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L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

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par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

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2 L'agriculture traditionnelle, une activité à la marge ?

Dans ce chapitre, le milieu paysan apparaît comme conservateur de traditions et de pratiques foncières coutumières, à la marge des nouvelles pratiques spatiales véhiculées par l'Etat et le droit de propriété. Mais cette traditionnalité n'est peut être qu'une apparence... En effet, l'entraide laisse progressivement la place à une logique monétaire, révélatrice d'une remise en cause de l'intégrité des groupes sociaux. Cette agriculture connaît également des dynamiques spécifiques émergeant de la part de groupements féminins et d'ONG venant de Dakar, doublées d'interactions toujours prégnantes avec la ville. Mais celles-ci ne semblent

pas suffire à moderniser une agriculture qui conserve des rendements trop faibles.

A) Une prépondérance du domaine national et un accès à la terre par l'héritage et le don.

Tableau 4 : Répartition des exploitations familiales selon la superficie (27 exploitations):

Superficie

(ha)

=1

[1,1 - 2]

[2,1- 4]

= 4,1

Exploitations

(%)

40,4

33,3

19,9

7,4

Source : enquêtes personnelles

Nombre total d'exploitations : 27

Concernant les surfaces cultivées, près de 40% des exploitations familiales ont une

superficie inférieure à un hectare. La faible taille de ces exploitations permet une mise en culture intensive des terres lors de l'hivernage grâce à la mobilisation de la main d'oeuvre familiale.

Un faible niveau d'investissement constitue un moindre désavantage pour l'exploitation d'une parcelle de petite taille dans laquelle la main d'oeuvre pourra être utilisée

de manière intensive.

Tableau 5 : Modes d'accès à la terre des exploitations familiales et types de droit foncier

Modes accès à la terre et types droit foncier

Droit coutumier

(Domaine national non régularisé)

Droit d'usage

(Domaine national régularisé)

Régularisation par la commune ou à l'époque par les communautés rurales

Droit réel

(immatriculation de la parcelle et possession de titre foncier)

Héritage

Don

Achat

Héritage

Don

Achat

Héritage

Achat

Exploitations

%

33,3

25,9

0

14,8

0

11,1

7,4

14 ,8

Source : enquêtes personnelles

Total : 107,3

Nombre de doublons : deux exploitations ont été comptées deux fois, le type de droit étant différent pour les

parcelles secondaires.

Seuls 22,2% des exploitations de l'échantillon détiennent des droits réels sur les terres qu'elle exploite (titre foncier). Les droits fonciers des exploitations familiales de la zone sont

de trois types : droit coutumier détenu par des propriétaires socialement reconnus comme tels, droit d'usage résultant d'une affectation, ou droit réel avec un titre foncier. De nombreux exploitants (59,2%) se contentent des droits traditionnels hérités ou reçus de leurs parents. Pour eux, une pareille situation ne pose aucun problème parce que ces droits reflètent une légitimité de fait. Comme l'indique l'un de nos interlocuteurs, «chacun sait que ces terres appartiennent à mes parents depuis de nombreuses années, voire des générations».

Dans leur grande majorité, les exploitations familiales ont accédé à la terre par l'héritage ou par la donation (81,4% des exploitations). Aucun cas de conflit lié à l'héritage

des terres n'a été relevé. L'analyse des cas de donation tend à montrer, au sein des familles,

des pratiques qui favorisent la prévention ou la limitation des risques de conflit. Toutes les donations ont été effectuées par les propriétaires des parcelles eux-mêmes, donc de leur vivant. Dans les cas les plus fréquemment rencontrés, elles sont faites par le père à ses fils adultes ou par le mari à son épouse. Au sein de l'échantillon, elles sont toujours le fait de

personnes devenues trop âgées pour pouvoir continuer l'exploitation de leurs champs.

Cependant, l'achat de terres constitue, dans la zone d'étude, une forme courante d'accès à la terre, et surtout pour la possession de droits réels (2/3 des possesseurs de titres fonciers déclaraient l'avoir acheté). Dans cet espace péri urbain, la valeur monétaire de la terre semble être acquise pour tous, mais des différentiels liés à l'information se créent : des jeunes locaux qui bénéficient de fonds provenant de la migration internationale, ou du commerce à Dakar, tentent d'acheter des parcelles à moindre coût auprès des personnes âgées moins au courant de la spéculation foncière qui a cours au sein du le territoire d'étude.

Concernant le droit d'usage et le droit coutumier, l'importance réelle des transactions foncières est difficile à évaluer dans la mesure où les ventes se font de façon «souterraine». Cela s'explique par le fait qu'elles revêtent un caractère illégal au regard des dispositions de

la législation foncière qui interdisent la vente de terres ne faisant pas l'objet de titre foncier. Certains interlocuteurs déclarent avoir acheté des parcelles mitoyennes pour agrandir leurs exploitations, sans toutefois accepter de fournir des indications détaillées sur ces transactions.

C'est seulement 14,8% des exploitants qui ont fait régulariser leurs droits fonciers coutumiers en sollicitant une affectation auprès du conseil rural à l'époque à laquelle les deux communes étaient réunies en formant la communauté rurale de Yène. Ces affectations constituent de fait la reconnaissance du droit d'usage par la loi. En règle générale, cette même démarche a été adoptée par ceux qui achètent des terres auprès de propriétaires coutumiers. Ces personnes n'ont manifestement pas eu suffisamment confiance en la filière coutumière, et sont conscient qu'une légitimité double (auprès des chefs coutumiers et du conseil rural) serait plus à même de sécuriser leur acquisition. En effet, l'obtention d'une décision d'affectation délivrée par le conseil rural donne à ces acquéreurs la garantie (théorique) de bénéficier d'une indemnisation pour les investissements réalisés, en cas de désaffectation.

En ce qui concerne les propriétaires coutumiers qui ne bénéficient d'aucun justificatif manuscrit, l'indemnisation en cas d'expropriation est plus aléatoire. En cas d'agriculture d'hivernage, le terrain n'est mis en valeur que 3 mois par an. La mise en valeur est donc considérée comme nulle par la commune, et les exploitants sont dépossédés sans contrepartie.

Selon les exploitants interrogés, une autre forme d'accès au foncier est le prêt. Mais les prêts de terres sont devenus une pratique de plus en plus rare (aucune enquête). La raison mise en cause est que certains bénéficiaires ont tendance à se reconnaître des droits sur les

parcelles qui leur sont prêtées, au motif qu'ils y ont effectué une mise en valeur.

Cela les conduit à s'adresser au conseil rural pour solliciter l'affectation de ces parcelles. De l'avis de plusieurs interlocuteurs, les prêts de terres ne se font actuellement qu'entre des personnes entretenant des relations de confiance, notamment des amis, des individus apparentés ou alliés. En tout état de cause, il est interdit au bénéficiaire du planter

des arbres ou de réaliser des investissements (fonçage de puits, aménagement de réseaux d'irrigation, construction de bâtiments...) qui pourraient être considéré comme des mises en valeur.

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