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Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon

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par Bipikila Moukani Mambou
Université Omar Bongo - Maîtrise 2008
  

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Annexes

Discours des locaux

Récit244(*) n°1 de Boulikou Albert245(*) sur La chasse à l'éléphant

1- Barele babokanga Nzahu tsina basabanga netu mumu berambugilanga gu Lastrouville, yetu bisira guaya duse guaya mbara yawu babanga ne mugisiawu unengugula munombu. Pabe maruganga mumu, ba sundilanga mbu tsiefi. Tsiefi tsini ba kubalonga misiru mia labini nzahu. La yawu bakuendanga ne betsige. Tsiawu nzahu be veranga ne mekongu, La nzahu pasi maboku, batu bekuenda gosasa, pungi yawu beni bekubonganga, be bonganga bekusumbisa, bakudinga tsika.

1- Les chasseurs qui les tuaient n'étaient pas parmi nous, ils revenaient de Lastrouville, nous les bisir nous avons appris à faire la chasse avec eux. Ils avaient un rite qu'on appelait munombu246(*). Lorsqu'ils arrivaient ici ils descendaient chez les chefs. Ces chefs les montraient les forêts où l'on rencontre les éléphants. Et ils partaient accompagnés des autochtones à leur poursuite. Ils les tuaient avec les flèches. Une fois les éléphants tués, les gens du village prenaient la viande et eux-mems récupéraient les pointes qu'ils vendaient.

2- Mebeni dzibanga murele nzahu, murele a uneni unzahu, pa ukaro boka gibulu gina niuru tsiagu sikidzi dikengi. Mbara gu ndiayu wamulegili pa ama regila gukuena ukurina veveni, esi mwiri nenana ubedze kusuema mbara gu yandi agarugi ne buvembe esi use goberuga la yandi ama kuvioga. La gu warinili, usa rinili gu wome, bute buagu bugabi nagu gudikake mbara pa wome uma kuganga ne votsu yandi bedze kudila. (...) pasi waveri nzahu use gabi taga nandi. menu dze veranga neva verili ba mbatsi, menu ni veranga kapene sept metre, huit metre si ni kuvere (...) menu ni bokilanga tujur ka gumuru. (...)Menu ni be bokanga ka niangu dibeti viaviavi ka niangu. Gere waromuboka sirplace wamuveri gu mbami, pasi sanana, ukumuverilila gu tsugu diru, gu mukeka, mukeka urega mba vana wabembi murima.

2- Moi-même je fus un chasseur d'éléphant, un grand chasseur. lorsque tu veux tuer cet animal tu dois être en forme. Quand tu le chasses, s'il arrive qu'il te voit le premier tu dois fuir et te cacher même derrière un gros arbre parce que s'il te poursuit avec méchanceté, même si tu tombes il va te dépasser. Et quand tu fuies, tu ne dois pas le faire avec la peur, ton fusil doit être avec toi à la main parce que si tu fuies en ayant peur, il peut t'avoir (...) lorsque tu tires sur un éléphant, tu ne dois pas être trop loin de lui. Moi je ne tirais pas comme certains, je les tirais à sept ou huit mètres (...) je les tuais toujours par la tête (...) je les tuais toujours la journée et non la nuit. Si tu veux le tuer sur place, tu le vises au front, au-dessus de l'oreille, ou au niveau de première côte pour atteidre le coeur.

3- Menu vava mbe ni ka bokitsi tsapale ne dzala. Niku rambuga vava guberagusenu guna gu giambi. Niku be kekisa ne tsufu reru, a imurenu be kuruga, ni ku sueme gu dzime mukoga uneni, ni kuvera imosi gutsiediviseme.

Avana usa boki gumugangu nyama nzo unzahu, waboki gu gusandza gusandza. (...) Gukielu gusandza gu giamba pabe mugamba, gutsie musiru gu divisama usa bendze kusala, waboki ka iwalabi gu gusandza. (...) Nzahu yasalu, nzahu waboku guburele batu bekuse sasa, duke dinga tsike ne pungi (...). Pasi uka gwendi gu burela bu nzahu wagwendi ne masani me ranu pasi masa kulu pasi unamoni wabegi esi digumi.

3- Moi ici, j'ai failli faire mourir la famille avec la faim. J'ai été obligé de les retrouver à la plantation. Je les ai patienté pendant trois jours. Le troisième ils sont venus, je me suis caché derrière un gros arbre et j'ai tiré sur un d'entre eux dans l'obscurité.

En ce moment tu ne tues pas pour la viande ou les défenses, tu tues pour les chasser de la plantation. S'ils sont en troupeau dans la brousse en pleine nuit, tu ne peux pas choisir, tu ne tues que celui que tu voies. L'éléphant qu'on choisit, c'est un éléphant qu'on tue au cours d'une chasse pour la viande et pour avoir l'argent avec les défenses (...). Lorsque tu va à la chasse à l'éléphant tu apporte au moins cinq balles sinon une dizaine.

4- Be kidzungu, botsu be mandji be maguda vana gudia di bandu guvanda. Wagwendi gu mutu wavandi nzahu (...) aga ku vandilili nzahu dibeti ne pundu igu kusuega. Nzahuina ire gnoya iwaduari. Aga kuvegi mwe dibumba, dibumba dina nzahu, la dia gwe ne gwenda nagu bambani, digu tsie pengiagu. Memosi panga, la pangeni igabi ne dibumba, dibumba dina, nzahueni. Avana esi wagulu indiayu waveri esi ise ranga ne buvembe asa kudengi mbara asalabi mutu agalabi ka nzahu nandi. tumba durangu du nzahu du yandi aga kuvegi, uya duviosisi. Pasi ase ku vagala waboki nzahu iranu pa si maduka iranu, indiayu wakuboka neyoni, vana uma kosumbisa nzahu ina yakuboki.

4- On les fabriquait, tous ceux de Mandji sont morts à cause des fétiches. Tu pars chez une personne qui sait « féticher » l'éléphant (...) il te fabrique un éléphant mystique pour te cacher. Cet éléphant est comme une chemise que tu portes. Il te donne un dibumba247(*), ce fétiche c'est l'éléphant qui marche avec toi dans un sac. Parfois c'est une chênette qui a pour médaillon le dibumba et ce dibumba c'est l'éléphant en question. En ce moment même si celui que tu veux abattre est méchant, il ne peut pas t'avoir parce qu'il ne te voit pas comme un homme, il ne voit q'un éléphant comme lui. Cependant tu ne dois pas excéder le nombre d'éléphant à abattre qu'il te donne. S'il te dit que tu abattras cinq éléphants, si tu atteint les cinq, celui que tu abattras encore est celui qu'il ta fabriqué, en ce moment tu te vends, cet éléphant te tue.

5- Mbili be tsibe muna, tumba be magwida, be se bokungu ka ne nzahu, gere giliba, gere giegina dzayabi (...). Mbatsi menu dze veranga negu nenga, dzabanga ne divanda tumba dze sisa mba bimaga mbe biaranga (...) mefimba nia gwendi gu musiru gu burele budzusu, dza gwenda ne buta bu nzahu, ka bugegi, nia susuli ka, ni vaganga adikutsie, nzahu iku nevave ne vana (...) Nzahu tsina si mevanda, si bedze vevila vika, pa ama benguna ne si musiru, ayvama potegeni ne be mbatsi, be mbatsi guandi besa mukuani, besa musandzi, ba gaya konga. Ne tsiotsu tsina sia gone ne guyanga biamba bi be mbatsi mbara wisi tsiotsu asa bedze itunganga. La pa imanianguga la ika gone gwenda gone guya biamba bibe mbatsi, dibandu ba bemani ne guboka. Pa uma ivera, gilimba gineni, mutu uvanda iyoni. Yandi gwandi ne gu dimbegene ne gubele.

5- Ils étaient nombreux ici mais ils ont succombé, ils se faisaient tuer par les éléphants, si c'est l'oubli, si c'est quoi je ne sais pas (...). heureusement pour moi j'abattais avec l'apprentissage, je n'avais pas de fétiche mais j'ai laissé parce que les faits surprenants devenaient trop (...) parfois je vais en brousse pour une autre chasse, je n'apporte pas de carabine seulement le calibre 12, je vois surgir de nulle part un éléphant au moment où je réagi, il est non loin de moi. (...).

Ces éléphants mystiques peuvent se promener seuls, s'ils rencontrent ceux de la forêt, ils se mélangent avec eux, ils ne les chassent pas, ils ne les briment, ils mangent ensemble. Ce sont tous ces éléphants qui dévastent les champs des autres parce que le propriétaire ne peut pas tous les jours l'amarrer. Et quand il se détache, il va dévaster les champ des autres c'est pour cette raison qu'on les extermine.

Ce récit de Boulikou Albert nous apprend qu'à l'origine le peuple gisir ne pratiquait pas la chasse à l'éléphant avec le fusil, il aurait appris cette pratique il y a quelques années, avec des chasseurs qui seraient venus de Lastrouville. En période d'incursions d'éléphants dans leurs champs, les hommes gisir faisaient appel à ces chasseurs. Ce récit nous apprend également que l'éléphant n'est pas une bête facile à abattre. Sa chasse nécessite un apprentissage et surtout beaucoup de courage. C'est donc la combinaison de l'apprentissage et du courage qui sont des conditions de base pour devenir un chasseur d'éléphant. Ainsi, quiconque osait s'aventurer à cette chasse mettait sa vie en péril. Cependant, certains passent par une pratique mystique qui consiste à l'acquisition d'un éléphant mystique à la demande du chasseur à un nganga et c'est cet éléphant mystique qui protège le chasseur lorsqu'il est au milieu des vrais éléphants de forêt. En ce moment le chasseur et la bête forment une même entité.

Mais l'inconvénient de cette pratique est que le nganga donne au chasseur un nombre limité de bêtes à abattre et lorsqu'il a fini d'abattre le nombre de bêtes qui lui a été attribué, s'il s'avise à en abattre une autre, celle-ci le tuera. De plus, cet éléphant mystique est comme une bête domestique qui doit se nourrir et que l'on peut attacher comme un maître attacherait son chien à un poteau. Mais comme elle doit se nourrir, c'est en ce moment qu'il dévaste les champs des autres personnes. Aussi, du discours de notre informateur, il y a deux types de chasse à l'éléphant. La première chasse vise la viande et la vente des pointes d'ivoire et dans ce cas, le choix de la bête à abattre s'impose, il s'agit d'atteindre le mâle dominant. La deuxième chasse a pour objectif la protection des cultures et dans ce dernier cas, aucun choix de la bête à abattre n'est de rigueur. Le chasseur tire sur n'importe quel bête même sur un éléphanteau, pourvu qu'un d'entre eux soit touché même s'il ne meurt pas. Car une fois que l'un d'entre eux a été blessé ou tué, le troupeau cesse de fréquenter ce milieu pendant une longue période, considéré désormais par eux comme hostile.

* 244 Récit collecté le 15 août 2007, transcrit et traduit en français par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.

* 245Albert Boulikou, ancien chasseur d'éléphant, clan Bumombu, 81 ans, quartier Sievanou.

* 246 Rite lié à la chasse à l'éléphant que les Bisir pratiquaient autrefois et qu'ils auraient emprunté à un peuple de l'Ogooué Lolo.

* 247 Le dibumba est un talisman.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo