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Quels outils marketing et quelles stratégies de communication employer pour transformer l'image négative des festivals de musique électronique en France ?


par Antonin Vanderriest
ECE INSEEC - BBA 2021
  

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2. L'image actuelle de l'électro en France

Il est en réalité très compliqué d'avancer des faits avérés pour donner une image de la musique électronique en France. Pour s'en rapprocher il faudrait d'abord s'intéresser plus en profondeur aux différents genre et sous-genres, le terme valise « électro » étant utilisé à tout va et par conséquent beaucoup trop généraliste. Aujourd'hui l'électro est présente à un moment donné dans pratiquement tout type de musique. Pour certains, dire que l'on n'aime pas la musique électronique revient à dire que l'on n'aime pas la musique tout court. Après une différenciation des plus gros genres d'électro, il faut encore déterminer le point de vue adopté. Les plus important étant les politiques, les médias, les amateurs, et enfin les « non-initiés ». Enfin, bien que nous nous intéressions à son image actuelle, il faut également prendre en compte certaines conceptions passées de la musique électronique en France. Tous ces facteurs nous permettrons d'établir avec un peu plus de réalisme ce à quoi inspire la musique électronique en France.

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a. La musique électronique et la politique

Pour parler de ce qui se passe aujourd'hui, encore faudrait-il savoir dans les grandes lignes comment l'on y est arrivé. Tout d'abord, il faut savoir que toutes les musiques électroniques et ses genres distinctifs, en France en tout cas, descendent des premières rave/free parties où beaucoup de genre différent s'y confondaient. Vers la fin des années 90 apparait ce que l'on nomme toujours aujourd'hui la French Touch ainsi que certaines de ces stars tel que les Daft Punk et Laurent Garnier. Vient alors un début tout de même balbutiant de popularisation de la musique électronique, et de sa sortie de l'environnement oppressé des rave/free et donc de l'illégalité encore et toujours opprimés par les politiques. Le problème, c'est que seulement deux genres en font partie : la techno et la house.

En plus d'offrir un nouveau regard sur la musique techno, les différents succès de la French Touch permettent de montrer un aspect bien plus présentable et soutenable de la techno. Finalement, il est assez étonnant d'observer qu'il doit être presque frustrant pour certaines personnalités politiques de ne pas pouvoir s'accaparer le soutien de ce mouvement. Pour cause, la techno est toujours liée aux rave parties. Cependant, les politiques ne peuvent pas se permettre de passer à côté d'un nouvel électorat, d'autant plus que ce nouvel essor musical s'invite de plus en plus chez les classes moyennes. Elles ne sont évidemment pas adeptes de rave parties, mais elles prennent de plus en plus de plaisir à écouter cette techno et pourraient surtout montrer les crocs si l'on venait à tenter d'étouffer l'avènement d'un nouveau mouvement artistique. Le dilemme des politiques est donc de remporter le jeu du « je suis le premier à avoir soutenu » tout en s'efforçant de ne soutenir que l'aspect culturel du mouvement sans donner l'impression de soutenir les rassemblements qui en découlent.

Il est donc nécessaire pour ces politiques de mettre la main sur des interlocuteurs qu'ils souhaiteront « présentables » au sein du mouvement. Ils vont en trouver un en la personne morale de l'association Technopol, étant le premier groupement d'intérêt du genre. Elle a été créée en 1996 à la suite d'une énième annulation de rave, étant cette fois celle de Polaris pourtant préalablement autorisée, légale et tout ce qu'il y a de plus présentable. Cette association a pour but de défendre la professionnalisation du milieu techno et sa juste insertion, aussi bien civile que marchande. Elle bénéficie donc très rapidement d'une forme de reconnaissance institutionnelle, sous forme de subventions du ministère de la culture, bien content d'enfin avoir son mot à dire sur le mouvement. Technopol jouit donc inévitablement d'une plus grande

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attention parmi le cercle politique. Elle est d'ailleurs, en 1998, à l'origine d'une circulaire intitulée « Instruction sur les manifestations rave et techno » signée par les ministres de la Culture, de l'Intérieur et de la Défense. Dans cette dernière, l'Etat reconnait le caractère culturel des évènements techno, et quant à elle Technopol dénonce la discrimination contre les soirées se voulant légales en appelant finalement à séparer le bon grain de l'ivraie. Concernant la discrimination, cette circulaire n'aura malheureusement aucun impact notable, cependant elle sera très clairement perçue comme une trahison pour les membres des free parties. Cela marque définitivement une « exclusion » de la techno dans les free parties mais aussi et surtout un changement dans les moeurs, la techno n'étant plus associée par personne aux autres styles d'électro encore présent en free pouvant encore être qualifiés de « musique de sauvage ».

Aujourd'hui encore, bien que les raves aient disparu depuis longtemps, il n'y a toujours pas de techno en free parties (bien qu'on y retrouve la tekno, relativement différente). Elle est quant à elle associée à la house et ont une réputation plus « propre », plus huppée, et surtout plus légale. Cette différenciation, largement aidée par la presse, a notamment contribuée à creuser l'écart de considération entre les différents styles de musique électronique (là encore, aidée par la presse) en en mettant certains sur un piédestal les qualifiant de musique élégante et racée tandis que d'autres se verront rabaissés plus bas que terre et qualifiés de sons primitifs et impensés. Pendant un temps donc, dû à sa mise en avant et surtout à cause de l'oublie des free parties à cause d'un mouvement de répression très important, quand on parlait de musique électronique on ne pensait pratiquement que techno et son image était positive pour tout le monde. Seulement le temps passe, et les goûts et les couleurs changent. Cela est d'autant plus valable en France.

De nos jours, avec ses 4000 free parties par an26, notre pays n'aura jamais autant été soumis à un conflit si important d'opinions envers la culture de la musique électronique. Bien que parmi les amateurs on puisse souvent trouver des divergences d'opinions sur les styles de musique (la plus importante opposant le hardcore et plus globalement tout le genre hard, contre la trance et ses dérivés), les opinions se basent généralement entre l'appréciation de deux extrêmes : la techno/house remise au goût du jour, plutôt toujours élégante et destinée aux classes moyennes, et la « musique de teuf » ou encore le « boum » inaudible des free parties critiqué globalement par quiconque ne s'étant jamais rendu dans ce genre d'évènements. Ce constat est d'autant plus vrai depuis la free party du 31 Décembre dernier à Lieuron, grandement critiquée par les médias et les politiques.

26 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay, T. Vaudecrane, Les musiques électroniques en France, SACEM, Paris, 2017

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Bien que la musique électronique, ses genres et ses évènements aient évolué, les politiques quant à eux ont préféré garder leurs opinions inchangées malgré la tentative de certains, à l'instar de Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Après avoir « contribué » à l'organisation d'une free party légale et se montrant satisfait du résultat, les médias comme TF1 se sont empressés de faire état non plus d'évènements inquiétants et de jeunesse perdue, mais de « réussite » se passant dans « la joie et la bonne humeur27 ». Cependant à la suite de cela ce sont les autorités locales qui ont décidé de montrer leur mécontentement, suite à quoi Nicolas Sarkozy fait volteface, et les médias ne manquèrent pas de faire de même.

Les médias ont en effet une très grande part de responsabilité dans l'image générale que se font les gens des musiques électroniques. La plupart des médias avec de la visibilité étant politisés, et la plupart des politiques étant contre ces rassemblements (à plus ou moins grande échelles en fonction de leur légalité), il est donc pratiquement impossible de trouver des articles ou reportages n'abordant pas le sujet des drogues et ne qualifiant pas cette musique et ses amateurs de marginaux, quand ils ne sont pas directement appelés « punks à chiens fumeurs de joints » à l'instar de Jordan Bardella28, député européen, après la free party de Lieuron. Ces médias orientent leurs reportages de sorte à « diaboliser » ces évènements et ces pratiques, en effet illégales et où la consommation de stupéfiants est présente, allant jusqu'à interviewer des teufeurs correspondant presque toujours à l'archétype du marginal, du punk à chien, ou du jeune dépravé et consommateur de drogue. Il est alors impossible pour les lecteurs ou spectateurs de ces médias de ne pas se faire, consciemment ou inconsciemment, une mauvaise image de ces évènements mais surtout d'y associer cette musique encore une fois rangée sous le terme trop généraliste « d'électro ». Certains médias, principalement des magazines ou des sites internet, abordent ces évènements avec déjà beaucoup plus d'objectivité. Il s'agit malheureusement de médias moins importants avec beaucoup moins de visibilité, principalement orientés culture voir même uniquement musique, et ne peuvent donc toucher qu'un public ayant déjà un certain intérêt ou du moins une considération pour la musique électronique. Cela a notamment pour conséquence la répercussion de cette image négative sur les festivals de musique électronique, évènements pourtant légaux et encadrés, jusqu'alors généralement dans une sorte de « no man's land » des opinions puisqu'ils diffusent des styles allant de la techno/house à la hardcore en passant par la trance et étant par conséquent classés entre les soirées techno parisienne huppées et les teufs illégales et marginales dans un champ « volé » à leur propriétaire le temps d'une nuit.

27 Pourteau L. (2012), Techno, une subculture en marge 2, Paris, ed. CNRS Editions, p. 191

28 https://www.dailymotion.com/video/x7yg8pc?syndication=249290

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Tout le monde s'accorde cependant pour identifier à ces évènements un public relativement jeune et sujet à la consommation de drogue.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry