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La dynamique du discours nationaliste au Gabon.

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par ADIELA BOUSSOUGOU KASSA
Université Omar Bongo - Master de sociologie 2016
  

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Partie préliminaire : PREALABLES EPISTEMOLOGIQUES ET METHODOLOGIQUES

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SECTION I : Objet et champ de l'étude

1. Le discours nationalitaire comme objet d'étude

Evoquer le discours sur la nationalité nécessite, a priori, une réflexion liminaire sur le substrat qui fonde ce discours, comme d'ailleurs nous l'impose l'historicité de l'ethnicité que nous envisageons à travers la perspective dynamique de ce travail. En effet, le discours nationalitaire se fonde sur le concept de nation, et/ou la notion d'ethnicité.

De façon générale, l'ethnicité est une notion ambiguë. Il est donc essentiel de le définir clairement et précisément, pour montrer sa pertinence heuristique et éviter qu'elle serve de paravent à tous les amalgames. Lato sensu, on peut définir l'identité ethnique comme «...la conscience d'appartenance à un groupe qui se singularise par des pratiques culturelles spécifiques et qui, considérant que cette différence est niée, voit dans les luttes à tous les niveaux une possibilité de déboucher, à terme, sur une société autre où ces différences seraient reconnues »10.

Etymologiquement, la notion d'ethnie vient du Grec Ethnos et se traduit ad litteram par « peuple » ou « nation ». C'est pourquoi, tout en ayant une « préférence » pour le concept de nationalité proposé par Nze-Nguema, nous admettrons, sans illusion, les allusions à la notion d'ethnicité, car ils ont en partage, non seulement le rhizome étymologique, mais aussi des homologies structurales que nous développerons infra.

Que l'on évoque l'un ou l'autre concept, l'acception générique désigne un groupement humain unit par des traits de caractère commun et des éléments de différenciation avec l'altérité. Cette singularité consiste généralement entre autres, en la langue, la culture, l'origine, et l'histoire, etc. Selon les auteurs, quatre indicateurs, dans la structuration de l'identité ethnique permettent d'en rendre compte. Il s'agit en l'occurrence de l'attribution catégorielle, la notion de frontière (ou de limite), l'origine commune et la saillance11.

Le premier élément est l'attribution catégorielle parce que l'identité ethnique est une structure hétérogène qui se construit dans la relation entre la catégorisation par les autres et l'identification à un groupe particulier.

10 D. Fabre « Les minorités nationales en pays industrialisés », in L'anthropologie en France. Situation actuelle et avenir, (sous la dir. Condominas et Dreyfus-Gamelon), Paris, Ed. du CNRS, 1979, p. 293

11 Lire G. Ferréol, G. Jucquois (Dir), Dictionnaire de l'altérité et des relations interculturelles. Paris, Armand

Colin, coll. « Dictionnaire », 2005, P. 126.

Le deuxième élément, la notion de frontière, réalise la fonction de la différenciation : d'une part, l'identité ethnique ne peut exister sans séparation avec des non-membres, sans référence à une altérité et d'autre part, la pérennité des groupes tient à l'existence de ces frontières, indépendamment des changements au sein de la culture.

L'origine commune est la troisième composante. Il s'agit : de la langue, du territoire, de la religion, de la couleur, tous ces éléments sont naturalisés par l'idée d'une origine commune.

La notion de saillance enfin, rend compte des processus par lesquels l'ethnicité est mise en relief dans l'interaction. Elle sous-entend qu'il existe d'autres modes d'identification possible, d'autres « cercles d'appartenance ». Un individu peut mettre en avant l'un ou l'autre mode selon la situation dans laquelle il est placé. S'il choisit de valoriser son identité ethnique, il pourra utiliser ses caractéristiques distinctives, son aspect extérieur (vêtement particulier, port de barbe etc.). Par ces caractéristiques, l'individu exprimera solidarité ou distance sociale, ou encore il cherchera à recueillir des avantages.

Saillance qui doit d'ailleurs beaucoup à N. Poulantzas et à son concept de conjoncture en tant qu' « objet spécifique de la pratique politique (...) et lieu privilégié où se réfléchit l'individualité historique toujours singulière d'une formation sociale »12.

Le contour par cette digression nous permet de présenter proprement notre objet d'étude, avant de plancher sur les tentatives de réponses. Notre propos introductif proposait en lecture, plusieurs illustrations du discours nationalitaire. Une sociologie du discours nationalitaire est autant une sociologie des représentations que les acteurs se font de la nation, sur les structures et les enjeux aussi, qui promeuvent ce discours.

Nous voulons comprendre ici, et expliquer comment fonctionne le discours nationalitaire. Sur quel substrat le discours nationalitaire puise-t-il son contenu ?

L'identité désigne lato sensu, la conscience que les acteurs ont d'appartenir à un groupe humain différent des autres et de s'en revendiquer. Cependant, la non-réalité13 qui la sous-tend, et le fait qu'elle n'ait «pas de nature, mais seulement des usages»14 , induisent d'en appréhender

12 N. Poulantzas, Pouvoirs politique et classes sociales de l'état capitaliste, Paris, Maspero, 1968. P. 99.

13 S. Amin, La faillite du développement en Afrique et dans le tiers monde, Paris, L'Harmattan, 1989, p.144.

14 B. Lepetit, « Histoire des pratiques, pratique de l'histoire », dans Les Formes de l'expérience. Une autre histoire sociale, B. Lepetit (dir.) Paris, 1995. P.39.

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essentiellement, les manifestations, à travers, le discours des acteurs, car ses effets seuls sont tangibles15.

Nous entendons donc par l'identité nationale, une forme d'identité collective, orientée vers le passé que se représente la mémoire collective, une histoire mythique ou du moins légendaire dans laquelle certains souvenirs deviennent des symboles de ces significations imaginaires sociales.

Quant au discours nationalitaire, tel qu'identifié au Gabon et eu égard à ce qui précède, c'est un discours sur l'identité, fondé sur un substrat socio-historique dont les références à des contenus mythiques et/ou idéologiques consistent, soit à majorer sa nationalité, soit à péjorer celle de l'altérité. Le discours nationalitaire est une production sociale qui résulte d'une distinction d'ordre symbolique dont la finalité est de permettre une valorisation, parce qu'elle a des intérêts économiques, politiques ou des bénéfices psychologiques, entre autres.

Le présent propos s'attache à rendre compte de l'évolution sur la longue durée historique du discours sur la nationalité. Il consiste essentiellement à analyser de façon descriptive, l'évolution du discours sur l'identité nationale au Gabon. Discours qui implique l'ethnie, entant que forme élémentaire d'organisation politique mais aussi l'Etat entant structure politique moderne.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld