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Efficacité de la production agricole et pauvreté au Cameroun.

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par Elie NGASSEU NOUPIE
Université de Yaoundé 2 Soa - MASTER2 EN ECONOMIE 2013
  

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Section 2 : La notion de pauvreté et lien entre productivité et pauvreté

Dans cette section, nous explorons les différents contours du concept de pauvreté, avant de passer en revue les notions de pauvreté absolue, pauvreté relative et de pauvreté subjective dans un premier temps et dans un second temps nous parlerons du lien entre productivité et pauvreté.

2.1. La notion de pauvreté

2.1.1 Cadre conceptuel de la pauvreté

Dans la littérature, les fondements philosophiques du concept de pauvreté sont nombreux et fournissent plusieurs façons pour définir la pauvreté. Deux principales écoles se sont ainsi fondées : l'école welfariste et l'école non welfariste. Cette dernière école se subdivise en deux approches à savoir l'approche des besoins et l'approche des capacités. Notons ainsi que chaque école conduit à une identification différente des pauvres et a ses recommandations en matière d'allègement de la pauvreté.

A) L'école welfariste

Encore appelée approche utilitariste, l'approche des welfaristes proposée par l'école néoclassique (Yaya Koloma, 2008), prend appui sur une théorie de la microéconomie classique. Elle se base sur une théorie du bien-être, définie par les néoclassiques. Les welfaristes assimilent donc le bien être à l'utilité ; utilité générée par la consommation totale. Cette approche est associée au niveau des revenus ou des dépenses de consommation des personnes. Dit autrement, cette approche est fondée sur une fonction d'utilité définie sur

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Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie

l'ensemble des biens et services capables de rendre compte des préférences des choix de chaque individu pour des ensembles alternatifs de biens et de services de consommation. Le consommateur retire une utilité qui est fonction du type et de la qualité des biens consommés d'une part et d'autre part de ses caractéristiques.

Cette approche présente des limites importantes21 : elle sous-tend une conception trop étroite du bien-être (Lachaud, 1998 ; Deaton, 200322) et fait abstraction de certains facteurs qui ont vraisemblablement une utilité23 dont la valeur n'est toutefois pas quantifiable, lorsqu'elle ne manifeste pas dans le comportement de consommation, comme les biens non marchand et les aspects non matériel de la condition humaine (Ravallion,1996 ; Deaton et Muellbauer,1980). En outre, considérer le revenu comme seul moyen de ciblage des pauvres réduit l'efficacité des politiques de lutte contre la pauvreté, notamment en asymétrie d'information (Ponty,1998 ; Ayadiet al, 2005). Comme l'a souligné sen(1997), le fait de disposer d'une consommation élevée ne signifie pas toujours qu'on réalise toutes les aspirations-« functionnings »- valorisées par la société dans laquelle on vit et qui sont susceptibles de permettre à un individu de mener une vie descente. De plus, ces mesures ne tiennent pas toujours compte du choix des individus qui peuvent décider de réduire volontairement leurs dépenses de consommation en vue de la satisfaction d'un besoin inobservé. Fort de ce constat, il nous semble utile d'examiner l'autre approche.

B) L'école non welfariste

En nous inspirant de Ravallion (1996), nous pouvons dire qu'à l'opposé de l'école welfariste ou utilitariste, se dresse l'école dite non-utilitariste ou non welfariste. Cette autre approche conventionnelle préconise d'évaluer la pauvreté selon des normes et valeurs non pas propres à chaque individu, mais d'après un contexte social donné. L'approche non-utilitariste, approche normative, a tendance à mettre en valeur l'idée d'un minimum vital pour se nourrir, se vêtir ou se soigner de manière adéquate, selon les normes propres à chaque société. L'approche non-utilitariste qui insiste sur la multi dimensionnalité du bien-être se subdivise

21 En plus de l'hypothèse de comparabilité interindividuelle des préférences (Arrow,1963 ; cité par Ravallion, 1996).

22 « Even if you have enough goods, they are worth little if you are not healthy enough to enjoy them ». (page12).

23 Selon le PNUD (2000, cité par Zerbo [2003] p.4), certains biens ont a la fois une valeur utilitaire directe et une valeur instrumentale dans la réalisation du bien-être : indépendamment de tout autre effet, ils influent directement sur le bien-être, mais sont aussi des moyens d'accès à d'autres biens et peuvent avoir des effets au plan des capacités des individus.

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Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie

en deux approches. Elle peut ainsi être mise en relief en considérant les capacités de l'individu ou ses besoins (Ravallion, 1996).

1. L'approche des besoins de base

Cette approche a été impulsée par le B.I.T dans les années 1970. L'approche non utilitariste fondée sur les besoins de base ou essentiels analyse la pauvreté en fonction des critères de satisfaction ou non de certains besoins essentiels qui sont socialement définis dans chaque société. Par exemple ces besoins essentiels peuvent être : « une alimentation adéquate, une bonne santé, savoir lire et écrire, un logement décent, un bon habillement, etc. ». Nous pouvons donc dire dans le même sillage qu'Asselin et Dauphin (2000), que les pauvres sont ceux qui sont privés d'un ensemble de commodités de base perçues comme préalable à l'atteinte d'une certaine qualité de vie24.

Cette approche qui se veut plus pratique, s'éloigne donc de la conception abstraite (approche welfariste), et favorise des politiques ciblées. Mais malgré son apparente simplicité, sa mise en oeuvre pose des problèmes de définition des besoins essentiels. Par exemple, qu'est-ce qu'une alimentation adéquate ? Quelle est la ration adéquate quantitativement et qualitativement, même au niveau d'une société, en présence notamment de communautés culturellement différentes ? C'est la raison pour laquelle ces besoins sont souvent déterminés de manière exogène, par le planificateur, l'analyste ou les experts (nutritionnistes, physiologistes) indépendamment des perceptions des populations. Une autre difficulté, souvent évoquée, concerne l'agrégation de ces besoins en un indicateur de pauvreté et la subjectivité dans les choix des seuils de pauvreté.

Ainsi, comme le montre, PNUD (2007), sous l'angle des besoins essentiels ou besoins de base, il ne peut y avoir de définition universelle de la pauvreté et par conséquent des critères universels d'identification des pauvres.

2. L'approche des capacités

L'analyse des capacités considère que le type de vie que mène un individu est fonction de ses capacités à bien combiner ses atouts physiques et intellectuels (savoir-faire ou habileté). Cette combinaison permet à chaque individu d'accéder ou non à un minimum vital dans un contexte social (au sens global du terme) et environnemental donné.

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24 Cité par Foko Borel et al,(2006,page5).

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C'est à l'économiste Amartya Sen que l'on doit cette approche25. En effet (Foko Borel et al, 2006), dans les années 1980, Amartya Sen rejeta l'utilité comme l'étalon du bien-être, de même que les formules non utilitaristes basées sur les besoins. Pour lui, le bien-être signifie être bien, être en mesure de vivre longtemps, être bien nourri, être en bonne santé, éduqué, etc. Selon Sen, la valeur du niveau de vie n'a rien à voir avec la possession de biens, c'est la faculté qu'ont les individus de fonctionner26. La pauvreté devant être perçue comme une privation de cette faculté.

La capacité renvoie à la liberté que possède l'individu, étant donné d'une part ses caractéristiques (âge, sexe, ethnie, religion, santé, niveau d'instruction, patrimoine, migrant, etc.) et d'autres part les opportunités qui lui sont offertes par la société (accès à l'emploi, accès aux infrastructures publiques de base, accès au crédit, sécurité, corruption, pratiques discriminatoires, perception des conditions de vie, etc.), de rechercher le bien être : choisir parmi tous ses fonctionnements potentiels, ceux qui vont lui permettre de satisfaire ce qu'il a raison de valoriser. Ces fonctionnements peuvent être des plus simples, comme « se nourrir décemment », ou plus compliqués, comme « vivre une vie digne d'être vécue ». Le bien-être d'un individu est mesuré par l'utilité retirée de ses capacités et des fonctionnements effectivement accomplis. Ainsi, en se focalisant sur les réels moyens que possèdent les individus pour convertir leurs ressources en satisfaction, cette approche élargit l'évaluation du bien-être à des aspects autres que monétaires.

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