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Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon

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par Bipikila Moukani Mambou
Université Omar Bongo - Maîtrise 2008
  

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Récit253(*) n°5 de Mboumba Camille254(*) sur La perception de l'éléphant au regard des dégâts qu'il occasionne

1- Ubedza nyambila re batu bagu bayabi re nzahu givava giagulu o agalabi ka gulabe sa diambu dimosi. Nzahu gu yandi agalabi murimandi wa fasi mekulegeni o wavatsie ? Sa mambu me beyi. A nzahu ne guyudzanga batu biguya, musiru negune gu du gayila, gu musiru negune dua vagili kepagere diambu, nzahu gu musiru negune aga vagili kepagere mue diandi biambu. Ayawu guse vagala yenu du yaku gue musiru tsagalanu yenu gu dimbu, nzahu buandi bulongu musiru yenu batu gu dimbu, batu bana bedze guse dulongala yetu gu dimbu duguyilanga nana duyakugwenda musiru (...). Anyani Nyambi gu yandi kidze bulongu, nzahu, miri aregila gu kidze gie ? Mbara o duyaboka nzahu mba nzahu agaya milunda akona buranga bibunda dikengi. Gu yandi agayi milunda, agayi gu dzala yandi, nyambi amulonga biguya biandi ne bina. Gere agagone niaka bikone buranga, yawu bayabili tsie ? (...). A megembi, gu yandi aga niakili, aga buri giandi megembi ? Poga ba buringia ? Mba yetu, dwa labingi nzahu pa amaniaka mbili merufi, ugulaba dilinga di poga tsi yandi atsiya, si sabendi. Dugulaba nzahu amayi meduka, mbura iyandi aga goniakila, ugulabe mbili medouka ma bolili vana, me sabendi mba muotsu gu yandi aga niakili dualabi bi yandi agayi dusalabi mirwiliga re nzahu aniaka vava muri giagi aka bendi. Mbeka gu giamba pa amayi teri ama gwenda gu musiru amaniaka, ugulaba mburina yabendi biriri bi teri tsina sa miri gu musiru. Adina di miri gie mi yandi aga vari mi yandi agaye ? Mba duse betsi laba gu marufi mandi dukulaba di tungi di mukumi, di moabi, di muduka. Mba mbe yawu ba miburi, Mandji yotsu mbe ibasa kane miabi ne meduka. Ayawu ba yabilitsi tsie re nzahu aganiaki nana ? Mbeka merufi me nzahu me fumie. Ubedza bega merufi me nzahu gu dimbu uku vara kapagere givaru vana giabendi avana niayabi. Sa biyawu bavari gu musiru dzakutisi (...)

1- L'éléphant détruit les cultures des gens or c'est en brousse où nous nous nourrissons, où nous faisons tous nos besoins mais c'est aussi en brousse où l'éléphant fait ses besoins.

Qu'ils viennent nous dire de ne plus aller en brousse et de rester au village et que la brousse est le monde de l'éléphant. Mais peuvent-ils venir nous montrer comment allons-nous nous nourrir sans plus aller en brousse (...).

Lorsque Dieu a crée le monde, entre l'éléphant et les arbres qu'a-t-il crée en premier ? parce qu'ils disent qu'il ne faut plus tuer l'éléphant parce qu'il consomme des fruits pour produire des grumes. Or lorsqu'il consomme ces fruits, il les consomme pour satisfaire sa faim et Dieu a dit que ces fruits sont ses aliments. Si vraiment en déféquant il fait pousser des arbres, comment le savent-ils ? (...). Pourquoi ne fait-il pas aussi pousser les noix du Poga oleosa qu'il consomme ? parce que lorsque l'éléphant dépose ses crottes, nous voyons des tas de noix de Poga oleosa qui ne poussent pas.

Nous voyons des tas des fruits du douka qui pourrissent dans les crottes des éléphants et qui ne poussent pas. Nous n'avons jamais vu des arbustes qui se sont développés parce que l'éléphant aurait déposé ses crottes à cet endroit. Toutefois, dans les plantations, lorsqu'il consomme les concombres et quand il dépose ses crottes, nous voyons des feuilles des fruits qu'il a mangés et non des arbres. Quels sont les noms des arbres consommés par l'éléphant qu'il cultive ? parce que nous n'avons jamais vu dans ces crottes un arbuste de l'okoumé, du moabi ou du douka.

S'il produit réellement des arbres, dans ce cas tout Mandji devait se remplir de moabi et de douka. Comment savent-ils que ce sont les éléphants qui ont produit tel arbre ? c'est vrai que les crottes de l'éléphant sont un fumier. Tu peux apporter des crottes d'éléphant au village et planter n'importe quelle culture, elle va se développer et ça nous le savons. Mais ce qu'il plante en brousse, nous ne maîtrisons rien.

2- Nesi gu yawu bemakidza mburawu igu suega bibulu gu rabi ne muotsu ne muotsu, bibulu bina pasi bia burena bisa kunanga bulongu ? Kaba bekidzi mbura ne fil igwingisa bibulu biawu biotsu gi gumbi gina mutu wago biboka guna aku ne musosu la vana batu be bedza guvaga biamba biawu bi gubungula bane bawu bekia vagi lekol. Tumba pabe masila kakere duyaboka bibulu, batu pabe makibe wulaba gikeneni gi nzahu, aba ne ngudu beguboka (...) Pabarondi re bane bawu babi protege bese kidza mbura tsi limite sigu be bandekena mba batu be kole ku gwenda muna. La yawu guandi beyadala gu mbugetu (...) Gu tsielu CBG gu reserve gune, gusa guambili buta, gusa labini buta. Tumba negu ngendza bibulu bina bia tsageni ka guna bi savudugia ? Ne nzahu aga gwendi miendu mi ragame abedze guse guya mumu agugabuga mbara guna, yawu beni beyabi dubedza go suema gugu mbara guna besagulu kumbula, agune besalabi kepagere diambu. Tumba yawu besa bedza tsagana ka guna mbara CBG be matabula miri miawu miotsu, bene dzale guna, be gubinga tsielu tsi biguya (...) nonga berugi guse laba mba mbeka guguandisa bibulu tumba gilima begu dila nguba ibatu (...)

2- Même dans le cas où ils ont aménagé leur endroit à Rabi et partout ailleurs pour y mettre tous leurs animaux, ces animaux lorsqu'ils vont se reproduire, ne vont-ils plus se déplacer pour aller ailleurs ? donc il faut qu'ils aménagent un endroit avec des câbles pour y introduire tous leurs animaux et à partir de ce moment, la personne qui osera aller abattre l'une de ces bêtes aura un problème et les gens pourront faire leurs plantations pour nourrir leurs enfants qui vont encore l'école.

Cependant, s'ils disent seulement de ne pas tuer les animaux, lorsque les gens seront dépassés par les dégâts, ceux qui possèdent des moyens les abattront (...) s'ils veulent que leurs enfants soient protégés, qu'ils viennent établir des limites pour les garder pour que les gens ne partent plus là où ils sont. Et il faudrait que ces éléphants ne viennent plus aussi dans notre côté (...) du côté de la CBG, il y a une réserve là-bas et on n'y entend aucun coup de fusil, aucun fusil n'y pénètre.

Mais est-il vrai que ces animaux ne restent que là-bas, ils ne sortent pas de cet espace ? tel que l'éléphant, il parcourt des longues distances, il peut venir se nourrir ici et retourner parce qu'il sait que là-bas il est en sécurité, il ne court aucun danger. Malheureusement, ils ne peuvent pas rester que là-bas parce que la CBG a coupé tous les arbres à partir desquels ils se nourrissent. Ils ont faim par conséquent, ils vont se rabattre du côté où il y a des cultures. (...) il serait mieux qu'ils viennent voir parce que c'est bien beau de protéger les animaux mais il viendrait un temps où ces animaux subiront la colère des gens.

3- Ki laba ne batu bana baduvagilia yawu barondi yetu gufu o dubi monihu ? Doli ne meboti me petrola yawu beni ne guyanga Doli si mikumi yawu beni ne guyanga si nzahu pasi sia dumani biguya duyaboka A diambu dine di gwendila tsie ? mesumbu mbu be gusa ne mi moritani guranga (...) ki laba tsila yetu pa mfula ku yoni ne gutabuga. A gugu esi bilongu gu pitali bisandi. Pa mutu beli, aga gobugilu ka gu muila ne gu ndendi (...). Dusekanga ne televisi gugu, abane ne tsioni balabi ka mambu maviogi gu malongu me be mbatsi. batu be duavuru ne guvota vava wisi wotsu dusayabi me bavagi si yetu dukengi ka gukenga dibandu nzahu tsiawu.

3- Voyez-vous comment ces gens là nous traitent-ils ? veulent-ils nous voir mort ou vivant ? ce sont eux qui profitent de l'argent et des avantages du pétrole et du bois et lorsque les éléphants viennent dévaster nos champs, ils nous disent de ne pas les tuer. Comment va-t-on résoudre un tel problème ? les prix chez les maliens et chez les mauritaniens ne sont pas abordables (...).

Regarde notre route, lorsqu'il pleut elle se coupe. Dans notre dispensaire il n'y a pas de médicaments. Lorsqu'une personne tombe malade, elle ne fait soigner soit Mouila soit à Lambaréné (...). Nous n'avons pas de télévision ici, nous ne pouvons pas suivre les évènements du pays. Nous ne savons pas ce que font les gens que nous élisons ici tous les jours et nous, nous souffrons à cause de leurs éléphants.

4- Mireci miarugi mu melongu me be mbatsi, yetu mumu duburu ka ne timba, malanga, bigongu, mipala tumba bina re bigaya nzahu (...) yawu guandi esi be tsiya milunda mina pasi bese betsi guya biguya bina besagukuri tumba giyitsieni guandi gi sagiboti. Pa amaruga gu giamba guse guya mue giguya, aya esi mesina mebeyi me timba akone gwenda. Tumba pasi ase betsi pasa giamba gu gari asa gukuri. Avana pa amapasa gu gari amugese aku guse guyilegu?  Amunga giamba? (...) Nzahu aguya aganiaka, batu benu ne guvaganga agavari, agie asavarili bigongu, mbala bi agaya, nemune misungu agie bisabendili? Batu bana, mbeke gugandisa nzahu diboti tumba biguya biyawu beyaga, base guambila re nzahu imosi pasi ima gwingena gu giamba bedze peyanga tangu tsie. Nzahu pasi imagwingena gu giamba dukuvaga facture beku ruga bekuse peyi mbara nzahu isase boku (...)

4- Les riz viennent des pays des autres, nous chez nous, nous sommes nés avec les tubercules, les taros, le manioc, la banane mais ce sont ces aliments qui sont consommés par les éléphants (...). Ils peuvent consommer les fruits mais s'ils n'ont pas encore consommé ces cultures, ils ne peuvent pas se rassasier mais c'est leur façon de se nourrir qui n'est pas bonne. Lorsqu'il arrive dans une plantation, il ne peut pas se contenter de deux ou trois cultures de manioc et s'en aller, il faut qu'il consomme la moitié de la plantation pour qu'il soit rassasié.

Et en consommant la moitié, demain où viendra-t-il encore se nourrir ? et le propriétaire ? (...) l'éléphant pendant qu'il se nourrir, il défèque et vos gens dissent qu'il plante. Pourquoi ne plante-t-il pas le manioc, les ignames et les cannes à sucre qu'il consomme? c'est bien que ces gens défendent l'abattage des éléphants mais pour les cultures qu'ils dévastent, disent-ils combien peuvent-ils payer pour un éléphant qui pénètre dans une plantation ? lorsqu'un éléphant pénètre dans une plantation, nous établissons une facture et ils viennent la payer. (...)

5- Mbeke batu gu yawu bavagila duyaboka nzahu, batu be bedza gulu mba batu bene mirima, a nzahu murima mandi utsie uyandi gurinila agigi giguya gi mutu dzaguya mba nikole laba misosu. Negu ngedza dibedza guba mba niongu beyi, ireru guya, batu beguboka, pabe malaba beyavaga musosu. Pabe mavaga musosu batu botsu be gwenda gu yawu. Negu Mandji vava pasi bema boka nzahu pasi bema guse ganga mutu una gu bega gu dzugu, batu botsu begu rambuga begwenda reveranu batu botsu gudzugu (...) Migaga besa bedza guvera bulongu ne pundu gudzugu, begu vudusa mutu una, a nzahu guandi imamane gufu, esi bese vuru vera mutu una gudzugu, migaga besa guvagala bokanu mutu una mba seboka nzahu. Yawu dimbunga bavagi, barondi ka nzahu tsina bayingi biguya bi batu gube bungula gukielu pungi ne miri mi yawu bavari. Eaux et Forêt bakali nzahu, eaux et forêts yawu re bedenga musiru guandi agie aga gabilili musiru re guangaganu miri mba nzahu bagalili muna, agie baku gabilanga musiru ne batu guangaganu miri la nzahu bekuku gubanga ne dzala bekuku ruganga gu mimbu. Donc c'est faux bane dimbunga (...) A mutu ukidza buta bu karabine ne masani nie ? Mekidzu gugu vaga gie sa gugu boka nzahu ? Gie baku gandisila. Gere bavagila nzahu si saku boku be bongi karabina ne mesni be suegi, begandisi nzahu beyaku guyi biguya bibatu mu biamba. Mba force iyawu guandi babegi karabine mutu guandi yanditsieni nika sumbi karabine pa nzahu bemaruga guse mane biguya biami nia muboki.

5- Lorsqu'ils disent de ne plus abattre les éléphants, les gens peuvent comprendre parce qu'ils sont dotés de raison mais l'éléphant quant à lui, a-t-il une raison, peut-il décider ne plus dévaster les cultures des gens pour qu'il ne puisse pas avoir des ennuis ? parce que s'ils dévastent une fois, deux fois, la troisième fois les gens vont les abattre et s'ils le constatent qu'ils ne fassent aucun problème. S'ils en font, toute la population ira chez eux.

Tel qu'ici à Mandji, si une personne abat un éléphant et s'ils le mettent en prison, toute la population se présentera pour dire mettez nous aussi en prison (...) la loi ne peut pas mettre toute une population en prison, ils vont libérer cette personne puisque l'éléphant est déjà mort et ils ne pourront pas tuer cette personne parce qu'elle aurait abattu un éléphant. C'est de la démagogie que eux, ils font. Ils veulent seulement que ces éléphants consomment les cultures des gens, que les populations nourrissent ces éléphants à cause de leur ivoire et des arbres qui produisent. La forêt appartient aux Eaux et Forêts, pourquoi partagent-ils encore cette forêt pour couper les arbres alors que les éléphants se nourrissent de ces arbres et ils se retrouvent affamés et ils sont obligés de se rabattre dans les villages. Par conséquent ils font de la démagogie (...) qui avait fabriqué les armes et les munitions de la grande chasse ? ces armes et ces munitions ont été fabriquées pourquoi ? n'est-ce pas pour abattre les éléphants ? pourquoi défendent-ils encore cette chasse ? s'ils veulent que les éléphants ne soient plus abattus, qu'ils ne vendent plus les armes et les munitions, qu'ils disent aux éléphants de ne plus dévaster les cultures des gens dans les champs.

Parce que, tant qu'ils vont continuer à vendre les armes et les munitions, si les éléphants continuent également à détruire les champs, les gens seront tenter d'en payer pour les abattre.

6- Mutu nemenu, nzahu pa amaruga gu giamba giami, nya muboki, dzasuegi gusuege (...) pa beseruga guse paga misosu, pegianu disumbu di nzahu (...) nigu ipei tumba meguami biguya bina mandi bibedze gwenda de million mbara giamba ana mbili biguya tangu yafurni mefubu, c'est des millions, tangu yafurni gigongu ginduli, c'est des millions, tangu yafurni mbala, c'est des millions, tangu yafurni mipala, c'est des des millions (...) Nzahu imosi, pa imaboku guse guya biguya bibatu, pa imaya giamba gimosi pabe mafunda nya guvuli bisi tribunal duyatsu pera dzugu anua guvuli tangu tsei niki ipei menu guandi niku vagala peyanu biamba bitsiyu ne nzahu.

6- Une personne comme moi, si un éléphant vient dans ma plantation, je l'abattrai et je ne cacherai pas (...) s'ils viennent me chercher des ennuis, je leur dirai de me donner le prix de l'éléphant (...) et je payerai mais, de mon côté les cultures qui ont été dévastées peuvent coûter des millions parce qu'une plantation a plusieurs cultures.

La quantité fourni par les ananas vaut des millions, la quantité fourni par le manioc vaut des millions, la quantité fourni par les ignames vaut des millions, la quantité fourni par la banane vaut des millions (...) si nous abattons un éléphant parce qu'il est venu détruire les cultures des gens, s'ils nous entraînent dans les tribunaux, je dirai aux gens du tribunal qu'il est inutile de me mettre en prison, combien me demandez vous pour cet éléphant et je payerai le prix et je leur dirai de payer aussi toutes les plantations dévastées par les éléphants.

Ce récit de Camille Mboumba pose le problème de la responsabilité de l'administration par rapport à la gestion des éléphants et à l'aménagement du territoire mais également celui de la compensation des dégâts. Il dénonce le manque de certaines infrastructures sociales et remet en cause la capacité de l'éléphant à régénérer certaines essences forestières. D'après lui, les hommes étant dotés de raison sont prêts à accepter de ne plus abattre les éléphants. Mais il pose en retour une question aux responsables de la faune pour savoir si les éléphants eux, ils peuvent comprendre qu'il ne faudrait plus qu'ils touchent à leurs cultures pour éviter les problèmes entre les populations et les eaux et forêts. Par ailleurs il est inconcevable pour lui d'admettre que l'éléphant puisse à « accoucher » des arbres car dans la conception gisir, Dieu a crée les arbres avant les animaux. En outre, il met en garde les autorités face à la déprédation de leurs cultures par les éléphants.

En effet, à travers ce récit, on comprend aisément que les sentiments de rejet que les populations éprouvent face à l'éléphant sont dus à la non compensation des dégâts qu'il occasionne. La non compensation des dégâts risquerait d'augmenter l'abattage illégal des éléphants. Elles protestent contre l'interdiction de l'abattage des éléphants et réclament des dédommagements des cultures dévastées par les pachydermes. Cette protestation à l'égard de l'administration se lit par l'usage du pronom personnel pluriel « ils » qui est cité dans le texte près de quinze fois et des formules telles que « tes gens » ou « leurs enfants ». Pour les populations, il est inconcevable de protéger l'éléphant au nom d'une régénération de la forêt car selon elles, Dieu aurait crée les arbres avant les animaux par conséquent aucun animal ne peut être à l'origine du développement d'un quelconque arbre. Elles estiment en définitive que l'administration ne porte aucun intérêt pour la destruction de leurs cultures mais elle en porte par contre pour l'éléphant à cause de son ivoire.

Récit255(*) n°6 de Périne Mawouiri256(*) sur La périodicité des activités agricoles et sur le choix du site

1- Duapakili gusala mbura mwa d'avril- mai. Mwa de mai wagone sonda mburagu iwasolili giamba ukone labe musiru mbara mu mbura sia gwingini mamba nonga ukulabe ngendza gere guguba mamba gere mbura iboti. Avril ne mai ne vana wagone labe musiru gere gumamba. Pa umamana gukeba musiru mwa y juin ukukeba nyama ne biguya ne doli ukwenda gosolisa. Memosi wubedza gusola juillet uku guangisa la avant 17 août ukeniendza.

1- Nous commençons à choisir le site agricole à partir du mois d'avril- mai. En mai c'est là où on cherche l'endroit pour faire le champ, tu dois aller regarder la brousse parce qu'il y a des endroits qui s'inondent donc il faudrait savoir au préalable si l'endroit s'inonde ou c'est un bon site. Une fois que tu as trouvé le site, en juin tu cherches le poisson, la nourriture et l'argent pour la débroussage. Parfois tu peux débrousser en juillet tu faits abattre, avant le 17 août tu brûles.

2- (...) Pa dukavari dua pakili guvara miage ne septembre la timba malanga ne octobre pa mamba mare sunda ne mutamba si vana duku vara bivaru biotsu bigegi mbala bigongu mongu. ne octobre kuanga novembre ukia vari (...). Pasi use vura ne guvara avril ne mai wapakili gubuka timba malanga ma chinu. Ne mupuma uwu nzevaga giamba gimosi gineni (...) Giamba gina nzepasa agigi giari nzevara timba bigongu adina disimu nivara ka mipala si mupwasi si mipala nze vera melanga me poati ne me kira ni vera chinu mbala miniambi tomata talku nungu ne bukulu (...).

2- (...) Lorsque nous cultivons, nous commençons par les bananiers en septembre et le manioc, les taros en octobre lorsque l'eau est descendue avec la terre et là nous plantons toutes les autres cultures, les ignames, le manioc amer, la patate douce. D'octobre jusqu'en novembre tu ne faits que planter. (...).

Si tu cultives très tôt, entre avril et mai tu commences à récolter les tubercules et les taros. Cette année j'ai fait une seule grande plantation et je l'ai divisé. Une partie j'ai mis les tubercules, le manioc. L'autre partie, je n'ai mis que la banane puis entre les bananiers, j'ai mis les taros, les ignames, les aubergines, les tomates, le tabac, le piment, l'oseille (...).

3- Batu bavagi biamba mbura sataga ne mamba mbara pa uma vaga mupindi u ndiayu guse gubanga, uguba ne keri mamba me gulambilila ne me gunu. Usa bedze guse diandza mbura pasi gusa mambe beli. Mutu asa kambi ne mamba a mutu tabuga ugu mufuanga ne gie ? Menu nia vagi biamba biami gu mbure ine mamba beli. Gu mupindi mutu benza dimbegene ne gu bela, dusa gwe keba mamba gu dimbu. Du ne keri ne mamba me gunu ne gulamba. Pa dua dianzi du nonga gunu mamba nesi gu melamu. Agu duvu gu miemamba ne manga. (...) miaga pasi use vara ne septembre, miapakili gutsokema ne mai la si août ne septembre mikuèla. Pasi use mivara ne octobre, miatsokimi ne juin si octobre mi kagesu. Timba ne bigongu bayetsi ne mars si be kuroga. Mai ne juin ubedza gonevosula si septembre ne octobre si maguela. (...) malanga ne mongu yawu ba buri juin. Juin juillet kuanga août ka gone bukanga. Mbala abana bisi juillet ne août. Tumba ne malanga, ne mbala ne mongu dua bukisa avant octobre mbara pa si manu mamba sia yungi. (...) putu sia buri décembre ne janvier si pinda ne janvier fevie. (...) gu giamba giona givava gia regilu guya bukulu ne nungu duka melanga ne mbala ne mipala. Misungu pasi misivaru ne septembre ne octobre mia buri mai ne juin.

3- Les gens font des plantations non loin des points d'eau parce que si tu faits un campement pour venir y séjourner, tu auras besoin d'eau pour préparer et boire. Tu ne pourras pas venir travailler s'il n'y a pas d'eau à proximité. L'homme ne peut rester sans eau parce que si une personne s'évanouit vas-tu le réanimer avec quoi ? Moi je fais toujours mes plantations là où il y a un peu d'eau parce que l'eau est précieuse. Dans le campement il peut arriver qu'une personne tombe malade et on ira pas au village chercher de l'eau. On a besoin d'eau pour boire et préparer. Quand on travaille on doit toujours boire l'eau même s'il y a un peu de vin. Là où nous sommes il y a des rivières et les marécages. (...)

La banane, si elle se cultive en septembre, elle commence à s'incliner en mai et en août et septembre, elle arrive en maturité. Par contre, si elle est cultivée en octobre, elle s'incline au mois de juin et en octobre on la récolte. Le manioc et les tubercules commencent leur apparition en mars puis grossissent. Entre mai et juin tu peux commencer à gonevosula257(*). Ils arrivent en maturité entre septembre et octobre. (...) les taros et les patates douces arrivent en maturité entre juin et juillet. L'igname sa période de maturité se situe entre juillet et août.

Cependant, que ce soit les taros, les patates douces ou l'igname, on doit les déterrer avant octobre car si ces cultures consomment beaucoup d'eau, elles ne seront plus de bonne qualité. (...) le maïs produit entre décembre et janvier par contre l'arachide, c'est entre janvier et février. (...) dans une nouvelle plantation, les premiers aliments récoltables sont le piment et l'oseille puis les taros, les patates douces, les ignames puis la banane. Les canes à sucre, s'ils sont cultivés entre septembre et octobre, ils mûrissent entre mai et juin.

Ce récit de Perrine Mawouiri nous informe sur les différentes périodes des activités agricoles et sur les critères de choix d'un site. Les périodes des activités agricoles évoquées par notre informatrice sont celles qui vont de la localisation du site agricole à la récolte des cultures. Ces périodes s'étendent en général entre le mois d'avril et mai jusqu'en octobre de l'année suivante. Entre avril et mai, c'est la période du choix et de la localisation du site agricole. Le choix du site pendant cette période permet d'identifier si celui-ci absorbe ou pas de l'eau. Si au cours de cette période, l'on retrouve encore suffisamment de traces d'eau, cela voudrait dire que ce site n'est pas approprié à la mise en culture. Une fois le site choisi, le débroussage commence en général en juin et l'abattage débute en juillet. Le mois d'août est la période de mise en feu. Puis, intervient la mise en culture qui va de septembre jusqu'en novembre. Cette mise en culture débute avec la culture des bananiers puis, suivie de celle de tous les autres cultures d'octobre jusqu'en novembre parfois, elle peut s'étaler jusqu'en avril.

Toutefois, il peut arriver qu'en septembre les femmes puissent planter les bananiers et les autres cultures notamment les taros et les tubercules en même temps surtout en cas de famine et lorsque cette dernière n'a aucune réserve dans son ancien champ. A partir de ce moment, les tubercules et les taros cultivés en septembre peuvent être récoltés entre mars et avril. Dans le choix du site, il y a un certain nombre de critères qui sont retenus. Outre le fait qu'il n'y ait pas d'eau sur le site agricole, l'un des critères de choix d'un site est la présence d'eau potable. L'eau est un élément central dans l'activité agricole du fait de son caractère vital. Elle permet non seulement de se désaltérer au regard des efforts physiques que ce type de travaux nécessite mais également de préparer les aliments et de se soulager en cas de maladie. Elle est d'autant plus importante en cas d'implantation d'un campement. La primauté de ce critère d'eau s'explique par le fait que la grande majorité des sites agricoles à Mandji portent des noms des cours d'eau. Malheureusement ces milieux qui regorgent des points d'eau sont ceux qui sont le plus fréquentés par les éléphants.

* 253Récit collecté le 27 août 2007, transcrit et traduit en français par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.

* 254 Camille MBOUMBA, 60ans, clan Budombi, tradipraticien et maître initiateur du ndéya, quartier Plein-air.

* 255Récit collecté le 05 mai 2007, transcrit et traduit en français par MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA.

* 256 Perrine MAWOUIRI, 53 ans, agricultrice, clan Mombi, quartier Sievanou.

* 257 Gonevosula en gisira, c'est creuser un aliment tel le tubercule qui est en état de croissance intermédiaire de manière prudente.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo