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Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon

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par Bipikila Moukani Mambou
Université Omar Bongo - Maîtrise 2008
  

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3.3 Eléphant et sorcellerie

Vivre avec les membres de la famille, du lignage ou du clan sur le même environnement parait procurer un réel sentiment d'intégration, de considération et une sensation de sécurité, le tout bâti sur la notion d'entreaide et de solidarité. Cependant, pour Raymond Mayer, « la famille gabonaise comme toutes les autres familles connaît des phases des conflits »126(*) . La jalousie et la rivalité, pour ne citer que ces exemples sont les principaux leviers évoqués souvent dans tous les cas de sorcellerie. La sorcellerie désignée dans la société gisir par le terme « bulosi » ou « dikundu », renvoie au pouvoir de nuire aux autres. Le sorcier se dit « musoli ». C'est un agent du mal, une personne secrètement dotée de pouvoirs maléfiques et extra humains qui lui permettent d'accomplir un certain nombre de choses néfastes aux yeux de la société par exemple, se transformer en un animal pour dévaster les productions agricoles voisines.

C'est dans ce sens que Mboula Yakouya Adolphe nous a confié que «Il y a des gens qui se transforment en éléphants pour nuire aux autres, qui vont dans leurs plantations pour faire le désordre en consommant leurs cultures et en les détruisant. Parfois, il va faire appel aux autres éléphants de la forêt pour venir tout consommer (...), lorsque ceux qui gardent leurs campements se rendent au village, ces éléphants dévastent toutes leurs plantations parce qu'ils savent que les propriétaires sont au village »127(*). En effet, cet extrait de texte oral nous apprend que tout être humain (blanc ou noir) qui se transforme an animal, en particulier en éléphant est considéré comme un sorcier. Cette sorcellerie est issue d'une sorte de jalousie que les uns éprouvent envers les autres. Dans l'univers culturel gisir, la richesse repose en grande partie sur la production agricole. Plus votre production agricole est importante plus vous êtes riche. Par conséquent, des personnes jalouses peuvent nuire à votre production agricole. Cependant, cette nuisance peut aussi s'expliquer d'une autre façon. Elle peut, certes, provenir de la jalousie mais dans la plupart des cas, il s'agit de l'incapacité des propriétaires des « éléphants du village » à les nourrir et à les maîtriser. Un éléphant du village est comme un éléphant naturel de la forêt, nous dit Albert Boulikou (corpus n°2, séquence n°5). Un « éléphant du village » est comme une bête domestique que l'on peut attacher comme on attache un chien de garde par exemple. Il aspire aussi à tous les besoins ressentis par un éléphant naturel. Il doit se nourrir, boire et s'accoupler. Il a le même comportement que les autres.

La plus grande difficulté éprouvée par les propriétaires de ces derniers est celle de les nourrir car un éléphant consomme 150 à 280 kg de matière végétale par jour comme le mentionne Nicolas Manlius et Pierre Pfeffer128(*). Or les propriétaires ne possèdent pas des sites agricoles assez importants pour les nourrir. Mais étant donné qu'ils doivent se nourrir, les propriétaires sont obligés de les laisser dévaster les cultures des autres membres de leur communauté. Tout comme tout animal domestique a besoin d'un peu de liberté pour s'épanouir, il peut arriver que « l'éléphant du village » se détache par ruse, pour satisfaire ses besoins notamment s'alimenter.

Et son propriétaire ne peut pas le garder attacher tous les jours. Cependant, lorsqu'il parvient à se détacher, il se dirige vers les champs des voisins. Mais pour les personnes victimes des dégâts, les propriétaires de ces « éléphants du village » ne sont pas excusables. Lorsqu'une personne est reconnu comme étant propriétaire d'un « éléphant du village », il est catalogué comme étant un sorcier. Par ailleurs, Camille Mboumba nous apprend que : « si dans un rêve, on te donne de la viande de l'éléphant, il ne faut pas en prendre, c'est de la chaire humaine »129(*). Autrement dit, lorsqu'une personne dans un rêve reçoit de la viande de l'éléphant, elle ne doit pas la consommé car il s'agit de la chaire humaine (nyama i dibeti). Si vous en consommer, vous êtes appelé à donner en retour un membre de votre famille étant donné que tout « don » appelle un « contre don ».

* 126 Raymond Mayer, (2002), Histoire de la famille gabonaise, Libreville, Ed. du LUTO, 2e éd., p. 51.

* 127Adolphe Mboula Yakouya, corpus n°13, séquence n°3.

* 128 Nicolas Manlius et Pierre Pfeffer, « L'éléphant d'Afrique », LE FLAMBOYANT, n°50, juin 1999, pp.7-8.

* 129 Camille Mboumba, corpus n°4, séquence n°3.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille