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Les enjeux environnementaux, économiques, sociaux et politiques de l'accès à l'eau dans l'agglomération de Lima et plus spécialement dans les quartiers dits « asentamientos humanos », quel avenir pour une ville assoifée ?

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par Claire Gaillardou
UFR de Géographie Bordeaux III - DEA de géographie, mention développement, sociétés et cultures 2007
  

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III-3 Qualité de l'eau et questionnement sur la potabilité, la contribution de la qualité de l'eau et de l'assainissement aux risques sanitaires et à l'inégalité.

-Situation de la qualité de l'eau :

Face à la question épineuse de la qualité de l'eau dans une ville qui a compté d'importantes épidémies de choléra et de diarrhées dans les dernières décennies ; la SEDAPAL se veut garante de la potabilité de l'eau fournie par son réseau.

Pour cela, les usines de traitement de La Atarjea bénéficient de procédés de haut niveau technologique et opérationnel qui garantissent le respect des certificats ISO 9001 sur le traitement de l'eau et ISO 14001 qui contribue à la préservation de l'environnement. Ces processus de traitement permettent de transformer l'eau tirée du Rio Rímac en eau «propre à la consommation humaine », complètement compatible avec les normes de qualité proposées par l'OMS1 et les normes nationales.

La qualité de l'eau est surveillée électroniquement au cours des différentes étapes du processus de traitement, 24 heures sur 24, dans des laboratoires chimiques et biologiques, dans le but de vérifier le bon fonctionnement du procédé. De plus, elle dispose d'un plan annuel de production pour les différentes périodes (étiage ou montée des eaux), permettant une utilisation adéquate des réactifs chimiques.

La qualité du Rio Rímac est elle-aussi contrôlée informatiquement, dans le but d'être averti de la qualité de l'eau qui afflue par les bouches d'entrée de l'usine, et en conséquence de pouvoir prendre des décisions pour protéger et optimiser le processus de traitement.

Cependant, à la vue des analyses microbiologiques2 du Rio Rímac au niveau des bouches d'entrée des usines de traitement 1 et 2, on peut s'interroger sérieusement sur la qualité réelle de cette eau. En effet, selon les tests biochimiques effectués par l'équipe gérante de la production de l'eau, le taux de coliforme y est parfois plus de dix fois plus élevé que la limite maximum fixée par la Loi Générale de l'eau, représentant un danger évident pour la santé des populations en situation de pauvreté qui vivent aux abords de ce cours d'eau et s'approvisionnent directement sur les rives du Rímac.

1 OMS : Organisation Mondiale de la Santé.

2 SEDAPAL, 2001-2002, Analyses microbiologiques du Rio Rímac et du processus de traitement des usines 1 Et 2, en moyenne mensuelle.

De plus, à la sortie du robinet, l'eau peut être aussi confrontée à une autre source de contamination. En effet, en raison du stockage dans les citernes sous-terraines et les réservoirs en hauteur, on peut voir se développer un autre type de pollution. Les plus grands facteurs de risque sont l'absence de couvercle hermétique et de rebord de protection (intrusion directe d'agents contaminants), la mauvaise qualité des canalisations internes (corrosion qui contribue à la formation de micro-organismes), et la saleté des réservoirs (facilite l'établissement de colonies de microorganismes).

Cette contamination est un facteur d'inégalité supplémentaire devant la qualité de l'eau car elle concerne une fois de plus les populations les plus démunies. En effet, ce sont elles qui sont le plus souvent soumises aux problèmes d'intermittence lorsqu'elles sont reliées au réseau, ou qui faute de connexion utilisent des stratégies de stockage propices à la contamination (bidons de plastiques ou dans le pire des cas de métal, le plu souvent à l'air libre). Enfin, les populations desservies par les camions citernes cumulent le double poids d'une contamination à l'intérieur des cuves des camions puis d'une contamination lors du stockage âpres livraison. En effet, non seulement, l'eau achetée par les camions provient le plus souvent des réseaux de SEDAPAL et elle n'est donc pas d'une qualité irréprochable, mais en plus ces camions ne sont soumis à aucun contrôle sanitaire.

-Une solution de sécurité inadaptée aux plus démunis : le marché de l'eau en bouteille :

La plus grande sécurité face au problème de la qualité de l'eau est finalement réservée aux populations les plus aisées, il s'agit de l'achat systématique d'eau embouteillée comme eau de boisson. Devant la mauvaise presse accordée à l'eau issue du réseau de la SEDAPAL, ce marché est en pleine expansion comme on peut le constater par la place de plus en plus importante qu'occupe le rayon « eau » dans les supermarchés liméens.

Il reste une solution plus simple et relativement peu coûteuse : faire bouillir l'eau pendant au moins trois minutes.

-Conséquences sanitaires :

Les fortes épidémies de choléra survenues en 1991 et 1992 à Lima sont révélatrices de l'importance des conséquences sanitaires de l'absorption d'eau contaminée par les populations. L'absence d'eau potable et de système correct d'assainissement et d'hygiène entraînent notamment en plein été, d'innombrables infections gastro-intestinales. Selon les chiffres des ONG et de la Banque

Mondiale, en 1992, ce sont plus de 300 000 cas de choléra qui avaient été détectés dans la métropole liméenne, dont plus de 3000 avaient été mortels.

Pourtant, aujourd'hui le choléra est une maladie qui se soigne très correctement si on dispose des moyens hospitaliers nécessaires (mesures de réhydratation et traitement anti-bactériologique), et d'une hygiène et d'un contrôle antérieur de l'eau suffisant. C'est pour cette raison que cette maladie a été éradiquée des pays dits développés aujourd'hui, et qu'elle est un des témoins des mauvaises conditions sanitaires inhérentes aux pays en développement.

Photo 19 et 20 : Des conditions sanitaires en matière d'eau insuffisantes, le lavage du

linge et le stockage de l'eau à San Francisco, Huachipa :

Source : Auteur.

Selon les recherches de l'Institut Pasteur1, « Le moyen le plus efficace pour éradiquer le choléra, transmis par voie oro-fécale (eau, aliments contaminés), est d'élever le niveau d'hygiène ».

Cependant, même si elle est la plus grave de ces affections dues à la qualité de l'eau, le choléra est loin d'être la seule maladie relevée. Ainsi, certaines maladies comme les diarrhées aigues et la poliomyélite sont aussi imputables à l'eau de boisson souillée par les matières fécales. D'autres maladies gastro-intestinales, cette fois-ci d'ordre parasitaires, peuvent aussi apparaître, comme l'amibiase et la bilharziose, de graves maladies dont la récession n'est jamais complète.

Dans la capitale péruvienne, la provenance de ces patients est très significative car elle touche le plus fréquemment les habitants des cônes périphériques de la ville. En effet, selon les chiffres de

1 http://www.pasteur.fr/externe.

l'IN EI1, en moyenne en 1999, les maladies dues à l'eau ont touchées 20 pour 1000 habitants du centre alors que près de 6 personnes sur 100 habitants dans le seul cône Nord ont subi un traitement pour lutter contre ces maladies. De plus, il faut relever que ces chiffres ne concernent que les malades qui sont passés par un centre de santé ou un hôpital, ce qui peut aussi signifier que les chiffres réels sont bien plus importants, le système de santé péruvien étant payant et donc pas systématiquement abordable pour les plus démunis.

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