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les traits de personalité dépendante chez les toxicomanes

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par Parvaneh Majd
Université Rennes 2 - Master Recherche2 2006
  

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B) Modèle de L'impuissance apprise (Seligman) :

Pour Seligman (1975) 118(*)La dépression résulterait de la perte par le sujet de la possibilité de faire une liaison entre l'action et les conséquences positives de celle-ci.

Seligman a, tout d'abord, mis au point une procédure expérimentale destinée à tester chez des chiens le rôle des événements aversifs. Dans une boîte à deux compartiments dont l'un était électrifié, il apprit à des chiens à sauter du côté non électrifié pour être à l'abri des chocs. Ensuit, il soumit la moitié des animaux à des chocs électriques inévitables, pour ensuite les replacer dans une boîte à deux compartiments où ils pouvaient à nouveau accéder, en sautant, à un côté non électrifié.

Il constat que 2/3 des chiens qui avaient reçu des chocs inévitables avaient désappris qu'ils pouvaient accéder en sautant à un compartiment non électrifié.

Inversement les chiens « contrôles » qui n'avais pas reçu de chocs inévitables conservaient l'apprentissage de l'échappement aux chocs. L'inhibition des chiens choqués fut baptisée « impuissance apprise » ou « désespoir appris » (helplessness), et fut considérée comme un analogue expérimental de la dépression humaine, dans la mesure où les animaux, tout comme les déprimés après une expérience traumatique prolongée ou des traumatismes répétés cessaient d'avoir des réponses productives.

Le modèle reformulé de l'impuissance apprise a été proposé par Abramson, Seligman et Teasdale (1978) qui ont cherché à approfondir chez l'homme les facteurs cognitifs qui permettraient de prédire une réponse d'impuissance apprise. Un sujet face à un échec, peut ne pas y attacher d'importance excessive, ou bien procéder à un jugement de causalité (ou attribution) internal, globale et stable. Le sujet dépressif s'attribue toute la responsabilité de l'échec (internalité) et considère que celui-ci définitif (stabilité) et s `entendra à tous les domaines de son existence (globalité). Inversement en cas de réussite ou d'événement positif le sujet dépressif va émettre des jugements externaux ` le hasard, les autres sont la cause), des jugements instables (cela ne durera pas). Des jugements spécifiques (l'événement est isolé).119(*)

II-IV- La personnalité dépressive :

La personnalité dépressive correspond à une tradition de la médecine de l'antiquité. Dans le corpus Hippocraticum, se trouve décrit le mélancolicos, c'est à dire le type bilieux, le typus à la bile noire. Ces sujets sont exposés à contracter la maladie appelée mélancolia.

Plus prés de nous, plusieurs auteurs appartenant à des écoles différents ont insisté sur la personnalité particulière des sujets dépressifs entre les épisodes. Dans cette partie, nous les présenterons.

Kretschmer

Kretschmer a décrit des tempéraments cycloïdes parmi lesquels le typus triste qui caractérise des sujets calmes, sensible, facilement accablés.

Fonctionnaires ou employés, ils sont assidus, dévoués, consciencieux et supportent mal les périodes troublées et inhabituelles qui amènent la décompensation dépressive.120(*)

Hubertus Tellenbach :

Ce psychiatre allemand, phénoménologue, a posé de façon très claire, sous l'appellation de typus mélancholicus, les caractéristiques fondamentales d'un état prédépressif et il a proposé une psychopathologie qui permet de comprendre le passage vers la décompensation mélancolique. Sa réflexion est basée sur des observations cliniques bien établies.

« Le sujet typus mélancholicus est attaché à l'ordre, en particulier dans le demaine du travail. Il recherche la meilleure rentabilité en qualité et en quantité, il néglige les loisirs et la détente.

Il s'investit socialement, se dévoue pour ses proches, accepte mal que les autres lui rendent service sans les récompenser. Dans ce culte d'un équilibre dynamique dans les relations et le travail, le sujet typus mélancholicus supporte mal les accrocs et les disputes qu'il souhaite toujours réparer pour revenir à un état d'équilibre.

Il existe ainsi en permanence une peur de faillir, une culpabilité sous-jacente qui s'établissent par rapport à un fonctionnement optimal, à définition sociale. La morale de ces sujets s'est ainsi fondée sur des valeurs qui sont mises en pratique et qui ne sont pas issus de consignes purement culturelles.

Le passage à la mélancolie s'accomplit à partir du moment où le système s'enraye, par les deux constellations de l'includence et de la rémanence. Qu'il existe une modification du rythme de l'existence liée à une promotion professionnelle ou à un déménagement , que se présentent une épreuve, physique ou morale, un cas de conscience , une injustice, et , dés lors, tout le système de défense du typus se renforce et s'exacerbe. Le sujet travaille encore plus, accentue ses efforts, se culpabilise, cherche à se dépasser pour faire face aux épreuves.

Cependant, il s'épuise, travaille finalement moins bien et se trouve débordé, ce qui accentue de façon dramatique son anxiété face à ses critères personnel de rentabilité. Il est dans la constellation de rémanence , en retard sur son programme habituel, et dans la constellation d'includence, ne parvenant pas à maîtriser l'ensemble de ses tâches , soudain excessives. Les perspectives pessimistes s'accumulent alors et l'évolution vers la mélancolie est une suite logique. Des culpabilités annexes, parfois fantasmatiques, sont attirées dans ce maelström. »121(*)

Hagop Akiskal :

Hagop Akiskal, établissant une équivalence entre dysthymie subaffective et personnalité, a proposé des critères de personnalité dépressive :122(*)

- Sombre, pessimiste, sérieux, incapable de joie et de relaxation ;

- Calme, passif, indécis ;

- Sceptique, hypercritique, se plaignant ;

- Se tourmentant, broyant du noir ;

- Attaché au devoir, consciencieux, autodiscipline ;

- Doutant de soi, autocritique, se faisant des reproches, autodérogatoire

- Préoccupé par l'insuffisance, les échecs, les événements négatifs ;

- Somnolence, tendance à la passivité, avec une aggravation dans la matinée

Selon DSM-IV-TR :

La personnalité dépressive apparut ensuite dans l'annexe B du DSM-IV, puis du DSM-IV-TR, en tant qu'outil destiné à la recherche. Il s'agit d'un mode envahissant de cognitions et de comportements dépressifs apparaissant à l'âge adulte et présent dans divers contextes. Les critères sont alors les suivants :

- l'humeur habituelle est avant tout abattue, morose, sombre triste ou sans joie ;

- l'image de soi repose sur la croyance de ne pas être à la hauteur, sur des idées de dévalorisation et sur une faible estime de soi-même ;

- est critique envers soi-même, se fait des reproches et se déprécie ;

- propension à ruminer et à se faire du souci ;

- vision négative, critique et réprobatrice d'autrui ;

- pessimisme ;

- tendance à éprouver de la culpabilité ou des remords.

Il est bien souligné que cet état ne survient pas exclusivement pendant les épisodes dépressifs majeurs et qu'il n'est pas mieux expliqué par un trouble dysthymique.

La théorie de Blatt :

Blatt en 1974, selon une théorie intégrant différentes approches, cognitive, psychodynamique et développementale, a proposé l'existence de deux types de personnalité rendant vulnérable à des types différents de dépression.

A la base de toutes les approches du développement psychologique, il y a , selon Blatt, la notion que le développement est un processus par lequel l'individu « arrive à être » à travers ses interactions avec les autres, autres représentés par des figures pour lui significatives.

Les théories du développement cependant ont souvent focalisé leur attention sur l'un ou l'autre des deux aspects de ce processus : la séparation ou l'attachment.

Les unes, en considérant l'individu comme une unité «  in se » qui tend, sur la base de capacités innées, vers la différenciation, l'individuation et l'autonomie. les autres, en considérant le sujet comme une unité en interaction, dont la maturation n'intervient pas dans l'individu « per se », mais dans la qualité de se relations.

Pour Blatt, ces deux dimensions, la séparation et l'attachment, sont indissociables et constituent les deux lignes directrices du développement psychologique. 123(*)

Les deux tâches essentielles du développement seraient : l'acquisition d'une identité stable, progressivement différenciée et intégrée, et l'acquisition de la capacité à établir des relations aux autres de plus en plus mûres. Dans le développement normal, ces deux axes évoluent conjointement, de manière équilibrée.

Les stades successifs correspondent à l'acquisition d'un niveau de représentation plus mature. Si les facteurs qui peuvent influencer cette progression (facteurs biologiques, psychologiques, culturels, etc.) sont divers, le rôle des relations qui s »établissent entre l'enfant et la mère est fondamental.

La psychopathologie décline les altérations qui peuvent intervenir dans le cours du développement sur l'un ou l'autre de ces deux axes124(*).

Blatt a qualifié d' « anaclitiques » les troubles où prédomine la perturbation des relations aux autres et d' « autocritiques » ceux qui concernent l'identité du sujet : les troubles anaclitiques selon Blatt dérivent d'altérations plus précoces et plus graves dans la relation mère - enfant et s'associent à une fragilité majeure (« fragilité narcissique »), tandis que dans les troubles autocritique, l'individu est parvenu à un certain niveau de différenciation soi-objet.

Pour Blatt, les individus développent une personnalité « dépendante »quand ils sont incapables de créer des représentations matures du moi. Les relations interpersonnelles permettraient à de tels sujets de renforcer leur propre valeur. La dépression, de type anaclitique, survient si l'individu dépendant se sent rejeté ou abandonné des autres.125(*)

Les sujets dépendants seraient vulnérables à des dépressions particulières, dites anaclitiques, caractérisées par des sentiments de désespoir, la crainte de l'abandon et un désir très important d'amour et de protection126(*).

D'une autre côté, la personnalité « autocritique » se construit lorsque l'individu a des difficultés à développer des représentations adéquates du soi dans les relations interpersonnelles et lorsequ'il se centre sur le soutien du soi à travers la réalisation et l'accomplissement de ses projets. La dépression, de type « introjectif » survient si l'individu ne peut atteindre ses propres standards ou ces des autres.

Il éprouve alors des sentiments d'infériorité et de culpabilité associés à une perte de plaisir et d'intérêt (anhédonie) et d'insuffisance. Dans le système théorique de Blatt, l'important pour le sujet dépendant est d'être aimé alors que pour l'individu introjectif, c'est d'être reconnu, respecté et admiré.127(*)

* 118 Seligman M. (1975). Helplessness. On Development, Depression and Death. Freeman, San Francisco.

* 119 Abramson L, Seligman M, Teasdale J.D. (1978). Learned helplessness in humans: critique and reformulation .J. abnormal. Psychol ; 87, 49-74.

* 120 Debray Q, Nollet D. (2005). Les personnalités pathologiques. Masson. Paris.

* 121 Debray Q, Nollet D. (2005).

* 122 Akiskal H.S. (1989). Validating affective personality types. In: L. Robines, J .Barret: The validity of psychiatric diagnosis.

* 123 Blass R B; Blatt S J. (1996). Attachment and separateness in the experience of symbiotic relatedness. Psychoanal. Q 1996 ? 65(4), 711-746, Oct.

* 124 Corcos M, Atger F, Jeammet PH. dépression, dépressivité et conduites de dépendance. In Corcos M , Atger F , Jeammet PH. (2003). Les conduites de dépendance. Masson. Paris.

* 125 Bouvard M. (2002). Questionnaires et échelles d'évaluation de la personnalité. Masson. Paris.

* 126 Jeammet PH et col (2003).

* 127 Bouvard M. (2002).

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