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La couverture du risque maladie: essai d'une étude comparative entre les systèmes français et marocain

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par Jamila Zakour
Université Bordeaux IV Montesquieu - DEA de droit du travail et de la Protection Sociale 2006
  

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Section 2) Les insuffisances certaines de l'Assurance Maladie Obligatoire.

Le Maroc est à cent lieus d'avoir le même niveau de développement que la France, et son taux d`exclus est bien supérieur. C'est sans doute pourquoi il a fallut attendre quasiment 14 années une réforme de son organisation de prise en charge du risque maladie; les changements de gouvernements et donc d'orientation politique ont sans doute contribué à ce retard législatif. Aujourd'hui l'Assurance Médicale Obligatoire a pour but de couvrir l'ensemble de la population. Mais cette dernière présente une faiblesse du point de vue de son financement (§1). C'est pourquoi, il est primordial pour cet État de regarder volontiers vers les sources internationales pour s'en inspirer (§2).

§1) L'institution de l'Assurance Maladie Obligatoire: heurts et malheurs d'une réforme ambitieuse.

La réforme du système de prise en charge du risque maladie au Maroc, est le fruit d'un travail laborieux et d'une longue attente. Attente qui a commencé en 1992, pour se terminer par l'adoption d'une loi votée en Novembre 2002 puis de décrets pris en Août 2005. Cette loi s'applique depuis le 15 Septembre 2005. L'objectif de cette réforme ambitieuse est de couvrir l'ensemble de la population contre les risques liés à la maladie; l'AMO se donnait ainsi pour objectif de permettre aux populations les plus pauvres qui étaient exclues de toutes couvertures car elles n'appartenaient à aucune catégorie socio professionnelle ou parce que leurs revenus ne leur permettaient pas de s'offrir une couverture complémentaire, de se trouver sur un même pied d'égalité que les personnes bénéficiaires d'une telle protection. Une réforme de grande ampleur donc au regard de la population touchée, mais aussi au regard des risques couverts car l'AMO entend ni plus ni moins couvrir ce que la loi appelle les ALD (affections de longue durée), qui sont les plus coûteuses généralement.

Toutefois il y a de fortes chances que le Législateur ne revoit ses ambitions à la baisse, car il semble qu'un élément essentiel ait été oublié par cette loi de Novembre 2002. : Son financement. Certes dans sa présentation, l'AMO prévoit un prélèvement de 4% sur le salaire brut, taux qui serait supporté pour moitié par le salarié et l'employeur pour l'autre moitié. De même, la CNSS est elle aussi appelée à mettre la main à la poche puisque 6.5% des excédents bruts dégagés par la branche allocations familiales seront affectés au financement de l'AMO. Enfin, la loi prévoit que les dons, legs et tout autre produit financier tiré de la gestion du patrimoine de l'AMO.

Les sources de financement montrent combien l'Etat marocain est absent et du même coup c'est toute volonté de mettre en place d'un véritable système prenant en charge les risques maladies des populations les plus pauvres qui fait défaut. Le Maroc est classé par l'Organisation Mondiale de la Santé comme un pays intermédiaire, et, à ce titre, il paraîtrait logique que dans un premier temps celui-ci se caractérise par une forte présence pour remettre sur pied ses structures de santé, car à l'heure actuelle les hôpitaux publics sont dans un état désolant et n'offrent pas faute de moyens les soins auxquels peuvent légitimement s'attendre les administrés, en particulier ceux ne bénéficiant pas de couverture complémentaire. De plus, au regard de la gestion de l'AMO, un déséquilibre se profile à la fois sur les capacités financières et sur les populations protégées. En effet, la part de l'AMO qui touchera le secteur public sera gérée par la CNOPS tandis que la CNSS se verra la rude tâche de gérer les salariés du secteur privés aux revenus moins réguliers, moins élevés et surtout moins nombreux que leur confères du public. Ce partage est d'autant plus aberrant que les premiers sont déjà couverts pour le risque maladie car c'est une obligation de bénéficier d'une couverture complémentaire (le plus souvent ce sera une mutuelle). On peut alors s'interroger sur la finalité de l'AMO pour des personnes qui a priori n'en ont pas besoin et qui en plus ne participent pas à son financement (car rappelons-le, l'AMO est financée entre autre sources sur les cotisations des salariés et employeurs du secteur privé et les excédents générés par la branche allocations familiales de la CNSS). Une participation des organismes privés constituerait un excellent moyen de pallier le défaut de toute imposition, et permettrait de mettre en place un vrai système de type béverigdien comme c'est le souhait du législateur. Après tout puisque le Maroc regarde beaucoup du coté de la France et des institutions monétaires internationales telles que la Banque Mondiale, et tous s'accordent à affirmer que la solidarité par le marché est une forme de contrepartie aux droits qu'ont les citoyens, et qu'il faut les responsabiliser. Il est normal et juste que cette logique s'applique aux protagonistes qui auront le lourd mandat de prendre en charge la mise en place et la pérennité de ce système.

L'accent est mis sur le rôle important joué par les organismes mutualistes et d'assurance privée, permettant à l'Etat de se délester d'une fonction pourtant vitale dans un pays comme le Maroc, et ceci au détriment de toute réelle politique sanitaire et sociale. La seule alternative intéressant réside dans la possibilité pour le Royaume chérifien de se tourner vers les textes internationaux traitant de la Sécurité Sociale car ces derniers offrent tout de même un « filer social » qui pourra servir de socle pour une protection pérenne.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway