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les conflits de la mondialisation

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par GORA BA
Université de Nice sophia antipolis - Master 1 en economie et gestion 2006
  

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B) Les théories de l'échange inégal

L'idée commune aux théories de l'échange inégal, c'est que contrairement à ce qu'affirment les modèles inspirés des avantages comparatifs, tous les pays ne sont pas forcément gagnants au libre-échange, parce que les avantages comparatifs négligeraient les rapports de force internationaux, qui font que certains pays fixent les règles du jeu à leur avantage. Samir Amin, par exemple, insiste sur la différence entre le " centre ", qui fixe les règles du jeu, et la " périphérie ". La domination du centre sur la périphérie, permet le développement de l'échange inégal, qui se fait au profit des pays riches et aux dépens des pays pauvres, peut prendre différentes formes :

· Le rôle particulier joué par les pays colonisateurs dans leurs anciennes colonies. Le rôle de la période de colonisation a été mis en avant par des auteurs qui remarquaient que les pays du tiers-Monde sont souvent d'anciens pays colonisés. Le rôle néfaste des colonisateurs, tel qu'il est présenté par ces théoriciens, peut prendre différentes formes :

· Longtemps, certains ont soutenu la thèse du pillage des pays colonisés par les pays colonisateurs, pillage notamment des matières premières, mais aussi à travers l'exploitation de la main-d'oeuvre. Cette théorie du pillage a connu ses heures de gloire dans les années 70, l'idée étant qu'une grande partie du surplus généré par le Sud est drainé vers le Nord, à cause des règles de l'échange inégal, et du coup cela bloque l'accumulation du capital au sud et donc le développement. Il est vrai que l'échange Sud /Nord s'est organisé autour des matières premières des pays du Sud, mais la thèse est largement remise en cause aujourd'hui. Les historiens insistent plutôt sur le fait que la colonisation n'a pas été une opération économiquement rentable et que son importance était surtout d'ordre politique. C'est en particulier la thèse défendue par Jacques Marseille au sujet de la France. D'ailleurs, l'essentiel des matières premières consommées dans les pays du centre est produit au centre. Paul Bairoch estime qu'avant la seconde guerre mondiale, l'autosuffisance du Nord était assurée : 96% environ. C'est aussi la thèse défendue par Pierre- Noël Giraud, qui écrit : " la croissance des pays riches n'a pas reposé sur une exploitation privilégiée des richesses naturelles du Tiers- Monde, sauf pour le pétrole. " Le Tiers- Monde n'assure aujourd'hui qu'une part assez faible de la production mondiale de matières premières.

· Si cette thèse du pillage est largement contestée, il est plus largement admis que les pays colonisateurs ont malgré tout joué une influence en bloquant toute possibilité d'industrialisation et de mise en oeuvre d'un processus de rattrapage. Ce blocage s'est parfois traduit par différentes actions qui ont détruit les industries locales, qui commençaient à se développer : on cite souvent le cas de l'Egypte ou celui de l'Inde, qui est analysé par Paul Bairoch dans Le Tiers Monde dans l'impasse : il montre comment l'industrie textile indienne, qui fonctionnait sur un mode assez artisanal a été complètement détruite par la concurrence anglaise : la mécanisation, qui s'accélère à partir de 1780, permet de baisser les coûts de revient et donc les prix de vente des cotonnades anglaises. Du coup, l'Angleterre a pu vendre en inde ses cotonnades, alors que traditionnellement, elle importait du coton brut en provenance de l'Inde. Ses importations ont d'ailleurs fortement augmenté avec le développement de l'industrie textile : en 1820, l'Angleterre consommait 40 fois plus de coton brut qu'en 1760. Dès 1813 l'Angleterre contraint même l'Inde à lui acheter les cotonnades embarquées à Liverpool. Il y a alors des arrivages de cotonnades peu chères, le transport est facilité par l'ouverture du canal de Suez (1869), qui réduit de presque la moitié le trajet Inde - Angleterre. Pour payer ces importations de cotonnades, il fallait que l'Inde exporte et l'Angleterre l'a encouragée à développer les cultures d'exportations, en développant des exploitations appartenant à des européens. Le rôle des pays colonisateurs a donc plutôt consisté à bloquer l'industrialisation des pays colonisés et à leur imposer une spécialisation peu avantageuse à long terme dans les matières premières. Si on analyse l'exemple indien au regard des avantages comparatifs, on peut dire qu'il était normal que l'Angleterre exporte des produits textiles, puisqu'elle possédait un avantage comparatif dans ce domaine, grâce à la mécanisation, mais ce que souligne aussi cet exemple, c'est que la théorie des avantages comparatifs ignore les effets de long terme de la spécialisation, le fait que certaines spécialisations sont plus avantageuses que d'autres.

· En lien avec ce rôle des pays colonisateurs, les théories de l'échange inégal se sont souvent appuyées sur une analyse des termes de l'échange, c'est-à-dire le ratio :

Les Prix des exportations et les Prix des importations.

Il était généralement admis qu'il y avait eu une dégradation des termes de l'échange pour les pays du tiers monde, en raison de leur spécialisation dans les matières premières, dont les prix connaissent des fluctuations importantes, généralement orientées à la baisse. Cette question de la dégradation des termes de l'échange est l'objet de débats. Jacques Marseille la conteste : il reprend l'exemple donné souvent : en 1954, on achetait une jeep contre 14 sacs de café et en 1962 il en fallait 39. Il conteste d'abord les années de référence : en 1954, le cours du café avait atteint un record historique. Malgré tout, il semble qu'il existe une tendance assez générale à la dégradation : une enquête de la banque mondiale a étudié l'évolution du rapport :

Prix des matières premières (hors pétrole)

Prix des importations industrielles

Ce rapport passe de l'indice 145 en 1948 à l'indice 100 en 1989, soit une baisse de 45%. On retrouve les mêmes résultats pour la période 1968-88 : la dégradation des termes de l'échange atteint 41% pour les matières premières et 14% pour les produits manufacturés.

· Au delà du débat sur la pertinence des théories de l'échange inégal, ce qu'on peut observer, c'est qu'historiquement, les partisans du libre-échange ont presque toujours été des nations économiquement dominantes, c'était déjà vrai pour l'Angleterre du XIXème siècle. Et que dans les périodes de crise, les tentations protectionnistes sont plus fortes. Aujourd'hui, les pays d'Asie du Sud-Est reprochent à l'Europe et aux Etats-Unis d'être trop protectionnistes et leur demandent d'ouvrir davantage leurs marchés.

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