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L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

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par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

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3 Une logique d'entreprise tournée principalement vers le marché extérieur

L'agriculture d'entreprise se caractérise par un recours systématique à la main d'oeuvre salariée, un accès à l'eau permanent, et une exportation des productions vers l'Europe. Ces exploitations bénéficient d'appuis bancaires voire politiques. Certains entrepreneurs sont connus dans tout le Sénégal (Gafari, Filfili...), car ils détiennent de véritables domaines et bénéficient de relation au plus haut niveau de l'Etat. Pouvant investir dans des réseaux commerciaux entre ville et campagne, ils sont au contact du monde grâce à

la capitale, véritable noeud du système de transport international.

Ces gros producteurs sont totalement intégrées à l'économie sénégalaise et sont, en définitives les plus à même de jouer des relations ville campagne. C'est donc des acteurs socio économiques tranchant fortement avec la situation précédemment exposée, et connaissant un tout autre rapport à la ville et à ses dynamiques qu'il va falloir analyser.

A) Accès à la terre et transactions foncières des exploitations d'entreprise

Les exploitations d'entreprise que nous avons enquêtées sont localisées dans la commune de Sébikhotane et de Diamniadio, dans une zone plus excentrée par rapport au projet de ville. Elles ont des tailles variables, allant de 1,3 à 150 hectares et les deux tiers d'entre elles gèrent des domaines dont la superficie est comprise entre 1,5 et 5 hectares.

Tableau 6 : Répartition des exploitations d'entreprise selon la superficie (6 exploitations)

Superficie

(ha)

<3

[3,1 ; 5]

[5,1 ; 10]

[10 ; 90]

Exploitations

3

1

1

1

Source : enquêtes personnelles

La très faible taille de l'échantillon ne permet pas une interprétation très fiable.

Cependant on a remarqué que ces exploitations bénéficient d'investissements qui justifient la mise en valeur de terrains bien plus grands que les exploitations familiales.

Tableau 7 : Modes d'accès à la terre des entreprises agricoles

Modes d'accès à la terre et types droits fonciers

Droit coutumier (Domaine national non régularisé)

Droit d'usage (Domaine national régularisé) Régularisation par la

commune ou à l'époque par

les communautés rurales

Droit réel (immatriculation de la parcelle et possession de titre foncier)

Achat

Affect.

CR

Achat régularisé

par affectation

Héritage

Achat

exploitations

1

2

2

0

2

Source : enquêtes personnelles Nombre de doublons : 1 ; un exploitant bénéficie de deux parcelles : la première, régularisée par une affectation, a été agrandie par l'achat d'un titre foncier.

On constate une diversité des modes d'accès à la terre et de la nature des droits fonciers. L'achat de terres et l'affectation de parcelles par les conseils ruraux constituent les modalités les plus courantes d'accès à la terre des opérateurs agricoles. Dans cinq cas, les promoteurs ont acheté les terres qu'ils exploitent auprès des populations locales. Mais les droits détenus sur ces terres ne sont pas toujours de même nature. Trois cas de figure se sont présentés :

- La détention d'un droit réel en raison de l'acquisition de terres faisant l'objet de titres fonciers ;

- La détention d'un droit d'usage reconnu par le conseil rural (après avoir acheté une parcelle, le promoteur sollicite une affectation auprès du conseil rural pour régulariser l'occupation de la terre) ;

- La détention de droits «précaires» dans les cas où les terres achetées par le promoteur n'ont pas fait l'objet d'une décision d'affectation (notée « droit coutumier » dans le tableau). Outre qu'il fragilise l'exploitation, ce cas de figure a généré un conflit, car la vente a été faite par un membre de la famille à l'insu des autres.

Les terres affectées représentent quatre parcelles exploitées par les entreprises agricoles. Une affectation atteint 90 hectares pour un seul promoteur. L'importance de la taille unitaire des parcelles attribuées souvent à des personnes non originaires de la zone suscite des ressentiments au niveau des populations villageoises qui éprouvent de réelles difficultés à obtenir des terres auprès des administrations locales. Les élus locaux font valoir l'argument selon lequel les autochtones ne disposent pas toujours de moyens suffisants pour mettre en valeur les terres. Pour leur part, les villageois estiment que les promoteurs parviennent à bénéficier facilement d'affectation de terres, parce qu'ils concluraient des arrangements avec les élus locaux.

Un habitant natif de Sébikhotane nous a expliqué comment un investisseur libanais avait acquis plusieurs dizaines d'hectares sur l'ancienne commune rurale (donc avant 1996).

« Des éleveurs nouveaux venus ont mis en valeur de grandes parcelles en construisant uniquement des enclos pour leurs bêtes et en plantant quelques arbres. A l'époque, cela suffisait pour bénéficier d'une affectation du Conseil Rural, c'est beaucoup plus difficile

aujourd'hui.

Le libanais et les éleveurs ont alors effectué une transaction souterraine avec la complicité de plusieurs élus locaux. Je pense que d'ici quelques années, le libanais aura transformé ses champs de mangues en habitations, profitant d'une énorme plus-value, en vendant des parcelles à des Dakarois ».

Un entrepreneur interrogé a rapporté une autre version quant au devenir de la parcelle : il avance que « les investissements mis en oeuvre (pour le système d'irrigation, le conditionnement, la mise en place d'une logistique) sont les preuves qu'il y un véritable savoir faire digne d'un professionnel très efficace, et que le possesseur n'a pas intérêt à revendre son moyen de production. Ses plantations représentent trop d'années de travail

Ce témoignage montre qu'il est difficile de connaître les stratégies et les représentations mentales des entrepreneurs agricoles périurbains: bien que conscients de la montée du prix des terrains, ceux-ci se positionnent quasi systématiquement comme de véritables ruraux, qui font leur travail par vocation, et parlent de développer leur filière. S'agit

t-il de méfiance vis-à-vis d'un interlocuteur étranger susceptible de communiquer ses informations à des acteurs concurrents sur le territoire ? L'attachement à la terre est-il réellement si fort ?

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