WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Droit au respect de la vie privée des personnes et droit de l’information en Côte d’Ivoire.


par AKA MARCELLIN KOFFI
Université de Cocody Abidjan Cote d'Ivoire - Diplome d'Etudes Approfondies (DEA) en droit privé fondamental 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion

Que serait la liberté sans contrainte, sanction ?

Les sanctions des atteintes du droit de l'information au droit au respect de la vie privée sont un contrepoids à la puissance de la liberté d'expression et de la communication qui donne droit ou pouvoir au journaliste de diffuser librement toute information en rapport étroit avec l'actualité ou l'information légitime du public. Ce journaliste peut donc écrire, parler, montrer un fait ou un événement si les conditions de la diffusion des droits d'autrui sont réunies. Par contre, à coté de ce pouvoir dont jouit le journaliste, il peut être reprochable à plus d'un titre s'il outrepasse les pouvoirs qui lui ont été conférés et soumis à des sanctions s'il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Les sanctions ont donc une fonction d'intimidation pour permettre aux médias d'être plus responsables afin de ne pas utiliser la liberté d'expression à leur guise car leur liberté s'arrête là où commence celle des autres.

KOFFI Aka Marcellin 115

Droit au respect de la vie privée et droit de l'information en côte - d'ivoire.

CONCLUSION GENERALE.

La protection des droits et libertés individuelles, notamment le droit au respect de la vie privée face au risque que présente la presse est devenue une préoccupation importante des pouvoirs publics, des citoyens et des journalistes eux-mêmes.

C'est pourquoi, au terme de notre étude relative aux rapports « droit au respect de la vie privée et droit de l'information », il convient de faire allusion à ce vieux proverbe européen, qui, nous l'espérons, apportera certainement une réponse à nos préoccupations. Il est intitulé : « la langue est la meilleure et la pire des choses ». Cela remonte à plus de 2500 ans, Esope racontait des fables. Il était un esclave. Un jour, son maître lui dit : « prépare-moi un repas avec ce qu'il y a de meilleur ». Esope composa un repas fait uniquement de langues (de boeuf, de veau, ou de mouton). Il expliqua : « la langue est ce qu'il y a de meilleur ; elle permet à l'homme de dire la vérité et de s'entendre avec les autres hommes ». Le lendemain, son maître lui demanda de lui donner ce qu'il y a de pire. Esope lui fit le même repas : «la langue, expliqua-t-il, est ce qu'il y a de pire ; elle permet à l'homme de dire des mensonges. Elle peut pousser les hommes à se battre ».1 Ce que l'on dit ainsi de la langue, on peut le dire de tous les moyens que les hommes se sont donnés pour s'exprimer : les journaux, la radio, la télévision,2 etc.

En considération de ce qui suit, droit au respect de la vie privée et droit de l'information peuvent se concilier. Tout dépend de la volonté du journaliste en faisant de son outil de travail, ce qu'il y a de meilleur dans la marche et le développement de la société, en donnant au mot « liberté » qu'il ne cesse de revendiquer, un sens humain. En effet, partout à travers le monde et depuis longtemps les journalistes revendiquent la liberté. Depuis quelques années, des progrès importants ont, fort heureusement, été accomplis. Mais cette liberté est-elle la liberté d'écrire, de dire, de montrer n'importe quoi ? Il faut bien se demander :

1 N. Copin, Président de rapporter sans frontières, introduction, in presse et déontologie dans l'Afrique des grands lacs "rapporter sans frontières», octobre 1995, p. 6

2 idem

KOFFI Aka Marcellin 116

Droit au respect de la vie privée et droit de l'information en côte - d'ivoire.

qu'est ce que je fait, qu'est ce je dois faire de ma liberté de journaliste ? Vais-je l'utiliser pour la « meilleure » ou la « pire » des choses ?

Voilà autant de questionnements qui nous amènent à faire des observations inhérentes à la situation des rapports entre les droits des individus et le droit de l'information.

Une observation attentive de la scène médiatique permet de réaliser combien le conflit entre les deux droits restitue la traditionnelle dialectique de la théorie et de la pratique. Chaque pays a ses propres lois, qui dépendent de son histoire, de sa culture, du régime politique qui s'est instauré. Mais, on retrouve souvent à travers le monde les mêmes prescriptions faites aux journalistes. D'une façon quasi générale, les atteintes aux droits de la personnalité à savoir toute accusation mensongère ou toute atteinte à la vie privée sont condamnées. Mais on constate aussi, soit que les lois sont mal appliquées, soit, tout simplement, qu'elles n'ont pas tout prévu. C'est pourquoi, depuis longtemps, les journalistes ont réfléchi entre eux, et, par pays ou par région du monde (en Cote d'Ivoire depuis 1992, après l'institution d'un réel cadre d'exercice de la liberté de la presse), ils se sont fixés des règles de conduite rédigées sous forme de chartes ou de code de déontologie. Le mot « déontologie » signifiant l'ensemble des devoirs qu'une profession se fixe à elle-même.

Mais malgré cela et en l'état actuel de la situation de la presse, il est bon de noter que la quasi totalité des diverses raisons qui sont à la bases du conflit trouvent leur motivation dans les carences imputables tant aux consommateurs de l'information qu'aux professionnels des médias eux-mêmes. Bien entendu, la responsabilité des médias sur l'empiètement des droits d'autrui est souvent liée aux comportements des journalistes qui sont, de façon récurrente, en contradiction totale avec les bonnes intentions exprimées par les textes de concilier droits de la personnalité et droits de l'information. D'ailleurs, l'essentiel des griefs formulés à leur endroit témoigne de ce que les journalistes, surtout ceux de la presse écrite constituent le principal violateur des droits de la personnalité. Bien plus, dans le contexte actuel, avec la guerre, nous sommes au regret de dire que la presse dans son ensemble a un mal. Le manque de professionnalisme, le manque d'objectivité

KOFFI Aka Marcellin 117

Droit au respect de la vie privée et droit de l'information en côte - d'ivoire.

dans le traitement de l'actualité, le non respect des règles de l'éthique et de la déontologie sont le leitmotiv des graves dérives dont sont coupables les journalistes dans l'exercice de ce métier si noble.

Pis encore, la presse est devenue tributaire des Chapelles politiques. Les journalistes travaillent non pas pour une presse d'information, c'est à dire celles qui s'affirme avant tout, soucieuse d'information objective ; mais plutôt en tant que journaliste politique ou de combat. Ils sont au service des hommes politiques ou des partis politiques pour dénigrer ceux qui ne sont pas de leur bord au lieu d'être au service de l'information.

Toutefois, l'on ne doit pas occulter la responsabilité des consommateurs de l'information, car la passivité des lecteurs, auditeurs et téléspectateurs reste une cause majeure de l'enlisement des journalistes.

En effet, en tant que destinataire privilégié de l'information et titulaire du droit du public à l'information, un permanent devoir de contrôle, voire de censure1, propre à mettre les droits de la personnalité à l'abri de tout péril, de toute manifestation de l'arbitraire est indispensable.2

Naturellement, l'absence, l'ignorance ou même l'insuffisance d'une telle action fait le lit à l'exercice approximatif de la liberté de l'information par les journalistes.

Heureusement l'action d'arbitrage du juge et celle des régulateurs que posent les organisations professionnelles des journalistes3 constituent un facteur déterminant dans la quête de la consolidation d'un réel respect des droits de la personnalité, surtout de la vie privée.

Les résultats obtenus dans cette optique montrent bien à quel point ils constituent de réelles garanties des droits de la personnalité contre tout exercice abusif de la profession par les journalistes.

1 La censure est prise ici dans le sens d'un tri, d'un filtrage : le consommateur doit acheter un journal ou suivre une émission radio ou télé en tenant compte du respect des lois régissant la discipline de l'information et non seulement par affinité politique ou autre considération.

2 Notamment en faisant en sorte que le jugement qu'ils rendent contraignent les producteurs de l'information à s'améliorer et à tendre vers la perfection

KOFFI Aka Marcellin 118

Droit au respect de la vie privée et droit de l'information en côte - d'ivoire.

Encore qu'à ce niveau des actions restent à poser, qui consisteraient dans un premier temps pour le juge, à concilier le respect des droits de la personnalité avec le principe de la liberté d'expression. Il doit dans l'exercice de ses pouvoirs, limiter son intervention aux mesures strictement nécessaires pour faire cesser le trouble constaté.1

Pour les organes de régulation, d'autorégulation, l'UNJCI et le particulier, il s'agira de fortifier leur complicité afin que la saisine aussi bien du juge que du CNP, du CNCA, de l'OLPED soit effective chaque fois que les droits de la personnalité seront en péril ou chaque fois qu'ils seront violés.

Fort de ce qui précède, l'on se rend compte que l'opposition entre droit au respect de la vie privée et droit de l'information nécessite une cure à la mesure du mal.

Une véritable et sincère prise de conscience s'impose, devant induire chez tous les acteurs du domaine de l'information un profond changement des mentalités relativement à l'acception même de la liberté de la presse et à la responsabilité qui est le corollaire.

La nécessité d'une telle action reste d'actualité, surtout en ce moment où l'on parle de dépénalisation des délits de presse. De ce fait donc, le journaliste doit faire un bond qualitatif dans la formation pour jouer désormais le rôle qui est le sien, à savoir « informer, encore informer, toujours informer »2 et rien de plus .Car il ne peut y avoir de liberté d'expression sans protection de la vie privée. Ainsi la déontologie doit être enseignée aux jeunes qui se préparent à faire du journalisme. Ils doivent savoir que, bien souvent, ils doivent décider seuls de ce qu'ils auront à faire et que leur décision soit meilleure s'ils ont des points de repère. La déontologie nécessite à la fois la réflexion personnelle et la réflexion collective, si nous voulons que les médias soient la meilleure et non la pire des choses.3

1 J. P. Gridel, chronique doctrine, presse, op. cit., Recueil , Dalloz 2005, n° 6 , p. 398

2 Diegou Bailly in "la presse à l'épreuve de la liberté", film documentaire, Axel production and azimuts, novembre 2002

3Il s'agit du CNCA, CNP et de l'OLPED qui ont en commun les missions de lutte pour le respect de la liberté de la presse mais également pour le respect des règles et lois sur l'exercice de la profession des médias

3 N. Copin, introduction, in presse et déontologie dans l'Afrique des grands lacs « rapporter sans frontières », octobre 1995, p. 7

KOFFI Aka Marcellin 119

Droit au respect de la vie privée et droit de l'information en côte - d'ivoire.

Enfin, une telle avancée constituerait un nouveau contexte, un contexte idéal pour relancer la controverse sur la nécessité d'une réelle et totale cohabitation, coexistence pacifique entre droit de l'information et droit à la vie privée.

Une réponse affirmative, semble-t-il, s'impose tant il est vrai à l'observation, que si le journaliste exerce son métier dans le strict respect des lois nationales et internationales que de ses propres lois à savoir le respect de l'éthique et de la déontologie de la profession des médias, la combinaison tiendra. La conciliation sera de plus en plus une réalité partout dans le monde, particulièrement dans les pays en voie de développement, en l'espèce la Côte d'Ivoire.

Dans tous les cas, les droits de la personnalité ont de beaux jours devant eux si le journaliste se forme sur le plan du droit et fait sérieusement son autocritique pour que naisse un type de journalisme qui, sans nier sa vocation et son attachement aux principes de liberté, de formation et d'éducation ne peut que contribuer à la promotion, sans trop de heurts de l'espèce humaine. C'est précisément à ces conditions que nous parviendrons à la nécessaire et délicate conciliation des garanties des droits et libertés individuelles avec le droit de l'information et ainsi de réussir « la tentative de combinaison d'un couple apparemment antinomique, opposé ».

« Deux notions qui participent l'une et l'autre à la consolidation de la vie sociale ».

En définitive, la presse doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s'opérer dans le respect de la dignité humaine .Le journaliste doit être certain qu'il y a bien lien direct avec l'actualité et pas d'extrapolations .

Il ne doit pas porter atteinte ni à l'identité humaine ni aux droits de l'homme ni à la vie privée ni aux libertés individuelles ou publiques. De toute façon ,seules les publications, diffusions jugées diffamatoires ,injurieuses ou dénaturatoires tombent sous le coup de la sanction juridique et administrative.

Droit au respect de la vie privée et droit de l'information en côte - d'ivoire.

KOFFI Aka Marcellin 120

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera