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La photographie du territoire, entre donnée personnelle et donnée publique

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par Azéline Boucher
Université Paris Descartes - Master 2 - Droit des Activités Numériques 2017
  

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Conclusion

Cette étude a permis de démontrer que les images du territoire diffusées sur Internet sont susceptibles de représenter des bâtiments d'habitation ; et au-delà, de les localiser. Cette empreinte géographique peut alors, le cas échéant, relier un individu, le propriétaire ou l'occupant des lieux, à un logement. L'habitat devient identifiant en lui-même. Ainsi, l'image du logement peut être appréhendée comme une donnée à caractère personnel. La protection relative à de telles données permet de dépasser le cadre strict du droit à l'image du domicile et la difficile caractérisation de l'atteinte à la vie privée. En effet, l'individu bénéficie de cette protection dès lors qu'il est identifié ou identifiable. Il n'a donc pas besoin d'apporter la preuve d'un trouble anormal ou d'un préjudice.

Après avoir établi que l'image du logement pouvait être considérée comme une donnée personnelle, nous avons envisagé et développé des hypothèses de fondementspoursa collecte et sa diffusion. Ainsi, les acteurs privés pourraient motiver ces traitements par la nécessité de photographier le territoire afin de proposer leur service au public, à savoir l'accès à une plateforme de données géographiques. La collecte et la diffusion d'images représentant des habitations seraient donc fondées sur les intérêts légitimes défendus par ces entreprises. Pour les acteurs publics, et plus particulièrement pour l'IGN, la prise de vues et la publication des photographies reposeraient sur d'autres fondements, moins sujets à débat que celui envisageable pour les entreprises. Ainsi, les traitements réalisés par l'IGN pourraient être fondés, pour la collecte, sur l'une des missions de service public de l'établissement, relative à la couverture en photographie aérienne et spatiale du territoire; et pour la diffusion, sur l'obligation légale d'ouverture des données, et plus particulièrement des données géographiques.

Cet accès généralisé aux photographies aériennes, spatiales ou prises depuis la voie publique par un acteur étatique a fait l'objet d'approfondissements au sein du second chapitre de cette étude.Si les images de bâtiments d'habitation peuvent être considérées comme des données personnelles, elles peuvent également constituer des documents administratifs susceptibles d'être diffusés et réutilisés dès lors que ces photographies ont été prises dans le cadre d'une mission de service public. Deux intérêts sont alors mis en balance : l'accès du public à l'information géographique et aux données de description du territoire; et la protection de la vie privée et des données personnelles des individus identifiés sur les photographies. Plusieurs alternativespermettentde concilier l'ouverture des données et la protection des individus, notamment le consentement des personnes concernées à la diffusion, l'anonymisation des données nominatives ou encore l'existence d'une disposition législative prévoyant expressément la publication des données personnelles. Selon nous, la diffusion des photographies comprenant des données nominatives serait fondée sur une base légale, à savoir l'obligation de diffuser les images du territoire. Les photographies des bâtiments d'habitation font, en effet, partie intégrante de ces images. Il ne serait donc pas possible de flouter les données nominatives sans dénaturer la photographie et, dès lors, sa valeur intrinsèque. Il semblerait ainsi que l'intérêt du public à accéder à des informations précises et de qualité prévale sur la protection des données personnelles des individus identifiés.Cet effet serait néanmoins compensé par le fait que ces individus puissent toujours agir sur le terrain de la responsabilité de droit commun et/ou, pour le propriétaire, sur celui du trouble anormal en matière de droit à l'image du bien. Ces recours paraissent néanmoins bien futiles pour protéger l'intimité de l'individu puisqu'ils s'exercent a posteriori, et donc « trop tard ».

Dans une société où la transparence devient la norme et où « Big Brother » se démultiplie, l'individu est en lutte permanente contre les ingérences dans sa vie privée. Avecledéploiement des drones et l'amélioration constante de la précision des photographies aériennes et spatiales, les murs opaques qu'il a érigés pour préserver sa vie privée semblent ainsi se fissurer un peu plus.

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