de chaque famille et la réduction du patrimoine familial cultivable, car le garçon devenu majeur devait user d'une partie du sol familial pour se bâtir une maison, ce qui réduisait sensiblement l'espace cultivable.

b. L'infertilité du sol et l'exigüité des terres arables

Le sol de Ngweshe s'est défertilisé par suite d'une utilisation maximale des terrains cultivés : beaucoup de cultures sur un même terrain, aucune alternance de cultures et jamais de jachère.

En outre, avec la colonisation, de grands espaces avaient été accordés à des colons belges (qui ont entretenu de grandes plantations de quinquina, théier) au détriment de la population autochtone et à des missionnaires catholiques qui, eux aussi, disposent de très grands espaces souvent non exploités : les vastes concessions des paroisses comme Burhale, Kaniola et celle des Frères maristes de Nyangezi peuvent confirmer cette assertion.

c. L'insuffisance de la main d'oeuvre

Au sein des villages, le travail des champs (sur lequel tous les membres de la famille comptent pour se nourrir) est réservé à la seule mère de la famille et de sa fille s'il y en a une qui a déjà grandi. Le père s'occupe de sa bananeraie, de la construction des cases, de sa vache, mais il est rarement aux champs sauf lorsque cette mère est réellement malade.

d. La destruction des cultures par certaines mosaïques

Le terme de mosaïque relève de la botanique et consiste en une maladie due à un virus qui affecte certaines plantes112(*). Ainsi, de nombreux champs de manioc constituant l'aliment de base du mushi, ont été décimés par la mosaïque de manioc appelé encore « wilt bactérien ». Il en est de même du haricot et du bananier. A ce jour, des organisations humanitaires sont à la recherche des boutures à distribuer aux paysans victimes de la mosaïque ; la tache est difficile car ce sont tous les seize groupements qui sont concernés.

Si, à ce jour de nombreux enfants ne parviennent plus à fréquenter l'école, une raison majeure justifie cette déscolarisation : le manque de revenu familial issu de l'infertilité du sol et du manque d'emploi dans le milieu. Cette déscolarisation des jeunes enfants n'est pas sans conséquence directe sur la chefferie et les régions environnantes. Parmi les conséquences les plus immédiates, on constate cette ribambelle d'enfants qui flânent le long des routes et dans les marchés avec des ventes à la sauvette. Le vol, la prostitution des mineures et l'exode des jeunes enfants vers la ville de Bukavu (qui s'associent aux enfants de la rue existant au sein de la ville) en sont une autre conséquence de même que certains bandits qui déstabilisent la quiétude urbaine.

L'environnement de Ngweshe a subi des destructions néfastes : un déboisement à grande échelle de façon que le paysan n'a plus de facilité de trouver de sticks pour la construction. Ngweshe disposait de beaucoup de plantations de théiers, d'eucalyptus, de quinquina et celles-ci lui permettaient de se procurer de sticks pour la construction. A ce jour, toutes ces plantations ont cessé d'exister. Seules les plantations Pharmakina et Gombo conservent encore des traces d'existence d'une plantation. D'autres plantations telles que Kinaplant, Irabata, Commission agricole du Kivu, Gombo, Bukina, Cinomyo, Kashongero, Sengiyunva, Cibeke et beaucoup d'autres, ont cessé tout simplement d'exister. La Pharmakina disposait d'au moins une plantation, dans six groupements de Ngweshe. A même temps que se détruisait l'environnement physique, l'environnement social s'est aussi dégradé amenuisant ainsi la capacité des relations sociales à assister ceux qui le méritait.

La faillite de ces entreprises a affecté affreusement l'environnement. C'est à l'issue de cette faillite que les collines boisées et entretenues par MAE (Mission antiérosive) ont été déboisées. A ce jour, toutes ces collines, à travers toute la chefferie, sont nues et cela dispose d'un impact considérable sur l'environnement, l'habitat et sur la pluviosité dans le milieu. Toutes les tentatives de reboisement ont échoué suite aux feux de brousses et l'abattage des jeunes arbres pour la construction et le chauffage.

L'inexistence de ces plantations n'a pas affecté que l'environnement et le climat, elle a aussi réduit au chômage la grande majorité des paysans au chômage, car chaque plantation employait les filles, les garçons et les hommes dans la cueillette, le traitement ou l'usinage et l'expédition du thé et du quinquina. Toutes ces entreprises utilisaient des hommes et des femmes à tous les âges au-delà de 10 ans dans des travaux divers : défrichage, labour, piquetage, cueillette, écorçage, usinage, emballage, chargement, déchargement, bureaucratie, entretien, lavage, cuisine, maintenance des machines. Bref, à chaque âge et à chaque niveau, il y avait des prestations spécifiques.

On retiendra cependant que rares étaient les femmes mariées qui travaillaient dans les plantations, leurs rôles se limitant principalement à la maternité, à la garderie des enfants, aux travaux des champs, de ménages (champs, puisage, cuisine, soins des enfants, du mari, du petit bétail (chèvres, moutons, porcs, lapins, cobayes, le soins de la vache étant réservé à l'homme) et de la volaille, à l' entretien de la cour et de la maison, etc.

C'est la femme aux mille bras, infatigable et jamais tolérée lorsqu'elle se sent fatiguée. Même porteuse d'une grossesse de neuf mois, elle se déploie avec témérité et personne ne prend conscience de son fardeau ni ne cherche à la relayer. Enceinte, bébé en bandoulière, on la voit avec une cruche ou un faisceau de bois sur la tête, un enfant dans une main et peut-être une chèvre dans une autre. Jamais lassée au cours de la journée, elle puise, pile, cuisine le soir sous une fumée étourdissante, partage le repas pour finir par entretenir son mari et se réveiller la première le lendemain pour se remettre ainsi dans le cycle de sa vie ordinaire.

Discours 2 : Dépravation des moeurs

Deux facteurs contribuent à la dépravation des moeurs en chefferie de Ngweshe : la pauvreté et le contact avec le monde environnant.

La pauvreté a conduit pas mal de filles et femmes à la prostitution. Les centres commerciaux de Butuza, Nzibira, Walungu, Mugogo, Kamanyola, Kankinda, Nyangezi sont des bastions de la prostitution. A travers les villages, rare est cette fille qui se méfie de cet homme qui lui propose un peu d'argent comme prix de son sexe. Chez les femmes mariées, si les cas d'infidélité sont clandestins, mais ils s'avèrent réels surtout chez les jeunes femmes. Nos enquêtes démontrent que sur cent femmes mariées, interrogées d'avoir connu ou désiré connaître un autre homme que son mari, 52 pour cent ont répondu par l'affirmative. Il n'y a pas que la pauvreté qui influence l'infidélité des femmes. L'absence prolongé du mari y est pour beaucoup et l'imitation ou la compagnie. L'infidélité, à travers les villages, est commise plus avec les hommes d'Eglises, les commerçants et d'autres hommes aux statuts émergents.

Les divers contacts avec l'étranger par rapport au village ont favorisé aussi des contacts sexuels et des comportements déviants. C'est le cas des femmes et des filles qui, pour s'être déplacées de leur milieu, en revenant, elles adoptent un comportement tout autre. Il s'agit principalement des contacts opérés dans des centres urbains, dans des points chaux de la chefferie et dans les carrés miniers. Chez les garçons et les hommes, les contacts avec l'étranger et l'avènement des hutus rwandais et de plusieurs milices et bandes armées ont favorisé le banditisme et le viol. Nous retiendrons, cependant que des cas de banditisme, de vol et de viols existaient bien avant au sein de la chefferie, mais l'ampleur n'était aussi grande qu'actuellement. C'était des faits bénins, très irréguliers et presque spécifiques à une contrée. D'ailleurs, la case du mushi n'était pas fermée la nuit comme le jour. A ce jour, les cas de banditisme, de vol et des viols ont tendance à se généraliser, à être très récurrents et tendent à n'épargner personne. Le vol a évolué du vol simple jusqu'au vol à mains armées. Il en est du même du viol. Jadis, les cas des viols ne s'étaient jamais connus sur de petites filles tout comme le meurtre ne concernait pas de petits enfants.

Au-delà des cas précités d'antivaleurs, retenons que la notion de respect tend à se fragiliser manifestement. Les jeunes respectent moins les adultes, les femmes respectent très manifestement moins leurs maris alors que jadis, chez les bashi, l'homme était pour la femme un « petit dieu », «  un roi  ». La femme appelait son mari « Nnahamwirhu », « Nnahano », c'est-à-dire, le responsable de notre domaine, notre seigneur, notre roi, au même titre que les bashi appellent le roi et Dieu « Nnahamirhu ». Le respect entre administrés et les chefs locaux s'est effrité.

Le mwami ou le chef du village ne disposent plus du même respect dont ils méritaient jadis, alors que le respect envers le mwami était sacré par le principe suivant : « owajacire mwami arhund'enda nkalurhanda », c'est-à dire que « quiconque injurierait le mwami aurait un ventre aussi enflé qu'un panier ». En fait, pour le mushi, quiconque lui était supérieur, était pour lui un « roi » et il lui devait, par conséquent, du respect absolu. Les instances de la formation, de la socialisation et d'éducation du mushi de Ngweshe étaient, au départ, la Famille et la Case des sages « ngombe » puis, l'Ecole et l'Eglise.

La question que nous devons nous poser, à ce jour, est de savoir qu'est devenue cette Famille, cette Ecole et cette Eglise dont les initiés ne reflètent que peu de valeurs morales et humaines. Le tout repose sur le manque de modèles à tous les niveaux.

La perte de l'autorité parentale a plongé la famille dans une forme de cataclysme ; l'école, elle-même, n'est plus un lieu d'excellence. Fraude, tricherie, corruption, monnayage des points, relations sexuelles inappropriées, enseignements superficiels, tribalisme, « chasse » des enfants (exclusions intempestives des enfants de la classe pour les contraindre de s'acquitter des frais scolaires) et bien d'autres méfaits caractérisent l'enseignement actuel à Ngweshe, en particulier et en RDC en général. L'enseignant n'est plus le modèle de la société, l'homme d'Eglise non plus, car l'Eglise est rongée par les mêmes vices et perversités qu'on retrouve dans les écoles et chez les charlatans. Certaines Eglises, d'ailleurs, ont été conçues comme des véritables lieux des business ; d'autres ont dérayé de leur mission suite au goût de lucre, de l'argent et du sexe. L'administration est pourrie, la police et l'armée corrompues et impitoyables, la justice est commercialisée: c'est la loi du plus fort qui domine dans tout règlement des différends entre individus sociaux.

Au vu de ce tableau ainsi peint lugubrement, où trouvera-t-on formé cet homme qui incarne des valeurs sociales, le modèle de la société  et qui amènera la famille à se transformer positivement. Il y a donc une crise profonde au sein de la famille. Il faut initier, à la base, des mécanismes tendant à restaurer l'harmonie au sein des familles et par ricochet au sein de toute la chefferie, car une communauté n'est que ce sont ses familles, la famille étant le moteur de la vie humaine.

Mais quelles que soient les défaillances actuelles de l'Etat congolais, nous devons compter sur lui et l'encourager à faire mieux, car comme l'estime François de Singly, « le rôle de l'Etat n'a rien de négatif. Il tend à assurer l'individualisation la plus complète (...) bien qu'il soit le tyran de l'individu, c'est lui qui rachète l'individu de la société »113(*). A ce propos, Singly donne un exemple frappant de la France dans la formation de la famille moderne :

· Au niveau juridique, avec des décisions renforçant l'individualisation de la femme vis-à-vis de son mari. Peuvent être citées les lois sur la contraception, l'interruption volontaire de la grossesse, le divorce ;

· Au niveau économique, avec des mesures qui, soit desserrent la dépendance vis-à-vis de la parenté, soit gèrent les effets négatifs de la séparation : par exemple la sécurité sociale, les retraites, l'allocation au parent isolé ;

· Au niveau politique, avec les mesures dessinant des frontières à l'individualisation des adultes en tant que parent. On peut citer la médiation familiale, l'attention portée à la bientraitance, l'apprentissage des parents à être parents, l'autorité parentale114(*).

Si nous nous remettons ne fut- ce qu'à la dernière mesure prise par la France à l'égard de ses familles, celle d'assurer la bientraitance aux familles, l'apprentissage des parents à être parent et établir l'autorité parentale, nous constatons que nous sommes encore loin d'avoir des familles stables en RDC en général et en chefferie de Ngweshe en particulier. Nos familles évoluent comme des électrons libres. Le jeune homme congolais se marie à l'âge très jeune et n'est juste conscient du simple fait qu'il est marié. Quant à maitriser le poids de son fardeau, il n'en sait rien. Seuls les événements et les aléas de la vie l'orientent vers des actions auxquelles il n'est pas du tout préparé. L'Etat congolais a donc cette mission d'être plus responsable dans le comportement, l'équilibre et la dynamique des familles.

En effet, « il est communément reconnu à l'Etat moderne six fonctions régaliennes qui sont les suivantes : politique étrangère, sécurité, sécurité des biens et des personnes, respect du droit et imposition de la justice, éducation et santé ».115(*)

La protection l'encadrement de la famille par l'Etat s'inscrit ainsi dans les fonctions régaliennes à tous les niveaux. « L'Etat est censé assurer aux citoyens la sécurité, la santé et l'éducation, les bons services de base, la création et l' entretien des infrastructures, la création des conditions optimales de l'emploi ».116(*) La famille ne peut jouer pleinement ses fonctions et se transformer positivement que lorsque l'Etat joue convenablement ses fonctions.

Discours 3 : Paupérisation et acculturation

A travers les lignes précédentes, nous avons évoqué les facteurs qui concourent à la pauvreté des bashi de Ngweshe. Ce sont des facteurs liés au sol, à la gestion du sol, à la mosaïque, au manque d'emploi, à la faible capacité d'initiatives, et nous ajouterons, un certain esprit bébé, attentiste, métaphysique et théologiste qui prend de l'ampleur au sein de la chefferie. A ce jour, les gens ont tendance plus à demander d'être aidés qu'à travailler et produire, à croire à des considérations abstraites et croire que seul Dieu peut tout et qu'à tout moment, grâce à la prière, il peut tout leur donner. Ainsi, ce sont créées des chambres de prières où l'on veille nuit et jour à l'attente de la bénédiction divine. Toutefois, nous ne fustigeons pas les efforts entrepris par les habitants et desquels dépend leur existence. On l'encouragera à plus de créativité et inventivité.

Nous pensons que seul le travail axé sur une vision développementaliste et fait avec rationalité et courage pourra aider nos familles à s'acquitter honorablement de leur mission et permettre à toute la RDC d'asseoir son historicité ou sa capacité transformatrice.

Dans sa dynamique ordinaire liée aux époques et aux contacts d'avec d'autres cultures, la famille de Ngweshe a perdu certaines de ses valeurs, c'est le cas de la solidarité, la cohésion et l'esprit de communauté. La famille de Ngweshe, à l'instar de toute famille moderne a opté pour l'individualisme.

A ce sujet, F. Singly, citant Durkheim, estime que «  la famille moderne est un groupe avec des membres dont l'individualité est plus grande qu'antérieurement. Ces divergences individuelles s'accentuent, se consolident, et comme elles sont le bien de la personnalité individuelle, celle-ci va nécessairement en se développant. Chacun prend davantage sa physionomie propre, sa manière personnelle de sentir et de penser. Cette individualisation des membres de la famille limite le communisme familial puisque ce dernier suppose au contraire l'identité, la fusion de toutes les consciences au sein d'une même conscience commune qui les embrasse. Pour l'exprimer autrement au sein de la famille, chacun des membres est moins défini exclusivement par sa place qu'en tant qu'individu ou sujet.

Par la division du travail, par la croissance urbaine, la famille est contrainte de se transformer pour permettre à ses membres d'exprimer leur physionomie propre. Durkheim anticipe ce qui ne se mettra en place que plus tard, à savoir une psychologisation des relations. L'indépendance et l'autonomie de l'individu, libéré en partie des contraintes propres à la logique d'une famille plus communautaire ont des effets importants sur le fonctionnement interne du groupe domestique ».117(*)

Ainsi, nos familles sont invitées à plus de responsabilité, à orienter le changement et non pas le subir. Bien que la contrainte de l'individualisation de la famille s'impose selon Durkheim, il faut ne pas arriver à une individualisation absolue. D'ailleurs, cela se fait remarquer dans bien des circonstances chez-nous : mariages, deuils. Mais nous ne serons pas dupes, les invitations à des mariages sont presque payées et n'y sont conviées que les personnes ayant souscrit leurs cotisations. C'est dire que dans la dynamique actuelle, cette individualisation de la famille est entrain de se mettre réellement en place. On va au deuil plus chez le riche que chez le pauvre, et donc par effet d'intérêt.

Discours 4 : Cohésion sociale et recherche des solutions durables.

Ce discours émane des organisations de la société civile de Ngweshe. Elles se reconnaissent de s'être investies dans l'organisation des masses. On a su regrouper la population en de petites associations : associations des femmes, des jeunes, des veuves, des enseignants, mais sans avoir une coordination cohérente. Ainsi, chaque association établie a presque évolué en vase clos, chacune cherchait à trouver l'information et la conserver très discrètement. Cette discrétion est due au fait que les associations sont dans une compétitivité de trouver les bailleurs des fonds et chacune voudrait en avoir autant que cela est possible.

Tout compte fait, l'avènement des associations n'avait pas soudé les divers groupes de la communauté, bien au contraire, l'on a constaté que certaines d'entre elles ont plus développé l'esprit de haine au détriment de l'amour et la concorde qui devait caractériser les différents groupes. Bien d'animateurs des associations se sont désolidarisés avec leurs membres à l'acquisition du financement et ont fissuré ainsi leurs organisations si pas les disloquer ou les dissoudre complètement. Elles furent ainsi des cadres des conflits et des querelles, ce qui ne permit pas de réaliser les objectifs qu'on s'était fixés et d'affiner les stratégies d'actions, parce qu'en plein cours d'exercice, la mission s'effritait.

Bien plus, ces associations, au vu de leurs façons de fonctionner, pouvaient pas initier des projets durables ni encore moins, s'ils étaient ainsi conçus, les réaliser. D'ailleurs avec les guerres à répétition qui ont sévi la chefferie, les bailleurs des fonds ont privilégié ce qu'ils ont appelé des projets d'urgence. Ce discours paraît vraissemblement très archémique, ces locuteurs voudraient justifier leur état, mais nous estimons qu'il faut repenser la mission, les stratégies et le fonctionnement des organisations de chez-nous.

Discours 5 : Evangélisation et perte des antivaleurs

En Territoire de Walungu (comprenant les chefferies de Ngweshe et Kaziba), l'évangélisation catholique qui fut la toute première a commencé par le groupement de Nyangezi (Karhongo). Les missionnaires blancs belges s'installent à Nyangezi en 1906 et y fondent la première paroisse catholique au Sud-Kivu. Une seconde paroisse verra le jour à Burhale en 1921. Les tout premiers missionnaires vont s'atteler à combattre l'animisme et convertir tout le monde au christianisme, c'est-à-dire, amener tout le monde à devenir chrétien et le tirer ainsi du gouffre du paganisme. Ainsi, débutent l'enseignement du catéchisme et l'alphabétisation. La tache a été ardue pour ces premiers missionnaires, car ce fut un processus de lavage et d'une désacculturation systématique d'un homme fermement encré dans sa culture. Mais l'homme blanc a su s'imposer sur le mushi, l'a endoctriné et l' a embarqué hors de ses convictions. Il va s'observer ainsi des modifications profondes au sein de la famille, notamment le port du nom dont le répondant ne comprend pas le sens, la croyance en un Dieu suprême à qui l'on s'adresse uniquement en langue inconnue du milieu, le latin, à l'époque.

A ce jour, il y a donc plus d'un siècle depuis que l'évangélisation a vu le jour dans le Ngweshe. Quel bilan peut-on faire de cet événement ? Nous pensons que le bilan est globalement positif, malgré quelques failles liées aux comportements des individus, car il faut bien le reconnaitre,90 % de nos dirigeants sont les fruits des Eglises (catholiques, protestantes, kimbanguistes, etc.) mais la corruption, la prédation, la concussion, l'escroquerie, le mensonge et d'autres maux rongent tous les secteurs de la vie.

Nous avons abordé cette question bien auparavant et nous sommes arrivé à nous poser une question très simple, celle de savoir ce que nous serions devenus n'eut- été l'apport de la colonisation et plus spécialement des Eglises. En effet, églises, écoles, hôpitaux, dispensaires, organisations caritatives sont des oeuvres des Eglises.

Nous reconnaîtrons, ainsi, que l'Eglise a formé l'homme de Ngweshe, l'a tiré du néant, mais n'a pas pu en faire un véritable homme, responsable et consciencieux, d'où le défi à relever est encore grand. L'esprit d'attentisme dont fait montre les habitants de notre univers relève exactement de ces aspects liés à l'irresponsabilité et à la mauvaise gestion des ressources humaines, matérielles et financières. C'est ainsi que la pauvreté a élu domicile dans plus de 70 % des familles de Ngweshe. Il s'agit de familles n'ayant pas d' accès facile aux soins de santé, ne pouvant pas manger à leur faim, ne disposant pas d'un habitat convenable, incapables de scolariser leurs enfants et qui comptent beaucoup sur le destin, la bienveillance divine et les miracles plutôt que sur le résultat du travail et des efforts fournis en leur sein. Elles demandent plus qu'elles n'offrent, elles ne sont pas compétitives ni dans la production discursive et encore moins dans la production matérielle.

Pour Georg Simmel, « c'est l'assistance qu'une personne reçoit de la collectivité qui détermine son statut de pauvre, le critère de son appartenance à une strate spécifique de la population, une strate qui est inévitablement dévalorisée puisque définie par sa dépendance à l'égard des autres. Etre assisté, en ce sens, c'est recevoir tout des autres sans pouvoir s'inscrire, du moins dans le court terme, dans une relation de complémentarité et de réciprocité vis-à-vis d'eux. Le pauvre, récipiendaire des secours qui lui sont spécialement destinés, doit accepter de vivre, ne fut- ce que temporairement, avec l'image négative que lui renvoie la société et qu'il finit par intérioriser, de n'être plus utile, de faire partie de ce qu'l'on nomme parfois les indésirables »118(*). (C`est nous qui soulignons, sauf le dernier mot qui a été souligné par l'auteur).

Nos Eglises, et associations de développement sont, à juste titre, restées dans cet état d'« assistées éternelles », il n'y a eu aucune dynamique interne au sein des Eglise et associations de Ngweshe qui prône ou qui a réussi une autoprise en charge réelle ; toute la démarche est tournée vers des aides étrangères. Les projets de développement, qui sont initiés à la base ne concourent que pour un financement étranger et plus spécialement en provenance de l'Europe. C'est pour cette raison, qu'étant restées quémandeurs des financements des européens, ceux-ci, par effet de non réciprocité, nous ont toujours considérés, selon le terme de Simmel, comme des personnes indésirables, des majorités inutiles.

Il faut, donc, une dynamique transformatrice positive de la famille et de lutte contre la pauvreté qui, tenant compte des nos ressources matérielles, humaines, financières et environnementales, repense et construise de nouvelles stratégies de développement autocentré et non extraverti. En effet, au sujet de la pauvreté, le PNUD en collaboration en collaboration avec le Ministère congolais du Plan a mené une brillante étude intitulée « ELIMINER LA PAUVRETE 2015 ». A travers cette étude, on a épinglé, à travers 4114 personnes enquêtées, les principales préoccupations des populations congolaises pour lutter contre la pauvreté telle que cela apparait à travers le tableau ci-dessous :

Tableau n° 20 : Les principales priorités de la population pour lutter contre la pauvreté                           en RD Congo119(*).

N°

Préoccupation

%

1

Approvisionnement en eau potable

43

2

Approvisionnement en électricité

14

3

Construction et équipement des écoles pour les enfants

10

4

Désenclavement de la communauté/développement des transports publics

8

5

Construction et équipement des dispensaires

7

6

Promotion des activités productives /modernisation de l'agriculture et encadrement des paysans

5

7

Alphabétisation des adultes

1

8

Approvisionnement des produits de première nécessité

1

9

Amélioration de l'assainissement /préservation de l'environnement

1

10

Lutte contre les violences faites aux femmes

1

11

Lutte contre la corruption

2

12

Lutte contre l'insécurité urbaine et rurale

1

13

Lutte contre l'impunité

1

14

Emploi des jeunes

1

15

Autres à préciser

1

16

Total

100

 

Effectif

4114

             Source : RDC, Rapport Pays 2010, Eliminer pauvreté 2015, c'est possible

Commentaire

Avant d'ajouter un complément de commentaire à celui de ceux qui ont produit ce rapport, nous donnons en toute honnêteté le leur. Ils estiment que : « la situation sanitaire est préoccupante : l'espérance de vie à la naissance est très faible (45 ans), les hôpitaux sont souvent dépourvus des équipements indispensables et des médicaments nécessaires pour les soins élémentaires. En conséquence, de plus en plus des malades recourent à l'automédication ou à la médecine traditionnelle. La sécurité alimentaire n'est pas garantie et la malnutrition sévit, plus particulièrement dans les provinces touchées par la guerre.

De nombreux enfants d'âge scolaire ne sont pas scolarisés et les discriminations en défaveur des filles persistent surtout en milieu rural. L'enseignement est intégralement à charge des parents, dont les revenus se sont fortement amenuisés. L'accès aux autres services publics tels que l'eau potable, l'électricité, l'assainissement, le transport, est en constante régression. L'accès au logement est lui-même de plus en plus précaire surtout dans les centres urbains à cause d'une offre d'hébergement insuffisant en quantité et qualité des logements accessibles aux catégories défavorisées de la population »120(*).

Nous estimons que ces éléments tels repris ici dans ce rapport sont valables en ce sens qu'ils justifient l'exacerbation de la pauvreté des populations congolaises et par surcroît le déséquilibre des familles au sein de la République Démocratique du Congo en général et de la Chefferie de Ngweshe en particulier. Néanmoins, le Gouvernement en collaboration avec les Nations Unies se sont déterminés à éradiquer ces fléaux dans un projet quinquennal, soit d'ici 2015. Le voeu est noble, très ambitieux, louable et encourageable.

Cependant, à notre niveau, nous pensons que la RDC ne réussira pas à relever tant de défis tant qu'elle n'aura pas réussi à éduquer le congolais sur le plan civique, sur le respect et l'appropriation des biens communs, sur la rationalité comme mode et de comportement et de gestion des biens tant privés que communautaires et publics.

Or, le rapport semble avoir fustigé cet aspect qui, du reste est très fondamental même si le rapport relève la notion de la corruption qui gangrène le pays, mais les auteurs ne donnent ni les facteurs ni, moins encore, les modes et le processus d'éradication. Outre cet aspect fondamentalement nécessaire pour bâtir une nation, le rapport ne met pas l'accent sur la notion du travail qui doit être sacré et identifié à travers toutes les strates sociales raisonnables.

En effet, dans une étude réalisée par le Gouvernement de la Province du Sud-Kivu en 2011, il s'avère qu'il y a un déficit des besoins alimentaires pour les populations de la province. Comment pourra-t-on combler ce déficit si la population ne se met pas manifestement au travail ? Comment créer une adéquation entre la population et les ressources nécessaires pour sa survie ?

Voici comment le rapport illustre cette situation peu convenable pour la survie des populations du Sud-Kivu en général et de Ngweshe en particulier.

Tableau n° 21 : Besoins alimentaires dans la Province du Sud-Kivu121(*)

Spéculation

Besoins (tonnes)

Production (en tonnes)

Ecart en tonnes

 

1. Mais

258 696

89 967

-168 729

2

Manioc

233 513

208 243

-25 269

3

Riz

130 493

1119

-129 374

4

Haricot

155 676

65 338

-90 338

5

Arachide/amarante

107 599

15 681

-91918

 

Total

885 977

380 348

-505 629

        Source : Inspection provinciale de l'Agriculture, Elevage et Pêche/Sud-Kivu.

Figure n° 10, 11 et 12 : les besoins alimentaires dans la Province du Sud-Kivu

Que pouvons-nous retenir de ces données ?

Au vu de ces données, il est clair que la situation alimentaire est chaotique. L'écart des productions par rapport aux besoins alimentaires est de 57 %, ce qui revient à dire que la production agricole n'atteint que 47 % de la population. Que devient en ce moment là la portion majoritaire ? Il s'opère automatiquement un partage. Toute la population du Sud-Kivu ne satisfait ses besoins alimentaires qu'à 47%. Cette insuffisance entraîne, certes, des répercussions néfastes sur la population, c'est entre autres la malnutrition, la mortalité infantile, la morbidité facile et récurrente, des pathologies sociales telles que : la prostitution des mineures, l'abandon de la famille, les enfants de la rue et ceux dans la rue, le vol, l'escroquerie, l'extorsion, etc.

Pour combattre ces fléaux, il faut un travail assidu et rationnalisé, il faut procéder à la redistribution des terres en milieu rural et plus particulièrement à Ngweshe où le paysan moyen n'a plus que peu de terres cultivables. La gestion des marais devrait être repensée et ceux-ci devraient être saisonnièrement drainés afin d'accéder à leur exploitation et production maximales. Il faut, ensuite, mettre sur pied une politique agricole adéquate fondée sur la révision des modes culturales ; disponibiliser les semences améliorées ; former régulièrement les paysans ; créer des coopératives et diversifier des écoles agricoles.

Discours 6. Dynamique de changement social sur base des projets conçus et exécutés collectivement.

Ce discours est une émanation des associations de la société civile engagées dans la dynamique de la transformation positive du vécu quotidien et donc, par ricochet, dans la recherche de l'équilibre familial. En effet, les ONG et associations de développement initient des projets sur base de problèmes observés et vécus sur le terrain. Elles élaborent un projet qu'elles soumettent aux bailleurs des fonds lesquels financent ou non. Mais, dans la plupart des cas, les bailleurs des fonds sélectionnent les partenaires sur base de leurs domaines d'interventions ou imposent au partenaire le domaine dans lequel il doit s'inscrire pour bénéficier du financement et donc, les ONG locales se conforment plus aux desiderata des bailleurs des fonds qu'à leurs objectifs et les besoins réels de terrain.

C'est ainsi que depuis 2006, beaucoup de partenaires se sont engagés plus dans des projets de lutte contre le VIH/SIDA et la lutte contre les viols et violences sexuels et toutes les organisations récipiendaires de financement se sont enlisées dans ces domaines. On dirait ainsi qu'il n'y a pas à Ngweshe d'associations professionnalisées dans la recherche des solutions aux problèmes locaux, toutes sont inféodées aux désirs des bailleurs des fonds. Nous verrons plus loin ce qui a été réalisé par les organismes onusiens, ONG locales, nationales et internationales.

Il est donc vrai que les interventions des ONG ont été manifestes dans certains domaines et dans certains endroits, mais il faut relativiser le fait que cela ait été conçu ou réalisé collectivement. Pour la plupart des cas, c'est l'intervenant qui, à la phase primaire, commence par cibler un milieu, en identifie un besoin réel pour une ou des catégories de la population, initie un projet sans elle et qui l'exécute avec ou sans elle.

Discours 7. Démocratisation et reconstruction du pays grâce au bon sens du politique

Les leaders politiques et les officiels contactés estiment que «  l'Etat a beaucoup fait pour le bien-être de ses citoyens compte tenu de la large trajectoire que le pays venait de traverser : des élections libres et démocratiques ont été organisées, des routes, des écoles, des centres de santé construits ou réhabilités, des fonctionnaires et agents de l'Etat mieux payés qu'auparavant ». (Sic)

Certes, certains de ces aspects demeurent réels, mais cela n'est pas sans critique, car l'Etat n'a pas tenu globalement ses promesses :

Primo, les élections municipales et locales desquelles devaient provenir des représentants du peuple à la base n'ont jamais eu lieu depuis 2006 (nous sommes en 2012) alors que la première législature d'avec laquelle elles devaient être presque couplées vient de se terminer. La chefferie de Ngweshe, comme d'autres chefferies du pays, n'a pas d'assemblée locale ;

Secundo, on peut tout faire, construire de grands édifices, des routes, ..., mais tant qu'on n'a pas construit l'homme juste et rationnel, respectueux de lui-même, des autres, des biens publics, tant qu'on n'a pas institué des mesures absolues de sécurité permanente des personnes et des biens, une justice pour tous, toute oeuvre humaine ne servirait qu'à rien.

Or, c'est à ce niveau que tout semble capoter. La corruption a élu domicile dans tout le pays et dans tous les secteurs, l'immoralité ne semble gêner personne. Les antivaleurs prennent le dessus sur les valeurs. Partout, on vole, on triche, on pille, on s'approprie sans vergogne les biens de l'Etat. Malade, écolier, prisonnier, subissent le fouet pécuniaire.

Pour exemple, dans une conférence que nous avons tenue, le 6/12/2011, au siège de la chefferie à Walungu sur « la dynamique familiale dans un processus démocratique », les participants demandent au Commandant de la Police présent à ces assises, de leur parler de « frais de remise de nourriture » aux détenus qu'exigent inlassablement ses policiers commis à la garde des prisons de Ngweshe. Ce dernier répond, par exclamation, que si l'on ne dénonce pas, la situation ne pourra que continuer. Alors, cette question n'était-elle pas vraiment une dénonciation ? Encore qu'elle n'ait pas été la première qu'il eut entendue.

Comme dit plus haut, il conviendrait pour tout congolais des séances de nationalisme et de civisme. Construire un Etat, c'est d'abord et surtout construire l'homme rationnel.

Tertio, le programme du Chef de l'Etat et de son Gouvernement fondé sur les cinq chantiers (Infrastructures, Eau et Electricité, Emploi, Logement, Santé et Education) n'a été qu'un voeu pieux, bien qu'il y ait eu quelques bribes de réalisations dans le domaine des infrastructures. Pour mémoire, voici ce qu'envisageait le Programme dit des Cinq chantiers  à travers le financement de la Chine :

Tableau n° 22 : Liste des travaux des infrastructures financés par la Chine en RDC en                          2006

N°1

PROJET DES CHEMINS DE FER

LONGUEUR EN Kms

Genre des travaux

 

1

Tenke-Kolwezi-Dilolo

 

Réhabilitation et construction

 

2

Sakania-Lubumbashi-Sakania

1 833

Modernisation

 

3

Kinshasa-Matadi

365

Modernisation

 

4

Ilebo - Kinshasa

1 015

Construction

N°2

 

PROJET ROUTES

 
 
 
 

CONSTRUCTION ROUTES BITUMEES

 
 
 

1

Kasindi-Beni-Komanda-Niama

520

Construction

 

2

Komanda- Bunia

7

Construction

 

3

Lubumbashi-Kasomeno-Kasenga

1015

Construction

 

4

Kasomeno-Pweto

336

Construction

 

5

Bukavu - Kamanyola

55

construction

 

6

Likasi - Kwolwezi

180

Construction

 

7

Brelelie - Moba

462

Construction

 

8

Pweto - Kalemie - Fizi

730

Construction

 

9

Bukavu - Goma- Beni

590

Construction

 

10

Nania - Bafaswende - Kisangani

363

Construction

 
 

REHABILITATION DES ROUTES ASPHALTEES

 
 
 

11

Matadi - Boma

135

Réhabilitation

 

12

Uvira - Kamanyola

85

Réhabilitation

 

13

Moanda - Banana

09

Réhabilitation

 

14

Mbujimayi - Mweneditu

135

Réhabilitation

 

15

Kananga - Mbujimayi - Kasongo - Kindu

887

Réhabilitation

 

16

Kolwezi - Kasaji - Dilolo

426

Réhabilitation

 

17

Dilolo-Sandoa-Kapanga-Kananga

709

Réhabilitation

 

18

Kasaji - Sandoa

139

Réhabilitation

 

19

Boma - Moanda - Yema

125

Réhabilitation

 

20

Ninia - Isiro

232

Réhabilitation

N°3

 

PROJETS VOIRIE URBAINES

 
 
 

1

Ville de Kinshasa

 

Réhabilitation

 

2

Autres villes

Toutes

Réhabilitation

N°4

 

CONSTRUCTION ET EQUIPEMENT DES HOPITAUX

 
 
 

1

10 Hôpitaux et 150 lits par province

 

Construction

 

2

Hôpital centre de Kinshasa

 

Construction

N°5

 

ENERGIE (ELECTRICITE)

 
 
 

1.

Barrage hydroélectrique de Katende (Kas. Occ.)

 

Construction

 

2.

Barrage hydroélectrique de Kakobola (Bandundu)

 

Construction

 

3.

Réseau de distribution électrique de Kinshasa

 

Réhabilitation

 

4

Réseau de distribution électrique de Lubumbashi

 

Réhabilitation

N°6

 

CONSTRUCTION ET REHABILITATION DES CENTRES DE FORMATION AUX METIERS

 

Construction et réhabilitation

N°7

 

HABITAT

 
 
 

1

Construction de 2.000 logements sociaux

 

Construction

 

2

Construction de 3.000 logements sociaux en provinces

 

Construction

N°8

 

CENTRES DE SANTE

 
 
 

1

145 Centres de santé et 50 lits, soit un centre de santé par territoire

 

Construction

N°9

 

CONSTRUCTION DES UNIVERSITES

 
 
 

1

Construction des deux universités modernes

 

Construction

Source : Ministère des infrastructures, travaux publics et infrastructures.

Interprétation :

Ce tableau démontre neuf projets principaux que la Chine voudrait financer en République Démocratique du Congo : il s'agit des chemins de fer, la construction ou la réhabilitation des routes asphaltées ou en en terre, la construction des hôpitaux, des centres de santé, des logements sociaux, des aéroports et ponts, la construction des barrages hydroélectriques, la réhabilitation des réseaux électriques, la construction des universités modernes.

Concrètement, la Chine s'engage, de par le contrat établi entre elle et la RDC, à construire 10.237 Kms de routes ; 3.213 Kms de chemin de fer à réhabiliter ou à moderniser ; 2.518 kms de routes en terre. La Chine va construire 2000 logements sociaux à Kinshasa et 3000 autres dans les provinces ; 10 hôpitaux par provinces d'une capacité de 150 lits et 145 centres de santé ayant chacun la capacité de 50 lits. Il existe d'autres accords entre la RDC et la Chine, mais le plus illustre contrat demeure celui dont nous venons d'esquisser quelques clauses. Vue l'immensité de cet accord, il a été appelé par des observateurs « le contrat du siècle ». On se souviendra que pendant trente ans, la Chine jouira d'une exonération fiscale et de l'exploitation minière en RDC.

Il va sans dire que le projet ne se réalisera pas en cinq ans et que ce contrat s'étendrait sur trente ans. Ce qui est important est que si le projet se fait avec rationalité et que l'administration congolaise se montre compétente dans l'exécution des clauses du contrat, il s'opérera une nouvelle dynamique au sein des familles de la RDC en général, car c'est chaque contrée qui en est bénéficiaire. Plaise à Dieu que ces voeux se réalisent au profit des familles de la RD Congo.

* 112 Dictionnaire Encarta

* 113 F.SINGLY, Sociologie de la famille contemporaine, 3è édition refondue, Paris, Armand     Colin, 2007, p. 57.

* 114. Ibidem.

* 115 CREA (Centre de recherche et de Formation sur l'Etat en Afrique) sous la direction de M.      GALY, E. SANNELLA, Les défis de l'Etat en Afrique, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 38.

* 116 Ibidem.

* 117. F. SINGLY, op. cit., p. 13.

* 118 S. PAUGAM, La pratique de la sociologie, Paris, PUF, 2008, p. 26.

* 119 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, Rapport Pays 2010, Eliminer la pauvreté      2015, C'est possible, Kinshasa, PNUD et Ministère du Plan, 2010, p. 20.

* 120 RDC, Rapport Pays 2010, Eliminer la pauvreté 2015, c'est possible, p.21.

* 121 PROVINCE DU SUD-KIVU, Document de la stratégie de croissance et de réduction de la     pauvreté 2011-2015 de la Province du Sud-Kivu, Bukavu, s.e, septembre , 2011, p. 13.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci