WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

( Télécharger le fichier original )
par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

C) Un financement difficile causé par le désengagement de l'Etat et un manque de garanties monétaires et matérielles.

Dans le contexte actuel d'une économie agricole libéralisée, le financement de l'agriculture dépend des ressources mobilisées par les producteurs eux-mêmes, et aucunement

des fonds publics. Dans le cas spécifique des producteurs de la zone d'étude, ce sont les exploitations familiales qui ont subi les contrecoups de l'arrêt de la politique de soutien à l'agriculture, parce qu'elles ont été privées des possibilités d'approvisionnement en intrants offertes par les programmes agricoles. Selon les éleveurs Peuls, les distributions gratuites de d'aliments pour le bétail sont bien moins nombreuses qu'auparavant. Les petits producteurs se

sentent complètement « oubliés » des politiques d'intervention étatiques.

Le manque de financement ou le non accès aux crédits des producteurs est dû à plusieurs facteurs :

- Il y a d'abord une méconnaissance des circuits financements de la part des agriculteurs : la majeure partie des producteurs ignore les processus de recherche des partenaires financiers. Cela s'explique par la faiblesse des niveaux d'instruction, beaucoup d'entre eux sont analphabètes.

- Il y a ensuite le manque de sécurité foncière : l'absence de garantie sur les terres ne favorise pas le financement à long terme. Sans titre foncier réel, l'hypothèque du terrain auprès d'une banque est impossible.

- Les agriculteurs n'ont pour la majorité pas de revenus sur un compte en banque et ne peuvent pas accéder aux circuits bancaires proposés par exemple, par le crédit mutuel

de Diamniadio.

- La pluriactivité des personnes interrogée ne dégage pas de revenus suffisants pour influer sur l'exploitation agricole. Le recours à la migration internationale (une enquête seulement) a permis l'achat d'un titre foncier, mais la question des investissements agricole est en suspens. En effet, pour un agriculteur périurbain, il est plus urgent (et plus rentable) d'investir dans la spéculation foncière que dans le matériel agricole.

Le micro crédit, une réponse pertinente au manque de financement ?

Il existe aujourd'hui dans la région de Dakar, un réseau de 17 caisses d'épargnes et crédit crées avec l'appui d'Enda Graff et regroupant quelque 21 000 membres (80% de femmes, 15% d'hommes et 5% d'organisations). L'activité principale de ces caisses est constituée de services financiers offerts aux membres à travers la collecte de l'épargne et la distribution du crédit. Les caisses sont alimentées pour 25% de cotisations individuelles et pour 75% d'une contribution d'Enda sous formes de prêts. Les modalités de financement sont caractérisées par :

- Une somme minimale allouée est fixée à 25 000FCFA et une somme maximale de

300 000 FCFA, pour le prêt individuel.

- Une somme plafonnée à 2 000 000 FCFA pour les groupements.

- Un taux d'intérêt très élevé, 16% l'an (généralement 8% sur 6 mois), calculé sur le montant total.

- Une durée de crédit faible: la durée maximale est de 12 mois (généralement 6 mois dont un mois de différé)

- Avant de débloquer l'argent, les caisses exigent de chaque bénéficiaire une caution de garantie à l'ouverture du compte et pour chaque groupement une garantie solidaire supplémentaire.

D'autres organisations, à majorité féminines, ont été citées lors des enquêtes pour l'accès au crédit. Les femmes, organisées en GIE inter-villageois (dans les villages de Deny Youssouf, Ndoyène I, Ndiassane) de 300 membres, font du crédit revolving (crédit avec une réserve d'argent, qui se renouvelle partiellement) grâce à une cotisation mensuelle de 600 Frs.

A Deny Malick Guèye, le Groupement féminin «Yakkar » comprenant 107 membres fait preuve de dynamisme : les femmes disposent d'un périmètre maraîcher de 6 ha dont 2 ha sont mis en valeur grâce au soutien technique et matériel de l'ONG Association Culturelle d'Auto- Promotion Educative et Sociale (ACAPES). Elles accordent du crédit revolving permettant aux membres de mener des activités génératrices de revenus. Ces initiatives ont pu voir le jour grâce à un financement de 2.000.000 Frs. L'ONG GROSEF apporte elle aussi un appui

financier à ces femmes et leur permet de suivre des cours d'alphabétisation.

Photo 3-Une parcelle de choux cultivée par un groupement féminin avec l'aide de l'ONG Acapes.

Photo 4-La responsable du groupement

féminin Yakkar lors d'un entretien.

Ces financements agricoles concernent surtout le fond de roulement (achat d'intrants

agricoles) grâce à de petites sommes. Ils concernent rarement l'acquisitions d'équipements et

de matériel, encore moins la réalisation de constructions et d'infrastructures.

La nature des ressources, leur modicité et les conditions de crédit ne permettent que des financements à cours terme, le crédit moyen et long terme étant inexistant.

Conclusion : une agriculture en sursis ?

Bien qu'entretenant de fortes relations avec la ville, tant pour les entrants (graines, engrais) et l'écoulement de la production, l'agriculture traditionnelle se trouve face à l'impossibilité de se moderniser, à cause d'un manque d'investissements et de moyens. Les machines et outils défectueux sont rarement remplacés, c'est donc la main d'oeuvre familiale

qui assure encore la quasi-totalité des travaux. Le recours aux engrais chimiques constitue la seule innovation adoptée par la majorité. Même si l'intégrité des groupes sociaux est progressivement remise en cause (une baisse de l'entraide entre villageois a été soulignée lors

des entretiens), on peut dire que cette agriculture tend à se reproduire sur elle-même, sans possibilité réelle d'innovation. Génératrice de revenus pendant moins de trois mois par an, elle ne fait que compléter le revenu des personnes interrogées, dont l'activité principale est l'artisanat (boulanger, charretier, tailleur...), la fonction publique (douanier, professeur) le petit commerce, ou l'élevage (poulets, bovidés). L'eau reste inaccessible pour des individus non solvables, et lorsque qu'une forte somme d'argent est disponible (par la migration d'un ami d'enfance ou d'un membre de la famille), elle est destinée en premier lieu à l'achat d'un titre immatriculé. Les investissements agricoles passent dès lors au second plan. Concernant

les droits d'usage et coutumiers, la mise en valeur saisonnière est considérée comme nulle par

la loi sur le Domaine National pour l'Etat et les promoteurs fonciers qui voient en ces champs

des terres vacantes. L'emprise de l'agriculture « traditionnelle » se trouve donc au coeur des convoitises des acteurs urbains.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault