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Rapport de projet d'intervention - prévention des syndromes coronariens aigus chez les immigrants non européens du Québec à¢gés de 20 ans et plus


par Ghislain Muzinga Kasenda
Université Laval - M.Sc. Santé publique 2024
  

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5.2. Défis liés à l'intégration des immigrants à la vie sociale

Dans la chapitre 2, nous avons discuté des enjeux d'isolement social et de solitude au sein des populations migrantes et de leurs répercussions sur la santé physique et mentale, la qualité de l'alimentation et la qualité de vie de façon générale. Divers facteurs dont les barrières linguistiques contribuent à accroître le risque d'isolement social et de solitude chez les immigrants. Outre ces facteurs, certains participants interviewés ont également soulevé des lacunes liées principalement aux programmes et activités visant la socialisation et le rapprochement interculturel et qui limitent l'insertion des nouveaux arrivants à la vie sociale québécoise. Ces programmes et activités sont généralement proposés par les organismes communautaires et les municipalités.

5.2.1. Socialisation et rapprochement interculturel

Certains participants ont mentionné que la connaissance du français est un facteur essentiel non seulement pour socialiser et se créer des nouveaux réseaux sociaux, mais aussi pour interagir lors de certaines démarches administratives inhérentes au processus d'intégration au Québec. Ces diverses interactions sociales contribuent en retour au renforcement linguistique : « si non, l'apprentissage du français passe vraiment par les interactions sociales en particulier lors des démarches gouvernementales, à force d'entendre les mêmes mots, les mêmes phrases, à force de répétition, ils apprennent (entrevue 1, 21 juin 2023) ». À leur arrivée au Québec, les immigrants essaient de trouver des espaces pour socialiser et créer des nouveaux réseaux d'amis et de connaissances. Les participants mentionnent qu'ils vont utiliser entre autres les réseaux d'entraide collective dans le quartier, les espaces offerts par les établissements communautaires ou publics et ils vont aussi sympathiser avec leurs voisins : « Je pense aussi beaucoup à de l'entraide collective dans la Communauté, les gens vont se lier des fois avec des voisins, ils vont se faire des réseaux informels d'amis ou de pairs aidants...des fois ça se fait dans les organismes communautaires...Des fois, ça se fait simplement dans la rue ou dans les parcs, des fois aussi, c'est aussi CLSC (entrevue 1, 21 juin 2023) ». Il a été mentionné que de nombreux immigrants ont généralement tendance à tisser des liens sociaux avec des personnes qui partagent avec eux les valeurs socioculturelles et qui sont de ce fait de la même origine ethnique qu'eux. Selon certains participants, ceci représenterait un obstacle à l'intégration : « les gens ont tendance à aller vers ce qu'ils connaissent, vers

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les gens qui leur rassemblent, des personnes de chez eux, ce qui est un frein à l'intégration (entrevue 1, 21 juin 2023) ». La création des nouveaux liens sociaux au Québec est perçue comme un énorme défi par les immigrants : « Euh, bah, ce qu'ils vont trouver plus difficile c'est la création des nouveaux liens sociaux (entrevue 6, 17 juillet 2023) », et particulièrement les immigrants adultes et aînés : « Mais pour les immigrants adultes, surtout les aînés, l'isolement social est plus présent et ils ont plus de la difficulté à tisser des nouvelles relations avec les gens d'ici souvent à cause qu'ils ne parlent pas bien le français, pour les immigrants plus âgés, l'âge peut aussi être un frein (entrevue 6, 17 juillet 2023)». Contrairement à leurs parents, les jeunes enfants et les adolescents ont tendance à socialiser, à s'assimiler et à tisser plus facilement des nouveaux liens sociaux dans le pays d'accueil et sont par conséquent moins sujets à l'isolement social.

Hum. Bonne grosse question. Euh, en fait, les jeunes enfants et les adolescents arrivent facilement à socialiser et à se faire des amis facilement en arrivant au Québec, soit à l'école, soit en participant à des activités offertes par les intervenants jeunesse. Donc par rapport à ce que j'observe... Les enfants des immigrants socialisent et s'assimilent très rapidement ici au Québec (entrevue 6, 17 juillet 2023).

D'autre part, selon certains intervenants, les immigrants s'installent généralement dans des quartiers multiculturels bien que souvent peu favorisés. Ces quartiers multiculturels sont un facteur pouvant faciliter la socialisation tout en représentant un obstacle au rapprochement interculturel.

Pour les immigrants qui vivent dans des quartiers plus multiculturels comme Ste-Foy ou St-Roch, c'est plus facile de socialiser avec les gens de son pays ou avec qui vous partagez la même ethnicité. Pour les gens qui vivent dans des quartiers comme Beauport, c'est plus difficile (entrevue 6, 17 juillet 2023)

Oui, c'est des quartiers défavorisés. Ça va être forcément des quartiers peu favorisés. Mais là où ces quartiers peu favorisés sont bien, c'est que c'est là où tu vas trouver ce que tu recherches en termes de nourriture. Il y a une plus grande disponibilité de nourriture dans ces quartiers et il est aussi plus facile de socialiser puisqu'il y a la possibilité de rencontrer des gens qui viennent des mêmes pays. Mais ce sont des quartiers où les enfants voient leur chance de réussite réduite (entrevue 1, 21 juin 2023).

En ce qui concerne les activités de socialisation offertes par les organismes communautaires et les municipalités, les intervenants rapportent que très peu d'activités sont offertes aux immigrants adultes comparativement aux jeunes immigrants. Étant

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donné que la grande majorité des activités de socialisation sont proposées dans les quartiers multiculturels, les immigrants vivant dans des quartiers peu multiculturels en sont généralement exclus faute de moyen de déplacement ou encore de temps. Les intervenants rapportent également qu'il serait pertinent d'adapter davantage culturellement les activités proposées par les organismes et les municipalités afin de maximiser la participation des personnes issues des communautés ethnoculturelles et des minorités religieuses. Par exemple, on pourrait proposer des activités sportives interculturelles pouvant se pratiquer aisément avec un hijab, ce qui favoriserait la participation des femmes musulmanes. On pourrait aussi lors d'ateliers de cuisine collective, tenir davantage compte des restrictions alimentaires religieuses.

Ah oui d'accord. Comme je disais, je trouve que les organismes et la Ville proposent plus d'activités pour les jeunes, mais il n'y a pas beaucoup à mon avis pour les adultes. Et je trouve que le peu d'activités interculturelles ou pour socialiser pour les adultes sont offertes en majorité dans des quartiers très multiculturels, ce qui fait que les immigrants vivant dans d'autres quartiers moins multiculturels sont comme un peu exclus, car ne pouvant pas participer faute de moyen de transport ou de temps. Donc je pense que pour les nouveaux arrivants adultes, parents et aînés, il faudrait offrir plus d'activités interculturelles, comme les activités sportives en famille, les cuisines collectives, les balades en nature pour favoriser la socialisation, l'inclusion et le vivre-ensemble dans tous les quartiers de la Ville. Il faudrait que le gouvernement alloue plus de ressources aux organismes communautaires ou que la Ville mette plus de moyens, disons pour offrir à un plus grand nombre d'immigrants adultes des activités interculturelles et desservir plus d'immigrants. Je dirais que pour répondre à ta question les activités interculturelles de socialisation qui sont actuellement offertes aux nouveaux arrivants ne sont pas suffisantes et ne permettent pas d'inclure de nombreux immigrants et surtout ceux qui vivent dans certains quartiers comme Beauport, Les Saules ou Lebourgneuf qui sont des quartiers moins multiculturels. De mon point de vue, ces activités interculturelles sont en quelque sorte nécessaires puisqu'elles favorisent disons non seulement le rapprochement interculturel, mais donnent aussi aux immigrants l'occasion de perfectionner leur français. Sinon, je pense quand même qu'il faudra voir aussi si ces activités peuvent être adaptées culturellement, par exemple, pour les femmes musulmanes, des tenues adaptées doivent être offertes durant les activités sportives ou encore dans les activités de cuisine collective doivent respecter les restrictions alimentaires religieuses, question de favoriser une meilleure participation. Donc c'est ça (entrevue 6, 17 juillet 2023).

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