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L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

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par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

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B) L'arbitrage des demandes : une généralisation du système marchand

L'eau est considérée comme une marchandise dont le prix est fixé par l'offre et la demande. Considérer l'eau en tant que bien économique, c'est considérer que les mécanismes

du marché vont en assurer la répartition optimale. Or, dans la logique du marché, la répartition optimale des ressources signifie amener les ressources ou investir là où cela rapportera le plus, non pas où cela est le plus utile socialement et humainement.

L'enquête a mis en évidence le fossé important qui existe entre les exploitations familiales et les entreprises agricoles sur le plan des investissements et des équipements en système d'irrigation. Tout d'abord, on constate que 85.1% des exploitations familiales n'ont

pas de système d'irrigation et ne cultivent donc que pendant les mois d'hivernage. Pour les

14,9% restants, le système d'irrigation repose sur la connexion au réseau de la S.DE. A l'inverse, toutes les exploitations d'entreprise de l'échantillon sont dotées de réseaux d'irrigation. Pour assurer l'approvisionnement en eau, cinq d'entre elles sont connectées à la SDE et une a accès à des forages privés. Les choix en matière de système d'alimentation en eau sont raisonnés en fonction de la superficie des terres exploitées. Dans la plupart des cas, l'option en faveur de la connexion au réseau de la SDE est le fait de promoteurs qui exploitent

des superficies peu importantes (entre 0,5 et 3 hectares). En revanche, l'aménagement de forages concerne une exploitation de l'échantillon qui met en valeur un domaine de 90 hectares. Le fonçage de forages profonds à exhaure mécanique implique un niveau d'investissement très élevé qui ne peut être réalisé que par quelques rares particuliers,

principalement par les industriels.

En prenant en charge des exploitations agricoles déjà existantes (par exemple l'ex Bud Sénégal, au Nord du quartier de Deny Malick Guèye), certains promoteurs ont trouvé sur place quelques investissements de base permettant de mettre en valeur la terre (réseau d'irrigation, clôtures, etc.). Mais ceux qui ont créé leurs exploitations eux-mêmes ont mis au point des plans d'investissement, en accordant la priorité aux réalisations indispensables pour démarrer l'activité de production (réseau d'irrigation et alimentation en eau). Dans les deux

cas de figure mentionnés, des investissements complémentaires ont été parfois effectués pour améliorer le système d'irrigation, accroître la capacité de production ou diversifier les activités.

Les entreprises agricoles qui ont adopté des systèmes d'approvisionnement en eau coûteux utilisent les nouvelles techniques d'irrigation par aspersion ou par goutte-à-goutte plus économes en eau que les techniques traditionnelles, afin de pallier l'augmentation du prix

de l'eau. Mais ceux ou celles qui sont tentés d'investir dans un système d'irrigation avec accès au réseau de la SDE pour mener des activités de maraîchage sont souvent vite dissuadés par le coût relativement élevé de l'eau. En effet, les tarifs de l'eau appliqués aux maraîchers de la zone se présente comme suit :

- 1ère tranche (0 - 1500 m3) : 105,81 FCFA/m3 ;

- 2ème tranche (1500 - 10000 m3) : 149,35 FCFA/m3 ;

- 3ème tranche (supérieur à 10000 m3) : 631,47 FCFA/m3.

Les producteurs se plaignent de la révision à la hausse des tarifs appliqués à l'eau destinée au maraîchage et du plafonnement des quotas. De plus, ils se plaignent du système de tarification mensuelle établi par la SDE. Cette nouvelle politique de l'eau les expose à des difficultés de trésorerie en cours de campagne, alors que le système de crédit en vigueur ne prend pas en compte les besoins financiers liés à l'approvisionnement en eau des exploitations. Les producteurs sont obligés alors de limiter les fréquences et les doses d'arrosage, avec pour conséquence une baisse de la productivité de leurs exploitations.

Malgré ce coût de l'eau contraignant, la Sénégalaise des eaux préfère vendre l'eau à des habitants plutôt qu'accorder des quotas à des agriculteurs, la marge de la compagnie étant plus faible avec des agriculteurs qu'avec des particuliers. C'est une forme de concurrence de la ville qui peut mener à l'abandon de surfaces agricoles

importantes.

La tentative avortée d'une coopération entre les exploitants :

Dans un passé récent, beaucoup de producteurs des Niayes installés dans les secteurs

de Bayakh, Sangalkam, NdoYène et Sébikotane (329 maraîchers exploitant un domaine de

1.000 hectares) s'approvisionnaient en eau à partir de forages et du réseau de Beer Thiolane gérés par la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONEES). En 1996, ces infrastructures

ont été rétrocédées à un comité de gestion des usagers, sans réhabilitation préalable. Depuis

1999, elles ne sont plus fonctionnelles, suite à un contentieux entre le comité et la Société

Sénégalaise d'électricité (SENELEC). Face à cette contrainte, plusieurs exploitants ont décidé

de raccorder leurs périmètres au réseau de la SDE alors qu'une meilleure gestion du forage aurait permis une irrigation à moindre coût.

Conclusion : vers une destruction de la ressource ?

En plus de tarissement de la nappe, la ressource est confrontée à de graves risques de pollution par les intrants chimiques et le fumier utilisés en grande quantité par les producteurs maraîchers. La plupart de ces producteurs n'appréhendent pas réellement le danger que présentent les produits phytosanitaires. Le problème récurrent est l'analphabétisme des exploitants qui ne peuvent pas respecter les doses inscrites. Les élevages porcins du ranch Filfili déversent également des citernes entières de purin à 200 mètres des forages de la SDE. Les Ong et les collectivités locales n'apportent malheureusement aucune réponse qui permettrait une exploitation durable de la nappe aquifère.

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