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les traits de personalité dépendante chez les toxicomanes

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par Parvaneh Majd
Université Rennes 2 - Master Recherche2 2006
  

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II-III- Les modèles de la dépression :

II-III-I- Modèle génétique :

Les données génétiques sont probantes pour la psychose maniaco - dépressive bipolaire , probables pour certains dépressions unipolaire, primaires. Par contre, le déterminisme génétique n'existerait pas dans les dépressions névrotiques.

Debray et Caillard, dans La maladie dépressive, rapportent des taux de concordance pour la maniaco - dépressive de 25 à 90% chez les jumeaux monozygotes et de 0 à 38 % chez les dizygotes ; ces chiffres plaident pour un indiscutable facteur génétique dans la transmission de la maladie.

Dans certaines familles examinées par Mendlewicz, la transmission héréditaire semble liée au chromosome X.98(*)

Le chromosome 11 a été aussi incriminé dans la transmission de la PMD bipolaire à partir d'investigations menées dans la population des Amish. Cette secte protestante, très traditionnelle, vit aux Etats - Unis, constituent une société fermée, sans migration, sans mariage avec les sujets extérieurs. «  il s'agit donc d'un isolat génétique et culturel, pratiquement autarcique, qui constitue à l'évidence un laboratoire naturel idéal pour les recherches génétiques... ».99(*)

II-III-II- Le modèle biologique :

Les principaux neurotransmetteurs dans zones cérébrales qui régulent l'affectivité ou l'humeur sont dénommés des monoamines car ils possèdent une seule fonction amine dans leur structure chimique.

Ils sont essentiellement deux dans les parties du cerveau dévolues à la fonction affective :

La noradrènaline qui joue également un rôle dans l'éveil, l'effort et la régulation de la tension artérielle ;

La sérotonine qui intervient dans la régulation du sommeil, de l'appétit , de l'agressivité et de la sexualité.

On comprend ainsi que si ces substances sont perturbées dans la dépression, celle-ci s'accompagne de trouble de l'initiative, de fatigue, d'hypotension artérielle, de perturbation du sommeil, de l'appétit et de la sexualité.

II-III-III- Le modèle psychanalytique :

Freud:

Il nous est aisé de suivre Freud dans la toute première époque de sa pensée grâce à la correspondance entretenue avec W. Fliess jusqu'en 1902 et éditée en France sous le titre La naissance de la psychanalyse.100(*)

Dans le Manuscrit B en 1893, il évoque une forme de névrose d'angoisse : «  la dépression périodique... elle se distingue de la mélancolie vraie par son rapport avec quelque traumatisme psychique. Et pourtant ce dernier ne constitue qu'une cause déclenchante. En plus, cette dépression périodique est dépourvue de l'anesthésie psychique (sexuelle) qui caractérise la mélancolie ».101(*)

Ses recherches sur la mélancolie sont liées à celles sur l'angoisse ; l'hypothèse sexuelle sert à expliquer ces deux états : dans le Manuscrit E , il évoque comme facteur déclenchant d'une mélancolie l `accumulations d'une tension sexuelle psychique, alors que l'accumulation d'une tension sexuelle physique entraînerait une névrose d'angoisse.

Différents allusions dans ses écrits nous montrent que Freud s'éloigne de la théorie sexuelle de la mélancolie, il souligne la dimension traumatique de la perte, du deuil et leurs liens avec la formation du symptôme. A chaque date anniversaire peut apparaître «  une abréaction après-coup ».102(*)

Freud dans Deuil et mélancolie (1915) repose sur le rapprochement clinique du deuil et de la mélancolie psychogène. L'affect dépressif est commun et la circonstance déclenchante en est une perte : dans le deuil, c'est la mort d'une personne chère, dans la mélancolie ce peut être aussi «  la perte d'une abstraction mise à sa place, la fratrie, la liberté, un idéal, etc. »103(*)

Dans la mélancolie, la perte se double « d'une prédisposition morbide » (p.146) (type de relation d'objet et antécédents). Sur le plan sémiologique, l'inhibition massive et «  la limitation du Moi » sont communes aux deux problématiques, mais le deuil ne peut pas présenter de diminution de l'estime de soi «  pouvant aller jusqu'à l'attente délirante du châtiment ». Dans le deuil :

- Le sujet sait qui il a perdu et ce qu'il a perdu ; alors que le mélancolique n'est pas conscient de la nature exacte de sa perte ce qui explique le décalage qualitatif entre la réalité extérieure et le vécu mélancolique.

- Le monde est vide tandis que dans la mélancolie c'est le Moi qui est appauvri et de plus il s'est clivé, une partie, la conscience morale, critiquant et accusant l'autre.

- «  L'épreuve de réalité a montré que l'objet aimé n'existe plus et édicte l'exigence de retirer toute libido des liens qui la retiennent à cet objet. » Le sujet se rebelle mais la réalité va l'emporter. Le sujet désinvestit progressivement l'objet et « le fait est que le Moi après avoir achevé le travail de deuil redevient libre et sans inhibitions ».

- La perte de l'objet a rendu «  le monde pauvre et vide, alors que dans la mélancolie c'est le Moi lui-même qui est vide.

Freud retrace les étapes préalable du futur mélancolique : après la rupture « l'ombre de l'objet tomba ainsi sur le Moi qui peut alors être jugé par une instance particulière (le sur moi) comme un objet, comme un objet abandonné. De cette façon la perte de l'objet s'était transformée en une perte du Moi et le conflit entre le Moi et la personne aimé en une scission entre la critique du Moi et le Moi modifié par identification ».

Pour que la libido puisse se retirer ainsi dans le Moi, il faut que l'investissement d'objet initial soit d'un type particulier à la fois narcissique et ambivalent :

- Narcissique : le sujet aime dans l'objet ce qu'il est, ce qu'il a été ou ce qu'il voudrait être.104(*) Ce type de choix d'objet implique une forte fixation à l'objet d'amour mais paradoxalement un faible investissement de l'objet lui-même ou d'une partie de lui.

- Ambivalent : le désire de destruction de l'objet aimé n'est jamais absent. Les reproches et les accusations que le sujet s'adresse sont, en fait, adressés à l'objet. «  Le Moi ne peut se tuer que lorsqu'il peut, de par le retour de l'investissement d'objet, se traiter lui-même comme objet... ».

Freud souligne la nécessité de trois conditions pouvant déclencher un accès mélancolique :

- ambivalence initiale pour l'objet d'amour ;

- perte de cet objet ;

- régression de la libido dans le Moi, favorisée par le narcissisme de ces sujets.

Perte d'objet et ambivalence sont retrouvées dans le deuil normal, mais non la régression de la libido dans le Moi.

Karel Abraham

En 1911, Karel Abraham publie «  Préliminaires à l'investigation et au traitement analytique de la folie maniaco - dépressive et des états voisins ». Il construit un modèle de la dépression psychotique sur le modèle freudien de la paranoïa, mettant en jeu un mécanisme projectif :

« - Je ne peut pas aimer les autres ; je suis obligé de les détester.

- les autres ne m'aiment pas, ils me détestent... car je suis marqué par des insuffisances innées : c'est pourquoi je suis malheureux, déprimé ».

- puis la répression de mouvements de haine engendre des idées de culpabilité.

« Du refoulement du sadisme nous voyons surgir la dépression, l'angoisse, la culpabilité. Le patient prend une attitude passive, il tire son plaisir de ses souffrances, de sa contemplation de lui-même. Ainsi au fond de la misère mélancolique, nous trouvons une source cachée de jouissance. » La stupeur dépressive - inhibition maximale - constitue une mort symbolique. L'idée de ruine est issue de la perception refoulée de l'incapacité à aimer. ce que la paranoïa atteint spécifiquement par la voie de la projection, la mélancolie y parvient par voie d'introjection. » Les deux phases, maniaque et mélancolique, sont issues du même complexe : « le dépressif se laisse écraser alors que le maniaque l'enjambe ».

En 1924, Karl Abraham reprend son étude sur la mélancolie après une riche correspondance avec Freud et suite à la publication par ce dernier de «  Pour introduire le narcissisme ».Abraham publiera alors un très gros travail théorico-clinique : Esquisse d'une histoire du développement de la libido fondée sur la psychanalyse des troubles mentaux, divisé en deux grandes parties. Dans la première «  Les états maniaco-dépressive et les étapes prégénitales d'organisation de la libido », il ajoute l'importance de l'oralité avec sa traduction clinique : le refus alimentaire. La régression de la libido se fera à un stade plus primitif que dans la névrose obsessionnelle : stade oral ou cannibalique.

Il précise que « La mélancolie est une forme archaïque de deuil.. le travail de deuil du sujet normal s'effectue également sous la forme archaïque dans les couches psychique profondes ». Et il souligne l'importance de la répétition d'un événement traumatique initial. Sa conclusion prend en considération cinq facteurs : un facteur constitutionnel, la fixation privilégiée de la libido à l'étape oral du développement, une blessure grave du narcissisme infantile par déception amoureuse, la survenue de la première grande déception amoureuse avant la maîtrise des désires oedipiens, la répétition de la déception primaire pendant la vie ultérieure.105(*)

Mélanie Klein :

Pour cet auteur, la dépression serait une reviviscence, lors de certains événements, des ambiguïtés affectives éprouvées lors d'une étape du développement de l'enfant qu'elle dénomme la position dépressive. Initialement l'enfant ne reconnaît pas unee personne, un objet extérieur dans son intégralité. Ainsi le sein qui le nourrit et la main qui le couche dans son berceau ne sont pas intégrés comme éléments d'une même entité, la mère.

Ce stade, dit de l'objet partiel, corresponde pour Mélanie Klein à une position « schizoparanoïde ». Puis l'enfant va identifier les objets extérieurs dans leur unité ; ainsi il va reconnaître que le sein et la main appartiennent à la même personne. Alors l'enfant se déprime car il prend conscience de l'ambivalence de ses sentiments : il aime le sein qui le nourrit et déteste la main qui l'en écarte.

Dans cette période, l'enfant craint que ses sentiments de haine à l'encontre d'une partie de la personne aimée ne la détruisent. Dans les dépressions, le sujet vit à nouveau de tels affects où se mélangent l'agressivité et l'amour à l'égard du monde extérieur et de lui-même. Un autre apporte de Mélanie Klein est de considérer l'excitation maniaque comme un mode de défense contre la mélancolie.106(*)

Jacques Lacan :

A la suite de la théorie freudienne, J. Lacan (1936) estime que la souffrance, liée au dilemme de la perte de l'objet est son identification narcissique par le sujet, s'accompagne de jouissance du sujet.

Pour J. Lacan, la jouissance s'oppose au plaisir. La jouissance est sans limites et mortifère, c'est la direction inconsciente de la pulsion de mort. Dans ce sens, les êtres humains sont des «  êtres pour la mort » corrélativement à leur accession au langage c'est à dire au symbolique : « la vie ne songe qu'à mourir. La vie est un détour dépourvu de signification ».107(*)

Spitz :

Pour Spitz, les carences affectives précoces sont un élément fondamental dans la survenue ultérieure de dépression. Il décrit la dépression anaclitique chez des enfants privés de leur mère pendant trois mois de façon permanente, après avoir bénéficié d'une relation maternelle normale.

L'enfant présente alors une phase de protestation avec cris et pleurs, puis une phase de renoncement avec apathie, retrait apparent, désintérêt, ralentissement, voir arrêt du développement psychomoteur. L'absence de restauration d'une relation maternelle normale augure de propensions dépressives à l'âge adulte.108(*)

* 98 Lôo H ; Lôo P (1991).

* 99 Chaillard V. (1985). Etude épidémiologique des troubles de l'humeur chez les Amish, Actualité internationales en psychiatrie, 1985, 2,19-23.

* 100 Lemperière T. (1997). Les dépressions réactionnelles. Masson. Paris.

* 101 Freud S. Esquisse d'une psychologie scientifique 51895°. In : La naissance de la psychanalyse. Paris. PUF. 19992.

* 102 Freud S. (1895). Etudes sur l'hystérie. Paris PUF, 1981.

* 103 Freud S. (1915). Deuil et mélancolie. Trad. J Laplanche et J.B Pontalie In. Métapsychologie, paris, Gallimard, 1968, Laplanche J et coll Ouvres complètes, XVIII ? Paris, PUF. 1988.

* 104 Freud S. (1914). Pour introduire le narcissisme. In : la vie sexuelle, trad. Franç. Berger D. Laplanche J et coll. Paris. PUF. 1969.

* 105 Lemperière T (1997).

* 106 Lôo H , Lôo P. (1991).

* 107 Lôo H, Lôo P. (1991).

* 108 Spitz A (1968). De la naissance à la parole. Paris. PUF éd.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand