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L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

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par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

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3 Des mutations professionnelles obligatoires pour les petits exploitants

Dans un contexte où les terres agricoles deviennent de plus en plus rares, où l'accès à l'eau demande des moyens toujours plus élevés, les femmes et les jeunes multiplient les expériences professionnelles à la fois rurales et urbaines. Ils convoitent déjà les emplois futurs qui émergeront du projet de ville. En effet, les jeunes, qui sont de loin majoritaires sur

le territoire d'étude, perçoivent de façon négative le concept de paysan, dévalorisé par de multiples connotations : techniques archaïques, très faibles revenus, forte sujétion aux aînés, sujétion des femmes... Ce refus d'être perçu comme un paysan pousse les jeunes à s'habiller

de fripes occidentales achetées au marché hebdomadaire au détriment des habits traditionnels. Parallèlement, le salarié jouit d'une très bonne considération sociale, car il a le privilège d'un salaire fixe. La majorité des jeunes interrogés, qui avait déjà travaillé pour une entreprise dans divers domaines (hôtellerie, transports, agriculture) souhaite accéder durablement au statut de salarié, mais le problème de leur formation reste entier.

A) La montée du salariat agricole : vers une prise de conscience de classe ?

Le recours à une main-d'oeuvre salariée pour effectuer les tâches de production constitue une pratique quasi systématique au niveau des entreprises horticoles. Selon les résultats de l'enquête, la majorité des exploitations d'entreprise dispose d'un personnel permanent composé non seulement d'ouvriers agricoles, mais aussi de techniciens chargés de l'appui/conseil et du suivi. Les données collectées dans le cadre des enquêtes montrent que la gestion de certaines exploitations implique à la fois la main-d'oeuvre familiale et un personnel salarié (permanent, saisonnier ou journalier). Dans ce cas de figure, les promoteurs font appel

à des membres de la famille (épouses, fils, frères) ou à d'autres personnes apparentées

(neveux, cousins, etc.) pour qu'ils apportent un appui dans la conduite des activités en prenant

en charge certaines tâches spécifiques (supervision des activités, commercialisation, etc.).

L'implication du promoteur lui-même ou de membres de sa famille dans la gestion de l'entreprise agricole (organisation des chantiers, supervision des activités ou exécution de certaines tâches) permet de recruter un personnel moins nombreux. Il convient toutefois de mentionner que le recours à la main-d'oeuvre salariée constitue la règle. L'effectif des employés permanents varie de 1 à 7 en fonction du volume des activités qu'ils doivent accomplir au sein de l'exploitation (surveillance des travaux, exécution des travaux culturaux,

gardiennage, etc.).

Dans la plupart des cas, les employés permanents perçoivent une rétribution mensuelle dont le montant varie entre 20.000 et 55.000 F CFA. La faiblesse de la rémunération est parfois compensée par des avantages en nature (mise à disposition d'un logement, prise en charge de la restauration, du déplacement etc.).

Le recrutement d'employés journaliers est devenu un phénomène général au niveau des exploitations d'entreprise spécialisées dans l'horticulture et les cultures fruitières. Cette main- d'oeuvre est mobilisée principalement pour les opérations de désherbage, de sarclage et de récolte. En période de récolte, certaines grandes exploitations (par exemple Safina Filfili à Sébikhotane) font appel à plusieurs centaines de femmes et de jeunes originaires des villages environnants. L'utilisation de plus en plus massive de la main d'oeuvre féminine a fait naître

un intéressant phénomène d'exode urbain temporaire des femmes des villes environnantes comme Rufisque, Bargny et Pout vers la zone agricole à la recherche d'emplois saisonniers.

Ces travailleurs sont payés à la tâche ou au rendement, sans considération des dispositions de la convention collective. Les rétributions négociées de gré à gré avec l'employeur ou son représentant varient de 1000 à 2.000 F CFA pour une journée de travail, lorsqu'il s'agit du désherbage. Pour les opérations de récolte, ce personnel est rémunéré à la journée à raison de 1.400 à 1700 Fcfa/jour. Les femmes sont payées moins que les hommes.

On retiendra que dans la zone d'étude, l'emploi salarié concerne une main-d'oeuvre journalière constituée de femmes et de jeunes originaires des villages environnants, mais aussi

de techniciens et d'ouvriers agricoles. Les salaires trop faibles pratiqués par les exploitants

ont déjà déclenché des grèves des ouvriers agricoles : deux semaines de grèves ont été organisées par des employés chargés de la sécurité (engagés au niveau baccalauréat ou licence universitaire) au sein de l'entreprise Safina Filfili. Une « lutte de classe » prend donc forme

au sein des plus grandes exploitations. Cependant, au dire des notables locaux, ces entreprises contribuent à fixer les jeunes sur le territoire en leur permettant d'accéder à des emplois, sans lesquels les jeunes adultes seraient tentés par l'émigration à Dakar. Pour eux, il s'agit

d'apprendre à négocier avec les chefs d'entreprises et d'ouvrir le dialogue.

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