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Dette extérieure et fuite des capitaux au Cameroun.

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par Yann Harold NOUNAMO
Université de Yaoundé 2-SOA - Master 2015
  

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Conclusion du chapitre

En définitive, à la lumière de la précédente revue de la littérature, nous pouvons retenir que les auteurs distinguent clairement quatre façons d'associer directement la dette extérieure et la fuite des capitaux : La fuite des capitaux peut découler de la dette extérieure; la dette extérieure peut accélérer la fuite des capitaux; l'emprunt à l'extérieur peut être poussé par la fuite des capitaux; enfin, la fuite des capitaux peut accélérer la dette. D'autres auteurs mettent en relation ces deux concepts à travers l'environnement des affaires et les conditions économiques locales. Au-delà de ces analyses théoriques, les études empiriques montrent que l'augmentation de la dette extérieure peut entrainer la fuite des capitaux et inversement. Bien que certaines travaux (Ajayi, 1997 ; Nyoni, 2000) n'aient trouvé aucun lien entre la dette extérieure et la fuite des capitaux, la plupart des études (Boyce, 1992 ; Beja, 2006 ; Chipalkatti et Rishi, 2001) confirme l'hypothèse de « porte financière tournante » selon laquelle la dette extérieure et la fuite des capitaux s'engendrent réciproquement.

Le caractère mitigé de ces résultats nous amène à explorer la relation entre la dette extérieure et la fuite des capitaux dans le cas particulier du Cameroun. Cela pourrait contribuer à enrichir la littérature sur le sujet étant donné la rareté des études spécifiques à ce pays. Pour analyser cette relation, une méthodologie appropriée est requise. Mais avant, il importe d'observer l'évolution de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun.

CHAPITRE 2 :

EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE ET DE LA FUITE DES CAPITAUX AU CAMEROUN

Comme de nombreux pays en développement en général et en Afrique Sub-Saharienne en particulier, le Cameroun compte sur les entrées de devises pour financer son développement. L'une des principales sources de devises au Cameroun est l'emprunt étranger. C'est depuis 1970 que le Cameroun commence véritablement à s'endetter auprès des institutions financières internationales26(*).

Entre 1970 et 2010, la trajectoire de la courbe de la dette extérieure du Cameroun apparaît erratique. Elle est marquée par une forte croissance entre 1980 et 1997, suivie d'une contraction importante depuis 2000 suite aux mécanismes multilatéraux et bilatéraux d'allègement. De même, les capitaux sortis sur cette période ont connu une tendance similaire, bien que depuis 2002, elle connait une tendance à la baisse probablement avec les mesures mises en place contre la fuite des capitaux.

Ce chapitre a pour objet de présenter l'évolution globale de la dette extérieure et de la fuite des capitaux au Cameroun sur la période 1970 à 2010. Structuré en deux sections : la première offre une présentation de l'évolution globale de la dette extérieure au Cameroun. Nous suivrons tout d'abord l'évolution du stock de la dette et du service de la dette et nous présenterons ensuite l'évolution de deux ratios d'endettement afin d'apprécier la charge de la dette pour le pays. La deuxième section est consacrée, dans un premier temps à l'évolution de la fuite des capitaux en valeur et en pourcentage de la dette extérieure. Dans un second temps, une synthèse des mesures mises sur pied contre la fuite des capitaux au Cameroun et sur le plan international est présentée.

1. EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE AU CAMEROUN

Dans cette section, nous présenterons successivement l'évolution du stock de la dette extérieure, du service de la dette extérieure ainsi que deux ratios d'endettement.

1.1. Evolution du stock de la dette extérieure du Cameroun :

L'évolution globale de la dette extérieure du Cameroun est marquée par une alternance de fortes hausses et baisses en fonction des dates marquantes de son évolution. Nous avons reporté ces dates en annexes (Tableau 2.1). Le graphique qui suit présente l'évolution du stock de la dette extérieure du pays.

Graphique 2.1 : Evolution du stock de la dette extérieure du Cameroun

Source : conçu par l'auteur à partir des données du WDI (2012).

En se focalisant sur la dette extérieure du Cameroun, le constat qui se dégage est qu'elle a historiquement connu une progression constante notamment avec plusieurs chocs d'endettement (Chauvin, 2012). Le premier choc découle d'une politique d'investissement active inhérente à la mise en exploitation des ressources pétrolières découvertes en 1977. Cependant, Jusqu'au début des années 80, le Cameroun pratique une politique d'endettement extérieur modérée (Fambon, 2002).

Le deuxième choc apparait en 1985 et c'est à partir de cette date que l'accroissement de l'endettement extérieur du pays devient considérable. Cet accroissement est dû à la conjonction et la succession de plusieurs facteurs tels que la politique budgétaire expansionniste27(*) mise en oeuvre depuis la fin des années 1970, la détérioration des termes de l'échange28(*), la baisse des recettes d'exportations29(*), l'accumulation d'arriérés externes30(*); ce qui contraint le Cameroun à faire davantage recours aux sources de financements extérieurs. De ce fait, au début des années 1990, la dette extérieure du Cameroun essentiellement publique est supérieure à 50% du PIB (Chauvin, 2012).

La période de 1986-199431(*) met en exergue l'enjeu que représente le secteur pétrolier pour la dynamique de la dette extérieure.  En effet, l'augmentation du cours du baril a permis au prix de pallier la baisse des volumes qui a atteint son maximum en 1985, la dette reste stable. Or dès 1989 à la suite de la baisse des prix, nous observons une rapide augmentation du ratio dette extérieure/PIB (plus de 70 points de pourcentage entre 1986 et 1994).

Le stock de la dette extérieure continue de s'accroitre fortement entre 1993 et 1998 et le choc le plus marquant apparaît en 1994 avec la dévaluation du franc CFA par rapport au franc français. En effet, la dévaluation a réévalué les dettes extérieures car la quasi-totalité des prêts est libellée en devises. Suite à cette dévaluation, la dette extérieure du Cameroun dépassait 100% du PIB. En plus de la dévaluation de 1994, les effets conjugués des nouveaux engagements32(*) de l'Etat et les retards de paiement envers certains créanciers, notamment les pays non participants au Club de Paris33(*) et ceux du Club de Londres34(*) expliquent aussi l'accroissement du stock de la dette extérieure du Cameroun à partir de 1993 (Fambon, 2002).

En décembre 2000, le Cameroun bénéficie de la réduction de sa dette extérieure au titre de l'Initiative Renforcée en faveur des PPTE35(*). Ceci est suivi d'un passage au Club de Paris et d'un rééchelonnement/annulation de sa dette bilatérale aux conditions de Cologne par décision des Conseils d'administration du FMI et de la Banque mondiale. Ainsi, suite aux annulations de dette obtenues dans le cadre de l'initiative IADM/PPTE, l'endettement extérieur du Cameroun s'est fortement réduit ; il se situe à 13,51% du PIB en 201036(*).

En plus de l'IADM/PPTE, la baisse du niveau d'endettement s'explique par les mesures mises en place entre la France et le Cameroun à travers le programme D (Contrat de Désendettement et de Développement). En effet, le D constitue pour le Cameroun le plus important programme d'annulation et de reconversion de sa dette extérieure. Au travers de ce mécanisme, la France a décidé d'un effort bilatéral additionnel à l'initiative multilatérale d'allègement de la dette des PPTE. En pratique, le pays continue d'honorer sa dette mais, aussitôt le remboursement constaté, la France reverse la somme correspondante sous forme de dons pour qu'elle soit affectée à des programmes de lutte contre la pauvreté sélectionnés d'un commun accord avec le Cameroun37(*).

Les montants mobilisés sont considérables  avec 566 Milliards de F CFA mobilisés38(*), soit 863,6 millions d'euros pour la période 2006-2016. Le premier D a été signé le 22 juin 2006 pour cinq années avec un montant de 352 milliards de F CFA, soit 537,6 millions d'euros. Contribuant à la réalisation des OMD, ces financements ont été concentrés sur cinq secteurs prioritaires : éducation de base, santé, agriculture et développement rural, environnement et infrastructures urbaines et routières. S'inscrivant dans la continuité du premier contrat, le second D a été signé le 1er juillet 2011 pour un montant de 214 milliards de F CFA, soit 326 millions d'euros. Couvrant la période 2011-2016, il privilégie les secteurs de l'agriculture et du développement rural, du développement urbain et de la formation professionnelle. A côté de cette évolution du stock de la dette extérieure, le service de cette dette a également connu une tendance similaire.

* 26 Le premier emprunt officiel du Cameroun enregistré dans le système de gestion de la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA) date de 1951, il a été contracté auprès de la Caisse Centrale de Coopération Economique(CCCE) devenue aujourd'hui Agence Française de Développement(AFD) et consacré au projet de construction de la centrale hydroélectrique d'Edéa. Le deuxième a lieu en 1960 avec quatre prêts en vigueur et contractés auprès de l'AFD destinés au développement énergétique. Enfin, en 1970, 18 prêts contractés pour un montant total de 20 milliards de FCFA auprès des bailleurs de fonds bilatéraux (France, Allemagne) et des bailleurs de fonds multilatéraux (CAA, 2015).

* 27 Le budget du Cameroun est passé de 310 milliards de FCFA en 1981/82 à 620 milliards de FCFA en 1984/85. En 1986/87, année de retournement à la baisse de l'activité économique, il était de 800 milliards de FCFA. (TOUNA MAMA, 1996)

* 28L'Afrique Sub-Saharienne et l'Amérique Latine ont enregistré la dégradation la dégradation la plus forte des termes de l'échange au cours des années 80, soit respectivement une baisse de 15 à 13% par rapport aux années 70, du pouvoir d'achat des exportations, traduit en capacité d'acquérir des articles d'importation (CNUCED : `'Rapport sur le Commerce et le Développement'', 1992).

* 29 La dépréciation d'environ 40% du dollar US par rapport au FCFA, monnaie dans laquelle sont libellés les prix des principaux produits d'exportation du pays, a conduit à une baisse des recettes de ceux-ci. Les recettes des produits d'exportations sont ainsi passées de 238,4 milliards de FCFA en 1985/86 à 147,1 milliards de FCFA en 1987/88 (Touna Mama, 1996).

* 30 Pour l'exercice 1991/92, les charges totales dues par le Cameroun au titre du service de la dette extérieure s'élèvent à 525 milliards de FCFA - dont 300 milliards d'arriérés - soit un peu moins que le budget arrêté au titre de l'exercice 1993/94. (Banque Afrique N013629 du 28 janvier 1992).

* 31 Période de crise au Cameroun marquée par des taux de croissance négatifs (Annexes : tableau 2.2).

* 32 Engagement : correspond à la signature du contrat de prêt. Les engagements correspondent à la dette souscrite mais pas encore forcément mobilisée. Source : Glossaire des termes usuels de la dette, CAA-Yaoundé 1998.

* 33Club de Paris : « Cénacle » de créanciers publics, au sein duquel se négocient les réaménagements de dettes.

* 34Club de Londres : « Cénacle » de créanciers privés, généralement les banques commerciales au sein duquel se négocient les réaménagements de dettes.

* 35 Pays Pauvres Très Endettés

* 36 Annexes : Tableau 2.2.

* 37 Source : CAA, Août 2015.

* 38 Source : CAA, Août 2015.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle