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La Littérature Hypertextuelle, analyse et typologie

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par Aurélie CAUVIN
Université de Cergy Pontoise - Maitrise de lettres Modernes 2001
  

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B. Liens internes de l'hyperfiction

1. Les mécanismes de liaison

La technique du lien hypertexte, selon les théoriciens de l'hyperfiction : Beat Suter, Jean Clément, ou des théoriciens comme Nicholas Burbules, dans « Rhetoric on the Web »187(*), offre la possibilité de lier indéfiniment les différentes unités de texte (page-écran, fragment) et ce, de manière multiple. Un tel réseau de texte peut-être mis à exécution par l'insertion d'un lien, un « saut ». Les liens organisent le classement des séquences narratives (textes et espace d'écriture). Ils apportent grâce à ce renvoi un élément supplémentaire au récit principal, ou récit premier, qui se différencie du feuilletage du livre. Dans beaucoup d'hyperfiction le lien est source de signification, il est le vecteur de la narration. Nicholas Burbules se pose la question de l'hyperlecture, d'un changement possible de code de lecture qui résulte de l'hypertexte. Les liens sont des connections entre différents noeuds. Selon lui l'usage et le placement des liens est un révélateur des présupositions et des valeurs de l'auteur-créateur. Le lien modifie la manière dont le texte est lu et compris par notamment la virtualité (au sens de non actualisation) de juxtaposition de deux textes, le lien est une connexion implicite. Krajewski188(*) explique le processus de lecture qui résulte de l'hyperfiction ainsi :

Während im gewöhnlich text der Blick des Lesers entlang der Zeile (erste dimension, x-Achse) wandert, um Signifikante mit Bedeutung zu assozieren (zweite dimension, y-Achse), spannt die zusätzliche Verbindung zu einem weiterem text via hyperlink die z-Achse auf..."189(*)

Le lien apparaît donc comme l'actualisation d'un texte au départ virtuel. Beat Suter190(*) reprend la distinction effectuée par Saussure entre l'axe syntagmatique et l'axe paradigmatique. L'axe syntagmatique est l'axe sur lequel les mots et les unités, les sons se succèdent dans la chaîne parlée : les phonèmes en morphèmes, les morphèmes en syntagme, les syntagmes en phrases. Il l'axe des combinaisons et se représente sur un axe horizontal, de gauche à droite. Les syntagmes sont des séquences d'unités variables. Elles constituent les divers niveaux intermédiaires de la hiérarchie dont le sommet est la phrase et le niveau inférieur les morphèmes. Les relations syntagmatique s'observent entre les termes qui constitue les syntagmes, c'est pourquoi il est aussi appelé l'axe des relations in praesentia. Il est aussi l'axe des cooccurrences ou contiguïté, et répond au critère d'insécabilité. A l'opposé l'axe paradigmatique reflète les relations existant entre les signes capables d'assumer une même fonction. Il est l'axe des commutations, ou substitutions. L'axe est virtuel, dans le sens où les relations paradigmatiques s'établissent entre une unité et celles qui pourraient la remplacer dans un environnement donné. Il fonctionne sur des éléments qui ne sont pas en présence : les relations in absentia. Il est l'axe des corrélations, les signes entretiennent entre eux des rapports de parenté sémantique, en dehors de la chaîne syntagmatique : il peuvent être en corrélation de sens ou en opposition.

Pourquoi reprendre le schéma de Saussure pour expliquer le lien hypertexte. Premièrement les textes liés les uns aux autres répondent au paradigme, en effet il est un axe de sélection et d'assemblage des fragments. De même le lecteur effectue un choix entre les différents liens qui s'offrent à lui soit un axe de la sélection. L'axe syntagmatique fonctionne sur le texte source : nous passons d'un texte A, unité de lecture (phrase...) à un texte B, lui aussi unité de lecture. Les liens appartiennent donc premièrement à l'axe syntagmatique, car il est contenu dans un texte qui fait sens, et se situe sur un continuum. Il serait logique cependant de considérer les unités ne soient que sur l'axe paradigmatique, dans la mesure où la relation qui unit le texte A au texte B est le lien.

Différents mécanismes peuvent lier un texte A à un texte B. La relation dépend d'une part du lien source (contenu dans le texte A) et d'autre part de la nature du texte (B) vers lequel le lecteur est transporté. Il est donc nécessaire ici de distinguer les relations qui peuvent unir un texte A et un texte B. Les liens internes de l'hyperfiction sont en effet les plus hétérogènes, et le reflet de la multiplicité des oeuvres. Leur complexité est relative et suivant les oeuvres ou les versions nous ne sommes pas confrontés aux mêmes mécanismes. Plusieurs mécanismes peuvent unir un texte A à un texte B. Le tableau suivant essaie de mettre en évidence les liaisons possibles.

Texte A

Lien

Texte ou page B

 

Lien retour

Source

Texte

Texte B devient source

Lien vers un autre texte C

Aucun

Source

Texte

Hypermédia (impasse)

Retour à A non voulu

Navigateur (précédent)

Source

Média

B est une impasse

Retour à A voulu

« sortie de secours »191(*)

Source

Texte

B est une impasse

Retour à A voulu

texte

Source

Texte

B est une impasse

Retour non voulu

Navigateur (précédent)

Le texte A est considéré comme le texte source ( celui qui contient le lien ) et le texte B ( le texte vers lequel la lecture se dirige. ) La relation qui unit un texte A à un texte B varie suivant la nature du texte B et du lien. Le texte B peut soit ne pas devenir un texte source d'un autre lien, soit être lui même un texte source, qui renvoie vers un autre texte C. Il correspond à la première ligne du tableau qui est considérée comme le lien qui fait accéder l'oeuvre au statut d'hyperfiction : Apparitions, NON, Écran total, le Noeud, Websoap...

Lorsque le texte B ne devient pas source deux cas de figures se présentent : soit il est une impasse narrative, l'utilisateur est obligé de revenir en arrière (le retour en arrière n'est pas voulu par l'auteur). Soit le texte B renvoie automatiquement vers le lien source, il acquiert alors un statut différent : trois oeuvres fonctionnent sur ce mécanisme : Apparitions inquiétantes192(*), Poids de naissance193(*) et Qui veut tuer Fred Forest194(*). Il existe ainsi un système de feed-back, de correspondance entre le texte A et le texte B. Dans ce cas précis le retour devient un principe d'écriture, car voulu par les auteurs. Dans un premier temps seront analysés les liens internes de l'hyperfiction où deux procédés se présentent : soit les liens sont non seulement relatifs à une organisation comme par exemple les liens numérotés mais aussi porteurs de signification, soit les liens sont uniquement sémantiques : les plus usités. En dernier lieu seront abordées les oeuvres qui fonctionnent sur les liens retours.

* 187 Nicholas Burbules, rhetoric on the web«, [en ligne] : http://faculty.ed.uiuc.edu/burbules/ncb/papers/rhetorics.html, 1997

* 188 Cité par Beat Suter, Hyperfiktion und interaktive Narration, im frühen Entwicklungsstadium zu einem Genre, Zürich, update verlag, 2000. p 146

* 189 Alors que le regard du lecteur passe sur le texte en présence, (axe x), pour associer le révélateur à la signification, (seconde dimension axe y), se déploie l'axe z : la liaison complémentaire à un texte postérieur via l'hyperlien"

* 190 Beat Suter, Hyperfiktion und interaktive Narration, im frühen Entwicklungsstadium zu einem Genre, Zürich, update verlag, 2000.

* 191 « la sortie de secours » est le lien retour dans Apparitions inquiétantes.

* 192 Anne-Cécile Brandenbourger, Apparitions inquiétantes [en ligne] 1997-2000 :

http://www.anacoluthe.com/bulles/apparitions/jump.html

* 193 Hélène, Honnorat, Poids de naissance, [format PDF] Paris, 00h00.com, « collection 2003 ».

* 194 Pierre, de La Coste, Qui veut tuer Fred Forest, [format PDF] Paris, 00h00.com, « collection 2003 ».

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