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Enjeux des nouvelles pratiques religieuses dans l’église catholique romaine à  Cotonou.


par Yaovi Martin CAPO
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise en Sociologie-Anthropologie 2018
  

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3.3.3. La Messe ouverte aux nouvelles pratiques religieuses : une nécessité du moment

La soif du merveilleux influence nombre de chrétiens catholiques dans leur manière de vivre leur foi à cause des soucis de délivrance, de prospérité, d'épanouissement, etc. qu'ils portent. Cela justifie les choix qu'ils opèrent parmi les diverses pratiques religieuses qu'offrent leur religion ou les NMR, au point que certaines options, très peu recommandables qu'ils font comme la course aux miracles, mettent souvent en doute la crédibilité de leur foi. C'est ce qui explique parfois la désertion des églises certains jours de messe, alors qu'au moment des messes de guérison ou des prières de Jéricho, les églises sont remplies. Le berger (R2) explique la situation :

« Vous allez constater que quand il y a Jéricho ou prière de guérison quelque part, la foule est tellement immense que l'Église se remplit. Si l'Église se remplissait à un tiers avant, quand il y a Jéricho ou prière de guérison, elle se remplit à plus de dix tiers, c'est-à-dire dix fois plus, à telle enseigne qu'il n'y plus de place pour passer : la cour, les alentours, tout cela est envahi. Qu'est-ce qu'ils cherchent ceux-là ? - Le merveilleux. Ils n'ont pas la foi. La foi n'existe pas en eux...Ils viennent remplir l'Église. On fait les sept jours de prière. Il y en a qui sont guéris et d'autres non. Or le Seigneur guérit tout le monde. Mais les prédicateurs qui font des révélations ne peuvent pas révéler les signes opérés par Dieu dans la vie de tout le monde... »

Photo 5 : Prière des fidèles au cours d'un Jéricho

Source : Cliché CAPO, 2017

Il ressort que l'attachement à certains principes de l'Eglise tombe en désuétude parce que les fidèles font plus preuve d'un intérêt personnel selon qu'ils recherchent un avantage particulier. Alors les services de l'Eglise sont asservis pour des buts bien précis, détournés de leurs objectifs premiers. Par exemple, la messe dominicale est desservie au profit des messes de guérison auxquelles assistent 91,82% des enquêtés ; cela est dû au fait qu'ils sont convaincus que les messes ordinaires ne sont pas destinées à produire des miracles contrairement aux prières de Jéricho ou prières de délivrance. En effet, tandis que 15,45% des enquêtés vont à la messe dominicale pour trouver la protection de Dieu, 53,64% pensent qu'on peut l'obtenir en assistant aux messes de guérison ou au Jéricho. Et variablement, il existe d'autres motivations qui poussent les fidèles catholiques à aimer ou à accorder plus d'importance à ces messes : 84,54% recherchent la guérison ou la délivrance, 62,73% attendent des miracles, et 40% espèrent que Dieu leur procure la prospérité.

Il est à noter par là que ces soifs que la liturgie officielle ne satisfait pas totalement rappellent que la doctrine catholique s'inscrit dans une sorte de rigidité contre l'actualité, contre la tendance du moment aux fins de préserver son identité dans la tempête pentecôtiste qui souffle sur le monde. Néanmoins, comme le savent plusieurs autorités ecclésiastiques, les nouvelles pratiques religieuses populaires suggèrent implicitement de revoir les modèles classiques de la liturgie du samedi soir (pour la messe anticipée) et du dimanche (pour la messe dominicale), qui demeurent souvent étrangers à la situation de la vie quotidienne. A ce sujet, le cardinal Danneels (2008, p. 8) paraît encore explicite lorsqu'il signale un enrichissement possible de la liturgie par les nouvelles pratiques de religiosité populaire : « La religion populaire est naturellement proche de la vie. Elle n'a pas à être "rapprochée de la vie" comme c'est le cas de la liturgie, dite "savante". Elle imprègne la vie même, le coeur et le sentiment, les mains et les pieds... Elle résout le problème en refusant de s'engouffrer dans une liturgie ennuyeuse, rugueuse ou "épurée"... »

Alors, le décalage qui se dégage entre l'offre de l'Eglise catholique et la demande des fidèles fait peu ou prou l'objet d'attention particulière des évêques et des prêtres qui tentent à leur manière de concilier les nouvelles pratiques religieuses et la liturgie. Le souci est d'adapter la liturgie officielle aux circonstances de la vie de sorte que les célébrations comblent les attentes des fidèles. A cet effet, le Directoire (n°58) précise que « La liturgie et la piété populaire sont deux expressions authentiques, quoique non équivalentes, du culte chrétien. De fait, la Constitution sur la sainte Liturgie montre bien qu'au lieu de vouloir les opposer ou de considérer qu'ils sont deux éléments interchangeables, il convient plutôt de les harmoniser... La piété populaire, avec ses valeurs symboliques et expressives, est en mesure d'aider la Liturgie à réussir son travail d'inculturation, et elle peut aussi lui procurer des éléments stimulants en vue d'accroître d'une manière efficace son dynamisme et sa créativité. »

Ces mesures vont favoriser, dans l'esprit du Concile Vatican II, d'une part l'institutionnalisation des messes de guérison, des veillées d'évangélisation et d'autre part la promotion des mouvements charismatiques catholiques.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius