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Quelle politique de formation mettre en oeuvre dans les établissements de santé pour accompagner la transition numérique et les possibles usages de l'intelligence artificielle (IA) ?


par Elisabeth Berthelot
IGS - Master Ressources Humaines 2020
  

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Partie 1 : Questions générales - contexte personnel

Avez-vous déjà changé de contexte professionnel ou connaissez-vous des contextes professionnels multiples ?

Je suis sortie de l'école de Rennes118 en 2013 dans la continuité de ma formation initiale. J'ai effectué mon stage professionnel au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse et j'ai pris mon premier poste au centre hospitalier d'Albi en tant que directrice des affaires financières119. Je m'occupais aussi du contrôle de gestion, des admissions et, au départ, des systèmes d'information remplacés ensuite par la gouvernance après une révision des périmètres. Ensuite je suis arrivée au centre hospitalier d'Arcachon comme directrice adjointe, toujours chargée des finances mais également des achats avec notamment le projet de mise en oeuvre de la fonction achat mutualisée au niveau du groupement hospitalier de territoire. Nous avons piloté ce projet en binôme avec le directeur des achats du CHU de Bordeaux. J'occupe la Direction des Ressources Humaines, des affaires médicales et des affaires générales depuis un peu plus d'un an, toujours au centre hospitalier d'Arcachon. Cela m'a permis de découvrir à la fois deux établissements différents et surtout des directions fonctionnelles et des périmètres très différents.

Êtes-vous prête à changer d'établissement ou à passer par un détachement hors de votre établissement pour explorer de nouveaux contextes professionnels et ainsi pérenniser votre employabilité dans différents types d'établissements ?

Oui, tout à fait. Pas forcément pour pérenniser mon employabilité mais plutôt par curiosité personnelle et professionnelle, pour développer mes compétences et ma motivation aussi. J'ai besoin de changer régulièrement d'établissement ou de fonction : soit en restant dans le

118 École de Rennes : École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP)

119 La formation de directeur d'hôpital à l'EHESP est une formation pluridisciplinaire, avec un fonctionnement similaire à celui de l'ENA (École Nationale d'Administration) amenant à exercer à tous les postes de direction au sein des établissements publics et administrations du secteur sanitaire et médico-social.

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secteur hospitalier public, soit même en envisageant de découvrir d'autres horizons. Ce sont des perspectives qui me plaisent.

Quels sont selon vous les bénéfices des changements de contexte professionnel ?

Pour moi il y a un double bénéfice, il y a le bénéfice que j'en retire personnellement et le bénéfice pour les établissements dans lesquels j'apporte ma contribution.

C'est important de développer mes compétences pour maintenir ma motivation. Quand on reste dans le même établissement, on a tendance à croire que les modes de fonctionnement auxquels on participe sont immuables. Dans le premier établissement dans lequel j'ai travaillé, j'ai découvert comment fonctionne un établissement de santé et je me suis rapidement habituée à certaines pratiques et organisations. En changeant de structure, on se rend compte que les choses ne fonctionnent pas du tout de la même manière d'un établissement à l'autre. Pour cela, c'est vraiment important de changer : pour se rendre compte que toutes les organisations sont vraiment modifiables et ne pas le perdre de vue. Il y a toujours la possibilité de modifier les organisations si on prend le temps d'accompagner le changement.

Pour les établissements, le bénéfice c'est d'avoir régulièrement un regard neuf et de nouvelles idées. Les personnes extérieures qui viennent avec leur expérience et leurs compétences permettent d'impulser des changements. Elles ont une ouverture d'esprit et la conscience que cela peut fonctionner différemment.

Selon-vous, votre métier est-il amené à changer dans les prochaines années ? Quels sont les changements à envisager spécifiquement liés aux nouvelles technologies ?

Je me considère avant tout comme une directrice d'hôpital avant de me considérer comme une DRH. J'ai découvert la fonction de DRH il y a un an et j'adore vraiment ce que je fais mais je me positionne plutôt comme directrice d'hôpital avec cette possibilité d'exercer différentes fonctions au cours de ma carrière. C'est aussi lié au fait d'exercer dans un établissement de taille moyenne : bien sûr chacun a son périmètre mais on mène beaucoup de projets transversaux et on est au coeur de la stratégie.

J'ai déjà vu pas mal de changements en sept ans sur le métier de directeur d'hôpital. L'hôpital est aujourd'hui sous le feu des projecteurs. Avec la crise sanitaire qu'on traverse, il va y avoir

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des réformes à concevoir et à mettre en place au niveau du fonctionnement de l'hôpital public et forcément cela impacte le métier de directeur. Cela avait déjà démarré avec les groupements hospitaliers de territoire et l'ouverture de l'hôpital qui s'ouvre sur la ville, le médico-social, la prévention. On décloisonne de plus en plus. La gouvernance hospitalière avait bien évolué aussi avec les pôles d'activité et cela va continuer. On parle d'aller encore plus loin dans la médicalisation du pilotage des hôpitaux c'est aussi quelque chose qui aura un impact sur notre métier : le binôme directeur/médecin est essentiel ! Il est amené à se consolider.

Quant à l'évolution par rapport aux outils numériques, c'est plutôt dans le positionnement de l'hôpital dans son environnement territorial qu'on sent vraiment leur importance. C'est un domaine qui avait été un peu mis de côté dans les hôpitaux. Chacun a développé ses propres outils indépendamment, il n'y avait pas eu de stratégie générale mise en place et il y avait de fortes disparités. Le premier plan « Hôpital numérique » a essayé de lancer une dynamique pour que tous les établissements priorisent les mêmes choses dans leur développement numérique et atteignent des niveaux de maturité équivalents. Il y a désormais un nouveau palier à passer pour à la fois atteindre un niveau de numérisation plus important et pour échanger plus facilement. Aujourd'hui, nous n'avons pas les mêmes outils et cela complexifie la communication entre établissements. C'est un vrai défi pour demain.

En quelque mots, que savez-vous des implications de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé ? Est-ce un sujet auquel vous vous intéressez ?

Ce n'est pas un sujet auquel je me suis intéressée de façon systémique. Je ne me suis pas demandée comment j'allais le développer dans mon établissement. En revanche effectivement nous en sommes entourés et cela infuse tous les domaines : le domaine de la technologie médicale est probablement le plus mature et développé dans certaines activités comme l'imagerie et la chirurgie. Dans le domaine administratif, dans les outils qu'on nous propose, on voit désormais des systèmes qui intègrent l'intelligence artificielle.

Selon vous, quel(s) type(s) d'impact(s) (positifs/négatifs) les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle ont-elles / auront-elles sur votre métier ?

Spontanément, je n'ai pas d'appréhension négative quant à l'intégration de l'intelligence artificielle à l'hôpital. Je vois une vigilance à avoir pour les intégrer à bon escient et faire en

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sorte que cela puisse être des technologies complémentaires, qui viennent en appui d'une stratégie. Je ne crois ni à l'outil pour l'outil ni au process pour le process, il faut toujours valider le but qu'ils poursuivent.

L'hôpital est un gros employeur et l'intelligence artificielle va assurément supprimer certains métiers, y compris les plus élevés dans la hiérarchie des compétences. A terme, on peut tout à fait imaginer que la machine pourra prendre des décisions stratégiques, poser un diagnostic et prescrire un traitement par exemple. Mon rôle de DRH est d'accompagner les professionnels dans ces changements pour qu'ils puissent s'adapter et les vivre le plus sereinement possible.

Quant à mon métier de DRH, il existe déjà de nombreux outils pour automatiser les process RH, pour développer les échanges avec les professionnels, des algorithmes permettant de faire des recrutements, de la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences, etc.

D'après vous, quelles sont les actions à mettre en place pour anticiper l'évolution des changements dans votre quotidien professionnel liés aux nouvelles technologies et plus spécifiquement à l'intelligence artificielle à court, moyen et long terme ?

Il faut vraiment qu'il y ait une vision, une stratégie, il faut toujours avoir ça en tête quel que soit son niveau hiérarchique ou fonctionnel. Il ne faut pas céder uniquement au côté « gadget » qui peut plaire à certains ou, au contraire, en rebuter d'autres. Si on l'intègre dans une réflexion générale, alors il peut y avoir de nombreux bénéfices et on peut partager cette approche avec l'ensemble de la communauté hospitalière. À un moment donné on veut développer une politique. Pour la mettre en oeuvre on va avoir besoin d'un outil. Qu'il y ait, ou pas, de l'intelligence artificielle dans l'outil ne change pas la donne ni la manière de procéder.

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On parle d'intelligence artificielle en comparaison de la vision/perception que nous avons de l'« intelligence » humaine. Si toutes les qualités humaines pouvaient être inculquées aux machines, quelles seraient selon vous les principales à transmettre ? Pourquoi et dans quelle mesurent cela vous parait-il possible ? Jusqu'où doit aller la machine ? Doit-elle rester un outil d'aide à la décision ?

Je ne suis pas experte du domaine mais je pense que la machine peut aller beaucoup plus loin que l'homme en matière d'intelligence pure. On est au-delà du simple modèle mathématique que peut sortir un ordinateur : on est sur une décision, a priori la meilleure, sans biais et validée par la prise en compte de paramètres beaucoup plus nombreux que ne peut en contenir un cerveau humain. Cela peut être très intéressant pour sécuriser. La qualité et la sécurité des soins sont attendus de la part de la population et des professionnels. L'intelligence artificielle peut nous aider à sécuriser encore davantage les pratiques.

On parle également beaucoup aujourd'hui du risque de perte d'humanité dans les établissements. C'est ce que les professionnels mettent en avant durant les grèves : le manque de moyens dans les hôpitaux, qu'on n'a plus forcément de temps pour prendre en charge les patients, pas uniquement sur le plan technique, mais surtout sur le plan humain. Si on pouvait transmettre des qualités humaines aux machines, je pense qu'il y faudrait prioriser le respect, l'éthique, l'écoute et la bienveillance. Toutes ces choses qui participent au prendre soin et qui sont des valeurs essentielles des professionnels de santé en général. Lors d'enquêtes ou dans les groupes de réflexion qui existent à l'hôpital, ce sont souvent ces termes qui ressortent. On ne travaille pas à l'hôpital par hasard, quel que soit son poste. C'est parce qu'on a conscience et envie d'incarner ces valeurs-là.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci