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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

En grammaire française, le verbe, le nom, la préposition, l'adverbe et l'adjectif qualificatif font partie des têtes lexicales. En effet, ils sont dotés d'un contenu notionnel. En tant que constituant, l'adjectif qualificatif est généralement un adjoint dans la phrase. Selon Riegel et al. (2014 : 598), les adjectifs qualificatifs dépendent d'un autre terme de la phrase, généralement nominal ou pronominal, et leur fonction se définit selon la manière dont ils sont mis en relation avec cet élément. Au plan syntaxique, l'adjectif qualificatif peut être fourni en expansions ou en compléments. Un adjectif qualificatif peut ainsi régir des syntagmes prépositionnels, des adverbes, des infinitifs ou des subordonnées complétives. Étant donné que le mot complétive possède de nombreuses acceptions dans le métalangage linguistique, il convient de préciser dans quel sens nous l'emploierons dans ce travail.

La notion de complétive a un sens variant selon les grammaires. Comme le font remarquer Wagner et Pinchon (1972 : 559),

cette dénomination est employée de diverses façons par les grammairiens : certains l'appliquent à toutes les propositions qu'elles soient sujet, attribut, objet, complément circonstanciel ou qu'il s'agisse de propositions relatives [...], d'autres la réservent aux propositions qui jouent le rôle de sujet, d'objet, ou d'attribut (les conjonctives par que, les interrogatives indirectes, les infinitives).

En d'autres termes, il n'existe pas de consensus, les considérations heuristiques sont fluctuantes. Elles dépendent de chaque grammairien et des analyses menées. La même remarque est formulée par Riegel et al. (2014 : 823) en ces termes :

les propositions complétives sont des propositions qui se substituent, dans certains cas déterminés et selon certaines règles précises, à des groupes nominaux (GN) constituants du groupe verbal (GV), ou plus rarement au GN sujet, voire à des GN compléments de noms et d'adjectifs. On remarquera donc que toutes les complétives ne sont pas des compléments du verbe, pas plus que toutes les propositions subordonnées compléments ne sont des complétives : les deux termes ne sont pas synonymes.

Pour Wagner et Pinchon, les subordonnées sujets sont exclues de la dénomination de complétive alors qu'elles y sont incluses chez Riegel et al. Le présent travail adopte ce dernier point de vue, selon lequel les complétives constituent un grand ensemble qui intègre d'un côté les complétives introduites par que ou propositions conjonctives ; les infinitifs qui

ont pour fonction de compléter le verbe ; et enfin les propositions interrogatives indirectes voire les exclamatives. Le travail portera non pas sur toutes ces complétives, mais exclusivement sur la proposition conjonctive complétive. Par complétive, il faudra entendre une subordonnée introduite par que, conjonction de subordination. Elle est encore appelée « conjonctive pure » par Soutet.

En introduisant une complétive, l'adjectif qualificatif devient un terme opérateur. Pour Maingueneau (1999 : 100), les termes opérateurs sont des mots qui appellent une complétive ou un infinitif. Dans les énoncés ci-dessous, les adjectifs heureux, fiers et agréable sont donc des adjectifs à complément phrastique.

1.a. Mon père est heureux que son épouse soit de retour.

1.b. Les camerounais ont envahi les rues, tapant des casseroles, fiers qu'ils étaient d'avoir remporté la CAN.

1.c. Il est agréable que des frères demeurent dans l'harmonie.

Dans ces constructions opératrices, la complétive est un complément de l'adjectif recteur dont elle constitue un apport en information. Elle peut aussi être un sujet extraposé de la copule être.

La structure complétive adjectivale permet de relever trois faits. D'une part, elle est généralement actualisée dans une phrase attributive. Les unités verbales desdites phrases tournent donc toujours autour du verbe être et ses succédanées ou alors des verbes dits occasionnellement attributifs.

D'autre part, tous les adjectifs ne sont pas susceptibles d'y apparaître. Les adjectifs qualificatifs y apparaîssant semblent sélectionnés sur la base de la possibilité des structures syntaxiques données et, dans une certaine mesure, sur la base de leur profil sémantique. De ce point de vue, plusieurs classes ou sous-catégories d'adjectifs qualificatifs sont exclues. Par exemple, dans les énoncés 2.a et 2.b ci-dessous, les adjectifs qualificatifs immense et large, exprimant la proportion ou la dimension, ne peuvent pas régir la complétive. De même en 2.c et 2.d, l'adjectif qualificatif rouge, marquant la couleur, est exclu du rôle de régissant de la complétive.

2.a. * Il est immense que...

2.b. *La fenêtre est large que l'enfant entre

2.c. La pomme rouge que mes dents croquent

2.d. *Le sol est rouge que je cultive

En 2.a, 2.b et 2.d, les énoncés sont agrammaticaux. En 2.c par contre, la suite Que P est la réalisation non pas d'une complétive, mais d'une relative adjective dépendant du GN la pomme.

En troisième lieu, la construction à complétive adjectivale permet de s'interroger sur le statut du lien entre l'adjectif introducteur de la complétive et de l'unité verbale qui le précède. Ils donnent l'impression d'être disjoints. Voilà pourquoi l'adjectif est souvent analysé comme attribut du sujet ou de l'objet. Mais, à y regarder de près, les deux paraissent intriqués. Le postulat de leur disjonctif et de leur autonomie respective semble sujet à caution.

C'est au regard des constats effectués ci-dessus qu'est née l'idée d'une étude sur la complétive de l'adjectif. Dans un tarvail antérieur, Anyou Elanga (2018) a relevé, modestement à la suite de Riegel et al. (2014), de Pierrard (1979), de Dubois et Dubois-Charlier (1997) et de Boone (1996 et 2002), que ce ne sont pas tous les verbes qui introduisent des complétives. Seules certaines catégories morphosémantiques le font. Il a proposé, sans toutefois l'explorer, la même hypothèse pour l'adjectif qualificatif introducteur de la subordonnée complétive. C'est donc cette hypothèse qui ouvre les voies de la présente recherche. D'où le sujet intitulé Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif.

Ce travail voudrait présenter le fonctionnement de la complétive adjectivale. Il a pour enjeu la mise en lumière des propriétés syntaxiques des structures dans lesquelles la complétive adjectivale est actualisée. Autrement dit, son intérêt majeur est la mise en lumière des structures de la complétive adjectivale, leur fonctionnement morphosyntaxique et les transformations auxquelles elles peuvent donner lieu. Dans la mesure du possible, il tente de clarifier le statut de la relation V+Adj dans la construction analysée.

Comme il vient d'être dit, ce ne sont pas tous les adjectifs qualificatifs qui apparaissent dans la structure attributive à complétive adjectivale. Pour une saisie complète du fonctionnement de cette classe de conjonctives complétives, une étude devrait non seulement mettre en lumière les constructions de cette complétive, mais aussi les contraintes de rection et les transformations de la conjonctive pure régie par l'adjectif.

Dès lors, pour une description grammaticale satisfaisante, quelles sont les structures de la complétive adjectivale et comment fonctionnent-elles aux plans syntaxique, distributionnel et transformationnel ?

Pour mieux être saisie et déployée, cette question centrale en appelle plusieurs autres. Comment la classe de l'adjectif qualificatif fonctionne-t-elle sur le plan morphosyntaxique ?

La complétive de l'adjectif fait partie des complétives non-verbales au même titre que la complétive du nom et la complétive de l'adverbe. On est par conséquent en droit de

Bien que redevable de son appareillage théorique à Zillig Harris d'après Laporte (1999 :3), le lexique-grammaire est une théorie linguistique et une méthode d'analyse de la

s'interroger sur leur configuration. De ce fait, les complétives non-verbales ont-elles des traits qui les discriminent de la complétive du verbe ?

Qu'est-ce qui caractérise la complétive de l'adjectif au plans syntaxique, structurel et transformationnel ?

En outre, dans la structure V+Adj+ Que P, la complétive dépend-elle exclusivement de l'adjectif qualificatif ou concomitamment du verbe et de l'adjectif ? Et dans cette suite, l'adjectif et le verbe sont-ils liés ou au contraire syntaxiquement indépendants l'un de l'autre ?

En guise d'hypothèse centrale, nous posons que les structures de la complétive adjectivale ont des propriétés morphosyntaxiques, distributionnelles et transformationnelles. Ces dernières conditionnent leur complémentation. Elles sont par ailleurs analogues aux autres complétives non-verbales sur certains aspects.

En hypothèses secondaires, notons d'abord que la classe de l'adjectif qualificatif, parce qu'elle est d'apparition récente en grammaire française selon Marquez (1998) et Lemaréchal (1992), présenterait encore des contours flous et se caractériserait par une hétérogénéité.

Nous pensons ensuite que contrairement à la complétive du verbe, les complétives non-verbales seraient des constituants intrasyntagmatiques non-essentiels dans certains contextes.

