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Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon

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par Bipikila Moukani Mambou
Université Omar Bongo - Maîtrise 2008
  

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3.2. L'éléphant dans les rites traditionnels

Une multitude de croyances lient les hommes parmi lesquels les Bisir à l'éléphant ou vice versa. L'éléphant constitue une espèce de référence dans des nombreux rites à l'exemple des cérémonies traditionnelles chez les pygmées du Cameroun et de la République de la Centrafricaine étudiés par Alain Penelon120(*). La viande de l'éléphant constitue nous apprend Ndogo121(*) (2000), une offrande indispensable à Jengi chez les pygmées. Ces peuples croient qu'ils ne peuvent pas vivre sans Jengi, qui pour eux, désigne le Dieu de la forêt qui assure leur survie en terme de protection, de bonne santé, de fertilité et de provision des ressources alimentaires. Ainsi pour que Jengi soit disposé à leur rendre ces services, un éléphant doit absolument être sacrifié. Chez les Bisir, l'éléphant est un protecteur dans la plupart des rites traditionnels, notamment dans le bwiti et dans certains rites féminins tels que le mabandji, le ilombo et le girina, etc., à l'exception des rites de socialisation.

C'est ainsi nous apprend Camille Mboumba : « Lorsque tu vois un homme avec la queue de l'éléphant qu'il tient comme un chasse-mouche à la main, cela le protège. Cette queue est un membre du corps de l'éléphant qui le protège. Lui, il se cache dans l'éléphant. Un sorcier qui le cherche ne trouvera que cette queue. Même certains bwitistes en possèdent. Lorsque tu vois un chef de fil du bwiti avec une queue d'éléphant, cela veut dire qu'il cache son corps dans un éléphant ou se protège et protège tous les autres membres qui sont derrière lui. Même dans tous les rites féminins, on ne se cache que dans l'éléphant (...) »122(*).Mais l'éléphant pris comme protecteur n'est pas seulement l'apanage des initiés. Un non initié peut également recourir à l'expertise d'un nganga pour obtenir un « éléphant de protection ». C'est d'ailleurs dans ce sens que Jean Emile Mbot dit que : « dans les sociétés traditionnelles, la faune revêtait une grande importance. L'animal remplissait diverses fonctions : il soignait, nourrissait, il protégeait. (...). Aussi, si vous demandez à un gabonais âgé s'il entretient un lien avec un animal particulier, la réponse est généralement positive, parce qu'il se souvient des soins thérapeutiques qu'il a reçu à un moment de son existence, afin de se purifier, de se prémunir contre les dangers, et de guérir »123(*). Nous pouvons aussi lire sous la plume de Elie Hakizumwami (2005) en parlant des usages traditionnels de l'éléphant chez les Bakwélé, les Bagando et les Pygmées Baka du Cameroun ainsi que chez les Pygmées Aka de la République centrafricaine que « Les crottins de l'éléphant auraient des propriétés curatives sur plusieurs maladies à cause de la diversité végétale du régime alimentaire de l'éléphant. Ils seraient également utilisés pour se protéger contre les mauvais esprits »124(*).

En parlant des Bisir, Camille Mboumba dit : « une personne fétiche un éléphant pour protéger sa famille, les enfants et les femmes. On le reconnaîtra qu'à partir des plaintes des propriétaires des plantations détruites par son éléphant. Hier, que ça soit chez modernes que ça soit chez les traditionnels il n'était pas question de tuer l'éléphant parce que l'éléphant était une protection des personnes »125(*). En effet, dans la société traditionnelle gisir, les hommes peuvent posséder un « éléphant du village » destiné à les protéger et à protéger les siens contre toutes attaques mystiques. Cependant la femme ne peut prétendre à « l'éléphant du village » destiné à la chasse car celle-ci est une activité exclusivement masculine. Dans le culte des jumeaux (mavasa), l'éléphant est considéré comme un génie (mugisi). Selon la tradition orale gisir, l'hippopotame et l'éléphant seraient des jumeaux. Parmi les deux, l'hippopotame est l'aîné. A leur naissance, l'hippopotame serait resté dans l'eau et y régna en maître et l'éléphant fut monté à la berge où il est considéré comme le roi de la forêt.

* 120 Alain Penelon, 2003cité dans Elie Hakizumwami, 2005.

* 121 Ndogo 2000, cité dans Elie Hakizumwami, 2005.

* 122 Camille Mboumba, corpus n° 4, séquence n°3.

* 123 Jean Emile Mbot (1999), Esquisse d'une lecture anthropologique des écrits des français sur les peuples du Gabon de 1839 à 1952, p.78.

* 124 Elie Hakizumwami (2005), Elaboration de la stratégie régionale pour la conservation des éléphants en Afrique Centrale, WWF, p.

* 125 Camille Mboumba, corpus n°4, séquence n°2.

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