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Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill

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par Camille Lepoutre
Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017
  

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Chapitre 2 : L'influence intellectuelle existant entre Harriet Taylor et John Stuart Mill

Dans une lettre de novembre 1848, John Stuart Mill élevait son épouse au rang d' « inspiratrice de toutes [ses] meilleures pensées, [de] guide de toute [ses] actions »208. Il reconnaît lui même qu'il l'a inspiré et a donc eu une incidence sur ses idées. Les deux composantes évoquées dans cette lettre par Mill se retrouvent tant dans l'oeuvre que dans la vie de l'auteur. Ainsi, on peut à juste titre affirmer le rôle qu'Harriet Taylor eût dans la pensée de son mari (Section 1) mais aussi dans sa résolution à agir pour défendre ses idées (Section 2).

Section 1 : L'influence d'Harriet Taylor sur la pensée millienne

Celle-ci a eu une influence sur une grande partie des écrits de Mill, de façon plus ou moins marquée. Ainsi, par exemple, ils défendent des idées semblables concernant le conformisme et la tendance des masses à la médiocrité. Dans son Essai sur la tolérance209 rédigé en 1832, Harriet Taylor soutient l'idée que [traduction] « l'esprit de conformité »210 mène à l'intolérance et donc au déni de toute caractère individuel. Elle y décrit l'opinion publique comme [traduction] « une association des nombreux esprits faibles contre les quelques esprits forts »211. Cette description du conformisme et de la tyrannie de l'opinion publique au détriment de l'individualité n'est pas sans rappeler les développements de Mill sur le même sujet dans son essai sur la liberté publié en 1859.

Et pour cause, selon John Stuart Mill, cet ouvrage est le fruit d'une collaboration entre Harriet Taylor et lui. En effet, tous deux atteints de la tuberculose, ils décident, à la suite de leur mariage, d'établir ensemble « les trames de De la liberté, Considérations sur le gouvernement représentatif et L'asservissement des femmes »212.

De la même façon, un texte semble-t-il rédigé par Harriet Taylor, L'affranchissement des femmes, est publié en 1851 dans la Westminster Review. On y trouve plusieurs développements quasi-identiques à ceux de Mill dans De l'assujettissement. Elle s'attarde ainsi sur le « frein qu'est la

208 Stuart Mill (J.), op.cit. p.188

209 Hayek (F.A.), « John Stuart Mill and Harriet Taylor, Their Correspondence and Subsequent Marriage », The University of Chicago Press, 1951 - An early essay by Harriet Taylor p.275

210 Ibid

211 Hayek (F.A.), op.cit. p.276

212 Lejeune, Françoise, "John Stuart Mill, un féministe sous influence", Ces Hommes qui épousèrent la cause des femmes (Martine Monacelli et Michel Prum eds) (2010) p.12

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coutume »213, sur les exemples historiques des talents des femmes pour « la fonction régalienne »214, et cætera. Mill reconnaît lui-même l'influence qu'eût son épouse sur sa compréhension de l'importance de la question féminine au sein de la société. Ainsi, dans son Autobiographie, il affirme que c'est grâce à elle qu'il a réalisé « la façon dont les conséquences de la position d'infériorité des femmes s'enchevêtrent avec tous les maux de la société actuelle et toutes les difficultés qui font obstacle au progrès de l'humanité »215. La liaison qu'il fait entre l'utilitarisme, le progrès notamment moral de la société et l'amélioration de la condition féminine n'aurait peut-être pas existé sans Harriet Taylor. Or, ce thème est l'objet d'un chapitre complet de De l'assujettissement.

John Stuart Mill précise également que l'idée de la rédaction d'un essai sur la condition des femmes lui a été suggérée par sa belle-fille, Helen Taylor216. Son entourage, et en particulier Harriet Taylor a donc joué un véritable rôle dans l'engagement progressif de Mill en faveur de l'amélioration de la condition féminine.

Section 2 : L'influence d'Harriet Taylor dans l'engagement de John Stuart Mill

John Stuart Mill a une idée assez précise de ce qui, d'une part, relève des qualités féminines, et de l'autre, des qualités masculines. Sans se prononcer sur les causes, naturelles ou non, de ces différences ; Mill développe la théorie selon laquelle les femmes auraient davantage « le sens de la pratique », un « esprit intuitif »217, et cætera. Cette compétence pratique s'opposerait à la compétence théorique, plus fréquemment l'apanage des hommes selon le penseur. Il fait ici encore un parallèle manifeste avec son expérience personnelle lorsqu'il ajoute que « pour un homme de théorie et de spéculation [...] rien ne peut avoir plus grande valeur que de continuer ses spéculations avec l'aide et sous la critique d'une femme véritablement supérieure »218.

La conviction de John Stuart Mill serait donc que l'homme et la femme sont complémentaires d'un point de vue intellectuel, chacun palliant les défauts de l'autre. « L'esprit féminin contribue donc à rapprocher de la réalité les spéculations des hommes et, réciproquement, l'esprit masculin contribue à élargir le champ de la pensée féminine »219. Ici encore, Mill semble

213 Taylor Mill (H.), « Enfranchisement of women », Westminster Review, 1851 in John Stuart Mill et Harriet Taylor : Écrits sur l'égalité des sexes p.144

214 Taylor Mill (H.), op.cit. p.148

215 Stuart Mill (J.), « Autobiography », op.cit. p.147

216 Stuart Mill (J.), « L'affranchissement des femmes », op.cit. p.202

217 Stuart Mill( J.), op.cit. p.107

218 Stuart Mill( J.), op.cit. p.109

219 Stuart Mill( J.), op.cit. p.110

décrire les qualités masculines et féminines et les rapports intellectuels des deux sexes en se référant au fonctionnement propre à son couple et aux qualités qu'il attribue à Harriet et à lui-même.

La critique d'Harriet Taylor quant au manque de pragmatisme de John Stuart Mill est bien réelle. En avril 1831, elle exprime dans son journal sa frustration à la vue de Mill qui [traduction] « au lieu de mener la révolution [...] se contente d'y réfléchir »220. En demeurant contemplatif, Harriet considère que Mill [traduction] « vise trop bas »221. Dès lors, malgré la vision qu'il a de la répartition des qualités pratiques et théoriques parmi les sexes, il va s'atteler à ancrer davantage ses idées dans la réalité et à les mettre en pratique. Si l'on s'en tient à sa vision toutefois, c'est Harriet qui est la raison de ce changement et lui permet de faire preuve de plus de pragmatisme.

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