B) ...Mais des emplois industriels sans doute illusoires
pour les autochtones
Parmi les enquêtés qui ont perdu leur terrain ou
une partie de leur terrain, beaucoup espèrent  des  retombées 
positives  pour  eux  ou  leurs  familles.  Le  projet  de  plate  forme
multidimensionnelle  serait  une  opportunité  d'embauche  pour   les 
habitants  du  site.   Le gouvernement   a   annoncé   son   intention  
de   privilégier   le   recours   aux   technologies   de construction
fondées sur l'utilisation intensive de la main-d'oeuvre (HIMO) et des
ressources locales.  Un  exemple  est  la  réalisation  de  voirie  en 
pavés,  qui  permettrait  d'embaucher  une main  d'oeuvre  peu  ou  pas 
qualifiée.  Le  personnel  de  la  Sodida  a  avancé  aux 
populations locales  expropriées  qu'elles  seraient  les 
premières  à  être  embauchées.  On  notera   que 
pour l'instant aucun engagement n'a été signé et les
personnes enquêtées n'ont fait écho d'aucune embauche  au 
moment  de  l'investigation.  Des  cas  similaires  ont  été 
rapportés  par  des personnes  étrangères  au  terrain 
d'étude qui  posent  une  question  cruciale :  les  investisseurs
accepteront-ils  d'attendre  que  les  employés  locaux  soient 
formés  pour  commencer  leur activités ?  Les  personnes 
seront-elles  employées  durablement  ou  seulement  pour  un  effet
d'annonce ? Si ces questions n'ont pu être élucidées lors
des entretiens, il apparaît néanmoins qu'une nouvelle
mobilité fonctionnelle des habitants tend à s'affirmer. 
Conclusion : l'affirmation d'un phénomène
nouveau de pluri activités 
La perte du rôle moteur de l'agriculture rend
nécessaire d'autres secteurs. Une femme agricultrice  vend  des  repas 
sur  le  lieu  de  travail  des  ouvriers  de  l'Université  du  futur, 
une autre s'improvise boulangère, un chef de famille élève
des poulets de chair... Cette économie familiale élargie, souple,
est très ouverte sur la ville et révèle une
société rurale dynamique et entreprenante, comme le montre de
nombreux entretiens. Ces stratégies de diversification et 
de  reconversion  permettent  aux  paysans  de  s'adapter 
à  la  crise  par  un  redéploiement  des activités, 
au-delà  d'un  dualisme  entre  ville  et  campagne.  Dès  lors, 
il  n'y  a  pas  de  coupure mais une mobilité et une fluidité
entre l'urbain et le rural, ce qui laisse entrevoir une frontière
mouvante entre les deux milieux. Avoir un pied dedans et un pied dehors, c'est
aussi mettre 
en place une « panoplie anticrise ». Les dynamiques
rurales sont dès lors   les inventrices de 
nouvelles identités citadines. 
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