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La dynamique du discours nationaliste au Gabon.

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par ADIELA BOUSSOUGOU KASSA
Université Omar Bongo - Master de sociologie 2016
  

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Section II : Des frontières naturelles précoloniales à la division coloniale de l'Afrique

On estime que 70 % des frontières africaines, telles qu'on les connaît aujourd'hui furent définies sans concertation avec les populations concernées, entre la conférence de Berlin et la fin de la première décennie du XXe siècle. Si l'on ne peut établir par le biais d'une lecture mécanique les liaisons dangereuses entre ce découpage colonial et les problématiques actuelles, relatives à l'ethnicité en l'Afrique, il n'en reste pas moins vrai que les États africains ont hérité de frontières marquées du sceau des rivalités et des intérêts des anciennes puissances coloniales, outre la division qu'il opère, arbitrairement entre des nations précoloniales.

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177 In Nze-Nguema, op.cit, p. 58.

178 Ibid.

179 Harris Memel Fotê, cité par A. Mbembe, Les Avatars de l'Etat en Afrique, op.cit. p. 328.

Document 2 : Le partage de l'Afrique180

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1. La répartition territoriale des populations dans la précolonie

La notion de frontière se lit dans la précolonie à travers notamment le concept de territorialité. En effet, nous avons vu supra que l'organisation sociale était fondée sur les infrastructures familiales, claniques et tribales.

La notion de frontière peut donc se résumer à la propriété foncière en Afrique précoloniale. En effet, « la terre est considérée comme un bien collectif, détenu par une communauté souvent confondue avec un lignage et gérée par son chef, détenteur des droits fonciers et des pouvoirs sacrés qui leur sont associés »181. Ce chef veille à la répartition des parcelles entre les membres du lignage qui en ont l'usufruit ; dans la pratique, la mise en valeur garantit et pérennise les droits d'usage individuels.

L'élément numériquement le plus faible, nous rapporte Le Testu, de la répartition territoriale de la population est le village. Cet auteur définit pour des besoins de précisions, le village comme un « Groupe d'habitations contigües »182.

180 Carte de Philippe Rekacewicz in www.towards.be

181 Roland Pourtier, op.cit.

182 Le Testu, op.cit. p.522.

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La composition de cette entité organisationnelle précoloniale est hétéroclite. Le village est, en effet, habité par « une famille, ses alliés, leurs enfants, les enfants des soeurs des uns et des autres, leurs clients ou leurs esclaves, et une proportion infime, des étrangers ». Le nombre est une donnée peu pertinente dans la constitution en village.

Le Testu cite en exemple le recensement de la subdivision de Tchibanga, en l'occurrence celui d'un village de six cases avec onze habitants alors que le village Mbegue, dans la subdivision de Ndendé en comptabilisait en 1994, cent cinq183.

La notion de territorialité est d'autant plus pertinente qu'elle réunit l'ensemble des villages habités par des individus de même tribu. La différence entre le village et la terre tient, au-delà de la superficie, à la temporarité du premier et à la stabilité du second184. La tribu, en effet, n'occupe pas tout entière un territoire continu : les groupes qu'elle englobe sont plus ou moins éloignés les uns des autres, en dehors de la filiation du sang, à la manière indigène, les alliances ont pu créer des relations assez étroites, pour réunir, côte à côte, deux rameaux de tribus différentes.

L'usage nominaliste en vogue dans la précolonie renvoie d'ailleurs, pour expliciter la notion de frontière à l'attachement de la propriété à la tribu. Ainsi, dit-on, « la terre des Bouyala, celle des Bayengé »185.

Les alliances permettent une compréhension plus élargit du territoire. En effet, à ce noyau tribal, les alliances amènent des femmes des tribus différentes. « Les enfants qui naitront de ces unions pourront, ou bien retourner chez leurs parents, ou bien rester au pays de leur père et y créer, sur la terre de celui-ci, des groupes à part »186.

Le Testu nous en donne des exemples : « dans la terre des Bouyala, on trouve un groupe de Bassoumba, un groupe, de Mitchimba, un groupe de Dibamba, les uns et les autres fils de Bouyala ; la terre de Mpokou se partage entre Bamouellé, tribu dominante, et les Baghoyo, tribu agrégée, fille de la précédente »187.

183 Ibid.

184 Ibid. p.526.

185 Ibid.

186 Ibid.

187 Ibid.

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Enfin, pour cerner on ne peut plus mieux la territorialité, il importe in fine d'examiner la notion connexe d'autorité. Dans quelle condition, l'autorité s'exerce à l'intérieur du territoire et comment cette autorité sur un territoire détermine-t-elle la notion de frontière dans la relation aux autres groupes tribaux ?

Le colonialisme a déstabilisé un certain nombre de groupes ethniques en Afrique et cela se fait encore ressentir dans la politique africaine. Avant l'influence européenne, les frontières nationales ne sont pas vraiment un problème, car le territoire d'un groupe ethnique est déjà naturellement défini. L'insistance européenne de tracer des frontières autour des territoires pour les isoler a souvent pour effet de séparer les groupes politiques ou alors de forcer les ennemis traditionnels de vivre côte à côte, sans tampon entre eux. Par exemple, bien que le fleuve Congo semble être une limite géographique naturelle, il y avait des groupes qui vivaient des deux côtés du fleuve mais partageaient une même langue, une même culture ou une autre similitude. Or, la division de la terre s'est faite entre la Belgique et la France, isolant ces groupes les uns des autres.

Avec la colonisation, la notion de propriété privée a introduit une profonde modification du droit. La fiction juridique des « biens vacants et sans maître » a conféré aux États la propriété éminente du sol.

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