En outre, dans la construction V+Adj+ Que P, V+Adj formerit un tout, un prédicat complexe si V est exprimé par la copule être et ses succédanées sembler, reste, demeurer, etc. Dans ce cas, la complétive dépendra du nucléus formé par V+Adj. Par contre si V est syntaxiquement exprimé par un verbe occasionnellement attributif, le lien entre V et Adj semble relâché et tendrait vers une autonomie et chacun. Conséquemment, Que P serait le subordonné exclusif d'Adj.

La caractérisation syntaxique de l'adjectif et de la complétive qui en dépend est au coeur de notre entreprise. Et, pour sous-tendre nos démonstrations, nous avons convoqué le lexique-grammaire comme théorie de référence. Le lexique-grammaire est un modèle formel, une théorie syntaxique de nature transformationnelle.

langue qui doit son existence à Maurice Gross et son LADL (Laboratoire automatique documentaire linguistique). En effet, selon Vivès (1985 : 49),

un lexique-grammaire est une description des propriétés syntaxiques, distributionnelles et transformationnelles de certains items lexicaux (verbes, noms, adjectifs) dans les phrases simples d'une langue, c'est-à-dire celles dont la forme générale est sujet+verbe+ (compléments). Les descriptions sont présentées sous-forme de matrices binaires traitées informatiquement : l'axe horizontal correspond à l'entrée lexicale décrite (un verbe, un adjectif, un nom) et l'axe vertical à une phrase. La matrice indique par les signes « + » ou « - » si l'entrée lexicale peut se réaliser dans telle ou telle construction.

On comprend que le lexique-grammaire procède à l'étude de la distribution des unités lexicales prédicatives au double plan syntaxique et sémantique. Voilà pourquoi Amr Helmy (2003 :102) affirme que dans un lexique-grammaire, la sémantique est indissociable des mécanismes formels de la grammaire à travers lesquels se construit la prédication.

Pour mieux appréhender cette théorie, nous retiendrons le résumé que nous donne Laporte (1999 : 3-6). Pour cet auteur, on peut résumer le lexique-grammaire en trois points essentiels. Ladite théorie considère la phrase simple comme unité minimale d'étude du sens, parce que cette dernière déclenche systématiquement une intuition de sens et de jugement d'acceptabilité. En second lieu, ces phrases peuvent être formalisées de manière algébrique suivant le modèle N0 être propre. Cette suite montre que chaque schéma de phrase simple comporte un élément lexicalement spécifié, et qui en principe a un caractère prédicatif ; un, ou plusieurs actants ou argument peuvent s'y ajouter. Enfin, le lexique-grammaire est une théorie transformationnelle. Un schéma donné peut en effet produire d'autres par diverses transformations.

Contrairement à d'autres théories linguistiques centrées sur la prédominance du verbe ou celle du substantif, le lexique grammaire fait la part belle à toutes les têtes grammaticales. On peut dès lors comprendre Laporte (op. cit.) qui affirme :

L'élément central, en principe prédicatif d'un schéma de P, n'est pas forcément un verbe, mais comporte généralement une partie conjugable, par exemple le verbe être. Lorsque cette partie conjugable est un mot grammatical dont l'apport sémantique est limité, comme être, elle est qualifiée de support.

Le lexique grammaire-grammaire a aussi la particularité de concevoir la phrase comme un tissu de relations. Les principales relations intraphrastiques utilisées par la méthode du lexique-grammaire sont les relations de prédicat à argument. Les constituants

sont examinés les uns dans leur dépendance avec les autres. En réalité, comme le pense De Goia (2015 : 5),

en lexique-grammaire, on n'examine pas un verbe séparément du sujet ou de ses compléments éventuels, car aucune donnée linguistique n'est étrangère au contexte phraséologique où elle fonctionne : aucun mot de la langue n'a d'autonomie syntactico-sémantique, autrement dit, tout mot entre dans une phrase élémentaire

Le lexique-grammaire permet d'analyser différentes structures de phrases simples et de les classer. En rapport avec notre sujet, elle offre un double avantage. D'une part, elle autorise le traitement concomitant des structures au double plan syntaxique et sémantique. Précisons néanmoins que l'utilisation du plan sémantique dans la méthode du lexique-grammaire consiste surtout à être attentif aux différences de sens entre des phrases très voisines, par exemple, l'actif et le passif. Mais dans les résultats, les traits sémantiques sont peu formalisés. Ce faisant, elle aide à pallier l'éclectisme et à donner une constance méthodologique au travail. D'autre part, c'est une théorie d'un accès facile au plan formel et métalinguistique. Laporte (Op. cit. :7) pour ce faire que

le lexique-grammaire est a suffisamment de simplicité formelle et de netteté pour qu'on ait envisagé de construire des grammaires formelles, c'est-à-dire des grammaires dont le contenu informatif atteint celui requis en mathématiques ou en informatique. Le lexique-grammaire a une grande retenue dans la création de métalangage.

En dépit des avantages sus-relevés, il faut apporter une nuance relativement à la notion de phrase simple. Le lexique-grammaire utilise ce terme dans le sens de « phrase élémentaire ». Or, si la phrase élémentaire comporte des arguments phrastiques, ne devient-elle pas de fait une phrase complexe ?

Pour les lexicogrammairiens, la phrase simple est l'unité de base de l'analyse de la langue. De notre point de vue, on peut aussi analyser la phrase complexe à l'aune de cette théorie. La phrase complexe est aussi une phrase élémentaire. L'opposition traditionnelle entre phrase simple et phrase complexe est neutralisée.

Qu'elle soit simple ou complexe, la phrase a le même schéma structurant. Définissant par exemple la phrase complexe, Riegel et al. (2014 : 780) déclarent :

syntaxiquement, une phrase est complexe si elle possède globalement les attributs définitoires de la phrase [...] Elle comprend un constituant qui, ayant lui-même la structure d'une phrase (P?GN+GV), se trouve ainsi être en relation de dépendance ou d'association avec une autre structure de phrase.

Le constituant dont il est question dans le deuxième membre de cette définition est la traditionnelle proposition qui est, non plus un élément d'apparente autonomie et coupé de la réalité phrastique, mais un constituant inséré dans le schéma d'une phrase. La proposition est sentie soit comme un syntagme majeur de la phrase, soit comme un subordonné de l'un des syntagmes du schéma structurateur de la phrase. Elle est un membre enchâssé. Par conséquent, phrase simple = phrase complexe = SNO + V+ X, quel que soit le degré de complexification de l'énoncé. Nous aurons donc toujours un prédicat possédant un schéma d'actants. La complétive de l'adjectif sera une expansion du prédicat adjectival.

La syntaxe transformationnelle est une grammaire formelle issue du structuralisme qui, selon Dubois (1969 :7),

se donne pour tâche la description des règles qui constituent la langue. Il s'agit [...] de définir par la seule combinatoire interne un système abstrait, commun à l'ensemble des locuteurs et qui se réalise dans de multiples variantes individuelles, dans des actualisations infinies, mais qui, toutes, sont des manifestations d'une même structure.

Il y a plusieurs variantes de la syntaxe transformationnelle. La première, due à Zellig Harris, conserve les méthodes structuralistes et distributionalistes. Celle de Noam Chomsky, venue après, rejette ces méthodes au profit de l'intuition directe, c'est-à-dire la grammaire générative. Enfin, le lexique-grammaire, venu en troisième lieu, utilise systématiquement les méthodes structuralistes et distributionalistes. Nous exploiterons la dernière variante, le lexique-grammaire. Selon Dubois (1969 : 13-14),

tout sujet parlant une langue porte sur les phrases produites des jugements de grammaticalité ; en d'autres termes, il considère certaines phrases comme appartenant à la langue et il en rejette d'autres [...] Toute grammaire doit non seulement engendrer, c'est-à-dire expliciter toutes les phrases d'une langue, mais aussi ne pas engendrer les phrases jugées agrammaticales et fournir les éléments essentiels qui permettent de classer les phrases selon les degrés de grammaticalité.

La notion de grammaticalité est déjà présente chez Harris, avec un autre terme : acceptabilité au lieu de grammaticalité. Mais le concept est en réalité pratiquement le même. Dans notre l'analyse, nous utiliserons plus la notion de transformation et les opérations linguistiques. La manipulation de la phrase s'effectue par une série d'opérations. Pour Feuillard (2003 : 32), ce sont des procédures d'analyse explicites et objectives qui permettent de saisir le fonctionnement d'un élément et de faire ressortir ses propriétés. Relevons néanmoins qu'il y a une part d'objectivité dans l'application des opérations, mais il y a forcément une part de subjectivité dans l'appréciation de l'acceptabilité des formes

obtenues, et dans l'appréciation de la différence de sens qui accompagne l'application des opérations. Entre autres tests, nous emploierons la commutation, la pronominalisation, la permutation, le déplacement, la coordination, et l'effacement. À celles-là, on peut ajouter, selon Riegel (1984 :34-36), la transformation passive, l'extraction, l'interrogation. Appliquées aux énoncées, elles permettront de juger de leur grammaticalité et de leur acceptabilité. Relevons avec Feuillard (2003 :45) que ces

procédures sont à la fois solidaires et complémentaires, mais aucune d'elle n'a de valeur absolue : elles peuvent au sein d'une langue, concerner différents phénomènes et ne sont jamais applicables à tous les cas, d'où la nécessité de recourir à plusieurs d'entre elles, sans que cela n'entraîne un manque d'homogénéité.

En d'autres termes, pour plus de fiabilité dans les analyses, il faudrait capitaliser concomitamment diverses opérations.

Toutefois, contrairement à Dubois (1969 :16) qui pense que les transformations n'impliquent aucune addition ou modification de sens, nous envisageons des extensions et restrictions de sens. C'est un élément essentiel de la méthode du lexique grammaire. Gross (1975) l'a appelé une différence sémantique minimale. Dès lors qu'une phrase est transformée, elle n'est plus tout à fait la même. De ce fait, une phrase dotée d'une complétive adjectivale ne peut avoir la même interprétation qu'une transformation de son schéma en unipersonnel, au passif, etc. Pour un même prédicat adjectival, deux syntactifications dotées de deux modes, de deux prépositions ou d'une nominalisation ne peuvent avoir le même sens.

Les démonstrations de notre travail sont sous-tendues par un corpus de 380 énoncés comportant des complétives adjectivales en majorité et des complétives du nom et de l'adverbe pour des besoins de comparaison. Une des critiques qui pourrait peser sur ce corpus est son économie. À ce sujet, notre propos est, non pas d'étudier tous les adjectifs qualificatifs à complément phrastique du français chacun pris dans sa singularité, mais de ressortir les structures des complétives qui s'y trouvent et de décrire leur fonctionnement syntaxique et, dans la mesure du possibles les traits définitoires. Notre corpus se veut plus représentatif qu'exhaustif. En cela, il aurait été inabordable de les embrasser tous au risque de donner des descriptions ramassées. Il n'est donc pas question d'une étude statistiquement quantitative, mais qualitative. La présente étude est un tremplin, il s'agit des prolégomènes en vue de l'établissement d'un lexique-grammaire des adjectifs qualificatifs intégrant la complétive de l'adjectif.

Les énoncés ont manuellement été collectés dans un hebdomadaire français, Le Point et dans des romans. Ce sont Le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono, Ville cruelle d'Eza Boto, Les soleils des indépendances de Kourouma, Trop de soleil tue l'amour de Mongo Beti, et Le Procès de Kafka. L'hétérogénéité de ce corpus peut être jugée préjudiciable pour certains.

Nous pensons que, pour une étude qui vise une langue et non un style ou un genre littéraire, la diversité du corpus est un atout. Le corpus est en effet collecté dans des textes appartenant à des registres variés. Une fois encore, nous cherchions un matériau linguistique sur lequel faire reposer les analyses. Du moment où l'énoncé analysé est en langue française et que sa structure et sens sont correctes, peu importe la source. L'enjeu de notre corpus réside moins sur la source de l'occurrence que sur le statut grammatical de l'énoncé à analyser. Les occurrences sont des phrases complexes comportant une complétive liée à un adjectif qualificatif. Les adjectifs et leurs complétives ainsi relevés serviront d'illustrations à nos propos au fil des chapitres.

Le travail suit une progression en deux parties équilibrées de deux chapitres chacune. La première partie est centrée sur l'adjectif qualificatif. Les fondements de cette notion et son fonctionnement sont mis en lumière. Le premier chapitre, intitulé Historique de la notion de l'adjectif, dressera une histoire de la notion d'adjectif qualificatif en grammaire traditionnelle et en linguistique structurale. Les éléments constitutifs de cette classe syntaxique et son fonctionnement morphosyntaxique seront mis en exergue.

Le deuxième chapitre, consécutif au premier, traite de la typologie et de la complémentation des adjectifs en français.

La deuxième partie du travail est constituée des chapitres trois et quatre. Elle analyse la notion de complétive. Le troisième chapitre fait une étude différentielle et contrastive des complétives non-verbales. Intitulé Les complétives non-verbales : essai de syntaxe, ce chapitre compare les complétives du nom, celle de l'adverbe et celle de l'adjectif qualificatif du point de vue syntaxique et sémantique. Il sera question de voir ce qui leur est commun et ce qui peut les discriminer. En d'autres termes, on posera la problématique des traits inhérents à chaque structure de complétive non-verbale tout en testant l'hypothèse d'une certaine harmonie entre elles.

Le quatrième chapitre procède à une analyse des complétives adjectivales. Tel que l'annonce son titre, La complétive adjectivale : description morphosyntaxique et sémantique, ce chapitre dira présente les constructions de la complétive adjectivale, leurs propriétés transformationnelles et distributionnelles.

DIACHRONIE DE L'ADJECTIF EN FRANÇAIS

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand