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Vers une gouvernance participative de l'eau? la réponse aux crises hydriques dans l'état brésilien du Cearà¡


par Izabela Damasceno Pimenta
Université Grenoble-Alpes - Master 2 Économie du Développement - Gouvernance des Organisations pour le Développement International 2020
  

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CHAPITRE III - Quelle gouvernance de l'eau dans le Ceará?

On procède ici à l'analyse de l'évolution du système institutionnel et des instruments de gestion de l'eau qui fondent le modèle actuel de gouvernance de cette ressource. Une fois connue la structure de ce système, on réalisera l'analyse de la gouvernance à partir de la grille retenue dans le premier Chapitre.

3.1. Le système de gestion de l'eau dans le Ceará: institutions et instruments

Le modèle actuel de gestion des ressources en eau du Ceará est le résultat d'un long processus de lutte contre les sécheresses et de débat politique. Comme on a vu dans le sous-chapitre précédent, la politique de l'eau dans la région du Nordeste Semi-aride - ainsi que dans l'État du Ceará, plus spécifiquement (ALEC, 2008) - est née de manière associée à la rareté quantitative des ressources en eau. La proposition de la solution hydraulique a donc persisté dans la première moitié du XXème siècle, et a permis le transfert d'eau de la saison humide à la saison sèche et des années humides aux années sèches. En tout état de cause, il convient de noter que les investissements nécessaires à la mise en oeuvre de la solution hydraulique ont été alloués de manière éparse et souvent comme une réponse politique à un épisode de sécheresse (ALEC, 2008).

On peut attribuer la mise en place du cadre institutionnel du secteur hydrique au Ceará au gouvernement César Cals, avec la création, par la loi n° 9.498 du 20 juillet 1971, de la Direction des travaux de l'État du Ceará (SOEC). Celle-ci avait comme attribution, entre autres, la construction de barrages et de puits. À cette même année, la Compagnie des eaux et des égouts du Ceará (CAGECE) a été créée (Soares Rocha et al., 2011). En 1972, la Fondation Cearense de Météorologie et Pluies Artificielles (actuelle FUNCEME) a été créée dans le but de promouvoir des études météorologiques spécialisées et intensives (IPECE, 2014).

À son tour, le cadre technico-juridique de l'actuel système institutionnel des ressources hydriques en vigueur dans l'État a vu le jour en 1983. Suite à une période de cinq ans de déficit pluviométrique au Ceará (1979-1983), le gouvernement a créé un groupe de travail composé de représentants de plusieurs institutions travaillant sur les ressources en eau, afin de formuler une nouvelle politique publique en la matière. Pour la

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première fois, ces institutions se sont engagées à discuter et à identifier ensembles des stratégies d'action pérennes, tout en tenant compte des bassins hydrographiques (Plan stratégique des ressources hydriques du Ceará, 2009). De cette réflexion collective est né le Conseil d'État des ressources hydriques - CONERH (IPECE, 2014). Il est interprété que la création du CONERH a été motivée par l'observation, de la part du gouvernement de l'État, de la multiplicité d'institutions travaillant sur les ressources en eau, avec des liens administratifs divers et de manière non coordonnée (Peixoto, 1990 apud Soares Rocha et al., 2011).

En 1987, lors de l'ascension de Tasso Jereissati (1987-1991) au Gouvernement, s'est produite la rupture politique qui a permis de renouveler le discours et l'approche de traitement des effets de la sécheresse ainsi que des ressources hydriques de l'État, représentant un changement de paradigme dans la conduite des politiques publiques sur le sujet. Désormais, l'action Étatique affirme ouvertement sa priorité de concevoir les politiques publiques pour le secteur au profit d'une meilleure distribution sociale des résultats économiques (Ramos Vianna et al., 2006). Cependant, il n'y avait pas encore d'idée claire en termes du modèle de gestion de l'eau à adopter. Il visait en tout cas à discipliner et à rationaliser l'utilisation des ressources en eau, ainsi qu'à équilibrer l'offre et la demande en eau afin d'assurer leur durabilité (Ramos Vianna et al., 2006). Deux aspects de ce plan méritent d'être soulignés : (I) l'intérêt d'élargir l'accès des petits producteurs aux terres productives et, en même temps, d'augmenter l'extension de la zone irriguée dans l'État, ce qui aurait certainement un impact sur la demande en eau ; et (II) la critique adressée à la politique de l'eau dominante au Ceará jusqu'alors, très marquée par les interventions d'urgence et d'assistance, ainsi que par la logique de la solution hydraulique (Ramos Vianna et al., 2006). Ainsi, son plan gouvernemental souligne l'importance des solutions intégrées, structurelles et permanentes, une idée qui viendrait fonder les politiques et institutions de gestion des ressources en eau.

À partir de 1987, l'État du Ceará a commencé à mettre en place une structure institutionnelle pour les ressources en eau, dont les institutions sont encore actives aujourd'hui: le Secrétariat des ressources en eau du Ceará (SRH), désormais le noyau organisateur du système de ressources hydriques, et la Direction des travaux hydrauliques (SOHIDRA16). En outre, l'ancienne Fondation Cearense pour la météorologie et les pluies

16 Celle-ci a absorbé les fontions de la SOEC.

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artificielles - FUNCEME a reçu sa dénomination actuelle (Fondation Cearense de Météorologie et Ressources Hydriques) et a été placée sous le SRH (ANA, 2019). Désormais, la FUNCEME se consacre davantage au thème des ressources hydriques, en réalisant la tâche de produire des données sur le stock et le volume des barrages: une attribution fondamentale en termes de gestion des ressources hydriques (Ramos Vianna et al., 2006). La création de ces organismes, notamment le SRH, a amplifié l'espace de participation du personnel technico-scientifique à l'élaboration et à l'exécution de la politique des ressources hydriques de l'État (Ramos Vianna et al., 2006).

Au cours de la même période, la promulgation d'une nouvelle Constitution pour l'État du Ceará, en 1989, à la suite de la Constitution fédérale brésilienne de 1988, définit les aspects et objectifs de la gestion des ressources hydriques de l'État qui guident le système actuel, comme transcrit ci-dessous :

"Art. 326. (...) §1° La gestion des ressources en eau doit : I - favoriser l'utilisation multiple des eaux et réduire leurs effets négatifs ; II - être décentralisée, participative et intégrée par rapport aux autres ressources naturelles ; III - adopter le bassin hydrographique comme base et considérer le cycle hydrologique, dans toutes ses phases" (Constitution de l'Etat de Ceará, 1989).

Cependant, l'appareil d'État n'avait toujours pas de vision claire de la nécessité d'une gestion intégrée de l'eau, celle-ci restant limitée à des actions visant à augmenter l'approvisionnement. Aussi, le SRH était alors fortement axé sur une utilisation sectorielle spécifique : l'irrigation. Ce panorama ne changera qu'avec le Plan de l'État des Ressources Hydriques - PERH (1991) et la Loi de l'État sur les Ressources Hydriques (1992) (Soares Rocha et al., 2011). Le PERH est devenu, à l'époque, l'étude technique la plus importante déjà consolidée au Ceará, représentant un instrument incontournable pour la planification sectorielle de l'eau et constituant la base du modèle actuel de gestion des ressources en eau de l'État. Le plan susmentionné s'est également inspiré d'expériences internationales,

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le modèle français17 ayant une influence prépondérante sur la formation des principes du modèle de ressources en eau cearenses.

Le PEHR a donc contribué à la vérification du déséquilibre spatial en termes de capacité de stockage d'eau dans l'État, lequel entravait la mise en oeuvre harmonieuse des entreprises agricoles, industrielles et urbaines. Cette observation a implicitement suggéré l'idée de transposition de bassins (Ramos Vianna et al., 2006). Sous l'influence de l'environnement créé par le PERH, on peut percevoir dans le plan gouvernemental susmentionné quelques fragments d'une nouvelle politique des ressources hydriques. Celle-ci comprend désormais la valorisation de l'eau, à partir de la planification et de la compatibilité du potentiel et de la disponibilité de l'eau avec les besoins actuels et futurs, ainsi que l'objectif d'articulation entre tous les niveaux de l'administration publique. En outre, trois nouveaux aspects émergent du discours politique, visibles dans ce Plan de gouvernement : (i) l'apparition d'une (nouvelle) rationalité dans le traitement du problème de l'eau ; (ii) l'établissement d'une hiérarchie de priorités au sein de la structure des usagers, dont l'objectif principal devient la satisfaction des besoins humains ; et (iii) la proposition d'augmenter la capacité de stockage de l'eau de manière décentralisée, dans le cadre du concept de bassins hydrographiques (Ramos Vianna et al., 2006). Ainsi, une politique de gestion commence à émerger, en plus de la politique préexistante d'augmentation de l'offre d'eau (Ramos Vianna et al., 2006).

En 1992 entre en vigueur la loi de l'État pour les ressources hydriques (Loi 11.996/1992), laquelle conçoit l'eau comme une ressource limitée ayant une valeur économique, et crée la Politique de l'État de Ressources Hydriques (ANA, 2019). Cette dernière a institué (i) en tant qu'instruments de gestion des ressources en eau l'octroi de droits d'utilisation, la redevance et le partage des coûts des travaux ; (ii) le Plan de l'État des Ressources Hydriques; (iii) le Système Intégré de Gestion des Ressources Hydriques (SIGERH) ; et (iv) les collèges de coordination et de participation - à savoir les Comités des Bassins Hydrographiques, le CONERH et le Comité de Ressources Hydriques - COMIRH, ce dernier en tant qu'organisme de conseil technique du CONERH. Puis, en

17 Le modèle français de gestion de l'eau en France se fonde sur le bassin hydrographique en tant qu'unité territoriale de la gestion, sur l'implication d'une multiplicité d'acteurs et d'échelles politiques et administratives produisant ses propres règles (l'Europe, la France, les bassins hydrographiques, les régions, les départements et les communes françaises), ainsi que sur les agences de l'eau et les comités de bassin (Braga et Argollo Ferrão, 2015).

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1993, est créée la Compagnie de gestion des ressources hydriques (COGERH) (ANA, 2019), qui répond également au besoin, dans le cadre du SIGERH, d'un organisme spécialisé dans la gestion indépendante des infrastructures et de l'utilisation de l'eau (Ramos Vianna et al., 2006).

Parallèlement, l'augmentation de la capacité de stockage et d'approvisionnement d'eau s'est poursuivie avec la construction de barrages, de canaux, et d'autres infrastructures. Les études technico-scientifiques ont également été approfondies, servant à mettre à jour le PERH (Ramos Vianna et al., 2006). En tout cas, depuis la loi d'État sur les Ressources Hydriques, le gouvernement du Ceará a promulgué une série de lois et de décrets visant à compléter le modèle de gestion, dont la liste figure à l'Annexe 5. Parmi les principaux décrets de l'époque, citons ceux qui réglementent la redevance de l'utilisation de l'eau et la mise en oeuvre des Comités des Bassins (Ramos Vianna et al., 2006).

Par ailleurs, l'État a établi un partenariat avec la Banque Mondiale pour la question de l'eau dès 1994, ce qui a contribué à façonner le système de gestion des ressources hydriques dans l'État (Sousa Monte, 2008). Cet engagement de la Banque Mondiale a introduit le contrôle des instruments de gestion, la réforme institutionnelle, la modernisation des procédures administratives, et a exigé une amélioration de la capacité technique des ressources humaines dans le système de gestion de l'eau (Sousa Monte, 2008). Selon Sousa Monte (2008), tout cela est lié à une idée de «Ceará moderne» et de «modernité hydrique».

Un autre développement institutionnel important a été la séparation définitive de la fonction d'irrigation par rapport au SRH. À cette fin, le 31 décembre 1998, le gouvernement a créé le Secrétariat de l'agriculture irriguée (SEAGRI, lequel deviendrait plus tard l'actuel Secrétariat du développement agraire - SDA) (Ramos Vianna et al., 2006). Cette évolution institutionnelle est pertinente dans le sens où elle met fin au biais vers l'irrigation au sein du SRH, adaptant le système au paradigme de gestion selon lequel l'organisme qui gère l'eau ne peut pas, en même temps, faire usage de cette ressource (Ramos Vianna et al., 2006).

En résumé, on peut comprendre l'évolution juridique-institutionnelle de la gestion de l'eau dans le Ceará selon le schéma suivant:

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Figure 4 - Schéma de l'évolution juridique-institutionnelle de la gestion de l'eau dans le Ceará

Source: À partir de Aith et Rothbarth, 2015; ALEC, 2008; Buckley, 2010; Campos,
2014; Lemos et al., 2020; Soares Rocha et al., 2011; Nys et al., 2016.

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Enfin, la structure organisationnelle du SIGERH a alors été définie en trois systèmes : le système de gestion (organismes responsables de la planification, de l'administration et de la réglementation) ; le système d'exécution (organismes responsables de l'approvisionnement, de l'utilisation et de la conservation) et les systèmes connexes (organismes responsables de la planification et de la coordination générale, des incitations fiscales et économiques, de la science et de la technologie, de la défense civile et de l'environnement). Il y a aussi les organes représentatifs des usagers de l'eau et de la société civile organisée, puisqu'au cours de cette période ont été mis en fonctionnement le CONERH, les 12 comités de bassins hydrographiques et 68 commissions d'usagers et de gestionnaires de barrages, organes collégiaux qui, dans leur ensemble, sont chargés de la gestion participative des ressources hydriques (ANA, 2019). Ainsi, sous une forme simplifiée, la structure est la suivante :

Figure 5 - La structure du SIGERH-Ceará

Source: À partir de Ceará, 2009

Passons maintenant à l'explication des principales institutions représentées dans l'organigramme.

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- Le CONERH, directement subordonnée au gouverneur, est un organisme de coordination, de délibération collective et à caractère normatif, dont l'objectif est de (I) promouvoir l'articulation institutionnelle et communautaire ; (II) négocier et clarifier les politiques d'utilisation, d'approvisionnement et de préservation des ressources en eau ;

(III) promouvoir l'articulation entre les organismes Étatiques, fédéraux et municipaux ; et

(IV) délibérer sur les questions liées aux ressources en eau (IPECE, 2014). Outre les institutions Étatiques, il réunit également des institutions fédérales, telles que le DNOCS.

- Le SRH, en tant qu'organisme de gestion du SIGERH, est chargé de (I) promouvoir l'utilisation rationnelle et intégrée des ressources en eau de l'État ; (II) coordonner, gérer et rendre opérationnels les études, la recherche, les programmes, les projets, les travaux, les produits et les services liés aux ressources en eau ; et (III) promouvoir la coordination des agences et entités de l'État travaillant dans le secteur de l'eau avec les agences et entités fédérales et municipales (SRH, n.d.).

- La FUNCEME, qui est liée au SRH depuis 1987 (avec une interruption entre 1993 et 1997, lorsqu'elle était liée à ce qui était alors le Secrétariat d'État à la science et à la technologie), est une institution de R&D en météorologie, ressources en eau et environnement qui s'est consacrée à des études sur les modifications artificielles du temps, afin de trouver des solutions aux graves sécheresses qui frappent le Ceará - ce qui permet également de contribuer à la recherche de solutions dans d'autres États de la région Nordeste (FUNCEME, n.d.). En 1988, la FUNCEME a absorbé une partie des activités de la Direction pour le développement du Ceará (SUDEC), aujourd'hui disparue (Soares Rocha et al., 2011).

- La SOHIDRA est une autarcie également liée au SRH, chargée (I) de la collecte et de l'organisation d'informations concernant le bilan hydrique ; (II) de l'exécution d'études et projets qui visent à l'utilisation des eaux souterraines et de surface; (III) de l'exécution de travaux et de services d'ingénierie hydraulique ; (IV) de la gestion des systèmes et de l'utilisation socio-économique des zones d'influence des bassins hydrauliques publics ; et (V) de la réalisation d'études, de projets et de la mise en oeuvre des systèmes d'irrigation de l'État. Elle a gagné de l'importance, notamment entre 1995 et 2006, en tant qu'agence d'exécution des travaux hydrauliques (SOHIDRA, n.d.). Suite à la construction de barrages, de conduites d'eau et de systèmes d'irrigation par la

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SOHIDRA, ces ouvrages sont transférés à la COGERH, à la CAGECE ou au SDA pour être gérés.

- La COGERH, organisme d'Administration Publique Indirecte lié au SRH, a pour fonction de gérer l'approvisionnement des ressources en eau du domaine de l'État, afin de mettre en équation les questions relatives à leur utilisation et à leur contrôle. Cette fonction implique (I) le suivi et la redevance de l'utilisation des ressources en eau ; (II) la formation et le conseil aux comités de bassin hydrographique ; (III) l'exploitation et l'entretien des réservoirs publics ; (IV) la réalisation d'études liées à la gestion des ressources en eau ; (V) l'opérationnalisation de la gestion participative des ressources en eau à travers la définition participative de l'exploitation des réservoirs publics. Il est important de noter que le jalon du processus d'opérationnalisation d'une gestion participative au Ceará pourrait être défini à partir de la création de la COGERH. Cela car c'était cet organisme qui a commencé le travail de mobilisation et de soutien de l'organisation des usagers de l'eau, afin qu'ils puissent participer à la gestion de cette ressource (Soares Rocha et al., 2011). Enfin, il convient de noter que la loi fédérale sur les ressources en eau a créé les agences d'eau, une entité qui n'était pas prévue dans la législation sur les ressources en eau du Ceará, de sorte que la COGERH a occupé ce vide et assumé les fonctions que la législation nationale prévoit pour ces agences (Soares Rocha et al., 2011).

- Les Comités de Bassin Hydrographique sont définis par la loi de l'État n° 14.844 comme "entités régionales de gestion des ressources en eau avec des fonctions consultatives et délibératives, agissant dans les bassins, sous-bassins ou régions hydrographiques", liés au Conseil d'État des Ressources en Eau - CONERH. Ils sont considérés comme l'instance la plus importante de participation et d'intégration de la planification et des actions dans le domaine des ressources hydriques (SRH, n.d.b). C'est dans le cadre des comités de bassin que sont définies, de manière participative et démocratique, la quantité et la période pendant laquelle l'eau sera mise à disposition pour ses différents usages, à travers le processus d'allocation négociée de l'eau (Cortez et al., 2017). Afin de mettre en pratique le processus de gestion participative des bassins versants (Soares Rocha et al., 2011), sa composition présente la distribution et le pourcentage de participation suivants : usagers (30%) ; société civile (30%) ; pouvoir public municipal (20%) ; pouvoir public Étatique/fédéral (20%) (SRH, n.d.b). Tous les membres ont le droit de vote et peuvent se présenter aux postes du conseil

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d'administration (président, vice-président et secrétaire général, avec des mandats de deux ans) (SRH, n.d.b).

Le processus de constitution des Comités de Bassins Hydrographiques (CBH) a été mené depuis 1993 par la COGERH, à travers une équipe d'organisation d'usagers, comprenant la formation de conseils de gestion des systèmes hydriques, et la constitution de règles d'utilisation et de préservation d'une source déterminée (Gouvernement de l'Etat de Ceará, 2006). Ainsi, l'organisation de comités dans l'État, bien que prévue dans la loi d'État sur les ressources hydriques de 1992, n'a effectivement commencé qu'en 1994, avec l'entrée du personnel technique de la COGERH (Governo do Estado, 2006). Au Ceará, les ressources collectées ne sont pas gérées par les comités et ceux-ci ne participent pas à la planification de leur utilisation, ce qui diffère de ce que prévoit la loi fédérale 9433/97 (Mendonça Morais et al., 2018).

- Les Directions des Bassins ont l'objectif de réaliser les actions de gestion et d'appui à l'organisation des usagers d'eau dans les bassins de manière décentralisée, tel que préconisé par la COGERH. Ainsi, à partir de 1997, a été mise en place la première Direction de Bassin, celle des bassins du Baixo et Médio Jaguaribe. Aujourd'hui existent 8 Directions de Bassins dans l'État, lesquelles réalisent d'actions importantes pour le maintien et le suivi des systèmes hydriques gérés par la COGERH (Ceará, 2018).

- Les commissions de gestion des systèmes hydriques sont des organismes de bassin liés aux comités de bassin hydrographique. Elles sont composées d'usagers de l'eau, de représentants de la société civile organisée et de représentants des pouvoirs publics, avec une plénière et un secrétariat dans sa structure, et agissent uniquement dans le cadre du système d'eau qui fonctionne de manière isolée (COGERH, 2015).

- La SEMACE - Direction de l'État pour l'environnement, ne fait pas partie du SIGERH directement, mais reste pertinente dans les discussions pour la gestion des ressources en eau (Soares Rocha et al., 2011). Liée à la SEMA (Secrétariat de l'environnement) (SEMACE, n.d.), c'est l'organisme chargé de garantir la qualité et la protection des ressources en eau (Soares Rocha et al, 2011).

- Finalement, le COMIRH est le Comité d'État des ressources hydriques, un organisme collégié consultatif, composé de techniciens des institutions Étatiques de

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ressources hydriques, et ayant pour objectif d'analyser les questions liées au thème d'un point de vue technique (Soares Rocha et al, 2011).

Enfin, la loi de l'État n° 14.844, du 28 décembre 2010, a établi les instruments de gestion suivants : octroi du droit d'utilisation des ressources hydriques et exécution de travaux et/ou de services hydriques ; redevance de l'utilisation des ressources hydriques ; plans de ressources hydriques ; Fonds de l'État pour les Ressources Hydriques ; classification des masses d'eau en classes d'utilisation prépondérantes ; surveillance des ressources hydriques. Il convient toutefois de noter que cette dernière n'est pas présente dans la politique nationale sur les ressources hydriques (Ramos Vianna et al., 2006). Parmi ceux-ci, méritent quelques observations succinctes les instruments d'octroi et de redevance.

L'octroi est conditionné aux priorités d'utilisation établies dans les plans de ressources en eau et doit respecter la classification de la masse d'eau, étant accordé par le SRH, en accord avec l'avis de la COGERH (Ramos Vianna et al., 2006). Les permis d'utilisation de l'eau ne seront pas accordés dans les cas suivants : i) rejet de déchets solides, de déchets radioactifs, de métaux lourds et d'autres déchets toxiques dangereux dans l'eau ; et ii) rejet de polluants dans les eaux souterraines (Aragão Martins de Araújo, 2012). Il convient de noter que, lors d'un entretien avec un agent du SRH le 19 mai 2021, il a été rapporté que quelque 2 000 à 3 000 demandes d'octroi sont reçues par an, dont "la grande majorité" est acceptée, étant, "dans les rites sommaires, presque une simple formalité".

Au Ceará, la redevance de l'utilisation de l'eau, cruciale pour le fonctionnement autonome des comités de bassin, a été instituée par la loi 11.996/92 et réglementée par le décret 24.264/96, la COGERH étant l'agence responsable de sa mise en oeuvre, notamment en ce qui concerne l'établissement des prix. Ramos Vianna et al. (2006) ont soutenu que le critère de définition de la valeur est assez subjectif, ou des fois presque symbolique, et qu'il ne touche pas encore tous les segments d'utilisateurs - notamment les agriculteurs.

Enfin, au-delà des instruments prévus par la loi, dans la pratique il existe un septième, qui n'est pas formellement institutionnalisé, mais qui reste central pour la définition de la façon dont les ressources sont distribuées: il s'agit de l'allocation négociée

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de l'eau, un mécanisme très spécifique de la réalité cearense. Lors de la mobilisation des usagers par la COGERH, tel que décrit ci-dessus, la situation critique des barrages d'Orós et de Banabuiú demandait un plan d'urgence pour la répartition de l'eau (Álvares da Silva et al., n.d.). C'était à cette occasion qu'a été mise en place un processus participatif de délibération, aujourd'hui connu sous le nom d'allocation négociée de l'eau. Celui-ci peut être compris comme l'ensemble des processus et instruments de délibération autour du partage des ressources en eau, envisageant les meilleures scénarios en termes de développement économique, de protection de l'environnement et d'utilisation rationnelle de la ressource. Les conseils d'usagers et les comités de bassin hydrographique, sous la supervision des organes de gestion, discutent, négocient et définissent les volumes d'eau qu'il est prévu de consommer tout au long de l'année et les risques qu'ils sont prêts à prendre (Lopes et Freitas, 2007 apud Spolidorio, 2017).

L'allocation négociée de l'eau est promue annuellement, toujours après la saison des pluies au Ceará, car ce n'est qu'après cette période qu'il est possible de définir la disponibilité en eau de chaque barrage, en fonction de la recharge en eau reçue (Álvares da Silva et al., n.d.). Des séminaires sont organisés au cours desquels la situation actuelle (offre relevée par la COGERH) et les projections sont présentées, la demande est évaluée, le débit à libérer est défini, et un comité d'usagers de l'eau est formé pour suivre l'opération. Cependant, Aragão Martins de Araújo (2012), souligne que les informations climatiques ne sont pas prises en compte comme une limitation dans les projections de scénarios, base des discussions pour le processus d'allocation négociée de l'eau.

Les délibérations ont lieu dans le cadre de réunions impliquant les différentes parties prenantes (usagers, membres des comités de bassin, chambres techniques, société civile, etc.), où sont prises les décisions concernant l'allocation de l'eau dans l'État. Ces délibérations sont consignées dans des procès-verbaux signés par les participants, constituant un document de référence officiel pour l'exploitation des barrages (Álvares da Silva et al., n.d.). Enfin, ces décisions sont suivies par la COGERH et par les membres des comités de bassin, de sorte qu'en cas de débit insuffisant pour répondre à la demande, ces entités communiquent et établissent un accord avec un nouveau débit d'approvisionnement.

La COGERH procède également à une évaluation préliminaire de la procédure afin de vérifier si ce qui est fait permet de résoudre efficacement le problème identifié, et

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d'apporter les ajustements nécessaires (Aragão Martins de Araújo, 2012). Les informations obtenues révèlent que dans les 10 bassins versants qui utilisent les comités de bassin pour la prise de décision sur l'allocation, il existe des procédures standard qui sont suivies ainsi que des procédures uniques, inhérentes à chaque bassin (Aragão Martins de Araújo, 2012).

Dans l'État du Ceará, ce processus d'allocation négociée est réalisé à la fois pour les barrages isolés (généralement des barrages de taille moyenne qui imprègnent une vallée spécifique de manière isolée, avec une portée localisée) et pour les systèmes stratégiques (grandes vallées imprégnées par un groupe de barrages).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard