B)  Un  fonctionnement  familial  fortement  lié 
à  l'autoconsommation  et  aux  marchés urbains
Tout  d'abord,  toutes  les  exploitations  familiales 
enquêtées  avaient  d'autres  revenus que l'agriculture et
l'arboriculture qui constituent avant tout des revenus saisonniers pour ces
familles.  Cela  s'explique  par  l'absence  de  cuvette 
maraîchère,  avec  de  l'eau  disponible  à faible
profondeur comme cela est le cas dans les dépressions inter dunaires des
Niayes. Concernant  le  fonctionnement  des  exploitations  familiales,  les 
formes  d'organisation  de  la production se caractérisent par une
articulation étroite entre les fonctions de production, de consommation,
 d'accumulation  d'une  part  et,  par  leur  aptitude  à  mettre  en 
application  une logique successorale. Celle-ci vise à garantir le
maintien du patrimoine au sein de la famille. Cette prégnance du groupe
domestique dans l'organisation du travail agricole s'accompagne d'une
orientation des systèmes de production vers l'autoconsommation
élargie qui implique une production pour le marché local ou pour
Dakar. 
Au sein d'une exploitation familiale, les membres actifs du
groupe prennent part aux travaux agricoles et les femmes participent en
compagnie des hommes à certaines opérations (désherbage, 
récolte,  etc.).  Dans  les  exploitations  qui  disposent  d'une  force
 de  travail relativement  réduite,  toutes  les  potentialités 
en  main-d'oeuvre  sont  mobilisées :  hommes, femmes, enfants et
personnes âgées. Les règles observées dans la
consommation alimentaire collective, lors de chaque repas, trouvent leur
fondement dans un travail coopératif qui permet 
au  groupe  familial  de  produire  ou  de  se  procurer  les 
biens  nécessaires  à  sa  survie  et  à  sa 
reproduction. 
Au  niveau  des  exploitations  familiales  de  la  zone 
d'étude,  la  plus  grande  partie  des travaux  culturaux  est
assurée  par  les  « dépendants » (notamment les 
jeunes et les femmes). Seules de rares exploitations font appel à des
saisonniers qu'elles recrutent durant l'hivernage (juillet à septembre).
Ceux-ci bénéficient d'un salaire mensuel ou une
rétribution globale en 
fin  de  cycle.  Le  recrutement  des  journaliers  au  moment
 des  récoltes  devient  une  pratique courante dans la zone ; cela
traduit un abandon progressif des formes d'entraide entre familles
apparentées ou voisines, au profit du système marchand. 
Les  exploitations  familiales  cultivent  principalement  des
 fruits  tels  que  le  melon,  la pastèque,  des 
variétés  locales  de  mangues,  c'est-à-dire  des  fruits
 et  légumes  destinés  au marché  local.  Les 
légumes  cultivés  entrent  dans  la  composition  des  plats 
quotidiens  des consommateurs, comme le tieb u dien (riz au poisson
accompagné de légumes) l'aubergine, le chou, la tomate, le bissap
sont les plus fréquemment cités. 
Pour  fertiliser  les  parcelles,  les  exploitations 
familiales  enfouissent  de  la  «poudre d'arachide» (coques
d'arachides déchiquetées), des déchets de poisson, de
l'engrais vert ou alors  elles  utilisent  des  engrais  chimiques.   Le  
problème  étant  de   connaître  les  doses maximales  de 
produits  à  respecter,  les  agriculteurs  locaux  ayant  la 
réputation  d'avoir  la 
« main   lourde ».   Dans   les   quartiers   Peuls,
  l'élevage   est   relativement   bien   intégré  
à l'horticulture  par  l'utilisation  du  fumier  organique  comme 
principal  engrais  et  la  traction animale  comme  principale  moyen  de 
transport  des  hommes  et  des  produits.  La  matière 
organique provient des ruminants et des ânes. 
Photo  1-Absence  de  mise  en  valeur  des 
terres :  les 
  
enquêtes de terrain se sont déroulées avant
l'hivernage 
(Mai 2005) 
Photo  2-Un  élevage  manquant 
cruellement  de 
  
moyens :  il  n'y  a  ni  enclos  ni  parcours de
bétail... 
Cependant  les  pratiques  pastorales  restent  traditionnelles 
dans  la  zone  d'étude.  Les races ne sont pas
améliorées, la contrainte spatiale est prégnante ; cette
activité pastorale n'a 
pas été prise en considération dans les
plans d'occupation de l'espace. L'absence d'itinéraire 
de  parcours  augmente  le  nombre  de  conflits,  quotidiens, 
entre  éleveurs  et  agriculteurs.  Des bagarres sanglantes liées
au parcours du bétail éclatent régulièrement. Les
vols durant la nuit, 
de bétail et de fourrage par des personnes venant de
Dakar, sont des problèmes très fréquents pour les
éleveurs périurbains interrogés. 
Les  marchés  urbains  constituent  les  principaux 
débouchés  pour  les  productions  de légumes, de fruits,
de viande, de lait caillé. La région de Dakar, qui concentre plus
de  20% de 
la population sénégalaise, constitue le
marché le plus important pour les produits provenant de 
la  zone  d'enquêtes.  Le  carrefour  de  Diamniadio, 
au  croisement  de  la  Nationale  1  et  la Nationale  2,  est  favorable 
à  la  présence  d'un  marché.  C'est  le  long  des 
nationales  qu'est vendue  la  majeure  partie  de  la  récolte  des 
exploitations  familiales.  Durant  la  période d'hivernage, les «
bana-bana »  achètent les productions directement sur les
champs pour les commercialiser sur les marchés de Dakar. 
L'enquête  a  mis  en  évidence  le  fossé
 important  qui  existe  entre  les  exploitations familiales  et  les 
entreprises  agricoles  sur  le  plan  des  investissements  et  des 
équipements. Seules trois d'entre elles disposent d'un
réseau d'irrigation. 
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