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Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal

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par Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO
Université Omar Bongo - Maîtrise 2007
  

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Deuxième Partie :
Les modes traditionnels de vie

Chapitre 3 : Identification de la population riveraine au

Parc des Monts de Cristal

1. Identification de la population

La région des Monts des Cristal abrite de nombreuses ethnocultures. En effet, nous avons les Nzébi, Aduma, Kota, Masango, Punu, Togolais, Yougoslaves, Ghanéens, Congolais et des Equato-Guinéens. Cependant, l'ethnie dominante dans les zones montagneuses du paysage est celle des Fang. En dehors de l'ethnie fang, les autres se sont installées dans cette zone pour des raisons économiques. Parmi ces gens, nous avons des orpailleurs, des chasseurs qui font la chasse commerciale du gibier. Nous avons également plusieurs sociétés d'exploitation forestière : Rougier, Colas, TPL, SGG, LGB, etc.

Notre étude ne prend pas en compte toutes ces ethnocultures. Elle s'inscrit dans un champ bien précis. Nous travaillons seulement avec la population gabonaise.

Tableau 6 : Effectif de la population riveraine au Parc d'après les huit villages dans lesquels nous avons fait nos enquêtes

Entité

Effectif

Pourcentage

Gabonais

516

84,45%

Etrangers

95

15,55%

Total

611

100%

Source : Ces résultats sont de nos enquêtes, avril 2007

Ce tableau présente l'effectif de la population (Gabonais et étrangers) par village d'enquête. Le constant qu'on peut faire est que, sur une population de 611 personnes recensées à travers huit villages représentatifs de notre zone d'étude, les étrangers font un effectif de 95 personnes, soit 15,55%. En effet, les Gabonais représentent la population majoritaire de cette région. Ils font un effectif de 516 personnes, soit 84,45%. Comme nous l'avons signalé plus haut, ces étrangers sont dans la zone pour une durée très brève. Ils sont là pour des raisons d'ordre économiques. Après, leurs activités, regagnent d'autres régions et sont automatiquement remplacés par d'autres.

Toujours dans le souci de rendre lisible notre travail, il importe de mentionner que notre étude ne porte pas sur toute la population gabonaise. Nous étudions uniquement la population originaire de la région des Monts de Cristal. Ce choix réside dans le fait que cette dernière est installée dans la région et malgré des mutations rencontrées, elle reste attachée à sa culture et à sa forêt.

Tableau 7 : Effectifs de la population gabonaise

Entité

Effectif

Pourcentage

Fang

386

74,81%

Non Fang (Aduma, Nzébi, Masango, Kota et Punu)

130

25,19%

Total

516

100%

Source : Aimée Prisca Mekemeza Engo, avril 2007

Ce tableau présente l'effectif de la population gabonaise vivant aux environs du Parc par village enquêtés. Ce recensement est le produit de notre travail personnel. En effet, ces données nous ont été produites par les chefs de villages. A travers elles, on s'aperçoit effectivement que la région des Monts de Cristal est dominée par les Fang de Medouneu, Kango et Cocobeach. Ces derniers sont dans la zone depuis des générations et sont fortement liés au massif forestier des Monts de Cristal.

Notre étude porte sur les Fang, particulièrement les Fang de Kango (Mekè) et de Medouneu (Okak), bien que le Parc des Monts de Cristal s'étendant dans d'autres régions du pays. C'est le cas de Cocobeach, Ndjolé, Mitzic, etc.

Tableau 8 : Recensement des populations Fang riveraine aux Monts de Cristal par village enquêté

Villages

Effectif

Pourcentage

Avang

49

12,69%

Akoga

50

12,95%

Mbé-Akélayong

65

16,84%

Mela

80

20,73%

Nkann

26

6,74%

Song

45

11,66 %

Misome

34

8,81%

Andok-Foula

37

9,59%

Total

386

100

Source : Aimée Prisca Mekemeza Engo, avril 2007

Ce tableau met en exergue les effectifs et les pourcentages de la population fang par village d'enquête. Pour aboutir à ces résultats, nous avons procédé à un recensement personnel village par village. Ce recensement s'est fait pendant une semaine du mois d'avril (du 1 au 8 précisément dans huit villages des provinces de l'Estuaire (Kango) et du Woleu-Ntem (Medouneu). Ces résultats ne sont pas exhaustifs. Le constat que nous pouvons faire est que, les autochtones, malgré la proximité des villes, continuent à habiter dans leurs villages respectifs. Que ce soit en grande vacance ou en année scolaire, les villages sont toujours inondés de monde. Pour ces derniers, le village est la source de tout. Ils ajoutent qu'ils aiment leurs villages parce que la forêt leur fournit tous les outils nécessaires pour leur survie. Cela montre à suffisance l'attachement de cette population à sa culture.

2. Origines de la population de la zone d'étude

Notre étude ne porte pas sur la migration des Fang, mais il nous paraît nécessaire d'en faire une présentation sommaire de l'origine des Fang de cette région. Lorsqu'on parle de la zone d'origine des Fang, deux hypothèses s'opposent de nos jours : celle d'une origine très lointain (non-forestière) d'une part et au contraire, celle d'une origine proche, par rapport à leur habitat actuel. La première hypothèse (celle d'une origine très lointaine), a été formulée par plusieurs chercheurs mais nous retenons l'attention du Père Trille (1912 : 35), cité par Pither Medjo Mvé. Le Père Trilles situe l'origine des Fang au Nord-est de l'Afrique, et préci sément dans le Bahr-el-Ghazal (région du Haut-Nil au Soudan). Il résume cette origine en ces mots : « Les Fang sont un des chaînons qui relient les races du Nil et de la Lybie ». L'hypothèse d'une idée très proche des Fang est d'abord de l'ethnologue Laburthe-Tolra (1981 : 41), cité par Pither Medjo. Cet auteur situe l'origine de ce peuple à l'est du Cameroun et fait ensuite l'hypothèse d'une coprésence dans la région de Minlaba (Sud du Nyong) de Bassa, Maka, et du groupe fang autour de 1850. A la suite de cet anthropologue, nous avons l'hypothèse de l'archéologue Clist. En effet Clist, cité par Pither Medjo (1991 : 52), pense que l'origine des Fang est à rechercher soit au Nigeria, soit dans la région interlacustre (Grand Lacs). Le linguiste Piter Medjo Mvé (1997 : 469), dira que les Fang reviennent de région des sources du Ntem et de l'Ivindo, suivant deux courants : Le courant septentrional et le courant oriental. Le premier courant aurait amené les Fang du Woleu-Ntem et de la Guinée-Equatoriale. Le deuxième entraînerait ceux du Sud (Moyen-Ogooué, Estuaire, Ogooué-Ivindo, Ogooué-Maritime). On pourrait dire que c'est dans ces deux courants que s'inscrit notre population d'enquête. Cela se confirme dans le récit ci-après.

Entretien 5 : ONDO ESSONO Emile, 87 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'origine des Fang de Medouneu et de Kango. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 11h 33 mn, dans son corps garde.

Texte en fang

Transcription française

1 Ane be tare be nga dzo ma, befang be nga sô ozamboga. Dzin dzòá ene ége? zame ágà dzame bot ye te mikôbe. Nge? te mot asse e kobe ikobe nbo beto fe ayong avo.

1 D'après ce que mes parents me disaient, les Fang reviennent d'Ozambogha. Leur origine se situe à l'époque de la destruction de la Tour de Babel. A cette époque, il n'y avait pas encore cette pluralité d'ethnie. Tout le monde parlait encore la même langue. Après le Nord, nous avons progressé.

2 Ane biga siane miko éti mifack mibè veda adzap ebe tele ezezan miko edo biga tou zen biga lot. Biga tsine doulou, ye kigne Obame Olui Megne.

2 Nous sommes arrivés à un endroit où il y avait une falaise des deux côtés de la route. Et devant nous, il y avait un gros arbre appelé adzap (Moabi). Nous avons creusé l'arbre sur sa position verticale, de manière à fabriquer une porte. Et nous sommes passés. Nous avons continué notre migration, sous la poussé d'un homme appelé Obame Oloui Megne

3 Obame Oloui Megne ye nsama wégne be ?be bìbìbí. Be ?be bédout bot akoum ye nji?. Akore ye otchugne befang be?gà mane kanane. Bevô be?ga ligue okamlone éba bevô apègna ye ogabon. Ebâ bevô be?à tsine messi messe bayen befang ntso dina.. be Fang beye Medzun yé ba beye Kango bia sô en guigna. Éboba be more owui.

3 Obame Oloui Megne et son équipe étaient très dangereux. Soit, ils vous dépossédaient de tous vos biens, soit, ils vous tuaient. Après le nord, les Fang se sont dispersés. Certains sont restés au Cameroun, d'autres en Guinée-équatoriale et au Gabon. Le reste a poussé sa progression vers d'autres pays où on retrouve les Fang actuellement. Tous les Fang de Kango et de Medouneu reviennent de la Guinée-équatoriale. Nous avons nos familles là-bas.

Ce récit ne relate pas l'histoire «  complète » de la migration fang. Il nous aide plus ou moins à mieux situer non seulement le foyer d'origine du groupe fang mais aussi de notre population d'enquête. La pertinence de ce récit réside dans le fait qu'il remonte l'histoire des Fang à la genèse, c'est à dire la destruction de la « tour de Babel ». il ressort de ce récit que les Fang reviennent de loin avant qu'ils ne se dispersent dans leurs habitats actuels. D'après ce récit, on pourrait dire que les Fang de Medouneu et de Kango reviennent de la Guinée-équatoriale, où ils ont laissé leurs familles.

Les Fang reviennent de très loin. Ils ont eu une longue migration. Cette dernière s'est sûrement étalée sur plusieurs jours de marche. En dehors de la marche, nous avons aussi l'abattage du Moabi, qui a été un obstacle pour ce peuple. Car cet exercice recommande une force redoutable. Ces derniers ont marché pendant longtemps dans la forêt équatoriale à la recherche des terres avant d'atteindre leurs foyers actuels. Pour nous résumer, la migration fang a été très pénible et a des origines très lointaines.

Les Fang qui occupent les régions côtières du Gabon proviennent essentiellement des sources de la Mbé et du Como. D'après du Chaillu (1882 : 75-77), cité par Pither Medjo « les Fang étaient présents dans la zone des Monts de Cristal depuis les années 1855 ». Dans cette province, ils occupent les districts de Kango et de Cocobeach.  Ainsi, au Gabon, on retrouve les Fang dans le Nord et dans le sud. La zone nord comprend essentiellement le Woleu-Ntem. Tandis que le sud est représenté par l'Estuaire, le Moyen-Ogooué, l'Ogooué-Ivindo, l'Ogooué Maritime, disait Piter Medjo Mve ( 1997 : 336 ). Les parlers fang, diffèrent selon que nous soyons dans une ou l'autre région où on parle fang. Ces différents seraient l'une des conséquences de la destruction de la tour de Babel.

Entretien 6 : OBIANG ONDO Michel, 82 ans, ethnie fang, Village Avang, clan guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur les parler fang. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 13h55 mn, dans le salon du chef de village.

Texte en fang

Traduction française

1 Engeng befang bantok, ban sisime azen na'a ba wegane engeueng benbe envorane. Ene ban môbe vometé. Ede bita'a befang bebele abuin bimote ési Africa.

1 Pendant la migration, l'homme fang s'arrêtait à mis chemin, lorsqu'il se sentait fatigué. Et fondait sa famille à cet endroit. C'est cela qui explique l'élargissement des Fang sur le continent africain.

2 Ede bibele dô befang ési Cameloun, Gabon ya à Guinée. Abui bi moreté davena'a nkobe fang obo'o mindzang abuin.

2 Ainsi, on a les Fang au Cameroun, au Gabon, Guinée-équatoriale. Cette répartition est à l'origine de la pluralité des parlers fang.

A travers ce récit, on comprend effectivement que la multiplicité du parler fang ne date pas d'aujourd'hui. Elle est très ancienne, voire même de l'époque de la migration de ce peuple. En effet, si il existe plusieurs dialectes fang, c'est tout simplement par ce que l'homme fang s'est installé dans des zones différentes des autres. Cependant, cela ne pose pas de problème au niveau de la compréhension. Tous les Fang se communiquent et se comprennent.

Tableau 9: Répartition des parlers fang à l'intérieur du pays

Parlers

Régions

Ntumu

Woleu-Ntem (Bitam Oyem)

Mekè

Estuaire (Libreville, Kango, Ndjolé, Makokou, Mitzic)

Mvai·

Woleu-Ntem ( Minvoul )

Atsi

Estuaire (Libreville, Kango, Lambarené, Ndjolé, Mitzic)

Nzaman

Ogooué-Ivindo (Makokou, Booué)

Okak

Estuaire ( Cocobeach ), Woleu-Ntem (Medouneu)

Source : Voltz cité par Pither Medjo Mvé (199 : 336).

Ce tableau présente la répartition des parlers fang au Gabon. En effet, les Fang sont présents dans cinq provinces du Pays. Le constat que nous faisons est que le fang est considéré comme langue maternelle dans cinq provinces du Gabon. Parmi ces parlers, on observe que certains sont en usage dans plusieurs régions du Pays, c'est le cas du Mekè et de l'atsi. Notre étude porte essentiellement sur les parlers fang de Medouneu et de Kango.

2.1. Organisation sociale

Les sociétés de la forêt en générale et celle des Fang qui nous préoccupe en particulier, sont des sociétés lignagères (mvog). Le lignage reste l'unité fondamentale de toute l'organisation sociale. Le village fang (dza'a) est organisé autour du lignage et du clan, qui sont des valeurs morales et aussi autour des valeurs socio-politiques dont les sages faisant office d'autorité. Le lignage joue un rôle essentiel dans les règles du mariage et de solidarité sociale. C'est à travers ce dernier que s'organise la vie politique, économique et religieuse. Ainsi, Laburthe Tolra (1981 : 25), définit le lignage comme «  l'ensemble des descendants de l'homme ou de la femme fondatrice ». Le clan (ayons) et le lignage sont des critères de reconnaissance et d'identification des individus à l'intérieur d'une tribu. Le clan est un cadre de référence social par excellence dans cette société. Il désigne un groupe d'hommes revendiquant une parenté ou un ancêtre commun. Le lignage comme le clan repose sur «  la parenté par consanguinité », disait Maurice Fouda Ongodo (2004 : 55) et chacun au sein de ce groupe en a la maîtrise de sa généalogie. C'est à l'intérieur du lignage que se trouve le système d'éducation. On apprend aux jeunes gens leur généalogie, les manières de faire et d'être. On leur enseigne sur les règles du mariage, sur le respect de la nature et du surnaturel. Au sein de cette société, les relations entre les individus sont d'ordre fraternelles. Les Fang sont patrilinéaires et la filiation se fait de père en fils.

2.2. L'organisation culturelle

La société fang avait un patrimoine culturel très riche. Ce patrimoine embrassait un terrain très vaste et la pérennisation de cette culture se faisait oralement. Ainsi, on comptait les légendes, récits, rites ésotériques et exotérique, des instruments de musiques. Ce folklore a été détruit par le christianisme. Ces données coutumières étaient consenties par le groupe, car les biens en appartenaient à tout le groupe clanique ou lignager. Aujourd'hui, plusieurs ont disparu. On ne trouve plus que :

«  le Mvet, certains instruments comme le mbeign, ngom, nkul, andzan, bikparga. Comme danse, nous avons le medzan, mekom, mbatwa, ômias ; ozila, mengane, nlup et l'élone. Ils ont des jeux, le songo », Julien Nizele (2007). Ce peuple respecte beaucoup leurs moeurs.

2.3. L'organisation religieuse

Les Fang ont été très rapidement convertis à la religion chrétienne. Mais bien avant cette conversion, ils avaient leurs cultes, parmi lesquels, « ngi, sô, mevung, biéri et melan », Jérôme Mba Bitome (2006). Ce sont ces sociétés qui assuraient la cohésion sociale du groupe. Les Fang croyaient que les ancêtres défunts jouaient un rôle d'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Ces intermédiaires s'appelaient les « minkuk ». On les retrouve encore au sein de cette société. Mais, ils sont devenus des propriétés privées de certaines personnes, qui les utilisent pour des mauvaises pratiques. Ces derniers étaient invoqués lors des manifestations importantes. Ils croyaient et croient toujours à un Dieu unique et omniprésent qu'ils appellent Zame ye Mebeghe, terme que la religion chrétienne a conservé. Pour eux, Zame ye Mebeghe est celui qui soutient le globe terrestre, qui est le siège de la sagesse, le père tout puissant et le créateur des Hommes. De nos jours, la majorité de ces sociétés ont disparu. Cependant, la société fang reste très croyante. On y trouve le « Bwiti » et sa cosmologie présente le monde sous trois instances en nécessaire interaction : Le macrocosme (le monde de Dieu), le mésocosme (le monde des vivants) et enfin, le microcosme (le monde des ancêtres défunts) », affirmait Jérôme Mba Bitome (2006).

2.4. L'organisation économique

Comme par le passé, l'économie agricole de la population riveraine aux Monts de Cristal est fondée essentiellement sur l'agriculture vivrière. C'est une agriculture pratiquée sur la base des techniques traditionnelles et donc soumise à un type de régime qui serait communautaire. En dehors de l'agriculture, ces populations font également la chasse. La chasse occupe une grande partie des hommes actifs et représente parfois l'activité principale de certains individus. Nous avons également la pêche. C'est une activité mixte, associant les hommes et les femmes. Nous ne saurions oublier de dire que ces Hommes sont des grands ramasseur-cueilleurs. Ils ramassent et cueillent des fruits et plantes diversifiés. Ils sont aussi des scieurs, des artisans, vanniers. «  Ces activités sont pratiquées aux alentours des villages et en forêt et elles sont très saisonnières » avait dit Louis Mari Afan (2007).

2.5. L'organisation politique

Dans cette société, le pouvoir est exercé par les sages parmi lesquels, un seul porte parole. Le village est une société sans pouvoir centralisé, sans spécialisation du pouvoir politique. Un chef doit être « éloquent, courageux, il doit avoir le don oratoire et généreux ». Ces caractéristiques sont très importantes pour prétendre au leadership. La société fang valorise l'homme qui est capable de réunir en lui toutes ces diverses qualités et d'influencer suffisamment les autres chefs pour les orienter vers les objectifs communs. On devient chef lorsque l'équité et l'efficacité de son pouvoir d'exécution sont reconnues dans la zone d'influence. Ici, le pouvoir est au service de ceux sur qui, il exerce. Il s'agit d'un pouvoir « altéro-centré », disait Mba Ndeng Ludovic (2006 : 97), où il y a recherche d'un échange équilibré. Le chef règle toutes sortes de conflits à caractère social. Ceci grâce aux pouvoirs mystiques que lui lèguent les ancêtres lors de l'initiation antérieure à son intronisation. Le chef est également le courroie de transmission du pouvoir central au niveau du village. Au sein de cette société, le corps de garde occupe une place de choix, c'est « le centre de décision et le fondement de conseil des anciens », d'après Georges Balandier (1982 : 137). C'est dans le corps de garde que l'autorité du chef s'exprime.

2.6. Gestion foncière

La terre est repartie sur plusieurs espaces. Nous avons ainsi, un espace social, géographique, agricole, cultural et culturel. L'espace social comprend le village, les campements de pêche (mvan minyop), les campements de chasse (mvan nsom), de cueillette et les stations de cultures vivrières. L'espace géographique englobe les forêts, les rivières, les fleuves, les ruisseaux, les étangs, les lieux destinés à la pêche, chasse, artisanat, vannerie, agriculture et cueillette. L'espace agricole est composé de terres destinées à la culture. Il s'agit des forêts primaires et secondaires. L'espace cultural est constitué des terres cultivées et celles qui sont en activité. Il est question des nouvelles plantations (tsii) et des jachères (bikoroge). L'espace culturel couvre toutes les terres réservées aux cultes. Cependant, « la société fang ne dispose plus de sa variété de rites », disait Ondo Essono Emile (2007). Mais elle reconnaît toujours le caractère sacré de la forêt. Cet espace est réservé aux pratiques ayant de près ou de loin, quelques rapports avec les cultes. On note toutefois, les nécropoles, les cimetières, les rivières et tous les autres lieux frappés d'interdits ou devenus sacrés à la suite d'un événement insigne, à caractère supranaturel accompli par un ancêtre historique en vertu de la puissance obédientielle et au bénéfice à jamais de sa descendance.

Au sein de cette société, la terre fait l'objet d'une propriété collective notamment pour les terres lignagères. Par rapport à cela, Martin Alihanga (1998 : 123) dira : « La terre appartient à une grande famille dont beaucoup de membres sont morts, quelques-uns sont vivants, et dont le plus grand nombre est encore à naître ». La collectivité peut être un village ou une famille. Les membres de ce groupe sont libres de l'exploiter.

Tous les espaces sont partagés. Les terres à usage agricole appartiennent collectivement au lignage. Chaque famille ne jouissant que de droits d'unsufruit sur les cultures. Les eaux sont partagées entre les lignages. Le droit à un espace revient au premier occupant. Ces endroits se transmettent par héritage, de père en fils, d'une mère à sa fille ou à sa belle-fille et ils sont cessibles. C'est le chef du village qui contrôle l'usage des terres, des forêts et des eaux, grâce à des contacts réguliers avec les esprits surnaturels. La violation à ces principes obéit à des sanctions.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon