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Une approche de mesure du bien-etre des enfants et de la pauvreté des ménages au Congo

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par Anaclet Géraud NGANGA KOUBEMBA
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur Statisticien 2008
  

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1. 2. 2 Mesure directe du bien-titre des enfants

L'on se doit préalablement de faire remarquer que, de façon générale, les études sur le bien-être des enfants, selon un cadre focalisé sur l'enfant et intégrant diverses variables, ne sont pas nombreuses, surtout dans les pays subsahariens. Signifions aussi que presque tous les pays du monde ont déjà fait usage des études sur la pauvreté des enfants avec l'utilisation séparée de quelques variables spécifiques aux enfants telles la malnutrition, l'éducation, les crimes contre les enfants, la dictature contre les enfants, la violence, le travail des enfants, la vaccination, etc. (ce sont des mesures directes mais unidimensionnelles). C'est le cas des études sur la pauvreté des enfants menées par Lachaud (2000), Ahovey et Vodounou (2001) et Kobiané (2003) pour le compte du Sénégal, du Bénin et du Burkina Faso, respectivement.

L'approche directe de mesure de la pauvreté des enfants est rarement utilisée dans les pays du tiers monde. Pourtant, jusque-là, aucun aspect critique n'est prononcé à sa conceptualisation. C'est une approche qui se focalise sur la situation spécifique des enfants avec diverses statistiques reflétant directement le profil de pauvreté des enfants et des ménages et non des ménages uniquement. Les variables les plus utilisées dans cette option sont l'accès à l'éducation, la santé, le cadre de vie, l'alimentation, l'eau potable et les sanitaires.

Toutefois, il conviendrait d'indiquer que certains analystes utilisent conjointement les deux approches précédentes (mesure directe et indirecte) dans les études cadrant l'affermissement du bien-être en bas âge. Au rang de ces études, l'on peut citer l'étude sur la pauvreté monétaire et non monétaire des enfants en Afrique du Sud, menée par Cassiem (2000).

1. 2.3 Analyse critique de la littérature et choix de l'option d'étude

Les différentes options d'agrégation de la pauvreté citées précédemment, alimentent la discussion parmi les analystes de la pauvreté. Quelle option retenir ? L'opportunité d'une approche non monétaire (école des besoins de base, écoles des capacités) conduit-elle à l'abandon des mesures de la pauvreté monétaire (école welfarist) ? L'on pense que non, car cela sous-tendrait une conception trop étroite du bien-être en faveur d'indicateurs non monétaires. Le revenu étant lié aux dimensions non monétaires, ces différentes approches sont complémentaires. Cependant, il conviendrait de préciser qu'il vaut la peine d'adapter chaque option aux contextes régionaux, aux données disponibles et aux objectifs visés. La présente étude s'inscrit dans le courant de l'école des besoins de base : une approche non monétaire multidimensionnelle, avec un accent particulier sur les droits des enfants. Ces droits sont liés soit à la privation absolue de biens et services (nutrition, allaitement, sel iodé, etc.) soit à la privation relative de biens et services (santé, absence de discrimination, conditions de vie décentes, accès équitable aux services publics). L'on sait que ce sont ces droits qui sont valorisés dans la mesure directe de la pauvreté infantile. Précisément, le choix de notre cadre d'analyse de la pauvreté infantile est motivé par six raisons inter reliées :

ü Premièrement, les données qualitatives disponibles ne sauraient se prêter à une étude monétaire de la pauvreté. Rappelons-le, toute analyse de la pauvreté doit pouvoir spécifier ses choix et ces choix dépendent du jugement de l'analyste et des possibilités que lui offrent les données disponibles. Le choix d'un indicateur de pauvreté dépend de l'aspect sur lequel l'on veut mettre l'accent. Puisque les objectifs de la présente étude sont focalisés sur les enfants, l'approche monétaire s'avère donc inopportune.

ü Deuxièmement, l'utilité prônée par les welfarist n'est jamais observable directement. La contre-partie utilisée dans cette approche est la consommation. De ce fait, le cadre monétaire ne s'intéresse pas spécifiquement aux enfants. Non seulement il reconnaît que les préférences varient d'un sujet à un autre, les comportements rationnels ne s'appliqueraient nullement aux enfants. Ces derniers en effet, n'ont pas la décision dans la consommation, laquelle incombe aux parents. Et même si certains analystes essayent de contourner la difficulté en prenant en compte à cet égard, des inégalités entre les âges des membres du ménage (par l'entremise des échelles d'équivalence), cela biaise la mesure directe du bienêtre des enfants. Sur ce, les besoins de base reprocheraient à la monnaie son caractère subjectif fondé sur l'utilité.

ü Troisièmement, s'agissant particulièrement des ménages, l'approche monétaire, bien qu'ayant des mérites cités en introduction générale, a le désavantage de donner une analyse

moins robuste par rapport à l'approche par les besoins de base. En effet, consommer ou épargner le revenu est plus un problème de préférence et non de bien-être. Dès lors, estimer le nombre de ménages pauvres par les seules données financières se prêterait à une quantification grossière de la pauvreté ; le problème se situant à l'équilibre de chaque sujet. Par exemple : l'année A, un ménage M dépense 100 000 FCFA pour la consommation d'un bien B. La même année (A), un autre ménage M' dépense 5 000 F CFA pour la consommation du même bien (B). Doit-on conclure que M a un niveau de bien-être «meilleur» que celui de M' ? L'on pourrait répondre par l'affirmative, car tel peut être le cas. Mais plus pertinente serait la comparaison des niveaux de satisfaction procuré à M et à M'. Alors, l'on voit clairement que les stratégies consistant à réduire la pauvreté, devraient englober plusieurs axes et qu'il serait insuffisant de la révéler par la seule considération monétaire. Par contre, c'est ce caractère multivarié qui est intégré dans le courant des besoins de base, même s'il lui est reproché, l'arbitraire choix des composantes : l'on pense qu'il suffirait d'adapter ce choix au but visé, au contexte du pays ainsi qu'à la nature des données disponibles. Une fois de plus, l'approche non monétaire paraît moins subjective que l'approche monétaire.

ü Quatrièmement, les indices de pauvreté construits selon une optique des besoins de base ont un caractère durable. En effet, le profil de pauvreté infantile qu'offre ce cadre est censé être élaboré par l'entremise des indicateurs composites, ce qui offre à ce cadre l'avantage de robustesse sur l'approche monétaire. Cela est approuvé par nombre des analystes. Parmi eux, l'on pourrait citer Sahn et Stiefel (2001), qui enseignent que : «l'indice de pauvreté construit à base des conditions de vie et du patrimoine est un indice de long terme contrairement à l'indice monétaire qui est sensible aux chocs de conjoncture.

ü Cinquièmement, c'est le contexte économique du pays. En effet, le Congo tout comme la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne est un PVD. Compte tenu de ce qui précède, l'analyse multivariée du bien-être semblerait dessiner une agrégation plus objective de la pauvreté. Il s'avère que l'approche monétaire nécessite des données monétaires exhaustives, fiables et actuelles, voir même de panel, ce qui ne l'est pas toujours dans les PVD. Du coup, l'approche par les besoins de base semblerait plus pertinente pour ces pays, et c'est d'autant plus pertinente que dans le contexte congolais, il est plus difficile de reconnaître un individu à faible revenu qu'un individu privé de certaines commodités précises.

Enfin, l'on pourrait citer l'inopportunité de l'école des capacités. Bien que cette école mesure «directement» le bien-être des enfants et ait eu un écho favorable du PNUD, elle ne saurait être à même de répondre aux objectifs de la présente étude. En effet, la série d'indicateurs composites du PNUD (IDH, IPH, etc.) est bien séduisante, en ce sens qu'elle permet des comparaisons internationales de profil de pauvreté, mais reste, de par ses limites, inadaptée à la présente étude. D'abord, ces indicateurs n'ont qu'un caractère `'macro» et en plus, pour ne parler que de l'IPH, il s'élabore avec un arbitraire dans les pondérations de ses sous-composantes. Pire encore, cet indicateur est absorbé par sa composante «taux d'analphabétisme des adultes», créant un grand biais dans l'analyse (voir Minvielle, 2003).

De la sorte, la présente analyse critique a essayé de motiver le choix de l'angle sous lequel est circonscrit le cadre de la présente étude. Il ressort qu'en optant pour une analyse de la pauvreté infantile dans une approche multivariée non monétaire, l'on admet implicitement que la pauvreté présente des visages multiformes et que l'efficience des stratégies de lutte contre la pauvreté dépend de l'efficience dans le ciblage des pauvres. L'on a aussi retenu que ni l'indicateur de revenu de la Banque Mondiale, ni les indicateurs composites du PNUD n'ont été spécifiquement conçus pour mesurer la pauvreté infantile. Tous les deux n'indiquent aucunement le nombre d'enfants pauvres. De même que tous les deux ne centralisent pas l'attention sur les droits dont ces enfants sont privés. Cela est seul du ressort de l'école des besoins de base, dans laquelle la présente étude est censée se ranger. L'école des besoins de base est pour ainsi dire la mieux adaptée dans les PVD. Quasiment inexistante en Afrique centrale, la pauvreté infantile a pris le train de l'analyse et est très encouragée au sein du réseau PEP. Par ailleurs, Townsend (2001), l'ONU (2004) et l'UNICEF (2005) auraient posé des labels concernant l'élargissement de la conceptualisation de la pauvreté, de manière à intégrer les spécificités infantiles. Ces labels sont le fait que : (i) les enfants ont des besoins spécifiques ; (ii) il conviendrait d'analyser la pauvreté des enfants selon une approche directe ; (iii) le bien-être des enfants devrait donc intégrer l'accès à quelques droits socioéconomiques. L'examen de ces labels montre que les variables communautaires (faible indice de richesse du ménage, difficulté d'accès à une source d'eau potable, absence d'infrastructures sanitaires, etc.) peuvent altérer significativement le bien-être d'une enfance même si elle est passée dans une famille matériellement aisée. Il montre de même qu'en privant les enfants de certains besoins vitaux, l'on pourrait paralyser leurs potentialités, plonger leur vie dans la détresse maintenant, et voire entraver leur développement de demain

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore