WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon

( Télécharger le fichier original )
par Bipikila Moukani Mambou
Université Omar Bongo - Maîtrise 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.16 Espaces protégés et interdiction de la grande chasse

La ville de Mandji et certains villages font partie intégrante de la CFAD de Mandji de la CBG. Ce plan d'aménagement prévoit la mise en place d'un plan de gestion de la faune ; et pour y parvenir, la CBG a depuis 2005 entrepris des échanges avec le WWF. Celles-ci ont abouti à un appui du FFEM (Fonds français pour l'Environnement Mondial) au WWF dans le cadre du programme initiative pour le patrimoine mondial forestier en Afrique Centrale (CAWHFI) afin d'appuyer techniquement l'administration de la CBG dans la mise en oeuvre de ce plan de gestion de la faune211(*). C'est ainsi que dans cette CFAD, la CBG réglemente tout transport de chasseurs, d'armes à feu et de gibiers. Elle a également procédé à la fermeture des routes et la destruction des points d'exploitation non utilisés. Et avant cette période, en 2002 l'Etat gabonais a crée 13 parcs nationaux dont celui de la Moukalaba-Doudou comme en témoigne la carte n°5. La présence de ces espaces et celle de la CFAD de la CBG favorisent la recrudescence de la population animalière et notamment celle des éléphants qui trouvent en ces lieux des refuges de sécurité.

C'est dans cet esprit que Jules Olago dit que « Mandji est à l'intérieur de la CFAD de la CBG tout comme les villages Yeno, Masana, Petit-village, carrefour Rabi et Peny1 et dans ces zones la chasse est presque interdite. C'est qui fait la population animalière à augmenter et n'ayant plus de quoi se nourrir, les éléphants se rabattent sur les champs des populations »212(*). Et Bas213(*) de dire : « C'est un problème répandu partout en Afrique où il y a l'éléphant. Au Gabon, le problème se pose le plus là où il y a des aires protégées à proximité des populations et il en résulte parfois des conflits entre les populations et les responsables de l'administration ». Aussi reconnaît-il que : « Les éléphants sont devenus très nombreux, la population d'éléphant est en bonne santé au Gabon ». Cette croissance de la population des éléphants a aussi été rendue possible par l'interdiction de la chasse dans les aires protégées (article 259 Code forestier) mais également à cause de l'interdiction de la grande chasse au gabon. Cette interdiction favorise la recrudescence de la population animalière dans les espaces protégés. Et parmi les facteurs qui sous-tendent le conflit entre les humains et les éléphants, Barnes et al. (1996)214(*) citent le  confinement des éléphants dans les aires protégées où ils se trouvent parfois en surpopulation. En effet, depuis 1981 la grande chasse a été interdite sur toute l'étendue du territoire gabonais par le décret présidentiel n° 000115/PR/MAEFDR. Ce décret a été renforcé à partir de 1989, date à laquelle le Gabon a inscrit l'éléphant sur l'annexe 1 de la CITES. Cette inscription s'est soldée au début de l'année 1990 par l'interdiction du commerce interne de l'ivoire au Gabon dans l'optique de diminuer l'intensité du braconnage de l'éléphant et le flot d'ivoire gabonais vers l'étranger. De plus selon, les nouvelles dispositions en matière de politiques environnementales, le code forestier en son article 215, interdit la chasse dans les aires protégées. Ces dispositions ont donc favorisé davantage la croissance de la population des éléphants. Et nous nous accordons avec Jean Pierre Profizi (1999) quand il dit : « la «  grande chasse » a été interdite au Gabon comme dans la plupart des pays africains. Tout cela a produit la situation actuelle : des populations d'éléphants en expansion générale exerçant une pression sur les cultures qui devient insupportable pour les villageois »215(*).

Dans la même optique, Claude Augée Angoué, dans une étude réalisée à la Lopé, affirme que : « les dispositions prises par les populations locales pour protéger leurs champs ne peuvent plus faire face aux dégâts causés par la concentration d'animaux dans les aires protégées, notamment celle des éléphants d'Afrique protégés par l'interdiction de la grande chasse au Gabon depuis le début des années quatre vingt »216(*). A la suite de Jean Pierre Profizi et de Claudine Angoué, nous nous accordons à dire que « le problème se serait aggravé depuis que des lois plus strictes relatives à la chasse et à la protection des espèces ont été introduites, en particulier dans le cas des éléphants »217(*). De ce point de vue, l'augmentation de la population d'éléphants à Mandji expliquerait leur présence récurrente tant en saison sèche qu'en saison de pluies dans les champs des populations locales dans la mesure où les dégâts s'échelonnent pendant toute l'année. Même si les incursions en saison de pluies sont plus importantes, mais celles enregistrées en saison sèche ne sont pas négligeables.

Selon les populations, traditionnellement il y avait deux périodes au cours desquelles, les incursions des éléphants se produisaient. Les premières incursions se déroulent entre septembre et octobre et les secondes s'effectuaient entre mars et mai. Cependant, selon nos informateurs, les éléphants n'ont plus de période préférentielle. Ils interviennent dans les champs à n'importe quel moment. Par ailleurs, la recrudescence de la population d'éléphants peut également s'expliquer par la perte de la crainte de l'homme du fait qu'ils ne se sentent plus en danger face à lui. Cette perte de la crainte de l'homme a été favorisée par sa protection. Et parmi les facteurs inhérents au conflit hommes-éléphants, Kangwana (1995)218(*), retient la perte de la crainte de l'homme due à sa protection et à la lutte contre le braconnage dont l'espèce bénéficie inhérente à son inscription sur la liste CITES. En effet, l'une des causes retenues par les populations est celle de l'interdiction de la chasse à l'éléphant. D'après Adolphe Mboula Yakouya, « Ils sont devenus nombreux c'est pas pour rien, c'est parce que les blancs ont toujours défendu de les tuer. Ces éléphants sont devenus aussi plus nombreux parce qu'ils se sont beaucoup reproduits, c'est un animal qu'on ne tue pas beaucoup puisqu'il est protégé. On le tue que par moment »219(*). Marianne Courouble pour sa part, affirme qu' « en Afrique australe, les éléphants se reproduisent à un taux de 5 à 6%, ce qui donne 3500 éléphants de plus chaque année. »220(*)

* 211 Josué Mve-Mba, Concession forestière sous aménagement durable de la CBG à Mandji-Ndolou : vers la mise en oeuvre d'un plan de lutte anti-braconnage, in : L'Union n° 9305 du jeudi 28 décembre 2006.

* 212 Jules Olago, corpus n°18, séquence n°3.

* 213 Bas Huijbregts, corpus n°20, séquence n°1.

* 214 Barnes et al.,(1996) cité dans HALFORD Thomas et al., (2003), Recensement et distribution des populations d'éléphants (Loxodonta africana cyclotis) dans la réserve de Mengame, Province du sud , Cameroun : un état de la situation comme base de réflexion pour une meilleure cohabitation entre l'homme et l'éléphant, Rapport technique n°3, The Jane Goodall Institue, p.57. 

* 215 Jean Pierre Profizi, « Trop d'éléphants au Gabon ? », Le FLAMBOYANT, n°50, juin 1999, pp. 18-19.

* 216 Claudine Augée ANGOUE, Valuing forest for conservation purposes [En ligne]. Disponible sur World Wide Web: «  http://www.earthwatch.org/site/pp.asp?c=crLQK3PHLsF&b=479905 », consulté le le 06 Mars 2007.

* 217 Complexe d'aires protégées de Gamba : plan directeur, WWF, programme pour Gamba, juin 2005, p.74.

* 218 Kangwana (1995), cité dans HALFORD Thomas et al., (2003), Recensement et distribution des populations d'éléphants (Loxodonta africana cyclotis) dans la réserve de Mengame, Province du sud , Cameroun . p 29. 

* 219 Adolphe Mboula Y., corpus n°13, séquence n°2.

* 220 Marianne Courouble, Les enjeux de la conservation de l'éléphant en Afrique australe, Le FLAMBOYANT, n° 50, juin 1999, pp. 32-34.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984