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D'une motricité subie à  une motricité agi : le soin psychomoteur comme soutien à  l'élaboration d'une motricité intentionnelle chez l'enfant porteur d'autisme


par Juliette Landeau
Université Claude Bernard Lyon 1 - ISTR - D.E. Psychomotricien 2022
  

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3.1.3. Troisième séance : une perturbation du cadre

À l'issue de ces premières séances, nous remarquons chez les enfants des difficultés à être présents aux activités proposées. Il semble qu'ils aient du mal à comprendre que le temps sensori-moteur libre arrive à la fin, et sont très envahis par des éléments sensoriels pendant les ateliers. Cette réflexion nous amène à déplacer ce temps libre en début de

LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)

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séance, après le temps d'accueil, afin de leur permettre de se « remplir » d'éléments sensoriels et ainsi être plus accessibles à nos propositions ensuite.

Une grève fait que la monitrice-éducatrice doit rester sur l'unité pour combler un manque d'effectif. La psychomotricienne et moi-même emmenons deux enfants du groupe afin de leur proposer une séance. Après le temps d'accueil qui se déroule plutôt aisément, nous proposons aux deux enfants, dont Jamil fait partie, un temps sensoriel libre. Jamil choisit encore une fois d'utiliser la balançoire, dans laquelle il se balance très fort, en fermant les yeux et en plaçant sa tête en arrière.

La psychomotricienne et moi-même profitons de ce temps sensoriel pour réorganiser la salle, ce qui attire l'attention des enfants sur les agrès, que nous déplaçons. Ils viennent alors les utiliser pour se stimuler, en observer les mécanismes, les utiliser.

Le temps de déplacements que nous proposons par la suite se déroule comme habituellement, il est difficile de faire en sorte que Jamil se déplace au sol. Puis, nous commençons à installer le matériel pour le parcours psychomoteur. Jamil refuse que nous sortions le matériel et cherche à le ranger par lui-même. Il refuse ensuite de faire le parcours et s'évertue à le ranger. Il pleure lorsque nous lui indiquons que ce n'est pas le moment de ranger, qu'il doit laisser le matériel à sa place. Ce comportement de rangement me questionne. Est-ce un moyen pour Jamil de nous montrer qu'il ne veut pas continuer la séance ? Nous avons sur cette séance perturbé le cadre : il manque les autres enfants ainsi que la monitrice-éducatrice, et nous plaçons le temps sensoriel en début de séance et non plus à la fin. Est-ce alors un moyen de garder un contrôle, une maîtrise alors que le cadre n'est plus connu ? Cette séance est la troisième où la psychomotricienne et moi-même intervenons, et la cinquième où la psychomotricienne est présente. Jamil ne nous a peut-être pas encore intégrées comme personnes de confiance et l'absence de la monitrice-éducatrice le laisserait alors sans repères stables.

Ma réflexion se porte aussi sur un aspect sensoriel, Jamil a déjà pu montrer une sensibilité à la lumière pendant les séances. Il se frotte parfois les yeux en fin de séance, mais surtout va éteindre les lumières, et refuse qu'elles soient allumées de nouveau. L'autre enfant présent à cette séance présente le comportement inverse, il cherche à allumer les lumières. S'instaure alors un va-et-vient autour de l'interrupteur, difficile à endiguer. Sur le plan visuel donc, Jamil semble montrer une certaine sensibilité. Le matériel qui compose le parcours est très coloré : des barres et plots de toutes les couleurs, un tunnel bleu, des plaques sensorielles colorées elles aussi. La lumière de la salle provient du plafond et est plutôt forte, même si elle est diffuse. Le seul moyen de tamiser un peu la lumière est de

LANDEAU (CC BY-NC-ND 2.0)

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n'allumer que la moitié des luminaires. Tout cela est très stimulant visuellement et il n'est pas impossible que Jamil ne supporte pas de subir toutes ces informations sensorielles. Son comportement de rangement pourrait donc être lié à une sensibilité douloureuse aux stimuli visuels.

Sur le temps calme en fin de séance, Jamil semble s'apaiser et ne pleure plus. L'obscurité l'aide à se calmer, bien que son agitation reste présente. Il reprend ses conduites d'escalade, et se coupe encore une fois du monde.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci